Optimisation de l'activité d'homologation "recyclage" pour les constructeurs automobiles : Méthodes de contrôle et d'identification du Véhicule de Référence Jérémy DURAND*, Dominique Millet**, Pierre Tonnelier*** * DEA Conception de produits nouveaux ** ENSAM Laboratoire de Conception de Produits Nouveaux *** PSA PEUGEOT CITROEN Service Recyclage Laboratoire Conception de Produits et Innovation Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers 151, Boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France [email protected], [email protected], [email protected] RESUME Au cours des dernières décennies, la prise en compte de la contrainte environnementale dans le cycle de vie des produits est devenue une préoccupation majeure de notre société. L’industrie automobile est directement concernée par cette prise de conscience en tant qu’acteur industriel de grande échelle. Les contraintes imposées au secteur sont issues de la directive européenne 2000/53/CE qui contraint les constructeurs au contrôle du taux de valorisation de leurs véhicules. En 2007, les objectifs à atteindre seront la fabrication de véhicules valorisables à 95% et recyclables à 85% en masse. Aujourd’hui les constructeurs sont donc confrontés à des exigences non rencontrées auparavant. Il leur appartient de mettre en œuvre une véritable politique de suivi des taux énoncés. Dès 2007, les constructeurs devront être capables de justifier des objectifs de valorisation et de recyclage. Le contrôle de ces objectifs sera régi par une Directive Homologation fixant la procédure à suivre en matière d’homologation. Cette dernière oblige notamment les constructeurs à présenter un dossier d’homologation pour chaque silhouette d’un véhicule. Sans cette homologation les véhicules ne pourront pas faire l’objet d’une commercialisation européenne. Ce contexte pose deux problèmes aux constructeurs automobiles, celui du contrôle de ces objectifs pendant la conception et celui de la justification des taux atteints par silhouette. Bien que la Directive Homologation émette des exigences en matière de justification, elle ne peut s’affranchir des spécificités de chacun des constructeurs et ne peut donc pas leur imposer des outils génériques de suivi des taux. Il est souhaité que chaque constructeur soit capable d’identifier le véhicule qui parmi toutes les variantes d’une silhouette représente le plus grand défi en matière de recyclage, de valorisation et de réemploi. Ce véhicule est appelé « véhicule de référence » et son homologation entraînera l’homologation, de fait, de toutes les autres variantes de cette silhouette. La réponse à de telles exigences ne peut se faire que par la création d’outils spécifiques facilitant l’activité d’homologation. Nous proposons dans cet article, un outil permettant d’évaluer l’impact des choix de conception sur l’évolution des taux de valorisation et de recyclage. Après avoir analysé le contexte de l’étude nous énoncerons la problématique de l’identification du véhicule de référence. Puis nous présenterons la solution que nous avons élaborée pour répondre à cette problématique ; solution basée sur une approche modulaire du produit automobile. Nous conclurons sur les gains apportés par cet outil dans l’exécution de l’activité d’homologation imposée aux constructeurs. Pour enfin présenter les éventuelles perspectives à donner à ces outils en vue de l’émergence d’une politique proactive de développement durable chez les constructeurs automobiles européens. MOTS CLES Automobile, valorisation, homologation, conception, architecture produit 1. INTRODUCTION La préservation de l’environnement est un thème d’actualité qui touche tous les secteurs industriels et plus particulièrement le secteur automobile. La prise en compte de l’impact environnemental dès la conception des véhicules est devenue une nécessité. Les premières actions ont été menées dans le sens de la réduction des émissions de polluants avec notamment l’apparition des essences sans plomb. Puis les problématiques d’allégement des véhicules ont été au centre des préoccupations. Aujourd’hui le cadre réglementaire s’est renforcé avec la mise en place depuis 2000 d’une Directive concernant le traitement des véhicules en fin de vie, les Véhicules Hors d’Usage (VHU). Cette Directive Européenne impacte un nombre important de thèmes comme celui de la suppression des substances dangereuses (Cr6, Pb, Cd, Mg) contenues dans le véhicule ou bien encore la dépollution des véhicules en fin de vie. Les exigences qui y sont présentées concernent autant les constructeurs automobiles que les acteurs du traitement des VHU. Parmi ces items, nous nous intéresseront plus particulièrement à celui lié à l’homologation des véhicules par rapport à leur aptitude au recyclage. 1.1. Le traitement des Véhicules Hors d’Usage Le traitement d’un Véhicule Hors d’Usage fait intervenir de nombreux acteurs [Tonnelier 02] : démolisseurs, recycleurs, broyeurs. La coordination de ces acteurs ne peut se faire que par le soutien d’un modèle économique viable. Mais, comme le montre Aggeri [Aggeri 98], l’unique motivation économique ne suffit pas à pérenniser la gestion des Véhicules en Fin de Vie. Un cadre réglementaire a été mis au point pour coordonner et réglementer l’activité des acteurs qui interviennent dans le cycle de vie du produit automobile. Le traitement des VHU est assuré par deux acteurs, le démolisseur qui assure la dépollution (retrait des liquides, batteries, pneus, etc…) et le démontage des pièces destinées à alimenter le marché de l’occasion et le broyeur qui traite la carcasse du VHU, sortant du démolisseur, en vue d’en récupérer la matière. Ces deux acteurs récupèrent de la matière qui sera soit recyclée ou réemployée (pièces d’occasions) soit valorisée (récupération d’énergie issue de la combustion des matériaux) soit mise en décharge. Les objectifs attendus en matière de réemploi, recyclage et valorisation des matières d’un VHU sont aujourd’hui réglementés par la Directive Européenne 2000/53/CE 1.2. La Directive Européenne 2000/53/CE La Directive Européenne 2000/53/CE fixe des objectifs précis à atteindre en matière de traitement des véhicules. Ces objectifs sont le taux de recyclage et le taux valorisation. Au regard de cette Directive, il est attendu qu’en 2007 les constructeurs justifient de l’atteinte par leurs véhicules d’un taux de valorisation de 95 % et d’un taux de recyclage de 85 %. Cela signifie que 85% de la masse du véhicule devra être constituée de matériaux recyclables et 95% de matériaux valorisables1. L’affectation des matériaux à la catégorie recyclable ou valorisable se fait au regard des technologies de recyclage existantes au moment du calcul. Il appartient donc au constructeur d’assurer une veille sur les technologies de recyclages afin qu’il puisse actualiser sa liste de matériaux à considérer comme recyclables. La mise en application de ces critères par les constructeurs a contraint la commission des communautés européennes à rédiger une proposition de directive concernant l’homologation des véhicules. Ainsi les constructeurs ont pour obligation de montrer que leurs véhicules respectent bien ces critères au cours d’une procédure d’homologation. Sans cette homologation les véhicules ne pourront être commercialisés. 1.3. Procédure d’homologation Cette procédure d’homologation est définie par une Directive Homologation précisant l’item homologation de la Directive Européenne 2000/53/CE. Cette Directive Homologation indique que tous les véhicules commercialisés ou en cours de commercialisation en 2007 feront l’objet d’une homologation. Cette homologation aura pour objectif de s’assurer du respect par les véhicules des objectifs énoncés dans la Directive Européenne 2000/53/CE. Concernant le calcul des taux théoriques de recyclage et de valorisation des feuilles de calcul au format ISO seront soumises à l’autorité compétente en matière de réception. Les La connaissance des matériaux appartenant à chacune de ces catégories n’est pas nécessaire à la compréhension du travail de recherche présenté dans cet article. 1 feuilles de calcul sont réglementées par une norme ISO (ISO 22628), le mode de calcul utilisé est basé sur la répartition des matériaux du véhicule en plusieurs catégories. Pour réaliser le calcul du taux de recyclage ou de valorisation, il est indispensable de bien connaître la composition en matière du véhicule. Il est également obligatoire de disposer de la somme des masses de chacune des catégories de matériaux. Par souci de simplicité les organismes d’homologation souhaitent que les calculs détaillés de ces taux soient limités à un véhicule – véhicule dits de référence. Ce véhicule sera choisi parmi les versions d’un type et devra être celui qui constitue le plus grand défi dans le domaine des possibilités de « réutilisation », de « recyclage » et de « valorisation ». Eu égard à cette exigence, PSA Peugeot Citroën devra être capable d’identifier ce véhicule parmi les autres versions d’une même silhouette de véhicule. Un dossier d’homologation devra être constitué pour chacune des silhouettes d’un type. Il sera composé du bilan précis des masses et matière du véhicule de référence préalablement identifié. La Figure 1 précise les principes de l’homologation énoncés plus haut. Silhouette : 5 portes Versions Type : 206 Dossier d’homologation Silhouette A Dossier d’homologation Silhouette B Dossier d’homologation Silhouette C Dossier d’homologation Silhouette D Figure 1: Homologation par type (ex: 206) Conformément aux indications fournies par la Directive Homologation, l’homologation recyclage des véhicules portera sur une seule version d’un type. Ainsi pour un véhicule comme 407, il sera nécessaire de réaliser deux dossiers d’homologation, le premier pour la berline 5 portes et le second pour le break. Tandis que pour un véhicule du type 206 (Figure 1), il sera nécessaire de réaliser un dossier d’homologation pour les silhouettes 3 portes, 5 portes, break et coupé cabriolet. Le nombre de dossier d’homologation est fonction du nombre de silhouette d’un véhicule. Comme indiqué sur la Figure 1, il existe un certain nombre de motorisation et de niveaux de finition pour chaque silhouette. Ces éléments variants ont une influence particulière sur le taux de recyclage global du véhicule. Pour identifier le véhicule de référence pour chacune des silhouettes il faut identifier les éléments qui varient afin d’analyser l’impact de leur variation. Il y a autant de versions possibles d’une silhouette qu’il y a de combinaisons de moteurs et de niveau de finition. Dans le cas de la silhouette 5 portes de 206 (silhouette A sur Figure 1) il existe en réalité une trentaine de versions. Il faut donc identifier « le véhicule de référence » parmi toutes ces versions Bien que l’identification du véhicule de référence paraisse simple en théorie de part son caractère calculatoire, l’environnement industriel dans lequel cette exigence intervient génère de la complexité. Dans la suite de cet article nous allons, tout d’abord, analyser le contexte du travail de recherche pour ensuite énoncer la problématique et ses enjeux. Nous proposerons ensuite une réponse à cette problématique et aborderons les questions relatives à sa mise en application. Nous exposerons les gains attendus grâce à la méthode développée. Puis nous terminerons en explorant les perspectives à donner à ces travaux. 2. PROBLEMATIQUE L’identification d’un véhicule de référence est, comme nous l’avons vu plus haut, nécessaire à l’homologation d’une silhouette de véhicule. L’organisme d’homologation souhaite disposer du calcul détaillé de la version déterminée comme étant le véhicule de référence et connaître le mode d’identification du véhicule de référence. Les calculs détaillés du taux de recyclage et de valorisation devant être limités au véhicule de référence, il est nécessaire de disposer d’un outil d’identification qui évite de réaliser le calcul des taux pour chacune des versions d’une silhouette. L’outil permettra de s’affranchir de la complexité liée au calcul du taux de recyclage, au produit automobile ainsi qu’à l’organisation dans laquelle il sera mis en application. 2.1. Complexité liée au calcul du taux de recyclage Le calcul du taux de recyclage et de valorisation est soumis à la norme ISO 22628. Cette dernière fixe le mode de calcul à suivre et est basée sur une répartition des différentes familles de matériaux qui composent le véhicule et de leur allocation dans différentes catégories (matériaux recyclables, matériaux valorisés énergétiquement et matériaux mis en décharge). Pour la suite de notre étude nous considérons que le plus grand défi en matière de réutilisation, de recyclage et de valorisation peut être apprécié par le suivi unique de l’évolution du taux de recyclage. Aussi dans la suite de cet article nous nous focaliserons uniquement sur l’étude de l’évolution de ce taux de recyclage. Toutefois la méthode proposée dans cette article peut être appliquer au suivi du taux de valorisation. Prenons pour exemple le véhicule nommé 407, ce dernier dispose d’une composition en matière présentée en Tableau 1. Si l’on décide de modifier ce véhicule en remplaçant l’intégralité de sa structure actuellement en acier par une structure en aluminium. Et si l’on considère que ces deux matériaux disposent de propriétés équivalentes en terme de recyclage, on aurait tendance à penser très logiquement que ce changement est sans effet sur le taux de recyclage. Or si l’on considère que ce changement de conception n’affecte que très peu le volume de la structure, du fait de propriétés mécaniques équivalentes entre l’acier et l’aluminium à volume constant. Il est clair que le poids de celle-ci est fortement impacté. Considérons que le volume de cette nouvelle structure soit quasiment identique et que le ratio entre la masse volumique de l’acier et la masse volumique de l’aluminium soit de 2 . La masse de la structure en acier étant initialement de 330 kg alors la masse de la nouvelle structure devient égale à 220 kg pour la structure en aluminium. Dès lors on constate que bien que le nouveau matériau dispose des mêmes qualités en matière de recyclage, l’effet de sa masse volumique va modifier sans conteste la part de matériaux recyclables du véhicule et par conséquent modifier le taux recyclage. Dans ce cas précis, l’effet sur le taux de recyclage est important puisque ce dernier passe de 88% à 80.5%. Si en apparence les changements d’une telle structure semblent faibles, en pratique le taux de recyclage du véhicule baisse de 7.5%. L’unité du tableau Matériaux recyclables Matériaux non recyclables est le kg Métal Eléments dépollués PP PE Verre Divers Plastique Elastomère Taux de recyclage Variante composée d’une structure en acier de 330kg 730+330 155 12 80 45 62 95 26 88 % Variante composée d’une structure en aluminium de 220kg 730+220 155 12 80 45 62 95 26 80.5 % Tableau 1 : Evolution du taux de recyclage par le changement de matériau de la structure en acier Le calcul du taux de recyclage s’effectue en divisant la somme des masses de matériaux recyclables par la masse totale des matériaux. Aussi il apparaît nécessaire de recourir à un outil d’aide à l’évaluation de l’influence des choix de conception sur le taux de recyclage. Car la compréhension des mécanismes qui régissent l’évolution du taux de recyclage devient complexe lorsque de nombreux sous ensembles du véhicule évoluent. 2.2. Complexité intrinsèque au produit automobile Les constructeurs automobiles diversifient, de plus en plus, leur offre de produits. Aujourd’hui, pour chaque silhouette d’un véhicule le client est maître des caractéristiques optionnelles de ce dernier. Il peut donc envisager un nombre important de combinaisons pour le véhicule qu’il souhaite acquérir. Les combinaisons sont toutefois limitées par les associations techniques possibles. Il est, par exemple, impossible de souhaiter disposer sur son véhicule, et de jantes en acier et de jantes en aluminium, dès lors, un choix doit être réalisé. En résumé, pour une silhouette donnée il existe une multitude de combinaisons possibles en fonction des options pouvant être installées sur la silhouette en question, pour la silhouette « 307 5 portes » le nombre de versions est approximativement à 50. Le rôle principal des constructeurs automobiles est un rôle d’intégration. La majorité des éléments qui composent un véhicule sont fabriqués par des fournisseurs. Les stratégies de sous-traitance de l’automobile ont conféré depuis quelques années une liberté grandissante aux fournisseurs dans la conception des sousensembles. Dans le futur, ces fournisseurs seront amenés à fournir des sous-ensembles regroupant de plus en plus de fonction. Le véhicule pourra être découpé en modules de tailles variables. La modularité du produit automobile témoigne de sa complexité. Le rôle principal des constructeurs sera donc un rôle d’intégration et de synthèse de ces modules. Pour notre travail de recherche, il est préférable de considérer le véhicule n’ont plus comme un objet unique mais plutôt comme un assemblage de modules de plus en plus complexes. Ces modules disposent d’un taux de recyclage qui leur est propre. Il est ainsi possible de simplifier l’identification du véhicule de référence en procédant par approche modulaire. Véhicule Complet Motorisation Taux de recyclage 95 % Répartition matériaux Plastique Elastomère Divers Eléments dépollués Finition intérieure Taux de recyclage 80 % Métaux Verre PE PP Climatisation Taux de recyclage 90 % Toit Ouvrant Taux de recyclage 82 % Figure 2: Schématisation du principe de décomposition modulaire 2.3. Complexité organisationnelle Le développement d’un véhicule s’appuie sur un processus d’ingénierie s’appuyant lui-même sur un ensemble de ressources et systèmes d’information. Dans le cadre de la gestion des objectifs de recyclage d’un véhicule, un nombre important de systèmes d’informations doivent être utilisés afin de suivre au mieux l’évolution du taux de recyclage tout au long des projets véhicules. Les données Masse et Matière ainsi que la Nomenclature des véhicules produits font parties des informations essentielles au calcul du taux de recyclage. Mais les systèmes à utiliser ne communiquent pas entre eux, l’information nécessaire à la caractérisation de toutes les versions produites d’une silhouette nécessite un temps de traitement important. Il est à l’heure actuelle impossible de s’affranchir de certaines contraintes liées aux sources d’informations nécessaires à l’identification. 2.4. Les enjeux de la problématique A l’heure actuelle, PSA Peugeot Citroën ne dispose d’aucune expérience en matière d’identification du véhicule de référence et d’aucun outil d’identification du véhicule de référence mais peut tout de même réalisé cette identification en calculant le taux de recyclage de chacune des variantes. Toutefois, le temps de réalisation actuel d’un bilan des masses et matières d’un véhicule est d’environ trois jours pour une version. Or pour la silhouette 307 5 portes il existe environ une cinquantaine de versions, cela signifie qu’en l’état actuel de ces connaissances PSA Peugeot Citroën devrait consacrer 150 jours pour identifier le véhicule de référence de la seule silhouette 307 5 portes. De plus en 2007, PSA Peugeot Citroën devra homologuer environ une vingtaine de silhouettes de véhicule ayant chacune en moyenne une vingtaine de versions. La charge de travail que cela représente est très importante. Il est donc nécessaire d’optimiser cette activité d’homologation en gardant à l’esprit que cette dernière devra être réalisée à moindre coût. L’objectif consiste en la mise au point d’une méthode qui puisse alléger la charge de travail que représente l’identification de ce véhicule de référence tout en ayant les moyens de justifier les résultats fournis par cette méthode. 3. LA METHODOLOGIE L’objet de cet article est de proposer un mode d’identification permettant à PSA Peugeot Citroën, de disposer d’une approche formaliser dans l’identification d’un véhicule de référence. PSA Peugeot Citroën sera ainsi capable d’évaluer l’impact de leurs choix de conception sur le taux de recyclage d’un véhicule. 3.1. Quelques constats Pour répondre au mieux au besoin identifié, la méthode doit s’appuyer sur des constats simples. Le point faible du mode d’identification par calcul de l’intégralité des bilans Masse et Matière est le coût temporel que cela représente. Pour diminuer ce coût temporel, il est possible de ne suivre l’évolution des pièces spécifiques à chaque variantes. Car deux variantes sont différentes non pas en toutes pièces mais seulement pour un certain nombre d’entre elles, l’étude des pièces spécifiques à chaque version est suffisante au calcul du taux de recyclage. La décomposition par modules peut nous aider à découper le véhicule en sousensemble plus simple à traiter indépendamment. On pourra alors parlé de taux de recyclage relatif par composant. Chaque composant ayant un taux de recyclage qui influence le taux de recyclage global du véhicule. En étudiant les modules les plus impactant (masse du module importante, variantes de ce module changeant de matériaux) nous pouvons facilement évaluer l’évolution du taux de recyclage. 3.2. La méthode La méthode développer est le résultat d’une approche pratique de l’évolution du taux de recyclage. Elle s’applique au contexte industriel spécifique de PSA Peugeot Citroën mais peut être généralisée pour être appliquer à d’autres entreprises fabricant des produits complexes. Cette méthode est composée de cinq étapes. La chronologie des étapes doit être respectée pour identifier le véhicule de référence. 3.2.1. Première étape La première étape consiste en l’identification des pièces qui évoluent d’une version à l’autre. L’identification de ces pièces permet de ne pas travailler sur les pièces qui sont communes à chacune des versions. La tâche de traitement d’information est grandement simplifiée puisque l’étude ne porte plus sur les 4000 pièces que peut comporter un véhicule mais uniquement sur les pièces liées au moteur et niveau de finition (1000 pièces environ). 3.2.2. Seconde étape Il s’agit maintenant d’identifier les modules formés des pièces qui évoluent d’une versions à l’autre. Ces modules sont des ensembles de pièces ayant un lien physique ou fonctionnel entre elles. Pour connaître au mieux l’évolution du taux de recyclage des différents moteurs conçus par PSA Peugeot Citroën, il est nécessaire de procéder à un découpage par sous ensemble. Le moteur pourra être découpé en plusieurs modules (turbo, bloc moteur, aération, etc…). Le choix des modules doit être fait en fonction de la composition matérielle des modules . Pour les trois modules cités ci-dessus l’aération et le turbo sont constitués de pièces plastiques tandis que le bloc moteur est composé de pièces en métal. En suivant l’évolution massique de ces modules nous sommes capables de connaître l’évolution du taux de recyclage de la fonction moteur. 3.2.3. Troisième étape Récupérer les masses des modules ainsi constitués dans le but de connaître les grands comptes de masse du véhicule. L’information Masse permet de prioriser le travail et donc de traiter les modules les plus lourds en premier. Il est en effet inutile de travailler prioritairement sur des modules qui ne pèsent que très peu dans la masse totale du véhicule. Les grands comptes de masse sont logiquement ceux qui ont le plus d’impact. Cependant un petit compte pour lequel le taux de recyclage passe de 100% à 0% mérite peut-être d’être étudié. 3.2.4. Quatrième étape Le taux de recyclage de chacun des composants doit être connue pour passer à l’étape 5. Pour cela il est nécessaire de recueillir l’information auprès des personnes en charge de la conception des différents modules. C’est pourquoi il est préférable de produire des modules cohérents avec l’organisation de la conception. Prenons l’exemple de la fonction motorisation « Moteur », le Tableau 2 montre les taux de recyclage de la fonction motorisation (en colonne 4) pour chacune des variantes de ce module. La colonne 3 correspond aux critères qui a permis de calculer ce taux de recyclage de la fonction motorisation. Type de motorisation Masse du module en kg Masse des pièces plastique en kg Taux de recyclage Motorisation Taux de recyclage véhicule Importance massique de la motorisation EW7J4 140 5 96,43 % 83,40 % 9,72 % EW10J4 170 6 96,47 % 83,67 % 11,56 % EW12J4 240 10 95,83 % 84,16 % 15,58 % ES9A 230 7 96,96 % 84,25 % 15,03 % DW10BTED4 220 9 95,91 % 84,01 % 14,47 % DW12BTED4 250 10 96,00 % 84,26 % 16,13 % Tableau 2:Tableau des variantes de la fonction "motorisation" Pour faciliter le calcul du taux de recyclage d’un véhicule il suffit de déterminer un critère simple d’identification de la part massique d’une des deux catégories recyclables et valorisables. Ce critère a été déterminé par expérience, car on sait que la motorisation d’un véhicule est composé majoritairement de deux types de matériaux , le métal et le plastique technique (autres que PolyEthylène et PolyPropylène). Or l’un de ces matériaux est recyclable tandis que l’autre ne l’est pas. Aussi en identifiant la masse de l’un ou l’autre des matériaux présents dans le moteur nous sommes capable de calculer le taux de recyclage de ce dernier. A partir de ces informations et de la masse des différentes motorisations, il est aisée de déterminer lequel d’entre eux à un impact positif sur le taux de recyclage global du véhicule. La colonne 4 montre l’évolution du taux de recyclage du véhicule si l’on considère que rien ne change dans ce véhicule d’une version à l’autre hormis la motorisation. Les pièces communes aux deux versions représentent dans cet exemple 1300 kg et le taux de recyclage de cet ensemble de pièces communes est de 81%. Au regard de la colonne 5 du Tableau 2, on constate que le taux de recyclage d’un élément , en l’occurrence la motorisation, doit être rapporté à l’importance massique de cet élément dans le véhicule. Bien que le taux de recyclage du moteur EW7J4 pris indépendamment semble meilleur que la plupart des autres moteurs, lorsque l’on le réintègre dans la masse totale du véhicule il est celui qui à l’impact le plus néfaste sur le taux de recyclage. On remarque que si dans le cas de la motorisation le critère à prendre compte est la masse des pièces plastiques pour un autre module ce critère sera différent. Ce critère a pour but de simplifier l’acquisition d’information en ciblant l’information essentielle au calcul du taux de recyclage. Le but étant de s’affranchir le plus possible des systèmes d’informations et d’aller récupérer les informations auprès des acteurs de la conception qui connaissent parfaitement leur périmètre de conception. 3.2.5. Cinquième étape Après avoir prioriser les modules et avoir pris connaissance du taux de recyclage de chacune de leurs variantes, il faut générer un catalogue de modules. Ce catalogue a pour objectif de faire apparaître la liste des modules avec leur masse et doit également mentionner le taux de recyclage estimé de ce module. Pour chaque module il existeTaux autant de variantesTaux qu’il y en a de montées sur le véhicule. Le Tableau 3 ci-dessous de de montre un type de catalogue Ce catalogue permet de visualiser toutes lesVariante variantes recyclage de modules. recyclage Tauxpossibles de Nom du composant Nom du composant Masse retirée Variante 1 Masse Variante retirée 2 Variante Variante3 1 Variante Variante4 2 Variante Variante5 3 Variante 64 Variante 5 Variante 6 élément élément recyclage d’un module donné et remplaçés ceci pour tous les modules. remplaçés A Moteur A Moteur Masse Moteur Masse Moteur B Boite de vitesse B Boite de vitesse Masse Boite de vitesse Masse Boite de vitesse C Réservoir C Réservoir Masse Réservoir Masse Réservoir D Frein à disque D Frein à disque Masse Frein à disque Masse Frein à disque Option Option E Groupe de climatisation E Groupe de climatisation Masse Groupe de Climatisation Masse Groupe de Climatisation F Lave vitre arrière électriqueF Lave vitre arrière électrique Masse Lave vitre Masse Lave vitre G Réglage électrique volant G Réglage électrique volant Masse Réglage électrique du volant Masse Réglage électrique du volant H Toit Ouvrant électrique en verre H Toit Ouvrant électrique en verre Masse Toit Ouvrant Masse Toit Ouvrant I Ensemble Roue Pneu Masse Roue de 17 J Garnissage Siège Masse Garnissage K Kit Hi Fi Masse Kit Hi Fi L Airbag AR Masse Airbag Pièces communes I Ensemble Roue Pneu Masse Roue de 17 J Garnissage Siège Masse Garnissage K Kit Hi Fi Masse Kit Hi Fi L Airbag AR Masse Airbag Pièces communes EW7J4 140 BE4 40 40 litres 10 Type A 7 EW10J4 170 AL4 45 50 litres 13 Type B 8 Oui Non 30 0 Oui Non 10 0 Oui Non 15 0 Oui Non 15 0 Jantes Jantes classique Aluminium 60 90 Cuir Synthétique 10 6 Oui Non 20 0 Oui Non 10 0 1300 EW12J4 EW7J4 240 140 ML6C BE4 5040 6040litres litres 1710 Type TypeCA 107 Taux de recyclage ES9A EW10J4 DW10BTED4 EW12J4 DW12BTED4 ES9A DW10BTED4 DW12BTED4 230 170 220 240 250 230 220 250 4HP20 AL4 AM6 ML6C BE4R 4HP20 AM6 BE4R 6045 5050 3560 50 35 50 litres 60 litres 13 17 Type B Type C 8 10 Oui Non 30 0 Oui Non 10 0 Oui Non 15 0 Oui Non 15 0 Jantes Jantes classique Aluminium 60 90 Cuir Synthétique 10 6 Oui Non 20 0 Oui Non 10 0 1300 Tableau 3 : Exemple de catalogue de modules 88,00% Il suffit alors d’identifier la combinaison la plus défavorable au taux de recyclage à partir des attributs des véhicules commercialisés. Le véhicule de référence est, dès lors, identifié. 3.3. Les gains apportés par la méthode La méthodologie développée permet d’identifier le véhicule à moindre coût en proposant une approche modulaire des produits. Cette approche modulaire du produit automobile permet de cibler les éléments impactant fortement le taux de recyclage. L’approche modulaire peut être associée à la définition de critères simples de calcul du taux de recyclage pour chacun des modules. Ces critères sont établis grâce aux entretiens auprès des experts et s’appuient sur leurs expériences. L’avantage de cette méthode réside dans l’économie de temps engendrée par la définition de critères de récupération de l’information nécessaire au calcul du taux de recyclage et à la focalisation sur les modules les plus impactant pour ce même taux. Il nous est à l’heure actuelle impossible de comparer la méthode développée avec l’état actuel de l’activité d’homologation, mais il est certain que les effets de sa mise en pratique contribueront à limiter le coût temporel de l’activité d’homologation. 88,00% 4. CONCLUSION Les constructeurs automobiles face à l’obligation au respect des objectifs fixés par la Directive Européenne 2000/53/CE en matière de traitement des véhicules hors d’usage doivent connaître les éléments qui sont déterminant dans l’évolution des taux de recyclage et de valorisation. La nécessité d’identifier le véhicule de référence a conduit PSA Peugeot Citroën à réfléchir à des outils permettant de faciliter la compréhension des mécanismes qui régissent l’évolution des taux de valorisation et de recyclage. Nous avons, dans cet article, présenté le fruit de cette réflexion. La méthode présentée est spécifique à PSA Peugeot Citroën puisqu’elle est issue d’une analyse approfondie des données, des systèmes d’information et des modes d’organisation propres à PSA Peugeot Citroën. Cette méthode permet d’évaluer l’impact des choix de conception sur le taux de recyclage ou de valorisation des véhicules. Cette étude constitue pour PSA Peugeot Citroën, un premier outil de gestion des taux de recyclage véhicule. Cependant il pourrait être étendu afin de proposer des fonctions supplémentaires. Aujourd’hui , cet outil a une portée de contrôle du taux de recyclage mais peut être sophistiqué dans le but de jouer un rôle prédictif dès l’amont des projets automobiles afin d’influer sur les choix de conception. 5. BIBLIOGRAPHIE Tonnelier, P. (2002). Proposition d’une démarche d’intégration d’une nouvelle contrainte en entreprise : cas de la valorisation des véhicules en fin de vie chez PSA Peugeot Citroën. Thèse, Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers, Paris. 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