III Conclusion et perspectives : nouvelles technologies et

Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
Projet de thèse pour l’inscription dans la formation doctorale de rattachement :
« Anthropologie sociale et ethnologie »
par
Mariette TERRISSE
Directeur de thèse : Mr Philippe URFALINO
Co-directeur de thèse : Mr Patrick MIGNON
Techniques d’aujourd’hui…et de demain
1
Une ethnographie du sport dans ces enjeux face aux nouvelles technologies
Mots clés : technologies / techniques du corps / corps / sciences / représentations/ images /
spectacle / performance / esthétique
Laboratoire d’accueil : CESTA : Centre de sociologie du travail et des arts, 105, bd
Raspail, 75006 Paris. Directeur : Philippe URFALINO
1
En référence à l’ouvrage de mon directeur de Master : le Professeur Georges Vigarello ; Une histoire culturelle
du sport. Techniques d’hier… et d’aujourd’hui, Editions Robert Laffont S.A., et Revue EPS, Paris 1988
SOMMAIRE DU PROJET
I Présentation du sujet et questionnements initiaux
II Cadre conceptuel
II.1 Méthodologie
II.1.1 L’observation participante
II.1.2 Cadre théorique de la méthodologie
II.1.2 Les entretiens
II.2 Définition des concepts et problématique
III Conclusion et perspectives : nanotechnologies et performances
III.1 Ouverture possible
III.2 Prolongements de la problématique initiale
IV Bibliographie provisoire
I Présentation du sujet et questionnements initiaux
Ce projet de thèse fait suite à un mémoire de Master sur le processus de féminisation
d’une nouvelle technique du corps : le saut à la perche féminin
2
.
L’histoire du saut à la perche et du changement des représentations liées à cette
pratique sportive nous avaient alors permis de questionner l’évolution du processus de
féminisation. Une étude ethnographique avait abouti à spécifier le saut à la perche comme une
discipline se caractérisant par un espace-temps étrange. C’est en cela que ce sport apparaît
comme « complet » : du fait qu’il est instrumenté, sacré et magique.
La richesse des entretiens avait ensuite permis de dégager des typologies à la fois
d’entraineurs, de femmes perchistes et de rapports entraineurs/entrainés mais surtout de mieux
appréhender pourquoi et comment les femmes ont pu étape par étape, investir cette pratique :
passer de l’interdiction à l’autorisation puis du mimétisme au syncrétisme. Nous avions abouti
à l’hypothèse que les femmes perchistes sont encore dans une phase syncrétique par rapport à
la technique masculine du saut à la perche. Elles devraient à l’avenir s’en détacher pour
permettre l’émergence d’une nouvelle technique.
2
Terrisse M., L’accès des femmes au saut à la perche. Processus de féminisation d’une nouvelle technique du
corps, pour l’obtention du Master 2 « Ethnologie et anthropologie sociale (mention Anthropologie) », 2007
C’est bien sur cette lancée que nous comptons poursuivre en thèse : toujours dans
l’idée de comprendre pourquoi et comment naissent des nouvelles techniques du corps. En
recentrant la recherche non pas sur l’émergence d’une nouvelle technique par l’intrusion
d’une nouvelle population mais en se penchant sur l’émergence de nouvelles techniques
sportives du fait de l’invention de nouveaux matériaux.
Les exemples sont infinis : nouvelles pistes en tartan, nouveaux sols en tennis,
vêtements et objets toujours plus légers et performants, chaussures adaptées aux différentes
pratiques…Georges Vigarello avait fait le point sur ces nouveaux matériaux transformant les
pratiques dans son ouvrage « Techniques d’hier…et d’aujourd’hui : histoire culturelle du
sport» en 1988; il s’agira pour nous de réactualiser ces analyses tout en amenant une autre
dimension à l’étude, puisque plus que l’histoire nous convoquerons les méthodes
ethnographiques pour appréhender non seulement comment les sportifs vivent les
changements constants qui animent leurs pratiques mais envisagent leur avenir.
Il s’agira donc de partir des matériaux eux-mêmes pour aborder les techniques. Trois
ou quatre pratiques seront étudiées et analysées afin de croiser les exemples et de voir si il
existe des recoupements dans l’évolution des techniques et leur transformation. Y a t il dans
les transformations brusques des outillages classiques en nouveaux types d’outils des
principes convergents à plusieurs sports ou pas et qu’est ce que cela met en jeu comme
culture ?
Par exemple : comment se sont étendues les fibres ? quels ont été les conséquences
sur les mâts de bateaux, les perches, les skis ? Cela renvoie à une culture gestuelle et à des
principes physiques qui se renouvellent.
D’où viennent ces nouvelles technologies ? Qui invente les nouveaux objets du sport ?
Comment cela se passe concrètement dans les pratiques : les productions, les
usines…comment les producteurs fabriquent-ils ? pour qui ? combien produisent-ils de
matériaux? Puis, comment ce qui n’était pas technique le devient ? alors comment se diffusent
ces nouvelles techniques ? qu’est-ce que cela produit sur l’imaginaire des gens ? Quelles sont
les résistances ?
Les techniques du corps se confrontent en effet aux objets, aux agents, aux milieux qui
sont transformés. Mais si les techniques corporelles changent d’elles-mêmes c’est dans leur
confrontation aux objets qu’elles mutent.
En tennis, par exemple, selon les surfaces ne peut-on pas penser qu’il existe finalement
plusieurs tennis ?
Puisque aujourd’hui le milieu interpelle la technique à travers des nouveaux espaces,
des nouveaux objets, des nouvelles sciences, des questions culturelles se posent à la fois sur la
résistance des habitudes mais aussi du corps : jusqu’où peut-il s’adapter ? Puis un équilibre
fragile s’instaure pour des raisons liées à la fois au spectacle et aux problèmes de sécurité.
Par exemple, pour que la haie devienne intéressante à une époque il a fallu qu’elle
devienne basculante. La technique corporelle a alors changé, puis la dynamique de
transformation s’est poursuivie et la haie est devenue ultra légère, puis souple. Désormais
l’évolution n’est plus possible. Autrement par un système de rétroaction ça tuerait le
spectacle : il existe une régulation interne. C’est pourquoi il faudra aussi demander tout au
long de cette thèse si le sport n’est pas arrivé au bout d’un processus ? Jusqu’ou peut aller le
spectacle, quels en sont les limites ? et quel sera le spectaculaire de demain et les images
associées ? alors par quelles transformations matérielles passera t-il ?
Par rapport à cela la question du sport ne s’est jamais autant posée qu’aujourd’hui : car
il est dans une phase de transition. Il s’agira donc de partir du sport actuel pour revoir les
rapports qu’il entretint avec son passé et de proposer un regard prospectif par rapport à
l’avenir.
II Cadre conceptuel
Les deux méthodes classiques de la méthodologie ethnographique seront convoquées :
l’observation participante et les entretiens afin de comprendre pourquoi et comment les sports
s’hyper-technicisent. Comment les pratiquants vivent, gèrent mais aussi orientent les
changements?
II.1 Méthodologie
II.1.1 L’observation participante
J’avais entrevu les avantages et les inconvénients d’un travail sur un « terrain proche »
lors de mon master sur le saut à la perche que je pratique depuis douze ans. C’est pourquoi je
souhaiterais en thèse continuer cette analyse des techniques du saut à la perche tout en
analysant d’autres pratiques. J’aurai donc à la fois de nouvelles populations à découvrir mais
aussi des nouvelles techniques à comprendre. Je compte donc mener « trois à quatre terrains
différents en un » puisqu’il seront tous sur le même site: l’INSEP (institut national du sport et
de l’éducation physique). Ma population sera donc les sportifs de haut-niveau et leur
entourage (entraîneurs, médecins et ingénieurs).
Deux stratégies d’observation devront être mises en place selon que j’étudie ma
pratique : le saut à la perche ou d’autres sports. Pour l’étude des sportifs d’autres disciplines le
travail d’intégration dans leur terrain sera le plus important : apprentissage de la technique,
participation aux tâches quotidiennes d’entraînement, de compétition, de repas… Pour l’
étude du saut à la perche ma mission sera l’inverse : me dés-intégrer, au sens propre et au sens
figuré ! Il s’agira dans mon cas de me distancier tout en composant mon action : bien
distinguer les moments d’entraînement personnels et ceux de recherche, ma vie d’étudiante et
ma vie de perchiste.
Dans les deux cas la volonté d’objectiver mes préjugés restera centrale : il faudra aussi
être capable d’exprimer les registres qui informent ma propre perception : faire ce que l’on
appelle l’ « auto-analyse
3
». Cela permet de comprendre les catégories qui orientent nos
propres perceptions. Pour ensuite saisir quels seraient les catégories de pensée des personnes
observées. Il s’agit dans l’auto-analyse de rompre avec les pré-notions et de tenir compte du
3
Weber S Beaud, Guide de l’enquête de terrain, Editions La Découverte, 2003, p.26
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