augmentation du taux d'intérêt se manifestera. En effet, les obligations nouvelles ne vont
trouver des acquéreurs que si leur taux de rémunération est attractif, c'est-à-dire légèrement
supérieur à celui des autres obligations. Or, la hausse des taux d'intérêt est défavorable à
l'investissement privé : une partie des projets à la limite de la rentabilité au niveau du précédent
taux d'intérêt deviennent non rentables. La conséquence est une diminution de la formation de
capital du secteur non étatique : c'est ce que l'on appelle l'effet financier d'éviction. Son
importance empirique est bien réelle. En France, on peut ainsi constater que l'aggravation des
déficits publics s'est accompagnée d'une montée des taux d'intérêt réels à long terme. Du fait de
l'effet d'éviction, l'effet multiplicateur de la dépense publique est d'autant plus important que le
financement de la variation de celle-ci sera réalisé par création monétaire. Ce sera le cas si les
titres d'Etat émis à l'occasion de la hausse de la dépense publique sont souscrits en majeure
partie par le système bancaire et que celui-ci cède ces titres à la Banque centrale sur le marché
interbancaire : la hausse des taux pourra alors être évitée en raison de l'augmentation de la
liquidité bancaire.
- l'importance de la propension à importer du pays : si celle-ci est
élevée, le multiplicateur est faible. On peut relever la faiblesse de l'effet multiplicateur dans les
économies contemporaines. En France, le coefficient k serait de l'ordre de 1,4 au bout d'un an
et de 1,2 au bout de quatre ans. Les autres pays tels les Etats-Unis, l'Allemagne ou le
Royaume-Uni sont dans une situation comparable.
Quel lien peut-on établir entre la valeur du multiplicateur et la propension à
importer d'un pays ? L'effet multiplicateur repose sur un mécanisme de vagues successives
de dépenses et de productions induites. Or, en économie ouverte, les fuites dans le circuit
économique sont nombreuses du fait de l'existence des importations : lorsqu'un euro de revenu
est consacré à l'achat d'un bien produit à l'étranger, ce revenu sort du circuit économique
national et ne stimule plus la production intérieure (l'effet multiplicateur est en quelque sorte
exporté). Cela se produit dans les pays développés où la part des importations de biens et
services ne cesse de s'élever. A la fuite que représentent les importations, il faut ajouter celle
des prélèvements obligatoires (environ 45% du PIB français à l'heure actuelle, soit un peu
moins de la moitié de tout revenu créé par la hausse d'activité, cessent d'induire directement
une dépense ou une production supplémentaire).
Dans les pays occidentaux, la part croissante des importations et des prélèvements
obligatoires a fortement atténué l'impact de la dépense publique sur la conjoncture. Dès lors, la
stratégie keynésienne consistant à accepter un gonflement temporaire du déficit budgétaire
pour relancer l'économie est devenue caduque. En effet, elle permettait un financement ex post