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Chapitre 4 : Monnaie et inflation
I. Définitions
A) La Monnaie
Définition : La monnaie correspond à tout moyen de paiement généralement accepté pour la livraison de biens
ou le règlement d’une dette. Elle est l’intermédiaire des échanges.
Ainsi il existe de nombreux exemples de monnaie en histoire économique : l’or (XIXème siècle en
Europe), les coquillages en Afrique, et même les dents de chiens dans les îles de l’Amirauté dans le Pacifique.
Sur la base de ces exemples, on observe que ce n’est pas le type de bien utilisé qui importe, mais la
convention sociale selon laquelle il sera accepté sans discussion comme moyen de paiement. La monnaie est
donc avant tout une convention sociale.
1) Les fonctions de la monnaie
La fonction d’intermédiaire des échanges est la caractéristique fondamentale de la monnaie. Pour
bien comprendre comment la société tire avantage de cet intermédiaire universel dans les échanges, il faut la
comparer avec une économie de troc. Celle-ci nécessite une double coïncidence : en effet, il faut trouver une
personne qui ne veut plus du bien que l’on convoite et qui accepte le bien que l’on cède. Ce problème de double
coïncidence induit une perte de temps dans la recherche des personnes pour effectuer les échanges, temps qui
pourrait être utilisé à des fins productives.
A côté de cette fonction dintermédiaire des échanges, il existe deux autres fonctions : l’unité de compte
et la réserve de valeur.
La fonction d’unité de valeur : La monnaie représente l’unité dans laquelle les prix sont fixés et les
comptes sont tenus. Ex : l’euro en France, la livre sterling en Grande-Bretagne.
Il existe des périodes historiques où la monnaie avait perdu cette fonction, mais elles font office d’exceptions.
Ex : L’Allemagne en 1922 et 1923 pendant la Grande Inflation.
La fonction de serve de valeur : Pour être acceptée dans les échanges, la monnaie doit être une
réserve de valeur.
En effet, personne n’accepterait d’échanger un bien contre de la monnaie si celle-ci n’a plus aucune valeur
demain. La monnaie doit ainsi pouvoir servir à faire des achats dans le futur. Dans les périodes de crises graves,
lorsque l’inflation est trop importante et que la valeur de la monnaie devient trop incertaine, la monnaie perd peu
à peu son rôle d’intermédiaire des échanges, au profit d’une devise étrangère.
Réserve de valeur, la monnaie n’est néanmoins pas la seule, ni forcément la meilleure réserve de valeur
qu’il soit. Autres exemples de réserve de valeur : l’immobilier, les collections de timbres, les tableaux, et tous els
placements financiers (comptes bancaires) porteurs d’intérêts.
Un agent ou un ménage peut ainsi arbitrer ses réserves de valeur lorsqu’il constitue son portefeuille
financier entre :
La détention de la monnaie qui peut être directement utilisée dans les transactions, avec la
propriété d’être parfaitement liquide.
La détention d’actifs financiers qui sont moins liquides mais qui rapportent des intérêts, ce
qui n’est pas le cas de la monnaie.
2) Monnaie VS actifs financiers
a) Il existe différentes formes d’actifs financiers
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Définition : Un actif financier est un morceau de papier donnant droit à celui qui le détient, à un flux d’intérêt
spécifié durant une période de temps déterminée.
En pratique, les entreprises et les collectivités publiques récoltent de l’argent en vendant ces actifs financiers, qui
peuvent être ensuite échangés entre les ménages avant la date d’échéance, date à laquelle le vendeur initial est
tenu de racheter le papier à un prix déterminé à l’avance.
On distingue trois types d’actifs financiers : les bons, les obligation et les titres perpétuels.
Les bons : Ce sont des actifs financiers à court terme dont l’échéance est inférieure à un an.
Ex : les bons du trésor à 3 mois. Le gouvernement peut émettre ces bon du trésor en avril en s’engageant à les
racheter 1000 € en juillet.
Les bons ne rapportent pas d’intérêts, mais si les ménages les achètent à 970 €, ils gagnent 3% de plus
en les conservant. Le prix d’achat est soit fixé par le marché, soit règlementé. Cependant, personne n’en
achète au-delà de 1000 €.
Les obligations : Ce sont des actifs financiers à long terme. Jusqu’à la date de rachat, la personne qui
détient le titre reçoit un intérêt. On dit que les obligations sont moins liquides que les bons car les cours
où elles peuvent être vendues avant la date d’échéance sont plus incertains.
Les titres perpétuels : Ce sont des obligations à durée de vie infinie. Elles ne seront jamais rachetées
par l’émetteur.
On observe une relation inverse entre les prix des titres et le taux d’intérêt. Le prix des titres baisse
lorsque le taux d’intérêt augmente, et inversement.
Exemple : Achat d’une obligation à 1000 € à 100 € d’intérêt tous les ans.
Le rendement est donc de 10%. Cependant, si la situation conjoncturelle évolue et que le taux d’intérêt d’élève à
12%, il faut baisser le prix de l’obligation pour aboutir au même rendement que celui du marché. Le prix
maximum auquel on peut vendre l’obligation est donc de 834 €.
Parallèlement à ces actifs financiers, on trouve ce que l’on appelle les actions industrielles qui ont un
statut très différent, et qui constituent des parts du capital d’une entreprise. Ces actions donnent le droit de
recevoir des dividendes. Un dividende est la fraction des profits versés aux actionnaires. L’entreprise peut
décider de garder l’autre fraction pour faire des investissements, ou rembourser des dettes par exemple. Durant
les mauvaises années, les dividendes peuvent être nuls, et si lentreprise fait faillite, les actions ne valent plus
rien.
Les actions sont donc des actifs financiers risqués qui ne sont pas très liquides.
b) Il existe différents types de monnaie
Définition : Une monnaie marchandise est un bien ordinaire possédant des usages industriels ou un usage
courant qui sert aussi dintermédiaire dans les échanges (Ex : les cigarettes en prison, l’or au XIXème siècle, etc.)
Cette monnaie pose toutefois un problème : pour l’employer, la société doit réduire l’utilisation des autres
monnaies marchandises, ce qui est plutôt difficile. Les sociétés se sont donc détournées de ce type de monnaie
pour utiliser une monnaie signe.
Définition : La monnaie signe est une monnaie dont la valeur en tant que monnaie dépasse de loin son coût de
production.
Exemple : le coût de production des billets de 5 € et 500 € est à peu près le même, mais leur valeur est totalement
différente.
On distingue la monnaie fiduciaire qui correspond aux billets et aux pièces mis en circulation par la Banque
centrale, et la monnaie scripturale qui désigne les dépôts bancaires à partir desquels on peut tirer des chèques,
mais qui ne rapportent cependant aucun intérêt.
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3) Les différents agrégats monétaires
La monnaie telle qu’elle a été définie avant correspond à l’agrégat monétaire M1, soit :
M1 = les billets et les pièces émis par la banque centrale + l’ensemble des comptes-chèques du secteur
privé + les chèques postaux.
Néanmoins, il existe une foule d’autres actifs qui sont presque aussi liquides que la monnaie : on les
appelle la quasi-monnaie. Ce sont des réserves de valeur qui peuvent être très facilement et rapidement
convertibles en monnaie. On les prend en compte dans les agrégats suivants :
M2 = M1 + livret A ou bleu + compte épargne logement (CEL)
Le CEL est un compte avec maturité explicite et système de pénalités si un trait anticipé est effectué.
M3 = M2 + tous les dépôts et titres du marché monétaire (toutes les SICAV monétaires)
Les SICAV sont des sociétés d’investissement à capital variable.
Ces agrégats vont être utilisés par la Banque centrale dans sa politique monétaire. Elle surveille surtout
M2 et M3.
B) L’inflation
Définition : L’inflation est une hausse du pris moyen des biens et services au fil du temps.
Définition : On appelle inflation pure le cas particulier dans lequel le prix de tous les biens et services augmente
au même taux. Lors d’un épisode d’inflation pure, les prix relatifs sont inchangés.
Définition : Un prix relatif est le prix d’un bien par rapport à celui d’un autre bien.
Exemple : Prix d’une chaise : 15 €
Prix d’un fauteuil : 100 € => prix relatif chaise/fauteuil = 15/100 = 0,15
Avec inflation au même taux :
Prix d’une chaise : 30 €
Prix d’un fauteuil : 200 € => prix relatif chaise/fauteuil = 30/200 = 0,15
D’un point de vue technique, le taux d’inflation π à une date t est égal à la variation relative des prix pour une
période donnée :
Définition : Une période de déflation est une période durant laquelle le taux d’inflation est négatif.
Attention, une déflation est différente d’une désinflation qui désigne une baisse du taux d’inflation, ce dernier
restant positif. Il s’agit alors d’un ralentissement de la vitesse à laquelle le niveau général des prix augmente.
Le taux dinflation indique le taux de variation relatif des prix, prix qui sont mesurés soit par un indice des prix
à la consommation, soit par le déflateur du PIB.
Construction d’un indice des prix à la consommation
a) Calcul de l’indice des prix
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Ce calcul se décompose en cinq étapes (cas pratiqué en France par l’INSEE) :
1) La composition du panier de biens : à partir d’enquêtes réalisées auprès des ménages, on détermine le
panier de consommation moyen par un ménage moyen, c’est-à-dire les biens et la quantité de biens
consommés en moyenne. Ce panier se compose de milliers de biens et services, et son contenu est inconnu
pour éviter toute manipulation politique.
Le Français moyen est âgé de 40 ans, il est fumeur et a des enfants. Mais depuis peu, les cigarettes ont été
retirées du panier.
Exemple : composition du panier : 2 coupes de cheveux par mois, 50 petits suisses.
2) Trouver les prix : le but est de déterminer le prix moyen des différents biens. En France, 160 000 relevés
mensuels sont effectués dans 100 agglomérations (villes avec une population supérieure à 2 000 habitants),
et tous les circuits de distribution sont représentés.
Exemple :
3) Calcul de la valeur du panier à chaque période : on raisonne à quantité constante ici, le panier est donc
maintenu constant. On capture donc bien toutes les variations de prix.
Exemple : Avril : 2 × 15 + 50 × 1 = 80 €
Mai : 2 × 15 + 50 × 1,1 = 85 €
Juin : 2 × 16 + 50 × 1,1 = 87 €
4) Choix de la période de base et calcul de l’indice :
Exemple : Si la période de base est avril : IPC avril = (80/80) × 100 = 100
IPC mai = (85/80) × 100 = 106,25
IPC juin = (87/80) × 100 = 108,75
5) Calcul des taux d’inflation :
Exemple : taux d’inflation mai = [(106,25 100) / 100] × 100 = 6.25 %
taux d’inflation juin = [(108,75 106,25) / 106,25] × 100 = 2,35 %
b) Etude du panier de consommation des ménages français
En France, on calcule deux indices des prix à la consommation, un portant sur l’ensemble des ménages
français et un autre portant sur la consommation des ménages urbains, dont celle du chef de famille qui sert à la
revalorisation du SMIC.
Depuis les années 70, le logement et l’alimentaire sont les deux composantes les plus importantes dans la
composition du panier de biens. La part de l’alimentaire na cessé de décroître alors que celle du logement a
augmenté pour atteindre aujourd’hui les 25%. On observe par ailleurs une baisse des dépenses d’habillement
(10% du budget en 1970 contre 5% aujourd’hui) tandis que celles de santé a augmenté (7% en 70 contre plus de
10% aujourd’hui.).
Notons que pour les ménages ouvriers, la part alimentaire et celle du logement sont encore plus
importantes.
c) Les problèmes posés par le calcul de l’IPC
Ces problèmes ont des répercussions importantes car l’indice des prix permet de mesurer l’évolution du
pouvoir d’achat de la monnaie au cours du temps. Il existe principalement trois gros problèmes :
Coupe de cheveux
Petits suisses
Avril
15 €
1 €
Mai
15 €
1,1 €
Juin
16 €
1,1 €
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la substitution : lorsque les prix des biens et services changent, ils ne changent en général pas tous de
la même proportion. Par conséquent, les prix relatifs sont modifiés, ce qui conduit les ménages à modifier leur
panier de consommation en substituant des biens devenus relativement moins chers à ceux dont le prix a
augmenté.
L’introduction de nouveaux produits : si le panier est figé, on ne peut pas prendre en compte un
nouveau produit, c’est la raison pour laquelle ce panier est révisé pour incorporer ces nouveaux produits.
Les changements de qualité : un même bien peut offrir des services de plus en plus importants (le
téléphone portable par exemple qui en plus de faire office de téléphone, sert de jeu, dappareil photo, etc.), par
conséquent la dénomination « téléphone » devient difficilement comparable dans le temps. Il est important de
prendre cette évolution en compte, car si la qualité d’un bien augmente, le pouvoir d’achat s’en trouve accru si le
prix reste inchangé.
Les statisticiens de l’INSEE essaient de prendre ce phénomène en compte en calculant un indice à qualité
constante, c’est-à-dire qu’ils adoptent les prix aux changements de qualité.
d) Le déflateur du PIB et l’IPC
En pratique et en France, les deux indices évoluent sensiblement de la même manière. Néanmoins il
existe des différences entre eux :
- L’IPC ne prend en compte que la consommation des ménages alors que le déflateur du PIB prend en compte
toutes sortes de dépenses.
- Une différence existe dans le lieu de production des biens : le déflateur du PIB étudie l’évolution des prix
des biens et services produits en France, alors que l’IPC prend en compte les biens consommés (même ceux
importés). Lors des chocs pétroliers on a assisté à de grands écarts entre les indices.
- Quantités constantes VS quantités variables : pour calculer l’IPC, on évalue le prix d’un panier dont les
quantités sont constantes. En revanche, le calcul du PIB réel se fait à partir de l’évolution des quantités
produites de chaque bien. Les pondérations des biens évoluent, ce qui peut induire une inflation impure.
e) Variable économique corrigée de l’inflation
Les indices de prix à la consommation permettent d’effectuer des comparaisons au cours du temps.
Supposons que Jean-Paul gagnait 4 000 Frs par mois en 1970. Comparons en Francs de 1970 à une somme de
1997 pour avoir une idée de son pouvoir d’achat en 1970.
Calculons l’équivalent de son salaire en 1997 :
(alors que le salaire moyen de l’époque était denviron 11 000 Frs)
Définition : Un revenu indexé sur l’inflation est un revenu qui est systématiquement modifié en fonction de
l’inflation de façon à maintenir son pouvoir d’achat constant.
2) Les causes de l’inflation
Définition : Le taux d’inflation est égal au taux de croissance de la masse monétaire moins le taux de
croissance de la demande d’encaisse réelle (M/p , p est l’indice des prix et M la quantité nominale de
monnaie en circulation, soit les encaisses nominales).
La première cause de l’inflation est la création monétaire. Mais on peut citer deux autres causes
principales qui proviennent de l’accroissement de la demande d’encaisse réelle : l’inflation salariale, et
l’inflation extérieure (les chocs pétroliers par exemple)
Ces deux dernières sont à l’origine de la forte inflation des années 70. Mais depuis 1980, on observe une forte
désinflation en France, obtenue principalement par une baisse de la création monétaire (c’est ce quon appelle la
politique monétaire restrictive) et par la fin de l’indexation des salaires en 1983, ce qui s’est traduit par une
baisse du pouvoir d’achat pour les ménages, sauf le SMIC.
1970
1997
4 000
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