une approche critique, l’abstraction géométrique dont elles se jouent et le monochromatisme
dont elles inversent la lecture, sont autant de références que l’on peut solliciter. Tenons-nous-
en à la trame deleuzienne. Il y aurait donc pour commencer la chair. Deleuze dit ceci : « La
chair n’est pas la sensation, même si elle participe à sa révélation. (…) La peinture fait la
chair (…) avec l’incarnat. » Sans trop s’enfoncer dans le texte retenons que le rose de
l’incarnat fait la chair et que celle-ci participe à la sensation dont l’art nous livre les premiers
percepts. Vu sous cet angle le rose de Mauny bouscule les attendus du monochrome. Certes
que l’on soit dans le noir de Soulages, dans le bleu de Klein ou dans le rouge d’Aubertin, nous
savons bien que nous ne sommes pas confrontés à du noir, du bleu, ou du rouge et que la
magie du monochrome tient dans le dépassement qu’induit son économie de moyens.
L’incarnat deleuzien éclaire le rose de Mauny de deux façons essentielles. Il y a tout d’abord
ce jeu de la chair. En discutant avec JPM celui-ci prévient qu’il a toujours assumé la
symbolique du rose qui intègre à la fois la chair et l’amour, l’enfance et les bonbons. En quoi
la couleur seule autorise l’écoulement d’images, la figure n’a pas besoin de la figuration.
Quand Deleuze analyse ce passage de la couleur à la figure, cela devient celui de la chair à la
vie : « Ce qui constitue la sensation, c’est le devenir animal, végétal, etc., qui monte sous les
plages d’incarnat. » Ramené aux peintures de JPM, ce que nous avons vu être un atome y
deviendrait, ou serait en attente de devenir cellule. C’est là qu’apparaît la seconde mise en
lumière. Deleuze nous avertit que l’incarnat et sa force jaillissante sombreraient en un chaos
s’ils n’étaient tenus par une structure (« Peut-être serait-ce un brouillage ou un chaos, s’il n’y
avait un deuxième élément pour faire tenir la chair. ») Alors les formes roses de Mauny
seraient-elles à lire comme ce moment de jaillissement de la vie, de sa mise en mouvement
dans ce qui serait du domaine du mou. Mais en même temps cette mollesse de la vie qui se
moule dans le rose, dans l’incarnat, qui s’incarne donc, va trouver sa structure et sa rigidité.
C’est le second temps deleuzien : « Trop tendre est la chair. Le deuxième élément, c’est