tendance socialiste. Ces deux guérillas, les plus vieilles d’Amérique latine, ont par contre
de profondes différences idéologiques. Les FARC, dont les membres de la base sont en
grande majorité des paysans, tirent principalement leur influence du Parti Communiste et
de l’expérience historique de l’Union Soviétique. L’ELN, dont la base est issue à la fois du
milieu universitaire urbain et du milieu paysan, tire son influence de la révolution cubaine
et du rêve guévariste et elle est particulièrement influencée par la théologie de la libération,
qui a inspiré tant de mouvements d’insurrection en Amérique latine. Entre le milieu des
années soixante et le milieu des années quatre-vingt, la Colombie a vu naître plusieurs
autres mouvements de guérilla, qui sont par contre aujourd’hui tous défunts. Ainsi, l’EPL –
Armée Populaire de Libération - est né en 1966 et le M-19, un mouvement de guérilla
urbaine, qui s’est démarqué pour ses actions militaires à haut capital symbolique, est apparu
en 1972. Le pays a aussi connu une guérilla autochtone, le Quintin Lame (1984-1991) et
une guérilla afro-colombienne, le Mencos Biojo. On estime que les FARC, qui sont
actuellement la guérilla la plus forte militairement, seraient passé de 3600 combattants
répartis sur 32 fronts en 1986, à environ 7000 combattants en 1995 et on estime qu’elles
compteraient aujourd’hui au moins 16 000 combattants répartis sur 60 fronts. Ce nombre
extrêmement élevé de combattants dans leur rang fait que leur action militaire combine des
stratégies de « guerre de guérillas » et des stratégies de « guerre régulière ». Quant à l’ELN,
qui a la réputation d’avoir mis plus d’énergie au travail politique qu’à la consolidation
militaire de ses forces, elle possèderait actuellement entre 6000 et 8000 combattants.
Par ailleurs, il y a lieu de mettre des bémols et de donner des compléments d’informations
quant aux idées diffusées dans les grands médias à propos de l’existence en Colombie de
guérillas « narco-terroristes ». D’une part l’ELN refuse toute participation avec le
narcotrafic qu’elle rejette totalement pour des raisons éthiques et politiques. Quant aux
FARC, elles ne participent généralement que dans l’étape de la production et de la vente de
la feuille de coca avant sa transformation future. Elles jouent un rôle d’intermédiaire entre
les narcotrafiquants qui achètent la base de coca et les paysans qui produisent la feuille en
fixant un prix minimum et en chargeant ce qu’elle appelle un « impôt révolutionnaire ». Il
est donc vrai que la production et la vente de la feuille de coca contribue au financement de
cette guérilla, qui encourage fortement les paysans des régions sous son contrôle de la
semer. Cependant, les FARC ne contrôlent pas les maillons les plus importants de la chaîne
du narcotrafic, c’est à dire les laboratoires de transformation et l’exportation. C’est en fait