Plantes des parcs et jardins : des risques pour la santé

Plantes des parcs et jardins : des risques pour la santé ?
par P. Delaveau, Dr méd., pharmacie et sciences naturelles, Pr honoraire université René-Descartes, membre de
l'Académie nationale de médecine, anc. président de l'Académie nationale de pharmacie (Le Concours Médical
du 25 juin 2003 n°24)
De nombreuses plantes contiennent des constituants toxiques. Les enfants y sont
les plus exposés. Les incidents sont néanmoins beaucoup plus fréquents que les
accidents graves, mais la vogue actuelle du jardinage nécessite une vigilance
accrue
Chacun de nous vante avec raison l'intérêt des plantes dans notre environnement, mais
certaines ne sont pas sans inconvénients, soit par la présence de constituants toxiques,
soit du fait de réactions de contact. Seul le premier cas sera retenu ici pour les plantes
indigènes habituellement cultivées, quelques plantes exotiques et les « mauvaises herbes » des
jardins et parcs insuffisamment entretenus.
Plusieurs publications (1, 2, 3, 5, 6) ont déjà mis l'accent sur les dangers potentiels des végétaux pour
les enfants évoluant dans ces jardins et pour les jardiniers amateurs.
ARBUSTES ET HERBACÉES À FRUITS CHARNUS DANGEREUX (encadré)
If
L'If (Taxus baccata L., Taxaceae) est un arbre fréquent dans les parcs, atteignant 15 m de hauteur et
acceptant diverses tailles. Ses aiguilles sont molles et plates, de couleur assez foncée. Comme il est
de règle chez les Gymnospermes, la graine est nue, entourée ici, lorsqu'elle est mûre, d'un arille
charnu, rouge et de saveur sucrée les oiseaux en sont amateurs dès le mois d'août, laissant
toutefois la graine, toxique, comme le sont aussi tous les autres organes. Cette toxicité est due à des
diterpènes cycliques (taxines), parfois dits à tort pseudoalcaloïdes. En cas d'intoxication sévère
apparaissent d'abord des symptômes digestifs habituels, puis de possibles difficultés respiratoires et
cardio-vasculaires, enfin se manifeste une attaque du système nerveux central avec le tableau suivant
: trémulations, adynamie, vertiges, mydriase, céphalée, tendance à la somnolence, ou au contraire
excitation, voire délire. Des convulsions peuvent annoncer la mort dans les cas extrêmes. Les
vétérinaires sont ceux qui ont le plus l'expérience de ce type d'accidents, qui touchent vaches et
chevaux, par exemple à la suite de la chute inopinée d'un if dans un pâturage. Faut-il rappeler qu'en
revanche le taxol et des produits d'hémisynthèse ont trouvé d'importantes applications dans la
thérapeutique anticancéreuse ?
Arbustes et herbacées à fruits charnus dangereux
Plante à fruits blancs
Symphorine
Plantes à fruits noirs
Herbacées : Morelle, Phytolaque
Arbustes : Laurier-Cerise, Laurier du Portugal, Troëne vulgaire et Troëne du Japon
Arbuste sarmenteux : Lierre
Plantes à fruits rouges
Herbacées naines : Solanum pseudocapsicum, Muguet, Asperge
Herbacées grimpantes : Douce-amère, Lyciet, Bryone
Arbustes : Viorne lantane, Chèvrefeuilles, Fusain d'Europe et Fusain du Japon
Arbres : If
Symphorine
Plusieurs arbustes des parcs méritent attention à l'automne lorsque leurs fruits, parés de couleurs
attrayantes, risquent de tenter des enfants pour des dînettes imprudentes. S'ils ne sont pas
nécessairement toxiques, leur ingestion peut causer au moins des incidents digestifs regrettables. Ce
sont les arbustes et arbrisseaux ornementaux des Caprifoliaceae, dont la Symphorine
(Symphoricarpos albus [L.] S.F.Blake) à courts rameaux dressés et fruits blancs (diamètre 1 cm), de
consistance spongieuse, groupés par deux. L'absorption de trois de ces baies suffit chez le jeune
enfant à provoquer des vomissements (ce qui est le réflexe naturel utile). S'agit-il de saponines ?
Chèvrefeuilles
Plusieurs espèces du genre Lonicera sont appelées Chèvrefeuilles. À l'état sauvage, en plaine, ce
sont des arbrisseaux à tiges traînantes (L. periclymenum L.), et il existe, dans les régions
montagneuses, des arbustes à fruits noirs dangereux (L. nigra L., L. caerulea L.). Nous ne
considérerons ici que le Chèvrefeuille étrusque (L. etrusca Santi), plante grimpante vigoureuse, à
feuilles nummulaires coriaces, les supérieures soudées deux par deux, et le Chèvrefeuille odorant (L.
caprifolium L.), à feuilles peu coriaces, caduques, à fleurs (mai-juillet) odorantes, surtout le soir. Parmi
les Chèvrefeuilles dressés, citons le Camerisier des haies (L. xylosteum L.), du centre et de l'est de la
France, parfois cultivé dans les parcs. Cet arbrisseau (1 à 2 m) possède des feuilles là encore
arrondies, assez velues et des baies bigéminées (soudure à la base) avec pointe noire.
Viorne lantane
Une autre plante arbustive de la même famille, la Viorne lantane (Viburnum lantana L.) est un arbuste
(1 à 3 m) calcicole, des bois et rocailles, parfois introduit en raison de sa belle prestance. On note :
des feuilles épaisses, ovales à dents fines, opposées ; rugueuses, à pétiole court, de belles fleurs en
ombelles, à pétales blancs, odorantes (mai-juin), des fruits ovales aplatis, d'abord verts, puis rouges,
enfin noirs en hiver. Dans tous les cas, des saponosides peuvent être responsables d'incidents
digestifs banals.
Fusain
De leur côté, le Fusain d'Europe (Euonymus europaeus L.) et son cousin du Japon (E. japonicus
Thunb.) appartiennent à la famille des Celastraceae. Le premier est un arbuste de la flore sauvage,
parfois introduit en raison de l'aspect pittoresque des fruits en automne : une capsule à quatre angles
arrondis et quatre graines d'un orangé vif (surnom : bonnet de prêtre), une tige quadrangulaire (« bois
carré »). La seconde espèce possède des feuilles permanentes à surface luisante, elle est
fréquemment utilisée pour la formation de haies toujours vertes. Les fruits sont toxiques par la
présence d'alcaloïdes sesquiterpéniques (évonine) et d'hétérosides cardiotoxiques (évobioside), à
faible concentration toutefois. Si l'ingestion de quelques baies n'entraîne qu'une banale diarrhée, une
quantité plus importante serait responsable de troubles cardiaques et de convulsions comme avec
d'autres plantes que nous évoquerons.
Troëne
Les fruits noirs de plusieurs espèces de Ligustrum (Oleaceae), le Troëne d'Europe et celui du Japon,
sont à regarder avec méfiance, mais on a peu de chances de les rencontrer en raison des tailles
successives.
Bryone
Avec la Bryone, on a affaire à une mauvaise herbe envahissante pour une double raison : d'une part,
sa racine tubérisée (Navet du diable) lui assure une persistance de plusieurs années dans les haies et
les jardins insuffisamment surveillés ; d'autre part, la production de fruits, donc de graines, est
considérable. Qui ne connaît cette « Vigne blanche » à feuilles alternes, velues, découpées en cinq
lobes, cette herbacée grimpante envahissante, s'accrochant par des vrilles à double hélice
caractéristique. Les racines et les baies contiennent des hétérosides triterpéniques spéciaux. Les
symptômes de l'intoxication sont là encore à dominante digestive (vomissements, diarrhée souvent
sanglante), auxquels s'ajoutent des manifestations respiratoires et cardiaques. En fait, les cas
d'intoxication sont exceptionnels.
Asperge, Muguet
Les baies de l'Asperge cultivée, et celles du Muguet, rouges les unes et les autres, pourraient être
dangereuses si l'on s'avisait de les consommer en grand nombre : les premières contiennent des
saponosides, les secondes des hétérosides cardiotoxiques.
Douce-amère, Morelle noire, Cerisier d'amour
Plus important est le genre Solanum en raison du grand nombre d'espèces, dont trois sont à retenir
ici. La première, la Douce-amère (Solanum dulcamara L.), grimpe dans les haies, la deuxième, la
Morelle noire (S. nigrum L.), s'immisce dans des jardins mal entretenus, herbacée annuelle ou vivace,
à rameaux plus ou moins étalés sur le sol (0,1 à 0,6 m), ailés, plus ou moins velus et à feuilles
entières et lancéolées. La fleur est gamopétale, c'est-à-dire à pétales soudés entre eux, au nombre de
cinq, nombre qui se retrouve pour les grosses étamines, d'un jaune intense, ce qui est typique du
genre Solanum. La couleur de la fleur est blanche chez la Morelle, son fruit (été) est une baie
sphérique, d'abord verte, puis noire (diamètre 0,6 à 1 cm) ; en revanche, la couleur de la fleur est
violette chez la Douce-amère et le fruit rouge. Les baies de ces deux espèces contiennent des
glycoalcaloïdes stéroïdiques (solasodine), surtout lorsqu'elles sont encore vertes, tandis qu'à maturité
elles sont riches en saponines stéroïdiques. Elles sont responsables, après ingestion, de troubles
digestifs mineurs, de sécheresse des muqueuses, et de mydriase, tachycardie et troubles cardio-
respiratoires dans les cas graves.
Une espèce voisine est le Cerisier d'amour ou Cerisier de Jérusalem, dit encore Oranger de savetier
(Solanum pseudocapsicum L.), plante ornementale d'appartement en grande faveur actuellement. Cet
arbrisseau (jusqu'à 1,2 m) glabre, ramifié, à feuilles vert vif, lancéolées, de bord irrégulier, à fleur
petite, solitaire et à fruit rouge orangé est source d'incidents possibles comme ceux des deux espèces
précédentes.
Les Lyciets (genre Lycium, de la même famille des Solanaceae) sont des arbustes (1 à 3 m), souvent
cultivés en tonnelles ou grimpant dans des haies, à rameaux épineux, la feuille étant souvent d'un vert
grisâtre ; la baie est sub-sphérique. On en distingue quatre espèces dont les fruits pourraient être
dangereux par des saponines et des solanidines.
Phytolaque
Le Phytolaque (Phytolacca americana L., Phytolaccaceae) est une herbacée (1 à 3,5 m de haut)
vivace, à racine en navet, tige verticale verte ou rougeâtre, rameuse ; feuille (10-40 3 3-10 cm) verte,
puis rouge en automne, les fleurs sont à cinq sépales blancs sans pétales et dix étamines. Cette
plante se répand facilement dans les jardins, où son allure élégante lui vaut l'indulgence des jardiniers
amateurs. L'aspect de l'inflorescence en grappe allongée (10 à 15 cm) fait donner le nom de raisin
d'Amérique. Le fruit rouge violacé possède dix côtes apparentes. Relativement comestible, il peut
provoquer toutefois des troubles digestifs bénins et des troubles nerveux (vertiges, voire convulsions).
Fait plus intéressant, chez les enfants aventureux, la transformation , en raison de la présence d'une
lectine, de cellules lymphoïdes en cellules à allure de plasmocytes suggère une rubéole.
Lierre
À citer encore les fruits noirs du Lierre (Hedera helix L.), à saponosides triterpéniques responsables
d'effets irritants, mais ses principes tensioactifs, traditionnellement utilisés pour des applications
détergentes, peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques.
PLANTES À HÉTÉROSIDES CYANOGÈNES
Ces constituants hydrosolubles libèrent, par hydrolyse enzymatique ou acide, de l'acide cyanhydrique
(HCN), une ou plusieurs molécules de sucre et un composé à fonction aldéhydique ou cétonique, tel
que l'aldéhyde benzoïque à odeur d'amande amère, graine qui est l'exemple le plus caractéristique de
ce point de vue. Cette odeur fine fait le succès des eaux-de-vie de mirabelle ou de cerise (kirsch). De
tels hétérosides existent dans d'autres groupes botaniques : Haricots de Java (Phaseolus lunatus,
Fabaceae), Sorgho (Poaceae), Manioc amer (Euphorbiaceae), mais, là, nous nous limiterons à la
famille des Rosaceae, en particulier à plusieurs espèces des genres Prunus et Cotoneaster.
Espèces du genre Prunus
Chez les premières, les hétérosides toxiques, dont l'amygdaloside des amandes, sont concentrés
dans la graine et dans les bourgeons, et sont en moindre concentration dans les feuilles. Les fruits
sont des drupes charnues, contenant l'amande, protégée par une enveloppe (endoderme), lignifiée en
l'occurrence. Le genre Prunus rassemble la plupart des arbres fruitiers européens : Abricotier (P.
armenia), Cerisier, Pêcher (P. persica), Prunier (P. domestica). La teneur en amygdaloside va en
décroissant de l'amande de la première espèce à celle de la dernière. Il faut penser également au
Laurier-cerise (P. lauro-cerasus L.), aux feuilles larges et brillantes qui le font cultiver en haies. On
mettra en garde les enfants.
Broyons une amande d'Abricotier, un pépin de pomme, froissons une feuille jeune de Pêcher…,
l'odeur d'amande amère est aisément perceptible. La consommation de huit à dix amandes amères
broyées serait une dose très toxique pour un enfant, une cinquantaine pour un adulte. Les bourgeons
servent parfois à la fabrication de liqueurs et vins dits apéritifs ; la formulation doit être prudente. Les
amandes des fruits du Prunellier (Prunus spinosa), dit Épine noire, tardivement mûrs à l'automne
(conduisant à la liqueur de prunelle), ont une composition voisine, mais la saveur astringente de la
pulpe décourage le consommateur.
Espèces du genre Cotoneaster
Le genre Cotoneaster procure plusieurs arbrisseaux et arbustes aux parcs et jardins. C. horizontalis
couvre talus et murets, tandis que C. saliciifolius et C. X. watereri offrent de beaux fruits rouges
décoratifs en automne. La teneur en hétérosides cyanogènes est minime.
PLANTES INDIGÈNES CULTIVÉES À DES FINS ORNEMENTALES
Aconits et Delphiniums
Aconits et Delphiniums appartiennent à la vaste famille des Ranunculaceae, qui réunit aussi les
Anémones, les Hellébores, diverses Renoncules… à pouvoir vésicant sur les muqueuses, expliquant
que, dans les pâtures, ces plantes soient délaissées par les herbivores. Le genre Aconit regroupe de
très nombreuses espèces de montagne d'Europe et d'Asie, toutes contenant divers alcaloïdes de
nature diterpénique. Jadis employées à la préparation de poisons de chasse ou de guerre, certaines
espèces telles que l'Aconit napel (Aconitum napellus L.) avaient reçu des applications thérapeutiques
à un moment de l'histoire où la notion d'effets dangereux était mal différenciée de celle d'effets
thérapeutiques escomptés ; il ne reste guère actuellement que des applications ornementales. Double
conseil, respecter et protéger ces belles plantes assez rares dans la nature et se garder de les
introduire dans un jardin recevant des enfants.
Pour mémoire, les principaux symptômes de la classique intoxication par l'aconitine sont :
paresthésies, fourmillements des muqueuses, picotements de la langue ; puis nausées,
vomissements, diarrhée. Le tableau de l'intoxication devient dramatique avec de la tachyarythmie, un
bloc auriculo-ventriculaire, pouvant précéder la mort.
Le genre voisin, Delphinium, réunit 400 espèces vivaces ou annuelles, à port dressé et feuilles
alternes. La fleur, à cinq sépales pétaloïdes, colorés, se distingue par la présence d'un éperon incliné
vers le bas ; lorsqu'elle est encore en bouton, elle a la forme d'un dauphin (delphinus). On utilise à titre
ornemental le Pied-d'alouette-des-jardins, à feuilles finement découpées, et celui de Chine (1,5 à 1,8
m), à feuilles palmées. Ils contiennent également des alcaloïdes de la série de ceux des Aconits, mais
à faible teneur.
L'essentiel
Il est rare que soient cultivées dans les jardins et parcs des plantes véritablement dangereuses,
mais il faut penser à l'esprit aventureux des jeunes enfants imaginant des jeux, des dînettes en
particulier.
Le principe de précaution s'exercera simplement par une meilleure connaissance des plantes de
notre environnement, donc une formation suffisante en botanique, qui peut d'ailleurs être source
d'agréments.
Digitales
On utilise parfois aussi des pieds de Digitale, cultivés en raison de leur floraison majestueuse. Mais,
que l'on se rassure, les variétés retenues sont loin de contenir à haute concentration les hétérosides
cardiotoniques (et cardiotoxiques) de la Digitale pourprée et de sa cousine laineuse, sources de
médicaments classiques.
Euphorbe, Épurge
Une Euphorbe à feuilles marginées (Euphorbia marginata d'origine américaine sous le nom de Snow
on the mountain) est maintenant fréquente comme plante ornementale. Des enfants curieux
s'amuseraient parfois à faire sourdre le latex en rompant les tiges, comme pour des euphorbes
sauvages, mauvaises herbes des jardins, telles que l'Euphorbe réveille-matin à propriétés purgatives.
Il en est de même de l'Épurge (Euphorbia lathyris L.), souvent maintenue dans les jardins en vue
d'écarter les taupes. Plus accessible est Euphorbia pulcherrima (= Poinsettia), dite Étoile de Noël, très
fréquente dans les appartements : la moindre gouttelette de latex portée au voisinage de l'œil serait
source d'une forte inflammation.
Ricin
Arbuste dans les pays subtropicaux, le Ricin est, en Europe, une herbacée ornementale à feuilles
palmées rougeâtres et inflorescences rouges. Seules sont dangereuses les graines par la présence
de ricine (une lectine) redoutable. L'ingestion de cinq à six graines entraîne nausées, vomissements,
diarrhées, douleurs abdominales, hypotension, troubles nerveux (convulsions). Une hépatotoxicité
peut se manifester. La ricine a trouvé des applications criminelles (« parapluie bulgare » et
bioterrorisme). S'il y a peu de chances de produire en Europe des graines en nombre suffisant pour
une telle exploitation, on n'oubliera pas le danger potentiel de cette plante héliophile.
Datura
On se méfiera également de la toxicité de Datura arborea L., belle plante atteignant 8 m, originaire du
Pérou et cultivée en bacs, à l'abri de la gelée. Elle contient des alcaloïdes comme les autres espèces
de Datura, hyoscyamine et scopolamine, à propriétés para-sympatholytiques, provoquant une
accélération cardiaque, une élévation tensionnelle, un tarissement des sécrétions glandulaires. Le
traitement de l'intoxication est celui que l'on applique en cas de surdosage d'atropine
(benzodiazépine).
Genêts
D'autres plantes à alcaloïdes sont les Genêts, en particulier Spartium junceum L., le Genêt d'Espagne,
Cytisus scoparius (L.) Link, le genêt à balai, et Genista praecox, de taille plus réduite, à fleurs jaune
pâle ou blanches malodorantes. Toutes ces Papilionaceae contiennent des alcaloïdes
quinolizidiniques, de toxicité inégale, mais toujours liée à une action ganglioplégique, bien étudiée
dans le cas de la spartéine, naguère utilisée en thérapeutique. Outre quelques incidents digestifs, on
peut redouter, après ingestion de graines, des troubles du rythme cardiaque.
Rose de Noël, Laurier-Rose
Peuvent être source d'intoxications des plantes à hétérosides cardiotoxiques, outre le Muguet déjà
signalé, la Rose de Noël (Helleborus niger L.), et plus encore le Laurier-Rose (Nerium oleander L.,
Apocynaceae). Originaire du Proche-Orient, c'est un arbrisseau pouvant atteindre plusieurs mètres de
haut, adapté à l'air sec, mais réclamant beaucoup d'eau. Les feuilles lancéolées sont opposées ou
attachées par trois, ce qui est exceptionnel. Les fleurs ont une corolle en entonnoir à gorge rose.
Toute la plante contient des hétérosides cardiotoxiques voisins de ceux des Digitales. Tableau :
troubles digestifs, troubles de la vision, et surtout troubles cardiaques, bradycardie, anomalies de la
conduction. Les intoxications sont rares en France.
Est-il nécessaire de rappeler aux jardiniers une règle élémentaire de bon ordre ? Ne pas rassembler,
dans l'abri de jardin, le cellier, la cave (à proximité de bulbes de plantes alimentaires), des bulbes de
Jonquilles, Narcisses, Perce-neige… à alcaloïdes, dont certains ont des propriétés cholinergiques.
Des incidents peuvent en outre résulter de la fréquentation imprudente (par exemple, au moment de la
taille) de plantes irritantes, en particulier le Fustet (Cotinus coggyria Scop.), dit « arbre à perruque ».
On se méfiera des constituants de la série de l'urushiol des Anacardiaceae. Rappelons les dangers
des substances furocoumariniques à effets sensibilisants accrus par la lumière. Le cas de Heracleum
mantegazzianum Som. et Levier., la Berce géante, a déjà été rapporté (7). D'autres situations
mériteraient une meilleure connaissance, à la condition d'enquêtes préalables auprès des praticiens.
Maintenant passés de mode, les Dieffenbachias ont été la cause du plus grand nombre d'appels
provoqués par les végétaux dans les centres anti-poison. Si la nature de l'effet dangereux est
rapportée à la présence de fins cristaux d'oxalate de calcium et de protéases, le contact des feuilles
avec les téguments et plus encore l'ingestion de feuilles conduisent à une forte irritation dans les
premier cas, à un œdème de la cavité buccale dans le second. L'admission en centre d'urgence est
conseillée dans les cas majeurs.
Outre quelques cas exceptionnels, pour la plupart, les plantes ici évoquées ne doivent point trop
inquiéter. Les troubles digestifs signalés ne requièrent généralement pas de traitement particulier et
n'exigent pas d'admission en milieu hospitalier. Faire vomir s'il n'est pas trop tard et faire rincer la
bouche sont de sages précautions. On prendra garde toutefois aux risques dus à l'absorption de
constituants toxiques (ex. : daturas, plantes à hétérosides cardiotoniques). Avant tout, il faut identifier
la plante en cause, d'où le recueil d'échantillons convenables de la plante suspectée.
Faudrait-il aussi évoquer les lésions dues à des piqûres par aiguillons et épines des Rosiers, Cactus,
Yuccas, Agaves, Groseilliers à maquereau, Robinier faux-acacia, Gleditsia triacanthos, Poncirus…,
souvent portes d'entrée sous-cutanée de germes infectieux, en particulier du bacille tétanique ?
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