L’Association française des Anthropologues
a le plaisir de vous inviter à participer à son séminaire :
ANTHROPOLOGIE, PSYCHANALYSE ET POLITIQUE
REGARDS SUR LES TERRAINS
Subjectivation et globalisation
En partenariat avec le CRPMS
Séance du mardi 12 avril 2016
11h-13h
Maison Suger : 16 18 rue Suger
Paris 6ème (RER Saint-Michel)
Anne QUERRIEN , Monique SELIM
et Monique ZERBIB
Les paradoxes du rêve
Chimères 86
Témoin éveillé de la vie psychique endormie, le rêve garde la porte qui sépare le
conscient de l’inconscient. Il épouse les formes de celui-ci : porte dérobée quand
l’inconscient descend dans les profondeurs de la vie interdite en surface, espace
fastueux de la vie symbolique quand le rêve dicte à un peuple les règles de son
appartenance, miroir déformant de la vie quotidienne quand celle-ci est tendue par
l’impératif de consommation, image illusoire d’un avenir meilleur quand l’idéologie
politique s’en empare et le transforme en instrument d’asservissement.
Le rêve est multiple et foisonnant, porteur à des degrés variables de toutes ces figures,
dans les situations où il avance plus ou moins timidement son questionnement. Au
milieu de ces différentes pistes, l’analyse trace pour chacun un chemin spécifique, une
offre fragile de liberté.
En offrant à tout un chacun une démarche de thérapie par la parole, proche de celle qu’il
avait déjà inventée avec les névrosés, Freud a semblé fermer la porte du rêve aux
psychotiques et aux êtres vivants incapables d’interagir de façon langagière avec leurs
thérapeutes. Pourtant il a également affirmé que c’était les enfants qui avaient accès le
plus directement à leurs rêves, sans se soucier du fait que le terme « enfant » ou
« infans », veut dire précisément qui ne parle pas, qui est hors de ces enjeux langagiers.
Toujours le paradoxe du rêve.
Aujourd’hui les neurosciences, dans leur prétention démocratique, ont beau jeu de dire :
tout le monde rêve, même les animaux rêvent, tout le monde a des périodes de sommeil
paradoxal, pendant lesquelles le cerveau et les yeux s’agitent fortement, pendant
lesquelles les neurones battent leurs cartes pour se préparer au réveil. Cette préparation
conduit d’après les observations freudiennes à passer peu ou prou les propositions du
rêve sous les fourches caudines de la vie morale éveillée. Il y aurait une instance de
censure qui ferait du rêve un accomplissement de désir, conscient finalement de son
impuissance. Spécialistes des neurosciences et collègues de Freud, tout le monde s’unit
pour dire qu’il n’y a pas d’accomplissement de désir, notamment sexuel, et qu’à aiguiller
le désir de la sorte on le conduit précisément vers l’impuissance. Accomplissement,
impuissance, encore le paradoxe du rêve, et sa méconnaissance.
Quel est l’espace ouvert par le rêve ? Comment est-il articulé avec l’espace politique au
sein duquel il permettrait de se déplacer, ou à l’immobilisme duquel il obligerait à
s’adapter ? Quelle force véhicule le rêve ?Est-il entièrement agi par les pouvoirs qui
l’imposent ou a-t-il une consistance propre ?
Les terrains dont sont issus les articles de ce numéro font autant état de rêves collectifs
que de pratiques individuelles. Dans l’un comme dans l’autre cas peut-on imaginer une
politique du rêve, un partage des récits, un soutien mutuel dans un cheminement de
désir ?
Numéro Rêves Sommaire
Les paradoxes du rêve
Anne Querrien, Monique Selim, Monique Zerbib : introduction
Agencements
Sylviane Lecoeuvre : La Traumdeutung :Grand-œuvre de Freud ou orchestration collective ?
Max Dorra : Pour une rêvolution de l’entendement
Terrain
Monique Selim : Angoisses, contestations, rêves au Laos
Pascale Absi : La vie rêvée d’une anthropologue… au lit avec Yuli
Barbara Glowczewski : Des Dreamings aborigènes aux foncteurs guattariens
Lucia Sagradini : Nuit d’enfer. Avec Histoire de l’ombre. Histoire de France, un film d’Alex Pou
Abrahao de Oliveira Santos : Culture africaine au Brésil : rêve, résistance et singularisation
Clinique
Olivier Apprill : Le voleur de rêves
Olivier Douville : En quoi le rêve de quelques psychotiques élargit la doxa psychanalytique
Danielle Roulot : Travail du rêve, travail du deuil
Keramat Movallali : Travail du rêve et neurophysiologie du sommeil
Richard Abibon : L’impossible : réel de la physique ou Réel de la psychanalyse ?
Quentin Vergriete : D’un rêve végétal en psychiatrie
Monique Zerbib : Rêves, hallucinations et états psychotiques : la voie royale
Fiction
Evelyne Lopez Campillo : La restitution de la Joconde
Jean-Claude Polack : Une femme de rêve
Marco Candore : Songe rouge
Sonja Hopf : Voyage avec Félix, extrait d’une schizoanalyse
Emmanuel Valat : En écho au film Le Vertige des possibles de Vivianne Perelmutter
Annie Vacelet-Vuitton : La déchirure
Politique
Vincent Bonnet : Ombres sur la Tunisie
Nicola Valentino : Recueil de rêves des détenus de la prison spéciale de Palmi
Marc Hatzfeld : Mezzogiorno
Joani Hocquenghem : Songe du Zócalo
Guy Trastour : Y a-t-il des mesures anti-rêve ?
LVE
Anne Querrien : Roger Caillois et G.E. Grunebaum : Rêves et sociétés, Gallimard, 1967
LES AUTEURES
Anne Querrien, sociologue, coéditrice des revues Chimères et Multitudes, est auteure de
L’école mutuelle, une pédagogie trop efficace ?, paru au Seuil/Les empêcheurs de penser
en rond.
Monique Selim, anthropologue, directrice de recherche à l’IRD (UMR 245, CESSMA,
Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques,
université Paris Diderot/INALCO/IRD), a travaillé en France (anthropologie urbaine), au
Bangladesh, au Laos, au Vietnam, en Ouzbékistan (anthropologie du travail) et
désormais en Chine, sur la société civile. La globalisation idéologique est au centre de
ses recherches.
Monique Zerbib ,Psychanalyste, membre affilié de la Société de Psychanalyse
Freudienne, Psychologue clinicienne attachée à l’E.P.S de Maison Blanche, Paris,
membre du comité de rédaction de la revue Chimères, de l’association psychanalytique
Œdipe Le Salon et du groupe de recherches Pandora - Psychanalyse et Processus de
Création.
Des mêmes auteures
Anne QUERRIEN (Sélection)
Codirectrice (avec Yann Moulier Boutang et Yves Citton) de Multitudes depuis 2008
Codirectrice (avec Jean-Claude Polack) de Chimères depuis 2011.
Directrice de la rédaction des Annales de la Recherche Urbaine, 25 à 55-56, 1985 à 1992
dont :
« Développement social des quartiers », Annales de la Recherche urbaine, n° 26, 1985.
Co-directeur, Annales de la Recherche Urbaine, n° 5778 à n° 105, 1993 à 2007, dont :
Avec Pierre LASSAVE (ed.), « Patrimoine et modernité », Annales de la Recherche urbaine, n° 72,
1996.
« Ponts, réseaux, paysages en Côtes d’Armor », Pour mémoire, n° 5, 2008, 55-63.
(co-ed.), Ces quartiers dont on parle, Paris, Éditions de l’Aube, 1997.
« Hommage à Bernard Lepetit », in Alain OBADIA, Entreprendre la ville, Paris, Éditions de l’Aube,
1997.
« Nouveaux territoires urbains », avec Toni NEGRI et Thierry PILLON (ed.), Futur Antérieur, 29,
1995.
« Un art des centres et des banlieues, la représentation d’espaces pluriethniques », Hermès, 10,
août 1991, 10 pages.
« Écoles et corps, le cas des Ponts et Chaussées », Annales de la Recherche urbaine,
décembre 1981, 10 pages.
« Équipements collectifs, pour une autoprogrammation », Techniques et Architecture,
décembre 1977, 4 pages.
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