EEC Congrès Budapest 2004 Antonio Scattolini:
A la recherche de l’harmonie établie lors des célébrations chrétiennes
dialogue avec nous «parce qu´il vit que cela était bon»
. « Être bon» c´est une expression qui
exprime une émotion! Alors bien avant son analyse, l’œuvre d’art était là, face aux
participants, comme un don, comme un événement, comme une manifestation de la foi qui
émerveille et qui appelle à la question du sens. Dans toutes les rencontres l´art était devant
nous, comme le visage d’un chrétien d’une autre église qui me regarde et m’interpelle sans
rien dire, tout en exprimant beaucoup. On ne peut pas le dire avec précision, mais il y a du
sens en tout cela. Et ce sens est vrai puisque les tableaux ont regardé les participants comme
on regarde le visage d’un autre.
Les oeuvres artistiques ont révélé plusieurs niveaux de signification renvoyant à la dimension
symbolique, que revêt la technique et la créativité humaine. Les symboles nous donnent à
réfléchir et à dialoguer. On pourrait continuer à réfléchir sur l’effet des images qui a rendu
visible l’invisible. L´art nous a touché, nous a ébloui et remis en question… il est devenu le
point de départ d’un processus de changement de représentations formées dans chaque
tradition ecclésiale. (…)
Par conséquent on a eu la possibilité de découvrir de nouvelles perspectives pour vivre sa foi
qui n’auraient pas pu naître sans la rencontre avec l’œuvre d’art de l’autre tradition . Nous
avons ainsi expérimenté que l’art a eu le pouvoir d’augmenter « iconiquement » l’expérience
indicible de la foi chrétienne. Geneviève Hébert donne une définition pour souligner
l’importance de la présentation d’un chef d’oeuvre: «Contre l’habitude et l’objectivation
distanciée, contre l’instrumentalisation utilitaire, l’œuvre porte au jour le monde intérieur
d’une expérience émotionnelle qui bouscule le déjà connu, le trop connu, et ouvre un autre
chemin de connaissance ».
C’était l’art qui avant de se révéler, nous a fait bénéficier de notre
propre révélation en nous dévoilant les uns devant les autres. Selon Ricoeur cela remet en
question la conception classique de vérité comme «adequatio» au réel, étant donnée que l’art
ouvre son chemin vers la réalité suivant sa propre logique. L’art possède une importance
incontestable dans le domaine de la pensée et du dialogue et cela concerne aussi la théologie,
notamment en ce qui concerne la relation « corps-esprit ». Contrairement à tout spiritualisme
et intellectualisme désincarné, les images ont visé les yeux du « cœur croyant » par les
émotions esthétiques suscitées ; le corps a pu devenir ainsi le lieu de l’expression explicite de
nos pensées intimes. Les participants, réconciliés avec eux-mêmes, ont appris à dialoguer per
la médiation du corps. Ainsi les œuvres ont pris une valeur sacramentelles.
Voir: DEI VERBUM 2: "Placuit Deo..."
AA .VV., Ratio Imaginis. Esperienza teologica, esperienza artistica, Firenze 2001, p. 110.
Idem p. 111.