fréquemment obligés par les mêmes personnes?» (2) Il déplut aussi au peuple en fondant le sanctuaire
d'Artémis qu'il surnomma Aristoboulè pour suggérer qu'il avait lui-même donné d'excellents conseils à sa
cité et aux Grecs; il établit ce sanctuaire près de sa maison, à Mélitè, là où les exécuteurs jettent aujourd'hui
les corps des condamnés à mort et transportent les hardes et les cordes des pendus et des suicidés. (3) Il y
avait -- et encore à notre époque --, dans le temple d'Aristoboulè une petite statue de Thémistocle: il a
vraiment l'air de quelqu'un d'héroïque, non seulement d'âme, mais aussi d'apparence. (4) Cherchant à
rabaisser sa valeur et sa supériorité, les Athéniens le frappèrent d'ostracisme: c'était leur habitude avec tous
les hommes dont la puissance leur pesait et qui dépassaient, à leur avis, la mesure d'une égalité
démocratique. (5) Car l'ostracisme n'était donc pas un châtiment: ce n'était au fond qu'un encouragement et
un apaisement accordé à l'envie -- cette envie qui trouve plaisir à abaisser les hommes par trop éminents et
qui exhale sa malveillance en leur infligeant cette marque d'indignité. Plutarque, Vie de Thémistocle
Texte 5 : « A partir du VIè siècle, à Athènes puis dans le reste de la Grèce ( à l’exception de Sparte et de la
Crète conservatrices), les préoccupations militaires passèrent au second plan dans l’éducation comme dans
la vie – l’homoplachia (…), le « combat en armes » ne désigne plus que l’escrime. Pour nous, le terme
éducation » évoque d’abord l’école, l’écriture et la lecture. Pour les Grecs, ce fut longtemps la palestre et le
gymnase où l’enfant, puis l’adolescent, pratiquaient les sports. (…) D’abord réservée à une élite
aristocratique, l’éducation sportive du gymnase fut progressivement ouverte à d’autres couches de la société,
à mesure que la société évoluait vers la « démocratie ». Les femmes en étaient exclues bien entendu (la cité
grecque était un club d’hommes ») encore que l’extension de l’éducation, et donc du sport, aux femmes se
rencontra ici où là [ndlr, pas à Athènes]. L’éducation grecque (…) était aussi artistique, et d’abord musicale,
avant d’être littéraire. (…)Le chant, surtout le chant choral à l’unisson, (…) faisaient partie intégrante de
l’entraînement du jeune Grec à l’âge archaïque comme à l’âge classique. (…) La diffusion de l’alphabet eut
bientôt pour conséquence l’introduction d’un troisième type d’enseignement, l’école telle que nous la
connaissons aujourd’hui, où l’enfant, sous la conduite d’un maître (…) apprenait à lire où à écrire.
(L’arithmétique est toujours restée marginale, confinée dans la pratique du calcul. »
H.I.MARROU in M.FINLEY, l’Héritage de la Grèce, Texto, Tallandier, réédition 2009
Texte 6 : Avec Aristophane, dans l’Assemblée des femmes, les Athéniennes décident de prendre le pouvoir,
lasse de l’incompétence et de la misogynie des hommes… Elles ne tardent pas à reproduire les mêmes
erreurs…Le théâtre, loisir premier des Athéniens, est aussi l’occasion d’une réflexion politique et de
l’ouverture d’un débat citoyen.
« GAILLARDINE
Tire toi de là aussi, et va t’asseoir là-bas! Avec notre permission, je décide que c’est moi-même qui mettrai
la couronne et qui parlerai.
[prenant le ton d’un discours solennel]
Je supplie les dieux d’accorder à nos délibérations des suites salutaires! Moi qui ai place à part entière, tout
comme vous, dans la communauté de ce pays, je suis ulcéré, accablé de notre conduite politique! Elle est
gangrenée. Je constate qu’elle donne les leviers de commande à des malfaisants. S’il y en a un qui se
comporte bien pendant un jour, pendant dix jours il entasse les méfaits. On passe les responsabilités à un
autre? Il fait encore bien pire! Ah! Ce n’est pas facile de chapitrer les hommes aussi contrariants que vous!
Ceux qui sont plein de bon vouloir à votre égard, vous les redoutez. Et ceux qui ne vous veulent pas de bien,
à tout coup vous êtes à leurs genoux. L’Assemblée? Il fut un temps où nous la désertions totalement, mais
du moins nous étions d’accord sur la canaillerie d’Agyrrhios (celui qui fit accorder une indemnité de 3
oboles pour assister à chaque séance de l’Assemblée)! A présent nous y venons. Mais celui qui touche
l’allocation le porte aux nues, tandis que celui qui ne la touche pas crie : à mort les profiteurs d’Assemblée
qui font la chasse aux allocations! »
ARISTOPHANE, l’Assemblée des femmes, Théâtre complet II, Folio Classique, 1966, p 383.
Texte 7 : Discours de Périclès rapporté par Thucydide à l’occasion de l’inhumation des premières victimes
des guerres du Péloponnèse.
« Notre constitution politique n’a rien à envier aux lois qui régissent nos voisins; loin d’imiter les autres,
nous donnons l’exemple à suivre. Du fait que l’Etat, chez nous, est administré dans l’intérêt de la masse et
non d’une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie. En ce qui concerne les différends, l’égalité
est assurée à tous par les lois; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la
considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur
personnelle; enfin nul n’est gêné par la pauvreté et par l’obscurité de sa condition sociale, s’il peut rendre
des services à la cité (…)
Nous savons concilier le goût du beau avec la simplicité et le goût des études avec l’énergie. Nous usons de
la richesse pour l’action et non pour une vaine parade en paroles. (…)