Affaire des embryons décongelés.
Monsieur et Madame T. avaient bénéficié d’une fécondation in vitro.
Dans le cadre de ce protocole, un certain nombre d’embryons surnuméraires avaient été stockés en
attente d’une réimplantation différée dans le temps au Centre hospitalier universitaire d’Amiens
(CHU).
Est survenu un incident technique (fissure de la bonbonne), l’équipe médicale avait fait savoir au
couple qu’il vaudrait mieux ne plus utiliser lesdits ovocytes fécondés qui risquaient de présenter
des anomalies. La perte du liquide avait entraîné une augmentation de la température dans le
récipient, laissant supposer, en l’état des connaissances scientifiques, un endommagement des
neuf embryons du couple.
Les époux T avaient alors engagé une procédure à l’encontre du CHU afin de voir établie sa
responsabilité administrative
Le tribunal administratif d’Amiens a opposé un refus de toute prestation pour
- Un préjudice matériel
Le corps humain et ses éléments ne pouvant faire l’objet d’un droit patrimonial
- Pour un préjudice moral
Les embryons n’étant ni des personnes ou des êtres chers comme le prétendait le couple.
- Pour perte d’une chance d’être parents
en raison du jeune âge des demandeurs, à savoir 44 et 32 ans respectivement qui leur
laisserait tout loisir de solliciter une nouvelle fécondation in vitro.
Le TA d’Amiens a accordé
- Une réparation pour « des troubles divers dans les conditions d’existence qu’ils ont subis à
l’occasion de cet indicent », en restant vagues sur la consistance de ce dommage.
- Le préjudice ayant été chiffré à 10 000 €, les époux avaient également eu droit à une prise
en charge par le centre hospitalier des frais exposés, à concurrence de 750 €
A la cour d’appel de Douai : Le couple avait fait appel pour demander :
- Une indemnisation de 207 000 euros pour la perte des 9 embryons
- 76 225 euros au titre des troubles dans les conditions d’existence.
La CA de Douai annule le jugement rendu par le tribunal administratif d’Amiens.
• les requérants ne peuvent sérieusement soutenir que les embryons constituent des
êtres humains ou des produits humains ayant le caractère de chose sacrée
• le préjudice invoqué par les époux T. ne pouvait être indemnisable « que pour autant
que ce couple poursuit un projet de procréation auquel cette perte porte une atteinte ».