On est tous prêts à s`investir pour ne pas ajouter du retard - CGT-B

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COMMUNICATION SUR LE THEME : « L’EVOLUTION DE LA
SITUATION POLITIQUE NATIONALE : ENJEUX ET PERSPECTIVES POUR
LES TRAVAILLEURS ET LE PEUPLE BURKINABE»
INTRODUCTION
Depuis l’horrible assassinat du journaliste émérite d’investigations,
Norbert ZONGO, et de ses compagnons d’infortune le 13 décembre
1998, notre pays traverse une crise structurelle qui évolue par palier
et qui a atteint un nouveau palier supérieur avec l’insurrection
populaire des 30 et 31 octobre 2014. Cette insurrection populaire,
malgré ses limites, a une portée historique indéniable pour notre
peuple et tous les autres peuples du monde qui luttent pour le pain
et la liberté. Nous reviendrons, au cours de notre intervention sur
les acquis de cette insurrection, ses insuffisances et les leçons qu’on
peut en tirer, avant de nous pencher sur les enjeux et les
perspectives de l’évolution actuelle de la situation nationale. Pour
finir, nous indiquerons quelques tâches qui incombent, de notre
point de vue, aux militantes de la CGT-B de façon particulière et aux
travailleurs, de façon générale pour contribuer à une issue
favorable de cette situation.
I- LINSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 :
ACQUIS, INSUFFISANCES ET LEÇONS
1. Les acquis de l’insurrection populaire
L’insurrection populaires des 30 et 31 octobre a une portée
politique immense tant sur le plan national, sous-régional
qu’international. Elle a montré que la classe ouvrière et le peuple
peuvent réaliser l’insurrection populaire et renverser un pouvoir qui
s’est illustré négativement dans les crimes de sang et économiques,
dans les atteintes aux libertés démocratiques et syndicales. Elle a
aussi et surtout montré toute l’énergie révolutionnaire, l’esprit de
sacrifice, la combattivité et l’héroïsme dont peuvent faire montre le
peuple et la jeunesse populaire. Son principal acquis reste, sans
conteste, l’espoir qu’elle a redonné à notre peuple, qui a pris
conscience de sa force, aux peuples de la sous-région, au prolétariat
et aux peuples du monde. Pour le dire autrement, l’insurrection
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populaire des 30 et 31 octobre a clairement montré à notre peuple
son potentiel révolutionnaire, sa capacité à résister à l’oppression
et à l’injustice d’où qu’elles viennent. C’est donc dire que notre
peuple a compris, une fois pour toutes, que la révolution est
possible dans notre pays et que la violence révolutionnaire n’est
pas un fait aussi abominable tel que veulent nous le faire croire les
thuriféraires de la bourgeoisie. Et les contestations des
nominations provocatrices et fantaisistes telles que celles de
Adama SAGNON et de Moumouni GUIGUEMDE au début de la
transition illustrent suffisamment bien le niveau atteint par l’esprit
citoyen de notre peuple. Mais l’insurrection populaire des 30 et 31
octobre n’a pas que des mérites, elle a aussi connu des limites.
2. Les insuffisances de l’insurrection populaire
Les insuffisances de l’insurrection peuvent être relevées à plusieurs
niveaux :
Sur le plan organisationnel, le peuple insur n’était ni
suffisamment organisé, ni outillé pour aller à la conquête du
pouvoir. Outre cela, les masses paysannes n’étaient pas
suffisamment impliquées dans cette insurrection. Or, avec la
proportion qu’elles représentent dans la population, elles
constituent, à n’en point douter, la principale force de la
révolution dans notre pays néocolonial agricole arriéré. Pour
terminer sur ce point, on peut noter qu’il a manqué à cette
insurrection une organisation conséquente et une direction
politique clairvoyante et courageuse.
Sur le plan militaire, le peuple insurgé était les mains nues et
les faits ont montré qu’une insurrection les mains nues ne
peut pas conduire à la victoire totale sur la bourgeoisie et sur
l’impérialisme. Cela confirme l’expérience historique du
prolétariat et des peuples qui montre que tant que les
insurgés ne disposent pas d’armement et tant que les forces
armées et de défense de la bourgeoisie ne sont pas
désagrégées et qu’une partie importante de ces forces passe
du côté des insurgés, la victoire de la révolution est
impossible. C’est pour cette raison, que l’insurrection
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populaire des 30 et 31 octobre a laissé intacts l’appareil
militaire, une partie de l’appareil politique et administratif, les
forces d’occupation françaises et américaines installées dans
notre pays.
Sur le plan économique, et c’est le comble du comble, cette
insurrection a laissé intact le pouvoir économique et financier
que détenaient les dignitaires du régime déchu de Blaise
COMPAORE. Ce qui justifie amplement leur retour en force sur
la scène politique et leur arrogance actuelle.
C’est au regard de ces insuffisances du mouvement
insurrectionnel que l’impérialisme français et ses alliés de la
bourgeoisie réactionnaire dans notre pays et dans le pré-carré
français, ont fomenté un coup d’Etat contre révolutionnaire le 1er
novembre dans notre pays en s’appuyant sur la fraction la plus
fascisante des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qu’est le
Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP).
3. Les leçons à tirer de l’insurrection populaire
Les principales leçons de cette insurrection peuvent être résumées
comme suit :
L’accélération rapide de l’histoire a mis le peuple devant la
nécessité de l’insurrection populaire, et il s’y est engagé avec
courage, détermination et héroïsme sur l’ensemble du
territoire (malgré les insuffisances que nous venons de
relever).
L’opposition bourgeoise réactionnaire et ses satellites au sein
des organisations de la société civile effrayés par la puissance
et la détermination de l’insurrection populaire, ont opté pour
la voie putschiste sous la direction du RSP et de l’impérialisme
français. Cette insurrection les a démasqués comme de
vulgaires putschistes et des laquais de l’impérialisme français
qui n’ont rien à voir avec le peuple. Cela constitue un élément
de clarification politique important pour la suite de la lutte
révolutionnaire car les fractions de masses qu’ils trompaient
en usant de démagogie percevront leur vraie nature et se
démarqueront d’eux.
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L’impérialisme français a montré sa détermination à briser
tout mouvement révolutionnaire insurrectionnel dans notre
pays y compris par une intervention militaire directe de ses
troupes.
Dans de nombreuses régions du pays, les masses paysannes
menaient déjà des luttes vigoureuses dont certaines prenaient
une forme insurrectionnelle. Cela a contribué à affaiblir le
pouvoir de la IV république et à asseoir les bases de
l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre à laquelle elles
ont du reste participé dans certaines localités.
La petite bourgeoisie nombreuse dans notre pays a joué un
rôle important dans les luttes populaires lors des journées
insurrectionnelles des 30 et 31 octobre et des 1er et 2
novembre 2014, même si certaines de leurs organisations
oscillent entre les positions du prolétariat et celles de la
bourgeoisie et de l’impérialisme.
En somme, l’insurrection populaire a clairement montré que la
révolution est un problème posé et à résoudre dans notre pays ;
et il sied de la considérer comme un entrainement qui prépare
une insurrection générale qui permette au peuple de prendre
effectivement le pouvoir et de mettre en œuvre une politique qui
réponde vraiment à ses attentes. Les faits marquants de
l’évolution récente de la situation nationale ne nous confortent-
ils pas dans notre conviction à ce sujet ? Rappelons-en ici les plus
importants pour nous en convaincre.
II- LES FAITS MARQUANTS DE L’EVOLUTION DE LA SITUATION
NATIONALE DEPUIS L’INSSURECTION POPULAIRE DES 30 ET
31 OCTOBRE 2014
Sans être exhaustif, on peut retenir les faits suivants :
1. Des deux coups d’Etat opérés par l’armée burkinabè au
lendemain de l’insurrection populaire
Après la démission de Blaise Compaoré, le Chef d’Etat-major
général des armées, annonce que « Considérant l'urgence de
sauvegarder la vie de la nation », « à compter de ce jour j’assume
les responsabilités de chef de l'Etat.» (c’était le 1er coup d’Etat opéré
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par l’armée avec la complicité de certains partis politiques et de
certaines OSC).
A sa suite, le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA
s’autoproclame chef de l’Etat à la place de la nation (c’était le
deuxième coup d’Etat qui venait d’être opéré par le RSP avec la
complicité de certaines OSC).
Une succession de communiqués annonce la fermeture des
frontières aériennes et terrestres et la volonté de mettre en place
un organe de transition dont le contenu et la durée seront précisée
en accord avec les acteurs de la société civile et de l’opposition. Un
couvre-feu a été institué de 19h à 6h du matin et les populations
sont appelées au calme et à la retenue. La situation est confuse et
on se demande qui dirige réellement le Burkina.
Le lendemain, les officiers supérieurs de l’armée, réunis au sein de
l’Etat-major général des armées font une déclaration signée du
Général Honoré Nabéré Traoré qui disait en substance que la
haute hiérarchie militaire, après concertation, informait l’opinion
nationale et internationale que le Lieutenant-colonel Yacouba
Isaac Zida avait été retenu à l’unanimité pour conduire la période
de transition ouverte après le départ de Blaise Compaoré. Quant à
la forme et à la durée de la période de transition, ont-ils poursuivi,
elles seront terminées ultérieurement de concert avec toutes les
composantes de la vie nationale.
2. Des nominations contestées
On se souvient encore, comme si c’était hier, des nominations de
complaisance faite par le Premier Ministre, Yacouba Isaac ZIDA, au
début de la transition qui ont été vivement contestées par les
populations telles celles de Adama SAGNON, de Moumouni
DIJEGUEMDE, Ces contestations ont permis de relever ces
individus indélicats de leur fonction. C’est la preuve que le peuple a
pris conscience de sa force et n’entend plus se laisser gouverner
comme de par le passé. Il ne nous semble pas important d’insister
outre mesure sur la portée de ces contestations pour
l’approfondissement de la démocratie dans notre pays qui,
traduisent en fait, la volonté du peuple de contrôler désormais de
façon directe l’action des gouvernants.
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