cinq, nombre qui se retrouve pour les grosses étamines, d'un jaune intense, ce qui est typique du
genre Solanum. La couleur de la fleur est blanche chez la Morelle, son fruit (été) est une baie
sphérique, d'abord verte, puis noire (diamètre 0,6 à 1 cm) ; en revanche, la couleur de la fleur est
violette chez la Douce-amère et le fruit rouge. Les baies de ces deux espèces contiennent des
glycoalcaloïdes stéroïdiques (solasodine), surtout lorsqu'elles sont encore vertes, tandis qu'à maturité
elles sont riches en saponines stéroïdiques. Elles sont responsables, après ingestion, de troubles
digestifs mineurs, de sécheresse des muqueuses, et de mydriase, tachycardie et troubles cardio-
respiratoires dans les cas graves.
Une espèce voisine est le Cerisier d'amour ou Cerisier de Jérusalem, dit encore Oranger de savetier
(Solanum pseudocapsicum L.), plante ornementale d'appartement en grande faveur actuellement. Cet
arbrisseau (jusqu'à 1,2 m) glabre, ramifié, à feuilles vert vif, lancéolées, de bord irrégulier, à fleur
petite, solitaire et à fruit rouge orangé est source d'incidents possibles comme ceux des deux espèces
précédentes.
Les Lyciets (genre Lycium, de la même famille des Solanaceae) sont des arbustes (1 à 3 m), souvent
cultivés en tonnelles ou grimpant dans des haies, à rameaux épineux, la feuille étant souvent d'un vert
grisâtre ; la baie est sub-sphérique. On en distingue quatre espèces dont les fruits pourraient être
dangereux par des saponines et des solanidines.
Phytolaque
Le Phytolaque (Phytolacca americana L., Phytolaccaceae) est une herbacée (1 à 3,5 m de haut)
vivace, à racine en navet, tige verticale verte ou rougeâtre, rameuse ; feuille (10-40 3 3-10 cm) verte,
puis rouge en automne, les fleurs sont à cinq sépales blancs sans pétales et dix étamines. Cette
plante se répand facilement dans les jardins, où son allure élégante lui vaut l'indulgence des jardiniers
amateurs. L'aspect de l'inflorescence en grappe allongée (10 à 15 cm) fait donner le nom de raisin
d'Amérique. Le fruit rouge violacé possède dix côtes apparentes. Relativement comestible, il peut
provoquer toutefois des troubles digestifs bénins et des troubles nerveux (vertiges, voire convulsions).
Fait plus intéressant, chez les enfants aventureux, la transformation , en raison de la présence d'une
lectine, de cellules lymphoïdes en cellules à allure de plasmocytes suggère une rubéole.
Lierre
À citer encore les fruits noirs du Lierre (Hedera helix L.), à saponosides triterpéniques responsables
d'effets irritants, mais ses principes tensioactifs, traditionnellement utilisés pour des applications
détergentes, peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques.
PLANTES À HÉTÉROSIDES CYANOGÈNES
Ces constituants hydrosolubles libèrent, par hydrolyse enzymatique ou acide, de l'acide cyanhydrique
(HCN), une ou plusieurs molécules de sucre et un composé à fonction aldéhydique ou cétonique, tel
que l'aldéhyde benzoïque à odeur d'amande amère, graine qui est l'exemple le plus caractéristique de
ce point de vue. Cette odeur fine fait le succès des eaux-de-vie de mirabelle ou de cerise (kirsch). De
tels hétérosides existent dans d'autres groupes botaniques : Haricots de Java (Phaseolus lunatus,
Fabaceae), Sorgho (Poaceae), Manioc amer (Euphorbiaceae), mais, là, nous nous limiterons à la
famille des Rosaceae, en particulier à plusieurs espèces des genres Prunus et Cotoneaster.
Espèces du genre Prunus
Chez les premières, les hétérosides toxiques, dont l'amygdaloside des amandes, sont concentrés
dans la graine et dans les bourgeons, et sont en moindre concentration dans les feuilles. Les fruits
sont des drupes charnues, contenant l'amande, protégée par une enveloppe (endoderme), lignifiée en
l'occurrence. Le genre Prunus rassemble la plupart des arbres fruitiers européens : Abricotier (P.
armenia), Cerisier, Pêcher (P. persica), Prunier (P. domestica). La teneur en amygdaloside va en
décroissant de l'amande de la première espèce à celle de la dernière. Il faut penser également au
Laurier-cerise (P. lauro-cerasus L.), aux feuilles larges et brillantes qui le font cultiver en haies. On
mettra en garde les enfants.
Broyons une amande d'Abricotier, un pépin de pomme, froissons une feuille jeune de Pêcher…,
l'odeur d'amande amère est aisément perceptible. La consommation de huit à dix amandes amères
broyées serait une dose très toxique pour un enfant, une cinquantaine pour un adulte. Les bourgeons
servent parfois à la fabrication de liqueurs et vins dits apéritifs ; la formulation doit être prudente. Les
amandes des fruits du Prunellier (Prunus spinosa), dit Épine noire, tardivement mûrs à l'automne