Qu’est ce que l’Anthropologie ?
On pourrait dire que c’est la science qui étudie les sociétés traditionnelles qui ont été
diversement nommés : société sans écriture, société primitive, société archaïque,
société sans hiérarchie, société simple...
Pour comprendre la perspective de l’anthropologie, on doit la comprendre comme
une spécialisation de la sociologie ; en effet la sociologie était comprise à l’époque
comme une science des sociétés industrielles, elle est ainsi une réflexion de la
société occidentale sur elle même. L’anthropologie est quant à elle l’une des derniers
nés des sciences humaines et elle est le fruit d’une réflexion de l’occident sur le reste
du monde qui on pourrait le dire était différent de lui.
Les sociétés en question ont étés le plus souvent des groupes ou des communautés
de petite taille basées sur la ruralité. L’anthropologie partant de cette réalité a adopté
d’emblé une démarche inductive i.e. en partant du particulier au général. Elle va ainsi
étudier de façon intensive des cultures particulières et des sociétés particulières dans
le but de pouvoir formuler des vérités scientifiquement valables partout.
La sociologie par le fait qu’elle étudie des sociétés de grande taille et également
complexe fera recours à la statistique qui est une technique quantitative. Tandis que
l’anthropologie procédera par des approches d’observation et donc par des
méthodes qualitatives. Il faut toutefois nuancer cette démarche différenciée ; on
remarque de plus en plus des interpénétrations des méthodes. L’anthropologie a
connu des orientations essentiellement théoriques relatives aux situations
géographiques.
En France le terme d’ethnologie est présent à coté du terme d’anthropologie. Il
désigne l’étude des mœurs, des coutumes, des façons de vivre de différents groupes
humains en particulier des peuples dits primitives.
Aux états unis l’étude des mêmes réalités est désignée sous le vocable
d’anthropologie culturelle. Les américains considèrent pour leur part que l’étude de
l’humain passe par l’étude de ses œuvres et de ses créations. Ces dernières sont le
fait de la culture c’est ainsi que pour eux étudier l’homme revient à étudier sa culture.
Les anglais par contre orientent leurs recherches dans un domaine dit
d’Anthropologie sociale. Cette différence d’appellation ne doit pas faire oublier que
toutes ces orientations prennent en charge différents aspects de la culture humaine.
Des le début de la pensée anthropologique différentes écoles se sont distinguées par
leur style d’interprétation de la culture. Les deux grandes tendances qui se sont
imposées au début sont : L’Evolutionnisme unilinéaire et Le Diffusionnisme.
Evolutionnisme :
S’agissant de l’évolutionnisme on peut dire que c’est une théorie qui s’est manifesté
dans un contexte historique, intellectuel particulier. On peut situer sa période de
pleins épanouissement entre 1859 et 1865 i.e. à l’époque victorienne dominée sur le
plan intellectuel par l’importance de la notion de progrès. Partout, y compris en
biologie avec Darwin l’accent est mis sur l’idée de progrès. On s’accorde à dire qu’il
n’y a pas de retour en arrière nulle part et que tout progresse. Il est coutume de dire
que les anthropologues ont été particulièrement influencés par les théories
biologiques de l’évolution telles qu’elles ont été veloppés dans la théorie du
transformisme chez DARWIN ; en réalité il s’agit d’un mouvement d’ensemble.
L’évolutionnisme social et culturel s’est développée en même tant que
l’évolutionnisme biologique. L’ouvrage de DARWIN DE L’ORIGINE DES ESPECES est
paru en 1859, tandis que le mouvement évolutionniste atteignait son apogée à la
même date. On peut donc dire que les théories biologiques et sociales de l’époque
se développaient en même temps. S’agissant de l’influence exercée sur
l’évolutionnisme social, on peut affirmer avec certitude que l’ethnologie a surtout suivi
Auguste Comte qui considérait en sociologie que la vocation des sciences sociales
doit être de déterminer les séries idéales par lesquelles l’humanité est passée pour
se développer. A la suite d’Auguste Comte, l’anthropologie s’est mise à rechercher
des stades de développement unilinéaire de l’humanité. La pensée évolutionnisme a
connu divers aspects. Certains de ses représentants ont utilisés les principes
généraux de l’orientation évolutionnisme en vue de la description et de l’explication
du développement de la civilisation humaine dans sa totalité ; d’autres en vue
d’élucider les aspects particuliers de la culture par exemple la religion, l’art, le
mariage etc.
Les caractéristiques de l’évolutionnisme :
L’évolutionnisme part d’un postulat celui de l’unicité de l’esprit humain. Si de
nombreuses similitudes peuvent être reconnues actuellement entre les sociétés
humaines c’est parce qu’elles sont semblables et que leurs similitudes résultent du
fait que partout l’esprit humain est le même. La société humaine présente une unité
psychique, en raison de cette unité psychique de l’esprit humain l’histoire humaine
est partout la même. Toutes les sociétés évoluent de la même manière. Morgan qui
est le principal représentant avec Taylor de la théorie évolutionnisme écrit :
« l’histoire de la race humaine est une dans sa source, une dans son expérience et une dans
son progrès ». L’anthropologie pour cette raison a été considérée comme l’une des
premières formes d’antiracisme.
Comment s’effectue l’évolution? L’homme est passé par une évolution continue de
l’inférieur au supérieur, du simple au complexe, de l’homogène à l’hétérogène, de
l’irrationnel au rationnel sur le plan social et culturel partout. Par une évolution
unilinéaire l’homme est passé à la civilisation. Son cheminement s’est fait à travers
diverses étapes à savoir la sauvagerie et la barbarie.
L’histoire de l’humanité représentait une série d’institution et de croyance qui se
serait passé par le stade de la sauvagerie de la barbarie et de la civilisation.
Morgan écrit : « on peut maintenant affirmer avec des preuves convaincantes que la
sauvagerie a précédé la barbarie dans toutes les tribus humaines, de même que l’on sait que la
barbarie a précédé la civilisation. »
Taylor écrit de manière plus nette : « les institutions sont aussi distinctement stratifiées
que sur la terre sur laquelle l’homme vit, elle se succède l’une à l’autre en série
substantiellement uniforme sur tout le globe indépendamment de différence de race et de
langage agissant à travers les conditions successivement changeantes de la sauvagerie à la
barbarie et de la barbarie à la civilisation. »
Le postulat de l’unité psychique de l’humanité et le principe qui l’accompagne
entraine pour les évolutionnistes l’adoption de la méthode comparative ; en raison de
la similitude des sociétés on peut comparer n’importe quel société avec n’importe
qu’elle autre. Il est inutile dans ses comparaisons de s’attacher aux dates historiques
et aux zones géographiques. Les anciens lacustres de suisse peuvent être
comparés aux anciens médiévaux, aux indiens d’Amérique du nord ou aux zoulous
d’Afrique du sud. Les évolutionnistes ont surtout utilisés un type particulier de
comparaison qui consiste à situer la société moderne européenne à un bout et les
sociétés traditionnelles à un autre bout.
Ceux dont il s’agit avant tout pour les évolutionnistes c’est de retracer les origines
des formes sociales culturelles des sociétés modernes considérées comme le point
d’aboutissement de l’évolution et du progrès humains.Toutes les sociétés humaines
ont évolués de la même manière et dans la même direction, toutefois ces évolutions
se sont faites parallèlement de sorte que toutes n’en sont pas au me stade de
l’évolution dans un sens unique. Il est résulte que chaque société peut être classée
dans un stade correspondant à ses caractéristiques. La typologie des sociétés va se
faire à partir de cette démarche, ainsi l’on va considérer toutes les sociétés
traditionnelles comme étant des témoignages des stades primitifs de l’humanité ;
elles sont selon une expression de l’anthropologie de cette époque les ancêtres
contemporains de la société occidentale.
Morgan écrit à ce sujet de manière très nette : « les arts, les institutions et les modes
de vie sont si essentiellement identiques dans le même état sur tous les continents
qu’il faut même maintenant chercher la forme archaïque des principales institutions
domestiques des grecques et des romains dans les institutions correspondantes des
aborigènes indiens.
Taylor pour sa part considère qu’il appartient à l’anthropologie d’établir une échelle
grossière de civilisation en plaçant les plupart des sociétés européennes à une
extrémité des séries sociales et les tribus sauvages à l’autre extrémité ; disposant le
reste de l’humanité entre ses deux limites. La pensée évolutionnistes développe un
dernier aspect qui est celui de la survivance. Dans toutes les sociétés il existe des
témoignages sur l’état socioculturel antérieur. Taylor l’explique de la manière
suivante : « parmi les faits qui nous aident à prouver le cours de la civilisation du
monde il y’a le groupe que j’ai cru bon de désigner par le terme de survivance. Ce
sont des procédés, des coutumes, des opinions qui sont passées par la force de
l’habitude dans un nouvel état de société différent de celui qui leur avait donné
naissance et qui reste ainsi comme des preuves et comme des échantillons d’une
condition ancienne de culture, dont la nouvelle est sortie. »
Les six thèmes de quelques représentants de l’évolutionnisme :
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