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II-2.Arguments épidémiologiques
Une augmentation de la fréquence de certains cancers a été observée au cours de
différentes situations cliniques associées à un déficit immunitaire de type cellulaire touchant
les lymphocytes T. Dans la majorité des cas, les cancers retrouvés dans ces populations de
malades sont associés à des virus [sarcomes de Kaposi et herpès virus de type 8,
lymphomes et EBV (Epstein Barr Virus), cancers du col de l’utérus et papillomavirus].
L’incapacité de l’organisme atteint de déficit de l’immunité cellulaire à éliminer ces virus et
leur persistance prolongée chez l’hôte favoriseraient le développement de tumeurs.
II-2-a.Déficits immunitaires primitifs d’origine génétique
L’ataxie télangiectasie s’accompagne d’anomalies qualitatives et quantitatives des
lymphocytes T (hypoplasie thymique) associées à un déficit en IgG2, IgG4 et IgA. Ces
malades présentent une incidence accrue de lymphomes, de leucémies T et de maladies de
Hodgkin.
Le syndrome de Wiskott-Aldrich est une maladie génétique liée à l’X secondaire à une
mutation du gène WAS codant pour la protéine WASP, intervenant dans la polymérisation de
l’actine. Ces patients se caractérisent par un déficit immunitaire combiné avec initialement
une incapacité à produire des anticorps contre des antigènes polysaccharidiques, suivie
d’une anergie de leurs lymphocytes T contre différents antigènes. Ils présentent un risque
accru de développer un syndrome lymphoprolifératif secondaire à une infection par EBV.
La Trisomie 21 est le plus fréquent de tous les déficits immunitaires congénitaux. Il existe un
déficit fonctionnel des lymphocytes T et une involution thymique précoce chez ces patients.
Le taux de leucémie est vingt fois plus élevé que dans la population normale.
II-2-b.Déficits immunitaires acquis
En cas de SIDA non contrôlé, ce qui est plus rare depuis l’avènement des tri-thérapies anti-
virales, les patients peuvent présenter un sarcome de Kaposi, des lymphomes non
Hodgkiniens de type immunoblastique et des lymphomes de Burkitt. Une augmentation de la
fréquence de lésions prénéoplasiques anales ou du col de l’utérus liées aux papillomavirus
et pouvant conduire à des cancers a également été rapportée. Le risque augmente avec
l’intensité de l’immunosuppression (CD4 < 200/mm3).
Les traitements immunosuppresseurs (cyclosporine, azathioprine…) prescrits lors de
transplantation d’organes peuvent aussi être impliqués. L’incidence de cancers (lymphomes
non hodgkiniens en particulier) chez ces patients immunodéprimés est multipliée par 100 par
rapport à la population générale de même âge. Certains lymphomes non hodgkiniens
peuvent régresser spontanément lors de l’arrêt des médicaments immunosuppresseurs,
renforçant la relation entre le développement de ces cancers et l’immunosuppression.
Certains patients transplantés ont développé des cancers de mêmes types histologiques que
des cancers présents antérieurement chez les donneurs et considérés comme guéris au