dissidents, c'est-à-dire qu’il est mené par des Etats. Les réformistes musulmans du
XXème siècle tels que Mohammed Abduh sont très partisans de la séparation du
pouvoir politique et du religieux, c’est pourquoi ce dernier n’a pas protesté quand
l’islam n’était pas religion d’Etat en Egypte à l’époque alors qu’il était mufti d’Egypte.
Ce sur quoi les réformistes (comme Rachid Rida) luttent ce sont les lois qui ne sont
pas musulmanes mais européennes dans un pays musulman comme l’Egypte.
De plus, le savant Ibn Taymiyya a théorisé le combat des musulmans contre
d’autres musulmans mais il le fut dans le contexte de l’invasion des Mongols (ils sont
musulmans mais on peut les combattre car ce ne sont pas de vrais musulmans), ses
écrits vont être repris par l’islamisme radical d’aujourd’hui.
Avec Rachid Rida, l’idée qu’on puisse combattre un Etat musulman ou des
musulmans a fait son chemin.
3. Une nouvelle idéologie du jihad
Une des idées au centre de cette nébuleuse un peu théorique c’est une définition
restrictive de ce qu’est un « véritable croyant musulman » : parmi ces penseurs on
trouve notamment l’égyptien Sayyid Qutb (1906‐1966), pendu par le gouvernement
nassérien, de la même génération qu’Hassan al Banna, il a fait les mêmes études que lui,
a travaillé dans le Ministère de l’Education, il est proche des hommes de lettres dans les
années 30 (Taha Hussein, etc.) malgré des désaccord avec eux il débat. Il va se tourner à
nouveau vers l’islam à la fin des années 40 notamment suite à une mission qu’il a fait
dans les pays européens qui va le rendre farouchement anti-européen.
Sayyid Qutb va être Frère Musulman, mais va être emprisonné, torturé, donc c’est dans
ce contexte qu’il se radicalise. Il publie « A l’ombre du Coran » qui est une exégèse pas
du tout orthodoxe ou classique et puis Ma`alim fi al-tariq qui reprend le premier livre
mais avec beaucoup plus de radicalité. Le concept central est la jahiliyya (ignorance,
société antéislamique), pour lui il y a des Etats musulmans impies même s’ils se
considèrent musulmans comme l’Egypte de Nasser, il considère que ces Etats peuvent
être combattus car n’appliquent pas vraiment la sharia, qu’ils sont dans l’ignorance, sans
pour autant préciser ce que cela recouvre. Il justifie de façon théorique le fait de détruire
l’Etat égyptien tel qu’il est, ainsi on utilise ses écrits pour prendre les armes contre un
Etat musulman qu’on juge non-musulman. Les descendants de Sayyid Qutb vont être
encore plus radicaux car dans les années 80 pour eux le jihad passe de l’obligation
collective à l’obligation individuelle (fard `ayn), donc si on est un vrai musulman on
doit lutter contre l’Etat non-musulman en question (comme l’Egypte de Sadate par
exemple). D’autre part, dans cette théorie de l’islam radical on fait beaucoup de place à
al « hijra » : quitter les « faux musulmans » ou non-musulmans comme étaient les
mecquois au temps du Prophète vers une terre plus musulmane comme Médine,
avec l’idée qu’on pourrait ensuite revenir par la suite dans ces territoires une fois qu’ils
auraient été islamisés et respectueux de l’islam.
Mawdûdî (1903‐1979)
II. Les succès et revers politiques des islamistes
1. Vers la prise du pouvoir ?
Egypte : jama‘at alislamiyya nées dans les années 1970, interdites après 1977.