dégradation féodale où le tenaient ses oppresseurs. Ils levèrent la bannière de la liberté contre les
exactions infâmes de l'oppression espagnole et de l'inquisition ; les premiers, ils levèrent l'étendard de
la révolte pour reconquérir cette liberté qui avait pris racine sur leur sol avant leur soumission au joug
du peuple romain.
L'histoire des Pays-Bas comprenant celle des provinces belges a été assez souvent et assez bien (page
8) écrite pour qu'il soit inutile de retracer cette période de leur asservissement à l'étranger. En
conséquence, nous prendrons pour point de départ le règne de Joseph II, sous le gouvernement duquel
les efforts des Belges pour recouvrer leur indépendance et leur nationalité prirent pour la première
fois le caractère d'une révolution.
Le 28 octobre 1740, l'empereur Charles VI, dernier héritier mâle de la maison d'Autriche, mourut à
Vienne, laissant la couronne à l'archiduchesse Marie-Thérèse, sa fille aînée, qui monta sur le trône en
vertu de la fameuse Pragmatique Sanction de 1713 (La Pragmatique-Sanction était la célèbre
convention promulguée par Charles VI, à Vienne, le 19 avril 1713. Par cette convention, il fut stipulé
qu'à défaut de descendants mâles, la succession de la maison d'Autriche pouvait être recueillie par les
femmes et leurs descendants, selon l'ordre de primogéniture. Cette convention fut ratifiée et garantie
par les différentes puissances de l'Europe. (Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas.)) Mais
l'électeur de Bavière ayant rallié à ses vues la Prusse et la France, réclama le diadème impérial, en sa
qualité de plus proche héritier mâle, et fut élu empereur, en 1742, sous le nom de Charles VII. A peine
la jeune impératrice avait-elle pris les rênes du gouvernement qu'elle fut assaillie par une multitude
d'ennemis, qui, sous le prétexte de soutenir les droits de l'électeur de Bavière, attaquèrent sur (page
9) tous les points les possessions autrichiennes. Ce prince, chassé de ses états héréditaires, n'était plus
empereur que de nom, lorsqu'en 17-5 il succomba sous le poids des chagrins causés par ses revers.
Après sa mort, son fils Maximilien renonça à toute prétention à la succession impériale, et Marie-
Thérèse mit le sceptre aux mains de son mari, qui fut élu empereur sous le nom de François Ier.
Charles de Lorraine, ayant épousé l'archiduchesse Marianne, partagea avec elle le gouvernement des
provinces belges, où ils furent inaugurés en 1744. La guerre qui éclata bientôt appela le duc Charles au
commandement des troupes impériales, en Allemagne. Les hostilités commencèrent en mai, et les
Français étant entrés dans les Flandres avec un corps de près de 100,000 hommes, en peu de temps,
Menin, Ypres, Furnes, et les autres forteresses qui formaient la barrière contre la France, tombèrent
aux mains de Louis XV, tandis que les armées alliées, composées d'Anglais, de Hollandais et
d'Autrichiens, commandées par le maréchal La Feuillade, le duc d'Aremberg et le comte de Nassau,
battirent en retraite sur tous les points et prirent position entre Gand et Audenarde.
Les Français virent bientôt le cours de leurs succès arrêté par les manœuvres savantes du duc de
Lorraine, qui, s'avançant rapidement sur le Rhin, (page 10) traversa ce fleuve, pénétra en Alsace et
obligea ainsi le maréchal de Saxe à retirer des Pays-Bas la plus grande partie de ses forces. L'année des
alliés, renforcée de 20 mille hommes, prit l'offensive, pénétra dans la Flandre française et menaça Lille
; mais le manque d'union et les fautes de tactique que commirent les généraux alliés réduisirent ces
mouvements à de simples démonstrations.
La campagne de 1745 et celle de l'année suivante furent peu favorables aux armes impériales. La
dernière fut mémorable par la bataille de Fontenoy, dont les conséquences amenèrent l'occupation
par les Français de toutes les Flandres, et de la plus grande partie du Hainaut et du Brabant, y compris
Bruxelles. Louis XV, qui avait le commandement nominal de l'armée, poursuivit ses succès jusqu'aux
portes d'Anvers, et prit en très peu de temps cette ville ainsi que la citadelle. Enfin, après deux
campagnes successives, aussi avantageuses pour la France que glorieuses pour le maréchal de Saxe, la
paix fut signée à Aix-la-Chapelle, le 18 octobre 1748, entre les huit puissances belligérantes, et mit un
terme à cette guerre fameuse, qui, pendant sept ans, désola la plus grande partie du continent
européen.