Il importe de noter que si C est un arc de cercle de rayon R, K est constante sur C et
vaut 1/R ou –1/R suivant l’orientation de la courbe et du plan
.
Pour un point M d’une surface S, pour tout plan P passant par M et orthogonal au plan
tangent à S en M on peut considérer la courbure en M de la courbe S
P. Euler avait
remarqué que parmi les courbures correspondant à tous les plans P possibles, les deux
valeurs extrémales
K1 et K2 correspondent à des plans P1 et P2 orthogonaux.
Définition 2 : le produit K1.K2 est la courbure de S en M.
La définition 1 montre bien que la valeur absolue de cette courbure traduit l’intensité de
la courbure (au sens familier) en M. Pour interpréter son signe, qui, contrairement à
ceux de K1 et K2 , ne dépend d’aucune orientation, on donne son expression qui est
simple dans le cas où S est définie par une relation du type
:
(on peut d’ailleurs toujours se ramener localement à ce cas avec un changement d’axes :
prendre pour l’axe (Oz) la normale au plan tangent en M )
22'2'
2''''''
))()(1(
)(.
yx
yxyyxx
ff
fff
. Il est facile, en
développant
à l’ordre 2, de prouver que ce nombre n’est
négatif que si S traverse son plan tangent en M (on a alors
un point M dit point-selle ou point-col comme ci-contre).
Ce produit K1.K2 est appelé courbure de Gauss en M. En effet, Gauss a montré, c’est
son fameux Theorema egregium (théorème remarquable), datant de 1828, que cette
courbure (qui avait pour lui une autre définition, équivalente), dépendant a priori du
vecteur normal à S en M, peut être calculée, dans le cas général d’une paramétrisation
de S par deux variables
et
uniquement à l’aide des quantités E, F et G et de leur
dérivées, premières et secondes, par rapport à
et
. C’est magnifiquement détaillé
dans [5].
On a le même phénomène avec les géodésiques : une définition d’une géodésique d’une
surface S de IR3 est qu’il s’agit d’une courbe tracée sur S pour laquelle en tout point le
vecteur accélération est orthogonal au plan tangent (la courbe « ne part pas vers la
gauche ou vers la droite »); cependant on peut déterminer les géodésiques à l’aide des
seules expressions E, F et G. Ces expressions (et donc
) rassemblent donc toute
l’information relative à la surface, laquelle peut alors être considérée comme un objet
indépendant
de son plongement dans IR3.
Il en est ressorti pour Riemann (en dimension quelconque ) la notion de surface, définie
par un
abstrait, avec, cependant, des préoccupations liées à la physique,
indépendamment de tout plongement dans IR3 ( pour une variété de dimension 2) ou
plus généralement dans IRn.
La définition de la courbure d’une courbe plane la plus courante considère la valeur absolue de l’expression
donnée ici; on gagne alors l’invariance par changement d’orientation et surtout la formule k=
où
est le
rayon de courbure en M, c’est à dire le rayon du cercle « le plus proche » de C autour de M, mais on perd un
point essentiel pour ce qui suit : la simplicité de l’interprétation du signe de la courbure en un point d’une
surface.
Il s’agit du cas général. Lorsque toutes les courbures en M correspondant à tous les plans P possibles sont
égales, on dit que M est un ombilic, et on peut prouver, c’est intuitivement évident, que si tout point M d’une
surface S de IR3 est un ombilic alors S est une partie d’une sphère.
Cette observation est le point de départ de la terrifiante géométrie différentielle « intrinsèque » (voir la
bibliographie) dont il ne sera plus question dans ce qui suit. En formalisant un peu l’existence du paramétrage en
et
présenté ci-dessus, on obtient la première définition de cette géométrie : celle d’une variété différentiable
de dimension 2.