LA MEDIATION MUSICALE DES CULTURES

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LA MEDIATION MUSICALE
DES CULTURES
L´INFLUENCE DES CHANTEURS
QUÉBÉCOIS CONTEMPORAINS EN FRANCE
Une enquête parmi les fans français
Mémoire de fin d’études
Filière du Master : Communication Interculturelle
Par : Marieke Steijvers
Professeur : Dr. Marie-Christine Kok-Escalle
Août 2006
Universiteit Utrecht, Pays-Bas
2
« Un accent dont personne ne connaît les secrets
Un français qui s’élance dans des mots oubliés
Une manière inimitable de chanter
Je n’oublie rien de rien, je me souviens »
Lara Fabian, « Je me souviens »1
Introduction
C’est la chanteuse d’origine belge, Lara Fabian, qui chante ces phrases sur son album « Neuf »
sorti en 2005. En 1991 elle a quitté les environs de Bruxelles pour s’installer à Montréal et démarrer sa
carrière professionnelle de chanteuse.
Ces quatre lignes parlent du Québec, sa terre d’accueil, comme l’indiquent les derniers mots : « Je me
souviens ». Credo de l’unique province canadienne officiellement francophone.
Ce mémoire parle donc du Québec. Il parle aussi de la musique. Et il parle de ceux et celles
qui la font. Les artistes québécois. Pourtant dans ce mémoire les artistes québécois ne joueront pas
uniquement leur rôle de musiciens et de vedettes de la chanson. Ils seront aussi des objets d’une
communication interculturelle. Elle sera cependant réservée à ceux qui traversent l’océan. Ceux qui
atterrissent sur le sol français et pour rencontrer le public français. Car, il y a aujourd’hui beaucoup
d’artistes québécois qui viennent en France pour y faire carrière.
J’ai voulu faire ce mémoire premièrement parce que j’ai une passion pour la chanson française
contemporaine et parce que j’ai eu l’occasion de voir un peu comment se passe l’intégration des
artistes québécois dans ce monde francophone de la musique pop. Deuxièmement parce que je
m’intéresse aux différences linguistiques des habitants des deux territoires, étant donné que le français
de France n’est certainement pas pareil au français du Québec et troisièmement parce que je
m’intéresse à la communication interculturelle.
Le point de départ pour ce mémoire sera la perception des artistes québécois par leurs fans
français. J’aborderai la communication entre artistes québécois et leurs fans français et les
conséquences de cette communication pour l’image des Québécois et du Québec.
Je m’interrogerai sur les questions suivantes : « Qu’est ce qui se passe quand des personnes
issues d’une culture viennent faire de la musique dans un autre pays de l’autre côte de l’Atlantique ? »
« Comment fonctionne ce contact interculturel entre artistes québécois et public français ? »
1
Extrait de l’Album Neuf, 2005
3
Il y a quelque temps, j’ai trouvé un article dans La Presse, quotidien montréalais qui m’a
incitée à écrire ce mémoire. L’article est intitulé : « L’image du Québec passe par la culture ». Voici
un extrait de cet article :
L'image du Québec à l'étranger, c'est par les artistes qu'elle passe, aussi bien par Céline Dion
que par Carbone 14, plus que par Bombardier ou Cascades2. C'est la conviction de la nouvelle
ministre de la Culture et des Communications, Louise Beaudoin. « Je suis sûre », dit-elle, « que la
première image du Québec à l'étranger, c'est l'image culturelle ». Et cet intérêt pour le rayonnement
de la culture québécoise, pour la place qu'elle peut et doit occuper dans le monde, en particulier dans
le monde de la francophonie, reviendra à plusieurs reprises dans la conversation3.
Si les mots de Louise Beaudoin sont vrais, les Français eux aussi devraient avoir
premièrement une image culturelle du Québec. Parlons donc des artistes québécois et de leur image
aux yeux des Français. Car, si les artistes sont avant tout les représentants de leur pays, il est important
de savoir quelle est l’image qu’ils répandent. Pourtant, je ne me limiterai pas au côté de la réception,
dans la mesure où ce mémoire parlera aussi des ‘conséquences’ de l’image qu’un fan se fait. Plus
spécifiquement, j’étais curieuse de savoir si l’origine québécoise est importante aux yeux des Français
et si les artistes savent inciter les Français à venir au Québec. En prenant cette question comme base,
j’ai rédigé l’hypothèse suivante :
« Est-ce que les artistes québécois en France sont capables d’inciter leur public français à en
savoir plus sur le Québec ? Comment fonctionne cette médiation musicale des cultures ? »
Ce mémoire aura donc comme point de départ le public français des artistes québécois, le côté
réceptif de la communication. Pour connaître les opinions de ce public, j’ai effectué une recherche
parmi les fans français d’artistes québécois. C’est autour de cette recherche que ce mémoire sera
construit. Il sera composé de trois chapitres :
I
La réception de la chanson québécoise en France – une enquête
II La francisation des artistes québécois
III La médiation musicale des cultures
2
Carbone 14 : troupe de théâtre montréalaise
Bombardier : entreprise québécoise, spécialisée dans la construction aéronautique et ferroviaire
Cascades : entreprise québécoise spécialisée dans la fabrication, la transformation et la commercialisation de
produits d'emballage, de papiers tissu et de papiers fins composés principalement de fibres recyclées.
3
Jocelyne Lepage, “L’image du Québec passe par la culture. Entrevue exclusive de Louise Beaudoin à la
Presse” La Presse, 6 septembre 1995, p E1.
4
5
I
LA RÉCEPTION DES ARTISTES QUÉBÉCOIS EN FRANCE –
UNE ENQUÊTE
A
La recherche que j’ai effectuée est faite à l’aide d’un questionnaire virtuel. C’est à dire que j’ai
rédigé un questionnaire que j’ai mis sur une page web personnelle et que j’ai mis ensuite des liens vers
cette page sur des sites web dédiés aux artistes québécois. De cette façon, j’ai essayé d’atteindre les
fans des artistes en question. Dans ce chapitre, j’aborderai la méthodologie de ma recherche en parlant
d’abord des deux notions principales ; les artistes et les fans. J’expliquerai d’abord la méthodologie
que j’ai utilisé pour déterminer quels artistes j’allais prendre comme objets d’études. Pour ce faire, j’ai
rédigé des critères d’entrée pour les artistes et les fans.
Il faut toutefois ajouter que l’enquête n’est pas la seule source d’information que j’ai utilisée
pour rassembler des données. Une partie des données relève aussi de mes expériences concrètes dans
ce monde de la musique. Au cours des dernières années, j’ai assisté aux concerts d’une dizaine
d’artistes de variété à la fois québécois et français, ainsi qu’à des enregistrements d’émissions de
télévision. A ces occasions j’ai pu rencontrer des artistes québécois et des fans français d’une façon
informelle. Ces concerts et ces émissions de télévision m’ont aidé à construire ma propre image du
fonctionnement du phénomène des artistes québécois en France. Puis, j’ai fait un voyage au Québec
où j’ai pu assister également à une émission de télévision et à un concert. L’ensemble de ces
expériences servira de contexte tout au long de ce mémoire.
1.1 Le cadre de la recherche
1.1.1. Les artistes et les fans – les critères d’entrée
L’idée principale de la recherche est de savoir si les artistes québécois incitent leurs fans
Français à en savoir plus sur le Québec. En d’autres mots, est-ce que être fan et aimer la musique d’un
artiste entraîne une admiration pour le pays d’origine d’où vient l’artiste ? Dans ma recherche il y a
donc deux groupes spécifiques, les artistes et les fans, qu’il faut déterminer. J’ai d’abord commencé à
filtrer les artistes québécois appropriés à ma recherche. Pour ce faire j’ai utilisé trois critères
fondamentaux : Le premier critère est que les artistes doivent être des artistes qui travaillent dans la
variété française. C’est-à-dire qu’ils chantent des chansons qui appartiennent à la musique pop4.
J’ai choisi la notion musique pop comme traduction de la notion anglophone popular music. J’ai évité d’utiliser
la notion musique populaire, car celle-ci renvoie généralement à un cadre plus large de musique – « toute
musique autre que la musique classique est désignée par musique populaire »...
Birrer, Frans A. J. (1985). "Definitions and research orientation: do we need a definition of popular music?" in
D. Horn, ed., Popular Music Perspectives, 2 (Gothenburge, Exeter, Ottawa and Reggio Emilia), p.99-106.
4
6
Deuxièmement, la variété est un genre musical de divertissement fortement lié aux différentes
formes de médias. Les artistes de variété que j’ai choisis doivent alors passer régulièrement à la
télévision et à la radio françaises, on doit pouvoir les retrouver dans la presse écrite française et
pouvoir voir leurs affiches de spectacle dans la rue. Car à cause de cette profusion de publicité faites
par les médias, la majorité des Français (re)connaît ses artistes, c’est un genre qui connaît une large
distribution à cause de cette surabondance d’attention médiatique des artistes; j’ai choisi des artistes
qui sont devenus des stars de la variété.
Le troisième critère est le critère de la proximité. Par la proximité j’entends la proximité
directe d’un artiste pour son public. J’ai choisi des artistes québécois qui ont fait récemment une
tournée en France, pour se montrer, en personne, à leur public français. Ce critère est important parce
que pendant les concerts le public a l’occasion de voir l’artiste sans intervention directe médiatique.
En appliquant ces trois critères, j’ai choisi 5 artistes québécois qui répondaient à la demande :
Natasha St-Pier, Garou, Roch Voisine, Lynda Lemay et Isabelle Boulay. Cette liste n’est pas
exhaustive, c’est-à-dire que j’aurais pu en choisir davantage. J’ai décidé quand même de me limiter à 5
artistes, et j’ai choisi les artistes les plus tendance en ce moment5.
Il faut ajouter que, même si je les appelle des artistes québécois, tous ces artistes que j’ai
sélectionnés ne sont pas des Québécois, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas nés au Québec. Ils sont nés dans
d’autres provinces canadiennes. Natasha St-Pier et Roch Voisine, par exemple, viennent du NouveauBrunswick la province à l’est du Québec. J’utiliserai cependant le terme québécois comme
dénomination commune tout au long de ce mémoire parce que ces artistes sont tout de même des
canadiens francophones et parce que pour le public français ils sont la voix du Québec.
1.1.2. Pourquoi pas Céline Dion ?
Quand on parle des artistes québécois qui ont fait carrière à l’étranger on ne peut se passer de
Céline Dion. Si l’image du Québec est avant tout culturelle elle est souvent même ‘dionnienne’.
Céline Dion est autant le point de repère pour les étrangers qui se questionnent sur l’identité des
Québecois, qu’un exemple type d’une québécoise. Benjamine d’une famille pauvre de 14 enfants, née
sous la fumée de Montréal, elle personnifie la province catholique et francophone d’antan et le Québec
d’aujourd’hui, plus ouvert vers l’étranger.
J’ai pourtant choisi de ne pas intégrer Céline Dion dans ma recherche, premièrement parce
qu’elle ne satisfait pas au critère de la proximité. Elle n’a jamais fait une tournée entière en France
comme le font les autres ‘nominés’, et quand elle est en France, elle est à Paris en général pour faire
une ou deux apparitions à la télévision française pour promouvoir son album, puis elle repart pour
d’autres villes européennes ou elle rentre aux Etats-Unis où elle vit depuis quelques années.
5
Pour en savoir plus sur ces artistes, voir annexe III pour une petite biographie des artistes choisis.
7
Mais le vrai problème qui surgit est qu’elle n’est plus tout à fait québécoise en tant qu’artiste.
Elle chante notamment en anglais, elle réside aux Etats-Unis et, de ce point de vue, elle ne diffère plus
vraiment d’autres artistes américains. Pour éviter toute ambiguïté autour du personnage de Céline
Dion, j’ai décidé de ne pas interroger les fans français de Céline Dion. Ce n’est pas une question de
nationalité mais d’une identité acquise de superstar mondiale.
1.1.3. Les fans
L’autre groupe à déterminer est le groupe des adhérents, des fans. Le critère d’entrée le plus
important est bien sûr qu’ils soient fan d’un des artistes mentionnés ci-dessus. Ce critère est le seul
critère à employer, pour trouver les personnes désirées. Pourtant, c’est un critère qui a besoin d’être
examiné de plus près. La question qui se pose ici, se pose autour de la notion ‘fan’. ‘Quand est-ce
qu’on peut dire que quelqu’un est fan ?’ Pour la détermination des notions dans ma recherche, c’est
une question fondamentale. J’ai cherché des définitions de la notion fan, ou fanatique mais les
explications me donnaient plutôt une idée générale qu’une explication exacte de ce qu’on pourrait
entendre par ‘fan’. Dans le livre Key concepts in popular music6 par exemple, j’ai trouvé la définition
suivante :
Fans are people who avidly follow the music and lives, of particular performers and the histories of
musical genres, with various degrees of enthusiasm and commitment.
Un fan est donc une personne qui admire un chanteur ou une chanteuse et qui suit la vie et la
musique de son artiste préféré. Mais dans quelle mesure est-ce que quelqu’un doit suivre ce chanteur
pour qu’il soit fan ? Il est difficile de donner une réponse à cette question. En général, être fan est
quelque chose d’individuel et par conséquent il est très difficile de déterminer des critères pour des
fans. Il existe des millions de fans au monde, qui vivent leur fanatisme de leur propre façon plus ou
moins fanatique. Pour les uns une personne est fan quand il vient au concert de l’artiste en question,
pour d’autres la notion fan peut avoir une connotation péjorative qui fait qu’ils évitent d’employer ce
terme alors qu’ils possèdent l’intégralité des disques parus de l’artiste et qu’ils vont où ils peuvent
pour voir l’artiste en concert.
Finalement, reconnaissant la problématique de la qualification d’une notion ambiguë, pour ma
recherche, la meilleure réponse serait de dire que ce sont les fans eux-mêmes qui se disent fan, ou pas.
C’est pour cette raison que j’ai décidé de laisser le choix aux interrogés. C’est-à-dire que j’ai rédigé un
questionnaire virtuel que j’ai mis sur Internet et que j’ai mis un lien vers mon site web sur des forums
de rencontre, un lieu de rencontre fréquenté par les fans. Dans l’introduction de mon questionnaire, je
6
Roy Shuker, Key concepts in popular music, Rouledge London, New York 1998
8
m’adresse aux fans et je leur demande de remplir ce questionnaire. De là, je conclus que mon
questionnaire a été rempli effectivement par ceux et celles qui se disent fan, de sorte que j’ai pu
esquiver le problème de la définition.
1.1.4. Ce sont quand-même des fans – les contraintes et les avantages de ce groupe cible spécifique
Fan. La notion implique un aspect admiratif. Quand on est fan d’un artiste, on a une image
positive de la personnalité complète de l’artiste. C’est à dire que si le chanteur est vantée
premièrement pour sa voix ou sa présence sur scène, la vague d’admiration touche aussi à d’autres
aspects de sa personnalité. D’autres qualités lui sont attribuées. On peut dire qu’un fan idéalise.
L’artiste préféré a une voix exceptionnelle, mais il a aussi une personnalité hors du commun, une
grande beauté et une intelligence supérieure. Un fan n’est donc jamais neutre vis-à-vis de son artiste
préféré.
Vu sous cet angle, une recherche parmi des fans ne me donnerait pas de données fiables, des
données que je pourrais généraliser vers la population française, vers le « Français moyen ». Le terme
« le public français » que j’utiliserai à plusieurs reprises dans ce mémoire ne signifie pas tous les
Français, mais désigne plutôt les Français qui viennent voir les artistes québécois dans des salles de
spectacles partout en France. Je parle des Français qui allument leur poste de télévision pour voir les
québécois et ceux qui achètent leurs disques. La recherche que j’ai effectuée parmi les fans est donc
une recherche à titre illustratif et par conséquent, elle ne pourra servir pour en déduire des idées
générales applicables à la population française entière, elle donne une idée de l’image qu’ont les fans
de leur artiste québécois préféré.
Le choix de ce groupe cible spécifique comporte des inconvénients, les fans sont partiaux.
Mais la question que je me pose dans ce mémoire n’est pas de savoir si les « Français » ont une image
positive des Québécois et du Québec mais plutôt dans quelle mesure on pourrait dire : « Si on aime la
chanson, on aime le Québec ». En d’autres mots, on s’interroge sur la question suivante : dans quelle
mesure est-ce que les artistes et la musique peuvent engendrer un rapprochement de deux cultures
francophones ? Aimer la musique de variété est donc une condition mais elle n’est pas une garantie.
En prenant les fans comme objets de recherche, j’ai trouvé des Français qui se sont faits une
idée de ce qu’est le Québec à travers l’image qu’ils ont de leur artiste préféré, contrairement aux autres
Français qui auront généralement plutôt une attitude indifférente envers les artistes québécois et leur
origine. C’est justement cet aspect d’être fan qui fait que ce sont avant tout les fans qui ont pu
répondre à mes questions.
1.1.5. Le forum électronique – lieu de rencontre fréquenté
J’ai choisi de faire un questionnaire virtuel à remplir par les visiteurs des sites web des cinq
artistes que je viens de nommer. En utilisant ce moyen pour atteindre des interrogés, on peut parler
9
d’une sélection naturelle. Les gens qui visitent ces sites web le font volontairement. Ils veulent
connaître les dernières nouveautés concernant l’artiste, ou bien ils se connectent pour discuter avec
d’autres sur des sujets liés à leur artiste préféré. Qu’ils se disent fan ou pas n’est plus la question, ils
sont intéressés et l’intérêt est le critère que j’ai employé en utilisant la notion fan.
Quoique le fanatisme soit quelque chose d’individuel, il n’est pas vrai que les fans ne se
rencontrent pas. Ils le font pour parler de leur idole, pour échanger des opinions ou pour montrer leurs
collections. Ils font partie de la communauté des fans d’un certain artiste. Aujourd’hui à l’ère
interactive, beaucoup de fans se rencontrent par internet. En général, ils le font par le biais d’un forum.
Le forum électronique (de discussion) est un lieu de rencontre et d'échange, accessible par tous ceux
qui ont une connexion internet. Ce lieu de rencontre et d'échange qu'est le forum sur Internet peut être
un site Internet à part entière, ou simplement un de ses composants.
Un forum est donc avant tout un site d'échange, par le biais de messages. Les discussions y
prennent place sous la forme de fils de messages. La communication est instantanée ce qui rend le
forum très rapide. Ainsi, le forum est un moyen efficace pour des fans de rester au courant des
dernières nouvelles concernant leur artiste préféré. On peut discuter sur différents sujets. Un nouveau
sujet initie un nouveau fil de messages. Dans le forum, les apparitions à la télévision ou à la radio sont
annoncées, et après la diffusion de l’émission, les photos ou même les vidéos sont publiées.
Par conséquent, pour trouver des fans d’artistes québécois, j’ai cherché des sites Internet des
artistes que j’avais choisis pour voir si le site en question composait effectivement un forum de
discussion. Le cas échéant, j’ai contacté les webmestre pour savoir s’il était d’accord si je mettais une
annonce portant le lien vers mon questionnaire virtuel sur son forum. Les réactions que j’ai reçues de
ces modérateurs des forums étaient en général très positives. Ils étaient curieux d’en savoir plus sur le
sujet. Je leur ai promis de mettre le mémoire en ligne dès que je l’aurai fini.
Les sites Internet des artistes québécois sur lesquels j’ai mis le lien vers mon questionnaire
étaient les sites suivants :
-
www.chez.com/natashasp - site non-officiel de référence de Natasha St-Pier.
-
www.v2.fr - site général de V2 records international. Ici on peut cliquer sur de différents
artistes pour accéder au site et au forum dédié à l’artiste : forum d’Isabelle Boulay
-
www.toutunjour.com - site non-officiel de référence Isabelle Boulay
-
www.seulavecgarou.com - site non-officiel de référence de Garou
-
www.lynda-lemay.net - site non-officiel de référence de Lynda Lemay
-
http://fanderochvoisine.forumactif.com - forum non-officiel et non-lié à un site web dédié à
Roch Voisine
10
Quand on regarde ces forums de plus près, on peut noter trois différents sortes de forums. Ce
sont tous des forums de discussion, un lieu de rencontre pour les fans, où ils peuvent parler de leur
artiste préféré. Il y a quand même des différences de fréquence, de popularité et d’origine.
Le premier est le forum comme composant d’un site web plus large. En général ce sont des
sites web qui sont créés et gérés par les fans eux-mêmes. Subséquemment, ce sont des sites nonofficiels, mais pourtant très populaires parmi les fans. Car contrairement aux sites officiels, on peut y
trouver les dernières photos, extraits de vidéos et les dernières interviews parues dans la presse, tandis
que sur les sites officiels il n’y a souvent que les informations officielles sur l’artiste. Une biographie,
une discographie et des actualités officielles de dates de sortie de leur albums ou les dates officielles
d’une tournée.
Le deuxième type de forum est le forum spécifique qui n’est pas lié à un site web entier. Ces
forums sont plus difficiles à trouver, justement parce qu’ils ne sont pas accessibles par un site web
général. La popularité de ce type de forum dépend de la publicité que l’on fait au sein de la
communauté de fans d’un artiste.
Le dernier type de forum, est le forum général qui fait partie d’un grand site web d’une maison
de disque par exemple. Il contient plusieurs forums de tous les artistes appartenant à l’entreprise.
L’avantage d’un forum d’une maison de disque est qu’il est facile à trouver. Pourtant il n’est pas très
populaire parmi les fans, parce qu’il fait partie d’un site officiel d’une entreprise. Les fans préfèrent
avoir leurs lieux de rencontre à eux.
Après avoir obtenu l’autorisation des webmestres, j’ai mis un lien sur ces six forums pour que les fans
puissent trouver mon questionnaire ; www.beam.to/recherchefans.
1.2. La réception des artistes québécois en France – une enquête
1.2.1. Comment rédiger le questionnaire ?
Faire une enquête parmi les fans français d’artistes québécois veut dire qu’on entre dans le
domaine des études de la réception. Dans le domaine de la réception on analyse comment un message
communicatif est reçu par une ou plusieurs personnes, et ce que les destinataires font activement ou
passivement du message qui leur est transmis ? Dans la recherche que j’ai effectuée, j’ai essayé
d’atteindre des fans français d’artistes québécois pour en savoir plus sur leurs idées concernant leurs
artistes préférés québécois et de leur volonté d’aller au Québec à l’incitation de leur artiste préféré.
Pour connaître les réponses, j’ai rédigé un questionnaire composé de vingt-et-une questions. Je
crois qu’un questionnaire est un moyen efficace de rassembler de l’information, car il permet de poser
les mêmes questions à plusieurs personnes en même temps et de rassembler donc des informations
venant de beaucoup de personnes. Il est pourtant moins efficace quand les informations nécessaires à
la recherche demandent également des interviews d’une nature qualitative, c’est-à-dire des questions
11
qui révèlent le ‘comment’ et le ‘pourquoi’ d’un phénomène plutôt que le ‘quoi’ et le ‘combien’. Ce
sont des questions qui donnent plus de liberté aux interrogés de donner leurs propres réponses.
Ensuite, dans mon questionnaire j’ai dû choisir des questions à choix multiple pour pouvoir en
déduire quelques généralités. En choisissant cette méthode je me suis rendu compte du fait que je
forcerais les interrogés à choisir une réponse parmi celles que j’avais données, alors qu’ils pourraient
avoir eu une réponse beaucoup plus intéressante s’ils avaient pu remplir le questionnaire composé de
questions ouvertes. Pour couvrir un peu les risques de perdre des informations importantes, j’ai décidé
de mettre un cadre à la fin du questionnaire où les interrogés pouvaient mettre leurs remarques
concernant le sujet en général et où ils pouvaient faire également des ajouts aux réponses qu’ils
avaient données. Puisqu’il s’est avéré que ces remarques avaient souvent une valeur ajoutée j’ai décidé
de les mettre dans une annexe7.
Une autre contrainte d’un questionnaire est qu’il est difficile de parer aux processus
inconscients qui sont présents et qui influencent les idées d’un interrogé à son insu. Il y a par exemple
le processus de l’influence médiatique d’un interrogé. Dans quelle mesure est-ce qu’un interrogé est
influencé par un certain média ? Ou bien, quelle est la source principale pour la construction de
l’image qu’il a de son artiste préféré ? Quand on pose la question il n’est pas sûr que la réponse
donnée reflète la vérité, car on ne regarde pas la télévision pour se laisser influencer, consciemment
mais pour se détendre après le travail par exemple.
Encore la question de la langue française se pose. Les interrogés sont tous francophones, ainsi
que les artistes en question. Le côté linguistique de la communication n’entre pas vraiment en
question, car la langue commune semble être une évidence. Pourtant, j’ai quand même posé des
questions à propos de ces sujets. Je les utiliserai à titre indicatif. Je tiendrai compte de ces processus
inconscients en interprétant les résultats de la recherche.
Le questionnaire est divisé en trois parties. La première partie est la partie générale, la
deuxième parle des interrogés et de leurs activités de fan et la troisième partie est composée autour des
questions concernant les artistes québécois en France et l’image qu’en ont les fans français. Dans
l’introduction du questionnaire j’ai décidé de ne pas expliquer en détail les intentions du questionnaire,
je n’ai pas dévoilé le sujet exact pour éviter que les interrogés donnent des réponses sachant le but du
questionnaire. Dans la même ligne d’idées, j’ai essayé de garder une certaine neutralité aussi à propos
des questions posées.
Le questionnaire a été ouvert pendant une période déterminée, du 21 mars au 7 mai 2006.
Dans cette période j’ai reçu 226 réponses dont 176 réponses utiles. Les autres enquêtes que je n’ai pas
prises en compte étaient des enquêtes remplies par des personnes n’ayant pas la nationalité française.
7
Voir l’annexe II pour lire l’intégralité des remarques faites par les interrogés à propos de mon questionnaire.
12
Parmi ces nationalités étaient des belges, des canadiens, des suisses, une allemande, une espagnole,
deux polonais et une suédoise.
1.2.2. Un questionnaire numérique – la procédure
Les interrogés pouvaient remplir le questionnaire en ligne, en cliquant sur le lien que j’avais
mis sur les différents forums. A la première page de mon site web, j’avais mis une brève présentation
qui servait en même temps comme mode d’emploi du questionnaire8. Pour arriver au questionnaire il
fallait cliquer sur un autre lien en bas de page. Les interrogés pouvaient remplir mon questionnaire en
cochant leurs réponses. L’avantage d’un questionnaire numérique est que les interrogés ne peuvent pas
tricher en donnant plusieurs réponses à une question à laquelle je n’avais attribué qu’une possibilité de
réponse. En d’autres mots, ils ne peuvent cocher qu’une réponse par question. L’ordinateur les a forcé
de faire un choix. En outre, faire un questionnaire par Internet permet, en théorie, d’atteindre des
Français de tous les âges, de toutes les régions et professions, ce qui fait augmenter la fiabilité de la
recherche.
Après avoir rempli le questionnaire, les interrogés devaient cliquer sur un bouton en bas de
page pour que les informations soient envoyées à mon adresse courriel. J’ai rassemblé toutes les
informations pendant une période déterminée pour enfin pouvoir en déduire des statistiques générales.
Pour ce faire, j’ai introduit les résultats dans le programme de travail statistique SPSS 9. SPSS est le
programme le plus utilisé pour travailler sur des données statistiques à l’université, aux grandes écoles
et d’autres centres de recherche à travers les Pays-Bas. Dans le chapitre suivant j’examinerai les
résultats de la recherche obtenus à l’aide de SPSS.
8
9
Voir l’annexe I pour consulter la page introductrice du questionnaire et le questionnaire dans son intégralité.
Alphons de Vocht, Basishandboek SPSS 12 voor Windows, Bijleveld Press, Utrecht 2004
13
B
Je voudrais d’abord présenter les résultats de la recherche que j’ai effectuée parmi les fans
français d’artistes québécois. Puis, je prendrai ma recherche comme base pour faire quelques analyses
plus générales à propos du phénomène examiné. Ensuite, je présenterai la notion de la francisation des
artistes québécois, et je ferai enfin une comparaison entre le modèle de la réception des artistes
québécois en France et le modèle du choc culturel utilisé dans la communication interculturelle.
1.3. Les objectifs
Si l’image du Québec passe avant tout par la culture, regardons cette image culturelle de plus
près. Comme base j’utilise donc la recherche que j’ai effectuée. Dans mon questionnaire, je me suis
posée la question de savoir comment les fans voient les artistes québécois, ainsi que de savoir, à
travers ces artistes, ce que les fans pensent d’aspects plus généraux concernant le Québec.
L’image des Québécois est une image culturelle, pourtant elle est premièrement une image
musicale. C’est-à-dire que la construction d’image se fait dans un domaine spécifique de la culture, la
variété française. Ce domaine spécifique comporte une série d’éléments indissociablement liés au
genre. Même si l’accent de ce mémoire est mis sur la réception, ce sont des éléments importants qui
doivent être pris en considération si on veut examiner l’intégralité de l’image. Dans son livre Studying
popular music10, Richard Middleton parle de quatre éléments qui composent l’image et le message
dans la variété : les musiciens, la musique, les médias et le public.
Dans mon questionnaire, j’ai tenu compte de ces quatre éléments. Pourtant, j’ai ajouté un
cinquième élément qui fait de la musique pop de la variété française, le côté linguistique. Le domaine
de la musique que j’ai regardé de plus près est le domaine de la musique en français. La langue
française est un élément important dans ma recherche, puisque c’est ce qui unifie et sépare en même
temps le public français et les artistes québécois. En outre, ce mémoire porte sur la communication
interculturelle, un domaine dans lequel le côté linguistique joue un rôle prépondérant.
1.4. Identifier le public
Les résultats de ma recherche sont les opinions des fans d’artistes québécois. Toutes les
questions sont posées pour obtenir une réponse de la part des fans. En d’autres mots, le côté de la
réception du questionnaire est la base de ma recherche, ce sont les fondements. Les autres éléments
qui font partie de la variété sont considérés depuis le public. J’ai rédigé mon questionnaire pour savoir
comment le public perçoit les artistes, la musique et les médias autour de la variété.
10
Richard Middleton, Studying popular music, Open University Press, Milton Keynes Philadelphia, 1990
14
Les neuf premières questions de mon questionnaire sont rédigées pour connaître la personne
qui remplit l’enquête. Ces questions ont servi de base pour la réception. J’ai voulu savoir de qui
j’allais recevoir les réponses et les idées. Pour que je puisse faire une image de la personne qui remplit
mon questionnaire j’ai leur ai demandé de mettre leur sexe, leur âge, leur profession et leur nationalité.
J’ai utilisé uniquement les questionnaires remplis par des personnes ayant la nationalité française.
Ensuite, il s’est avéré que la grande majorité des fans qui ont rempli mon questionnaire sont des
femmes, 85,8% contre 14,2% d’hommes. J’ai pu constater aussi que malgré le fait que l’artiste soit
masculin ou féminin, les fans sont généralement des femmes. Au niveau des âges également, on
remarque une concentration d’une catégorie. Deux-tiers des interrogés ont l’âge entre 18-30 ans. Ce
sont des adultes, salariés ou étudiants. Ce sont en général des personnes qui ont encore assez de temps
libre pour s’occuper d’un artiste et qui ont relativement beaucoup d’argent à dépenser pour des loisirs.
C’est dans cette catégorie qu’on trouve les personnes qui vont le plus aux concerts des artistes et qui
cherchent le plus à rencontrer l’artiste après les concerts ou après une émission de télévision. 66% des
interrogés qui ont indiqué avoir assisté plus de 7 fois à un concert de leur artiste préféré ont un âge
entre 18 et 30 ans. C’est aussi dans cette catégorie d’âge qu’on trouve en général ceux qui savent le
mieux gérer l’ordinateur. Dans ce cas il est logique si on trouve des personnes appartenant à cette
catégorie sur les forums de rencontre. Pourtant, le fait que la plupart des interrogés appartiennent à
cette catégorie d’âge, n’a pas uniquement des raisons pratiques. C’est aussi l’âge où l’on cherche le
plus à s’identifier à d’autres pour trouver sa place dans le monde. C’est à cet âge, qu’on commence à
chercher du travail après les études et qu’on quitte les parents pour aller vivre ailleurs. C’est l’âge des
grands changements et du coup c’est l’âge psychologique d’avoir des exemples qui guident le
chemin11. Si on met ces éléments ensemble on peut comprendre pourquoi la plupart des interrogés
appartiennent à cette catégorie.
La question de la profession des gens est un peu plus compliquée. J’ai trouvé relativement peu
de cadres. C’est-à-dire des personnes qui ont reçu une formation universitaire et qui ont maintenant
une fonction de cadre dans une entreprise par exemple. Il est pourtant difficile de déduire de ces
données que les fans en général sont des personnes issues des classes inférieures de la société, pour
plusieurs raisons : Premièrement, le fait qu’il y a peu d’hommes qui ont répondu au questionnaire
peuvent être une raison pour laquelle on trouve peu de cadres, car en général il y a plus de fonctions de
cadres remplies par des hommes que par des femmes. Ensuite, il y a relativement beaucoup
d’interrogés qui se disent étudiants, en d’autres termes, des personnes qui deviendront peut-être des
cadres dans quelques années. Finalement si la catégorie d’âge de 18-30 ans représente la plupart des
interrogés on peut dire aussi que ces personnes n’ont pas encore l’âge d’être cadre.
Je me limiterai à dire que le groupe des interrogés est majoritairement féminin, et qu’il est
composé pour la plupart de personnes entre 18-30 ans, un groupe cible relativement jeune.
11
David G. Myers, Hope College Michigan, Steven J. Spencer, Social Psychology, Second Canadian edition,
University of Waterloo, 2004
15
Degrés de fanatisme
Les personnes qui ont participé à ma recherche se sont dites fan. Pourtant, comme je l’ai
indiqué dans la partie précédente, il est difficile de distinguer à quel point ils sont fans. Pour parer à
cet inconvénient, j’ai posé quelques questions pour en déduire des ‘degrés’ de fanatisme. J’ai décidé
de poser ces questions pour pouvoir répondre à la question de savoir si on peut dire « plus on est fan,
plus on a une attitude positive envers le Québec ». La réponse paraît logique, cependant, il faut tenir
compte des éléments externes qui influencent ce processus. Un de ces éléments sont les médias, qui
entrera en ligne de compte de façon détaillée dans la suite.
Les questions que j’ai posées pour déduire ce degré de fanatisme, sont des questions de
fréquences. J’ai rédigé des questions qui parlent du nombre d’années que la personne se dit fan, le
nombre de fois qu’elle fréquente le forum de son artiste préféré, le nombre de fois qu’elle a vu l’artiste
en concert et finalement le nombre de fois qu’elle a rencontré l’artiste.
En général on peut dire que les fans qui ont rempli mon questionnaire sont fan de l’artiste en
question depuis quelque temps. Des 176 interrogés 107 d’entre eux ont répondu qu’ils suivent l’artiste
depuis plus de cinq ans, soit 61% ; et 55% des interrogés fréquentent le forum de rencontre de leur
artiste préféré chaque jour. De ces mêmes données on peut conclure que la durée d’être fan révèle une
corrélation positive avec la fréquence des visites sur le forum. De la totalité des interrogés qui se sont
prononcés fan depuis plus de cinq ans, 62% fréquentent le forum quotidiennement.
Cependant, le forum est un lieu de rencontre pour les fans. Plus de la moitié des personnes qui
ont répondu à mon questionnaire entrent au forum chaque jour pour voir s’il y a des nouvelles
concernant l’artiste ou pour discuter avec d’autres fans. On peut dire qu’ils ‘contactent’ leur artiste
préféré tous les jours et sont par conséquent confrontés et exposés chaque jour à l’image de cet artiste.
Entrer au forum offre aux fans une possibilité de communiquer directement avec d’autres fans et en
même temps de ‘contacter’ l’artiste d’une façon indirecte à cause du média ordinateur qui intervient.
Quand on regarde d’autres possibilités de ‘contact’ entre les artistes et les fans, les résultats
sont différents. J’ai demandé aux interrogés d’indiquer le nombre de fois qu’ils ont vu l’artiste en
concert ainsi que le nombre de fois qu’ils ont rencontré leur artiste préféré. Dans ces cas il s’agit de
situations où la communication entre fans et artistes est directe, c’est-à-dire qu’ils se trouvent tous les
deux dans la même salle et qu’il n’y a donc pas d’intervention médiatique. La tendance reste
inchangée. C’est-à-dire que ceux qui sont fan depuis longtemps ont assisté à plus de concerts et ont
rencontré l’artiste plus souvent que les autres, pourtant, la fréquence en général n’est pas aussi élevée.
Seul 23% des interrogés m’a indiqué d’aller souvent au concert. Quant aux rencontres entre les artistes
et les fans, la fréquence baisse encore considérablement. De tous les interrogés pratiquement la moitié
dit de ne jamais avoir rencontré l’artiste et seul 9% a rencontré l’artiste souvent.
16
1.5. Les fans, audience passive ou active ?
Dans la deuxième partie du questionnaire j’entre plus en détail sur la relation entre le fan et
l’artiste. Les questions 11 et 12 parlent de cette relation. A propos des résultats, mentionnés ci-dessus,
j’ai donné quelques descriptions des personnes qui ont rempli mon questionnaire. Cependant il est
également important de souligner que ces personnes sont fans d’un artiste de variété et pas d’un artiste
appartenant à un autre genre musical. Car la variété est un genre musical qui appartient à la culture de
masse ou la culture populaire contemporaine. Celle-ci a, entre autre été étudiée par Théodor Adorno12
à propos de ce genre.
Dans les années 1930, ce philosophe allemand a développé une critique fondamentale de la
culture de masse et du public au sein de cette culture de masse. Or, la variété est genre musical des
grandes masses. Théodor Adorno examinait des audiences en général au sein de la communication de
masse qui venait de s’imposer. Selon lui, l’arrivée de cette nouvelle musique, faisait du public un
public passif et manipulable, un public qui a perdu son sens critique. Il disait qu’à cause des
nombreuses répétitions d’un morceau de musique appartenant au genre de la musique pop, ou la
variété du XXième siècle, l’auditeur n’avait plus qu’à se renverser sur sa chaise. Cette musique
n’obligeait plus l’auditeur à écouter attentivement pour comprendre le message communicatif. La
culture de masse ferait ainsi des hommes des êtres manipulables n’ayant pas son pareil. Dans
beaucoup d’études sur la culture populaire, la critique d’Adorno est utilisée comme principe de base.
La variété française fait incontestablement partie de la culture de masse et on retrouve les
artistes de variété quasiment partout. On entend leurs chansons dans les supermarchés et les stations
de métro ; comparés aux artistes appartenant à d’autres genres de musique on retrouve les artistes de
variété le plus souvent à la radio, la télévision et dans la presse écrite. Pour plaisanter, on pourrait dire
qu’il est pratiquement plus difficile de les éviter que de les suivre. Dans ce cas, on les ‘rencontre’
plutôt quand on reste accroché passivement devant son poste de télévision. Aussi, le genre de la
variété est le genre le plus abordable pour la plus grande audience. C’est le genre qu’on appelle le
mainstream13, c’est-à-dire que c’est un genre musical qui évite les extrémités. La variété est la
musique du dit middle of the road.
Je me suis posée la question de savoir dans quelle mesure le public des artistes québécois de
variété est un public actif ou passif dans la même ligne d’idées qu’Adorno ? Ils sont effectivement
devenus fan d’un artiste de variété, cependant, je crois que les fans ne sont pas qu’une masse docile et
‘sans cerveau’ qui suivrait tous les caprices des médias de masse en copiant sans réfléchir les idées
dans les messages communicatifs diffusés. Bien sûr l’artiste dont ils sont fans, fait partie d’un domaine
fort médiatisé et l’image qu’ils ont conçue de leur artiste aura des sources médiatiques aussi. Pourtant,
12
Philosophe allemand, notamment célèbre pour sa critique sur la culture de masse. Cf. Ter Bogt, T. Hibbel, B.
Adorno en andere cultuurcritici over moderne cultuur, in Wilde jaren, een eeuw jeugdcultuur, Uitgeverij Lemma
Utrecht, 2000
13
“Normal or conventional ideas, attitudes, or activities”, selon le Oxford English Dictionary
17
d’après ce que j’ai vu dans les résultats de ma recherche ainsi que pendant les concerts et les émissions
que j’ai vu, je ne crois pas non plus que les fans ne réfléchissent pas sur cette image qui leur est
donnée. Sur les forums, comme dans les salles de spectacles et les studios de télévision, les fans
discutent de cette image, ils donnent leurs opinions. Ils parlent des vêtements que l’artiste a portés
dans telle ou telle émission de télévision, de ce qu’il a dit pendant une interview ou encore des
chansons du nouvel album. Les fans admirent, mais je crois qu’ils n’admirent pas sans critiquer.
Pour couper court, on pourrait dire que les fans sont une audience ‘activée’, ce qui veut dire
qu’ils ont peut-être choisi un artiste appartenant au grand mainstream de la musique, ils se mettent à
chercher des informations supplémentaires à propos de l’artiste qui est devenu leur préféré. Pourtant,
de l’autre côte, même si les fans sont en général une audience assez active, ils ont quand-même besoin
de cette image médiatique pour pouvoir donner leurs opinions. La théorie d’Adorno s’applique donc
toujours de nos jours dans le sens où les médias ont une influence considérable dans la construction de
l’image des fans d’artistes québécois. Les fans sont actifs dans le sens où ils se mettent devant leur
ordinateur pour rester au courant et qu’ils discutent avec d’autres fans sur des sujets concernant
l’artiste. Pourtant, ils sont beaucoup moins actifs quand il s’agit d’aller au concert ou de rencontrer
l’artiste.
1.6. L’artiste québécois vu par le public français
1.6.1. Introduction
Il est toutefois difficile de vérifier quelle est la source la plus importante de la construction
d’image pour un fan. En réfléchissant sur le sujet et en puisant dans mes propres expériences, je
supposais que la télévision serait la source principale d’information. Alors j’ai posé la question aux
fans pour vérifier cette supposition. J’ai demandé aux interrogés de m’indiquer comment ils avaient
connue la personnalité de leur artiste préféré. Mais, contrairement à ce que j’avais pensé, les interrogés
ne se disent pas en premier lieu ‘influencés’ par la télévision. La plupart d’entre eux indiquent qu’ils
connaissent la personnalité de l’artiste surtout par les concerts qu’ils ont vus et les disques qu’ils ont
achetés. La télévision n’arrive qu’en troisième position.
Dans la première partie de ce chapitre, j’ai indiqué le problème des processus inconscients qui
fonctionnent quand on pose ce genre de questions. La question telle que je l’ai posée implique cette
difficulté de réponse, c’est-à-dire qu’un interrogé ne peut, en effet, répondre à la question que
partiellement. Il peut indiquer quel média il utilise le plus, activement, pour chercher des informations
à propos de son artiste préféré. Pourtant, il ne peut pas dire quel média l’a influencé le plus en ce qui
concerne l’image qu’il a de son artiste. Par conséquent, les résultats de cette question ne seront qu’une
indication. Quoi qu’il en soit, ma recherche n’a pas pour but principal d’examiner comment les médias
18
influencent le public mais plutôt de savoir quelles sont les conséquences de cette influence médiatique.
Ces conséquences sont plus faciles à dénoncer.
Considérons d’abord les réponses des interrogés. Ils ont choisi les disques et les concerts
comme paramètres principaux de connaître la personnalité de cet artiste. C’est-à-dire qu’ils ont
premièrement lié l’aspect de la personnalité à l’aspect musical au lieu de l’aspect purement
médiatique. Ils ont réduit le domaine de la variété aux éléments musicaux. En d’autres mots, ils disent
retrouver la personnalité de l’artiste à travers les chansons. Pour illustrer ce phénomène, j’aimerais en
donner un exemple :
Quand on voit les messages sur les différents forums on peut trouver souvent en bas d’un
message un credo, une phrase d’une chanson répétée par un fan parce que cette phrase a une
signification particulière. Les fans cherchent à s’identifier aux chansons pour s’identifier à l’artiste. Un
bon exemple d’une chanson qui semble refléter les pensées de l’artiste est la chanson Tu trouveras,
chantée par Natasha St-Pier et Pascal Obispo : « (…) mais si tu lis entre les lignes, tu trouveras dans
mes chansons tout ce que je n’ai pas su te dire (…) »14. Les paroles semblent dire, « si tu regardes bien
mes paroles tu peux lire entre les lignes qui je suis ». Pour connaître la personnalité d’un artiste en tant
que fan, ce genre de paroles semble effectivement très efficace.
1.6.2. L’artiste – nature et culture
Cet élément de l’identification directe ou indirecte des fans à la personnalité de l’artiste revient
aussi dans les réponses d’une autre question que j’ai posée dans mon questionnaire. J’ai demandé aux
interrogés d’indiquer les éléments les plus importants de leur artiste préféré. Ils ont pu en choisir trois
parmi les éléments suivants : musique, paroles, physique, personnalité, concerts, langue française des
chanson, pays d’origine. La personnalité de l’artiste est considérée comme un élément important pour
87% des interrogés. Après viennent la musique (74%) et les paroles des chansons (63%). La
personnalité est donc pour les fans plus importante que la musique en tant que telle et c’est à travers la
musique que l’artiste peut exprimer sa personnalité. La musique et les paroles d’un artiste sont donc
des piliers importants pour l’image de la personnalité d’un artiste perçue par son public. Il est
remarquable de voir que seuls 12% des interrogés qualifient l’origine québécoise comme un élément
important et que seuls 3% indiquent que pour eux la langue française est importante. Il s’agit donc
avant tout de la personnalité de l’artiste en question. Je voudrais consacrer quelques mots à cette
dichotomie artiste/personne avant de reprendre l’exposé des résultats de la recherche.
La personnalité d’un artiste de variété est généralement construite, comme toute autre
personnalité d’ailleurs, de deux aspects, que j’aimerais appeler la nature et la culture d’un artiste. Je
crois que la nature est la personnalité naturelle de l’artiste, son caractère en tant que personne ainsi
14
Tu trouveras, extrait de l’album « De l’amour le mieux » 2002
19
que son pays d’origine, sa famille et le milieu dans lequel il est né et où il a grandi. Pour les artistes
québécois, leur nature est québécoise et c’est un élément que le public français apercevra surtout à
travers l’accent qui indique cette origine québécoise. La nature est alors ce que l’artiste est, pas ce
qu’il a appris en travaillant dans la variété française. Bien sûr, le public français peut voir ce côté
naturel d’un artiste à travers des chansons ou des interviews, car un artiste de variété n’est pas
uniquement un artiste, il ne joue pas de rôle, il chante. Il est ce qu’il est sur scène.
La culture d’un artiste est, je pense, ce qu’il a appris dans un monde de musique spécifique. Il
fait partie de la culture de la variété en France et il s’est cultivé pour s’adapter à ce nouveau monde.
Selon Geertz15, la culture est un « système de significations partagées », ce qui implique un processus
d’apprentissage. Il faut apprendre ce que signifient différents éléments de cette culture. Il s’agit d’un
cadre flexible, l’habitus, selon Bourdieu16 selon lequel les acteurs sociaux, les artistes dans ce cas,
développent des stratégies, fondées sur un petit nombre de dispositions acquises par socialisation, qui
sont adaptées aux nécessités du monde social, celui de la variété. En outre, puisque les artistes sont
dans ce monde médiatisé de la variété, ces médias influencent aussi. C’est-à-dire qu’ils cultivent
l’image des artistes qui est reçue par le public. Ils interviennent, pour ainsi dire dans la nature et la
culture de l’artiste.
Je crois qu’il est important de considérer la nature et culture d’un artiste pour expliquer les
réponses des interrogés à la question que je viens de présenter. Seuls 12% d’entre eux indiquent que
l’origine québécoise est un élément important. Puis 3% uniquement trouvent que la langue française
est importante. Ces deux éléments n’appartiennent pas directement à la culture de l´artiste, ce sont des
éléments naturels. Apparemment, pour les fans, les éléments culturels sont plus importants. En fait,
cette réponse est une réponse logique puisqu´on est généralement fan d´un artiste et on ne connaît pas
vraiment la personne derrière l´artiste. S’il est vrai que les fans regardent plutôt la culture artistique et
que l’origine ne fait pas partie de cette culture, on a des raisons de croire que pour la majorité des fans,
l’origine de l’artiste n’est pas très importante.
1.7. Langue française apparemment sans importance…
Il est remarquable de voir que seuls 3% des interrogés ont choisi comme élément important la
langue française des chansons. Evidemment on peut contester la façon dont la question est posée. Car
peut-être que la langue française est un élément important pour les fans français mais pas plus
important que la personnalité de l’artiste ni de sa musique ou de ses paroles et que pour cette raison ils
n’ont pas pu faire savoir que la langue est effectivement un élément important. Pourtant, j’ai reçu
quelques questionnaires d’interrogés qui n’ont pas respecté le maximum des réponses et qui ont coché
plus de réponses, ils n’ont pourtant pas choisi la langue française comme élément important.
15
16
Geertz, C. The interpretation of cultures: selected essays, New York 1973, p. 5
Pierre Bourdieu, Le Sens pratique, Minuit, 1980
20
En effet, la langue française ne peut être qu’un élément important parce qu’elle permet la
communication entre l’artiste et le public. Que ce soit à travers une chanson ou dans une interview, le
message en français fait qu’il y a une compréhension mutuelle d’information. Il est vrai qu’on parle de
musique et que la musique en soi est une langue à part entière, mais si une fan s’identifie à la
personnalité de son artiste préféré, entre autres par les paroles des chansons, la langue de la musique
ne suffit pas. Elle a besoin de la langue parlée qui fonctionne comme véhicule qui transporte le
message. Je n’ai cependant pas fait référence aux artistes anglophones dans mon questionnaire pour
distinguer clairement la différence entre un artiste francophone et un artiste anglophone et pour voir
ainsi si les interrogés auraient, dans ce cas, bien choisi la langue français comme élément important.
La langue française s’avère être d’une telle évidence, de quelque chose de tellement
fondamental qu’on ne la remarque plus. L’artiste parle français, c’est logique, on ne réfléchirait sur la
langue que lorsqu’il y aurait un allophone dans le domaine de la variété et que la langue deviendrait
tout à coup un obstacle. La communication entre un artiste francophone et un fan francophone est sans
véritables problèmes linguistiques, entre autres parce que le domaine de la variété est un domaine qui
abstrait forcément un peu la langue de la culture ; c’est-à-dire qu’on parle de la culture au sein de la
variété, mais pas vraiment de la culture du pays d’origine. Les mots qui appartiennent aux aspects
spécifiques d’une certaine culture ne sont pas utilisés dans ce cadre et ne posent donc pas de
problèmes. Dans le chapitre suivant j’entrerai un peu plus dans le détail des spécificités musicales et
linguistiques appartenant au genre de la variété. Dans le même cadre on peut mettre aussi l’importance
du pays d’origine pour les fans français d’artistes québécois.
Retournons aux résultats de ma recherche. Seuls 12% des interrogés trouvent que l’origine de
l’artiste est importante. On peut se poser la question de savoir si les fans font vraiment la différence
entre un artiste québécois et un artiste français ? Dans la troisième partie de mon questionnaire j’ai
posé des questions spécifiquement sur le phénomène des artistes québécois en France.
1.8. Identifier la québécitude
Comme je l’ai dit en introduction, il y a aujourd’hui beaucoup d’artistes québécois qui
viennent en France pour y faire carrière. C’est ce phénomène aussi qui m’a donné l’idée de prendre
ces artistes québécois et leurs fans français comme objet d’une étude dans le domaine de la
communication interculturelle. Les personnalités publiques québécoises que les Français connaissent
et qu’on retrouve en France sont souvent des personnalités issues du domaine de la culture et plus
spécifiquement du domaine de la musique. Bien sûr la plupart des Français connaîtront le coureur
Formule 1 Jacques Villeneuve, mais après on revient bientôt aux chanteurs et aux chanteuses
québécois. En d’autres mots, les artistes québécois sont les références de leur pays pour beaucoup de
Français et surtout pour les fans qui ont rempli mon questionnaire.
21
Pourtant, avant d’élaborer l’image des artistes québécois, j’ai demandé d’abord aux fans
d’indiquer comment ils voient les Québécois en général. Cette question n’est pas complètement
détachée des artistes justement à cause du fait que les artistes jouent également ce rôle de représentants
de leur pays. Pour 32% des interrogés les Québécois sont des ‘Français qui habitent en Amérique du
nord, 46% a répondu que pour eux, les Québécois sont plutôt des ‘Nord-américains qui parlent
français, 5% a coché ‘Je ne sais pas’ et 16 % des fans m’a donné une autre réponse.
En fait, d’un point de vue absolu, ces 16% sont un pourcentage assez bas, pourtant quand il s’agit
d’une réponse facultative pour donner une réponse alternative, ce pourcentage est en fait assez élevé.
Cela montre qu’il n’est pas facile coller une étiquette sur les Québécois. Dans son livre Les
irréductibles Québécois17, la Française Valéry Lion parle du même problème de la dénomination des
Québécois : Impossible de les réduire à leur dimension canadienne, américaine ou européenne. Vous
ne viendrez jamais à bout de leurs contradictions. Ils ne se résoudront jamais à être vaincus par la
culture américaine, même si celle-ci a largement pénétré leurs mentalités et leurs modes de vie. Ils
n’abandonneront jamais les armes pour défendre la langue française.18
Ou encore Frédéric Demer, Québécois d’origine qui pose la question : « Qui au Québec est
Québécois ? 19», car comme les Américains, les Québécois sont un peuple de métissage et comment
réduire cette diversité d’hommes et de femmes venus des quatre coins du monde pour s’installer au
Québec ?
En gros, on peut répartir les réponses en deux catégories. La plupart de ces réponses ‘ouvertes’
parlent de l’indépendance des Québécois comme peuple : « Un peuple indépendant à part entière »,
« Ce sont des québécois simplement avec leur propre langue et leur culture », « (…)Les québécois
cherchent avant tout à se démarquer » D’autres ont noté des qualités de caractère, de personnalité des
Québécois : « Des personnes plus abordables », « Des gens formidables », « Des gens très
accueillants qui en plus parlent notre langue »
Les interrogés qui ont rempli mon questionnaire ne sont donc pas d’accord non plus sur ce que
sont les Québécois. Chacun a fait sa propre image du Québec et de ses habitants, basée sur ses propres
références et expériences. Pourtant, justement parce que l’identité québécoise est quelque chose
d’ambiguë, il est plus facile de faire sa propre image. C’est-à-dire que la notion Québécois est sujette à
une grande liberté d’interprétation. Si l’image des Québécois à l’étranger est avant tout une image
culturelle, il est probable que ces étrangers interprètent et lient la notion Québécois au seul domaine de
la culture, ce qui n’est en fait qu’un petit élément de la société québécoise. Dans ce cas, la supposée
américanité ou francité est mis en arrière plan.
17
Valéry Lion, Les irréductibles Québécois, éd. des Syrtes, Paris, 2004
Idem p. 11
19
Frédéric Demer, Céline Dion et l’identité québécoise, VLB éditeurs, Montréal, 1999, p. 11
18
22
Ensuite, j’ai posé des questions à propos de ces artistes. A cause du fait qu’ils sont en France,
parmi les Français, le seul pilier qui marque instantanément leur différence est leur accent. J’ai
demandé aux fans de noter ce qu’ils pensent de cet accent québécois.
Les interrogés ont pu choisir entre : moche, drôle, difficile à comprendre et mignon. 93%
d’entre eux étaient très positifs envers l’accent des francophones du Canada. 23% indiquaient que pour
eux l’accent québécois est drôle, 70% pensent que l’accent est mignon. 1 personne a dit que pour elle,
l’accent est moche et 6% trouvent l’accent difficile à comprendre. Généralement on peut donc dire que
les fans ont une idée positive de l’accent québécois, il ne pose pas de problèmes. De ce résultat
témoigne aussi la question suivante que j’ai posée.
Tout au long de ma recherche, j’ai constaté qu’il y a pas mal d’artistes québécois qui cachent
un peu leur accent quand ils travaillent en France. Ils le font quand ils parlent mais surtout quand ils
chantent. En écoutant les disques on ne peut pratiquement pas faire la différence entre un artiste
français et un artiste québécois. Il y a quand même une exception dans la personne de Lynda Lemay
qui maintient son accent ainsi que les expressions typiquement québécoises aussi et peut-être même
justement quand elle est en France. Pendant sa dernière tournée en France elle a même fait un ‘examen
de québécois’, pour que le public français apprenne au moins quelques mots en langue québécoise.
La question que j’ai posée aux fans était de savoir ce qu’ils pensaient du fait que certains
artistes cachent leur accent québécois. J’avais données quatre réponses possibles : « Je n’ai pas
vraiment remarqué qu’il cache son accent », 18% des interrogés a donné cette réponse. Deuxième
possibilité : « C’est bien, comme ça nous pourrons mieux nous comprendre » 7% des réponses.
Troisième possibilité : « C’est dommage, l’accent est ce qui fait leur différence » 73%. Et finalement
« Je ne sais pas » 2% des réponses.
La plupart des interrogés pensent donc qu’il est dommage que les artistes québécois cachent
leur accent, parce que c’est justement leur accent qui fait leur différence. C’est une réponse positive
comme les réponses de la question précédente, mais il faut tenir compte de l’idée qu’il est probable
que la majorité des fans n’est pas au courant de la langue québécoise telle qu’elle est parlée au
Québec, surtout quand on parle le joual20, la langue familière du Québec. Pourtant ce qui compte est
que l’idée qu’ils ont de l’accent québécois est qu’il est généralement mignon et qu’il est dommage
qu’il y a des artistes qui le cachent quand ils sont en France.
Pour la plupart des interrogés, l’accent québécois est donc ce qui fait la différence entre un
artiste québécois et un artiste français. Alors j’ai demandé aux fans d’indiquer ce qu’ils pensent des
20
Source : www.wikipedia.fr
Joual est le nom donné à un sociolecte français de la classe ouvrière québécoise. On dit que cette désignation a
été créée par le journaliste André Laurendeau mais c’est une erreur. On trouve en fait déjà ce terme dans les
années 1930 et antérieurement un peu partout au Canada francophone. Le mot joual provient de cheval prononcé
dans la langue en question. Le joual est donc une variante du français québécois usuel, incluant de nombreux
mots anglais francisés, de formation « créole ».
Le joual était traditionnellement parlé dans les rues ouvrières de Montréal mais a été poupularisé à la moitié du
XXe siècle par des auteurs comme Michel Tremblay et des musiciens tels que Robert Charlebois. C’est le
franco-québécois populaire.
23
artistes québécois comparés aux artistes français. J’ai voulu savoir si les fans trouvent que les artistes
québécois sont plus intéressants que les artistes français parce qu’ils viennent de loin. Ils ont pu choisir
entre les réponses suivantes : « Les artistes québécois sont plutôt pareils » (23%), « Les artistes
québécois sont plus intéressants parce qu’ils viennent de loin » (12%), « Comparés aux français, les
artistes québécois sont quand même différents » (61%) et « Je ne sais pas » (4%).
Les interrogés ne désignent donc pas les artistes québécois comme plus intéressants qu’un
artiste français, mais les artistes restent quand même différents des artistes français, selon 61%.
Cependant 23% des fans signalent que pour eux les Québécois ne diffèrent guère des artistes français.
Et quoique le pourcentage soit beaucoup plus bas, c’est quand même une réponse dont il faut tenir
compte, car elle démontre que l’origine d’un artiste n’a pas d’importance pour un quart des interrogés,
des personnes qui se qualifient fans.
Pourtant même les fans qui ont indiqué que pour eux il n’y avait pas vraiment de différences
entre un artiste français et un artiste québécois ont répondu positivement à la question suivante que j’ai
posée aux interrogés. Il s’agit de la question la plus importante de mon questionnaire, car il indique si
les fans ont été incités par leur artiste préféré québécois à en savoir plus sur le Québec. En d’autres
mots, j’ai voulu savoir si les fans ont cultivé un intérêt pour le Québec à propos du fait qu’ils sont fans
d’un artiste qui vient de cette province canadienne.
Les réponses sur cette question ne m’ont pas vraiment surprises, parce que c’est autour des
suppositions sur cette question que j’ai décidé d’écrire ce mémoire. Pourtant, il faudrait vérifier les
opinions des fans. Après avoir effectuée cette recherche je peux dire que 84% des interrogés disent
qu’ils sont effectivement incités par les artistes québécois à en savoir plus sur le Québec, dont 44% qui
montre une très forte influence des artistes québécois.
On peut dire que malgré le fait qu’il y a un pourcentage relativement élevé d’interrogés qui
signalent que pour eux il n’y a pas vraiment de différences entre un artiste québécois et un artiste
français, les fans sont très nombreux à indiquer une incitation des artistes québécois pour aller
découvrir le Québec. Ce sont des résultats contradictoires dans le sens où cette origine québécoise qui
n’a apparemment pas vraiment d’importance joue quand même un grand rôle dans la volonté d’en
savoir plus sur le Québec. La question logique qui se pose pour savoir dans laquelle des deux
apparentes directions il faut penser est de savoir si les fans se sont dirigés en masse vers le Québec, à
l’incitation de leur artiste préféré. A La question il doit être répondu par la négative, c'est-à-dire qu’il
n’y a qu’un nombre limité de fans qui ont, effectivement, visité le Québec. Seul 16,5% dit avoir été au
Québec, et 83,5% n’a donc pas traversé l’océan. Cette réponse indiquerait alors qu’après tout l’origine
n’est finalement pas si importante. Mais, il faut dire que cette question donne une image quelque peu
déformée. Car le fait que la majorité des fans n’ont pas visité le Québec alors qu’ils ont indiqué qu’ils
ont été incité par les artistes québécois à en savoir plus sur le Québec, ne veut pas dire qu’ils ne
veulent pas aller au Québec. En d’autres mots les chiffres absolus des visites peuvent être relativement
bas, mais quand on pose la question de savoir si les fans veulent aller au Québec, les réponses
24
changent. 85% des interrogés qui n’ont pas été au Québec, disent en effet qu’ils aimeraient bien aller
au Québec mais qu’ils n’ont pas (encore) les moyens d’y aller. 5% dit qu’ils vont au Québec cette
année, 9% a répondu un peu plus indifféremment « pourquoi pas ». 1% a dit « Je ne sais pas » et
personne n’a répondu par la négative.
On peut donc constater une volonté d’aller en Nouvelle France, mais cette volonté n’est pas
encore très exprimée ni très définitive, elle reste même un peu contradictoire. Pour ce qui est de
l’identification des Québécois, elle reste problématique. D’un côté par un manque d’information sur le
Québec et les Québécois et de l’autre côté parce que même au sein du Québec on questionne l’identité
québécoise comme l’a montré Frédéric Demer.
25
26
II
LA FRANCISATION DES ARTISTES DE VARIÉTÉ QUÉBÉCOIS
Dans le chapitre précédent, j’ai présenté les résultats de la recherche que j’ai faite sur Internet.
En général on peut dire que les fans des artistes québécois ont une image positive de la personnalité de
l’artiste mais aussi du fait qu’il soit Québécois. Ainsi ils préfèrent que l’artiste garde son accent
québécois parce que c’est l’accent qui fait sa différence. Puis, les fans disent être incités par les artistes
à en savoir plus sur le Québec. Pourtant, en même temps, il n’y en a que peu d’entre eux qui ont
effectivement visité le Québec.
L’image qu’ils ont du Québec et des Québécois est pourtant fondée généralement sur les
‘informations’ disponibles en France. Car, en France on ne peut pas recevoir les chaînes de télévision
et de radio québécoises sur les postes de télévision et de radio, ainsi qu’il est difficile de trouver des
journaux ou des magazines québécois en France. Bien sûr il est possible de trouver des sources autres
que françaises sur Internet pour rester au courant des heurs et malheurs de leurs artistes préférés, mais,
les interrogés de mon questionnaire indiquent qu’ils n’utilisent que très peu les sites web pour
chercher de l’information. Ils utilisent surtout les forums. Il est vrai que sur ces forums, on peut
trouver des articles de presse ou des photos, qui ont été mis sur le forum par d’autres fans, pourtant ce
ne sont que rarement des informations autres que françaises. De là on pourrait dire que les artistes
québécois en France représentent leur pays en quelque sorte, mais que la réception d’information par
le public est plutôt ‘francisée’. Les artistes travaillent dans la variété française, et qu’ils font partie de
la gamme d’artistes de variété français.
Les idées générales du Québec viennent surtout des médias français, sous la forme d’une
communication de masse. Alors, les sources d’information disponibles pour les Français, que ce soient
des sources médiatiques ou pas, sont à la base de la construction d’image des Français et par
conséquent aussi à la base des réponses données par les interrogés.
Dans ce chapitre, j’aimerais parler de cette francisation des artistes québécois, causé par les
spécificités appartenant au genre de la variété française. Premièrement, je parlerai du genre de la
musique de variété. Deuxièmement, je ferai quelques remarques à propos de la fonction publique d’un
artiste de variété, et finalement je donnerai un exemple d’une émission à télévision française pour
illustrer le rôle des médias français, dans la communication entre artistes québécois et public français
Car la francisation des artistes québécois est le résultat d’un processus communicatif. L’artiste
québécois devient plus français à cause du message médiatique et musical destinés au public français.
Dans ce chapitre, la communication entre artistes québécois et public français ne sera donc pas
abordée uniquement du point de vue de la réception, mais d’un point de vue plus large, pour voir la
communication dans son intégralité.
27
2.1 La médiation musicale
2.1.1. Introduction
La communication entre artistes québécois et public français s’établit par le biais de plusieurs
médias. L’artiste participe à des émissions de télévision ou de radio et le public peut également trouver
des articles dans la presse écrite sur l’artiste lui-même, pas uniquement sur sa musique. Il passe des
messages en chantant en parlant et justement en étant là où le public puisse le voir. C’est-à-dire que
même si l’artiste n’émet pas de messages verbaux, on parle quand même d’une communication.
Pourtant le média premièrement associé aux chanteurs est la musique. Je voudrais d’abord m’arrêter
un instant pour regarder ce message musical de plus près avant d’aborder le domaine des autres
médias.
Les interrogés ont indiqué qu’ils considèrent la musique et les paroles des chansons comme
des éléments importants pour être fan de leur artiste préféré, et la chanson est généralement la fonction
publique principale des artistes. C’est-à-dire que la musique joue un rôle sémantiquement important
dans la construction d’image. Il est vrai que le contenu du message musical diffère d’artiste en artiste.
Pourtant on pourrait dire quelques généralités à propos du genre de la variété, que je crois importantes
pour la compréhension de la communication musicale telle que je l’ai examinée ; entre artistes
québécois et public français. Car si la musique est la fonction publique principale des artistes, la
musique est aussi ce qui leur donne un sens, c’est ce qui les met dans un certain cadre sémantique
précis. C’est depuis ce cadre que le public interprète les éléments sémantiques, il sert de fondement.
On dit souvent que la musique en soi est une langue universelle, au point qu’elle puisse être
comprise par tout le monde même si on ne parle pas la même langue, même si on n’a pas de la même
culture. On dit que la musique parle des émotions et que les émotions sont pareilles dans le monde
entier. Même si le contexte est culturellement déterminé et dans ce cas, même nationale, la musique
semble garder cet aspect universel. Pourtant, les choses changent quand, tout d’un coup la musique est
accompagnée de paroles dans une certaine langue. A ce moment, ce n’est plus de la musique tout
court, mais une chanson. Et à ce moment il y a des éléments linguistiques qui sont ajoutés à la
musique et à travers ces éléments linguistiques il y a aussi des éléments culturels qui entrent en vue.
On pourrait dire que l’universalité de la chanson est réduite, simplement car tout le monde ne
comprend pas la langue dans laquelle la chanson est chantée.
Dans mon étude de cas la langue chantée est la langue partagée par l’artiste et le public et c’est
pour cette raison que je voudrais parler brièvement de ces deux éléments : la musique et les paroles au
sein de la variété française.
Quand on pense à la variété française, on peut la prendre comme équivalent de la popular
music, anglophone, genre de musique dont j’ai montré les caractéristiques de l’audience et celles de la
28
culture de masse, définies par Adorno. J’ai remarqué également que ce genre de musique est la
musique du plus grand nombre, qui évite les extrémités à la fois musicales et linguistiques, c’est le
genre du mainstream. Ce sont des éléments qui appartiennent au genre de la musique pop et quand on
examine la communication entre artistes de variété et leur public, je crois qu’on ne peut se passer de
leur musique. Car une partie considérable de l’interprétation de l’identité de l’artiste québécois, passe
par leur musique.
Les artistes que j’ai choisis, appartiennent tous à peu près au même genre de musique.
Cependant, cela ne veut pas forcément dire qu’il n’y a pas de différences entre la musique de ces
artistes. Je me contenterai toutefois de dire qu’ils font tous partie de la variété, de la musique pop, et je
mettrai l’accent sur quelques généralités de cette musique de variété, et non pas sur des particularités
des chansons des différents artistes.
Enfin, puisque ce mémoire traitant de la communication interculturelle dans de la musique
pop, je n’ai donc pas pour but de donner une analyse complète de ce qui est la musique pop, mais
j’aborderai justement les éléments que je crois utiles pour la ligne générale de ce mémoire.
Premièrement, c’est le caractère universel du genre de la variété, qui donne une dimension
supplémentaire à la communication interculturelle entre artistes et public. Deuxièmement c’est la
possibilité d’interprétation par le public d’entités sémantiques appartenant au genre de la variété. Par
là j’entends que l’universalité même du genre implique un grand espace d’interprétation individuelle.
Je tiens pourtant à dire que les analyses que je fais à propos de ces aspects, ne seront pas autre chose
que des interprétations personnelles. J’ai consulté plusieurs travaux sur la musique pop, mais rien de
ce que j’ai trouvé n’a présenté comme une communication interculturelle la musique pop.
2.1.2. L’universalité de la musique pop
Quand on parle de la musique pop, contemporaine, on parle d’un genre musical international. C’est-àdire qu’on peut retrouver les mêmes sonorités, appartenant au genre en Europe et aux Etats-Unis, en
effet, généralement, dans tous les pays de l’occident, ainsi qu’il y a beaucoup d’artistes qui sont
connus dans différents pays. Madonna, Les Rolling Stones et Britney Spears en sont de bons
exemples. Ce sont des superstars, qui font des tournées mondiales et qui ont des fans dans les quatre
coins du monde. La musique qu’ils font est peut-être d’origine américaine, ou du moins anglophone,
mais en regardant le nombre de leurs auditeurs aussi à l’extérieur des Etats-Unis et dans d’autres
territoires non-anglophones, ces artistes ont quand même beaucoup de succès. Ils remplissent des
stades de football sans problèmes en rassemblant des dizaines de milliers de spectateurs. De là on
pourrait dire que la communication est réussie, malgré les différences culturelles entre les artistes et le
public. Dans ce sens le message musical est plutôt universel au lieu d’être culturel. En d’autres mots,
dans ce sens la musique a conquis son propre terrain international, un terrain neutre où la culture joue
un rôle moins présent. Quand des fans, qui ont différentes nationalités, sont ensemble dans le dit stade
29
de foot, ils sont d’abord spectateurs ou fans de l’artiste en question avant d’être Français, Anglais ou
Allemand. Dans ce stade, ils font partie de la « communauté internationale de spectateurs ». Il est vrai
qu’être fan d’un certain artiste ne remplace pas une identité nationale ou culturelle, cependant, être fan
fait partie de l’identité d’un individu quelle que soit sa nationalité ou sa culture.
Il en est de même pour les fans français d’artistes québécois. Dans la communication qui est
en fait interculturelle, les deux partis remplissent d’abord leurs rôles respectifs d’artiste et de public au
sein du monde musical avant d’être Québécois ou Français.
2.1.3. Paroles, paroles, paroles
La musique unit. Elle unifie différentes cultures. Elle véhicule des émotions. Et on peut
partager des émotions à travers la musique. Mais ces émotions ne résident pas uniquement dans la
musique, on les retrouve autant dans les paroles. Dans cette étude de cas, où la langue dans laquelle on
chante est une langue que le public visé comprend, et interprète, les paroles jouent un rôle. Il faut
cependant dire que selon une recherche effectuée par Peter Christenson21, les paroles d’une chanson
appartenant au genre de la musique pop, ne servent dans la plupart des cas que de sons phonologiques
sans véritable signification pour le public. Même si on chante avec la musique, les paroles sont
utilisées plutôt pour pouvoir participer à la chanson, au lieu d’être complètement suivies et
internalisées par ceux qui écoutent.
Pourtant, malgré ces résultats, je crois que les paroles ne sont pas sans importance dans la
totalité de la chanson. Aussi, je crois qu’en examinant la communication interculturelle dans le
domaine de la musique pop, les paroles ne peuvent pas passer inaperçues. Tout comme les éléments
musicaux de la musique pop, les paroles ont souvent cette même universalité22, parce que tout, comme
la musique, l’artiste peut véhiculer des émotions dans les paroles d’une chanson. Deuxièmement, les
paroles parlent très souvent de sujets universels qui sont reconnaissables par chaque être humain, parce
que ces sujets représentent les grandes émotions comme l’amour, la solitude, la joie et la douleur etc.
Quand on écoute une chanson, on cherche souvent dans les paroles des phrases qu’on reconnaît. C’està-dire qu’on ne reconnaît pas uniquement l’émotion de la chanson, mais on cherche à trouver l’histoire
de cette émotion pour la reconnaître, pour la lier à nos propres expériences. De cette façon, une
chanson de quelqu’un d’autre peut raconter nos histoires. En d’autres mots, on peut dire que dans ce
cas, on s’approprie la chanson et on se rapproche de la chanson et par conséquent on se rapproche de
l’artiste qui la chante. On se comprend parce qu’on a vécu la même histoire. Le public interprète les
paroles de sa propre façon, et dans beaucoup de chansons appartenant à la musique pop, cette
possibilité d’interprétation par le public est grande, justement à cause de l’universalité des sujets
21
Peter G. Christenson and Donald F. Roberts, It's Not Only Rock & Roll. Cresskill, New Jersey: Hampton Press,
1998.
22
Ter Bogt, T. Hibbel, B. Wilde jaren, een eeuw jeugdcultuur, Uitgeverij Lemma Utrecht, 2000, pp. 13-25
30
chantés, sous condition que les artistes chantent dans une langue que le public comprenne. Le public
se fait donc une image d’une chanson en l’interprétant selon ses propres idées et expériences et sa
propre culture. J’ose dire que le rapprochement entre artistes et public est donc premièrement
émotionnel, deuxièmement linguistique et troisièmement culturel.
Dans ma recherche parmi les fans français, ce côté linguistique n’est pas problématique dans
le sens où l’universalité des paroles exclut quelque peu les éléments culturels qui séparent les artistes
québécois de leur public français. La plupart des mots utilisés sont des mots plus ou moins abstraits et
d’un usage général. Les chansons ne parlent en général pas directement d’évènements portant des
éléments économiques, politiques, sociaux ou culturels spécifiques pour un pays ou territoire. Par
conséquent la signification des mots ne diffère pas vraiment d’une partie francophone à une autre.
On constate donc, en considérant la musique pop de plus près, une quasi-nonculturalité du
message musical et d’un autre côté une grande possibilité d’interprétation pour le public. Et cette
interprétation est déterminée entre autres par le contexte culturel du public. Quand on examine la
communication entière entre artistes et public, il est important de tenir compte de ces résultats. Le
message initial peut être plus ou moins universel, la réception ne l’est pas du tout.
En outre, si la fonction publique principale d’un artiste est effectivement de chanter et de
transmettre un message musical, l’image que le public français de fait de cet artiste est forcément
influencée par la musique et elle est en même temps sujette à l’interprétation personnelle des fans.
2.2. Fonction publique des artistes québécois
2.2.1. Le star-système
Les fans qui ont rempli mon questionnaire ont indiqué que pour eux, les éléments les plus
importants de leur artiste préféré sont la personnalité, la musique et les paroles. On a donc des raisons
de croire que les fans identifient la personnalité de leur artiste préféré à travers l’idée qu’ils s’en sont
faites en écoutant et en interprétant les chansons de leur propre façon.
Pour les artistes québécois, l’identité de leur fonction publique est donc déterminée, entre
autres, par le genre de musique qu’ils font, la variété dans ce cas. Mais la musique n’est pas la seule
source d’information pour se faire une image.
Puisque la variété est un genre fortement lié aux médias de masse, ces médias aussi ont une
influence considérable. C’est-à-dire que l’artiste est principalement chanteur, cependant, ces
apparences régulières dans les médias français font de lui également une personnalité dans un cadre
plus large. La musique n’en est qu’un élément. Ils ne sont pas uniquement chanteurs, mais ils
participent aussi à des émissions de télévision et de radio. Dans certaines émissions ils sont invités
pour chanter, mais dans d’autres ils sont invités parce qu’ils sont des personnalités connues pour le
public français qui regarde ou écoute ces émissions. Dans ces cas ils sont dans le même cadre
31
artistique que les écrivains, les comédiens, les cinéastes ou les danseurs. En d’autres mots, on pourrait
dire que leur fonction publique médiatique est devenue plus générale, ils sont devenus des
personnalités médiatiques, des vedettes.
La variété est effectivement le genre musical qui est destiné au plus grand nombre, au
mainstream et elle est par excellence le genre qui produit les grandes stars de la chanson. On pourrait
dire que la variété fait partie du starsystème en France. Ce starsystème est défini comme
« l’organisation de la production, de la diffusion et de la promotion basée sur le culte de la
vedette ».23. Quand on examine la communication entre artistes et public on doit tenir compte de cette
fonction de vedette, de star. On doit tenir compte de la communication entre ceux qui admirent et ceux
qui sont admirés. C’est-à-dire que les artistes québécois influencent le public français en tant que stars,
mais que le public et le monde de la variété française, influencent à leur tour cette fonction publique
des artistes québécois. Si les Québécois ont un statut de star, c’est parque les médias et le public leur
ont donné ce status.
Pour les artistes de variété québécois, le statut de vedette de la chanson en France contient des
contraintes dans le cadre de leur identité québécoise. On a parlé de l’universalité du genre, ce qui
implique par conséquent une non-culturalité, un domaine dans lequel la culture de l’artiste n’a pas une
très grande importance. L’identité des artistes québécois, n’est pas en premier lieu nationale, c’est àdire que l’artiste québécois est, tout comme le public dans les grands stades de foot, d’abord une star
avant d’être Québécois.
2.2.2. Dissimulation de l’accent québécois
Les artistes québécois que j’ai examinés n’apparaissent pas uniquement dans les médias
français pour chanter, ils sont aussi invités pour parler de leur travail et d’eux-mêmes. On a vu que le
côté linguistique n’est guère problématique dans la communication musicale entre les Québécois et les
Français à cause de l’universalité des paroles de chansons et à cause du fait que l’accent québécois est
dissimulé un peu parce que le message est chanté. Pourtant, les différences linguistiques sont plus
présentes dans la langue parlée. Quand les artistes québécois sont invités dans une émission française,
leur origine se montre à travers leur façon de parler. Leur accent est l’indication d’une différence pour
le public français. A cause de l’accent, le public peut faire une distinction entre les concepts
identitaires de l’autre et le semblable. Même si on ne parle pas du Québec ou des différences entre les
Français et les Québécois la différence est quand même là, causée par la langue. L’identité québécoise
n’est pas d’abord nationale, elle est linguistique.
Pourtant, cette différence linguistique n’est pas si évidente qu’elle puisse paraître. Dans le
contexte purement français dans lequel figurent les artistes québécois, l’accent est facilement
23
Définition dans le « Petit Robert » 1993
32
dissimulé. C’est-à-dire que les artistes québécois s’adaptent linguistiquement à la France dans le sens
où ils ne peuvent pas utiliser des expressions proprement québécoises, par exemple des expressions
qui viennent du joual, simplement parce que les Français ne les comprendront pas. Ils francisent plus
ou moins leur langage. Ce phénomène ne m’a pas paru très surprenant puisque dans la communication
spécifique de ma recherche, les artistes québécois sont les seuls aspects non-français. Ils font partie
d’un contexte français, d’un public français et des canaux médiatiques français. Il faut noter aussi que
dans le cas des artistes examinés, il ne s’agit pas d’une apparition médiatique éphémère dans les
médias français en tant qu’invités spéciaux étrangers. Les artistes québécois font partie de la gamme
d’artistes faisant partie de la variété française, ils sont ‘adoptés’, disons.
Pourtant, dans ce contexte médiatique français, j’ai constaté que les artistes québécois ne francisent
pas seulement leurs expressions mais aussi effectivement leur accent. 2 des 5 artistes québécois que
j’ai pris comme objets de recherche dissimulent délibérément leur accent québécois lorsqu’ils sont en
France. « Je me sens française à Paris et Québécoise au Québec », a déclaré Isabelle Boulay dans une
interview24. Natasha St-Pier a été critiquée rudement par la presse québécoise après qu’elle s’est
prononcée à propos de la dissimulation de son accent québécois :
« J’ai jamais vraiment eu l’accent québécois, j’avais un accent new-brunswickois que j’ai du perdre au
Québec parce que personne ne comprenait vraiment, ou en tout cas on comprenait mais ce n’était pas joli
dit-on. Et depuis que je suis ici les gens ils ne comprennent pas quand on parle québécois, et sinon des fois
ils nous font des blagues qui sont des fois pas super drôles. Donc je préfère oublier cet accent québécois là
que j’avais appris puis en apprendre un troisième, je me suis dit, tant qu’à apprendre des accents, on va
dire que c’est ma vie. J’apprends un accent au nouveau-brunswick puis au Québec puis en France.
Dépendant d’où je suis j’utilise le bon…25 ».
On pourrait en déduire que certains artistes s’auto-francisent, d’une façon linguistique. En
combinaison avec le genre de musique qu’ils font et la fonction publique de star de variété qu’ils
remplissent, la dissimulation de leur accent ne fait qu’aider la francisation générale des artistes
québécois.
2.3 La médiation des médias français
2.3.1 Vers une assimilation de la différence ?
Ce ne sont pourtant pas uniquement les artistes qui se font plus français, les médias français
contribuent aussi à la francisation des artistes québécois. Le contexte médiatique dans lequel figurent
les artistes québécois est français et quand on invite un artiste québécois dans une émission de
24
25
Le Point, Le Québec donne de la voix, 6 décembre 2002 – No 1577
Idem
33
télévision ou de radio française, cet artiste ne sera qu’un élément de la totalité de l’émission. C’est-àdire que l’artiste québécois figurera dans une émission généralement française. L’émission en question
est produite par des Français, donc le format sera toujours adapté à la France, même si le concept
original de l’émission vient de l’étranger. Le cadre est français, l’animateur de l’émission est français,
et l’élément le plus important, le public visé est français. Il en est de même pour les articles de la
presse, que ce soient des interviews publiées ou des reportages. En d’autres mots, les médias français
font un cadre sémantique dans lequel doivent opérer les artistes québécois et par conséquent le
message qui est reçu par le public est majoritairement français. Les artistes québécois seront ainsi plus
Français qu’ils ne sont en réalité, aux yeux du public français. En outre, le fait qu’ils font partie de la
variété francaise, tout comme les artistes français ce qui fait qu’idéologiquement, ils sont plus français
que de ‘vrais’ Québécois. C’est le principe de « l’autre et le semblable ». Je crois que les artistes
québécois sont devenus des semblables, dans la variété française. Les Québécois, par contre, sont
plutôt des autres, ce sont ceux que les interrogés de mon questionnaire ont désigné entre autres par
« un peuple à part entière » ou « nos cousins d’Amérique ».
Les médias sont importants dans la construction d’une image d’un artiste et ils ne sont pas
uniquement importants ils sont aussi déterminants. Dans le genre de la variété, genre appartenant à la
culture de masse, la diffusion médiatique est de loin la façon la plus importante de transmettre le
message musical. Le genre dépend en quelque sorte de l’attention médiatique pour un certain artiste.
On peut parler d’une médiation des médias.
Dans son livre “Popular music in theory”, Keith Negus introduit la notion de médiation, qu’il
définit comme: « The communicative roll of the means by which the music is transferred to its
audiences, and the influence of these ‘communicative vehicles’ which is far from neutral26. Negus
parle ici des moyens médiatiques par lesquels la musique est transmise au public, mais je crois que si
on changeait la notion de musique par une notion qui couvre la totalité du domaine de la variété,
l’énoncé serait toujours applicable.
2.3.2. Le rôle de la télévision française – les invités québécois
Pour illustrer cette médiation médiatique, j’aimerais donner un exemple d’une émission de
télévision dans lesquelles on peut voir les artistes québécois. Je prendrai comme exemple principal
l’exemple de la télévision parce que la télévision est le média le plus complet dans le sens où on
combine le plus grand nombre d’éléments de la communication de masse, on combine l’aspect
visuel et auditif et en plus ce sont des images mobiles. En outre, la plupart des éléments qui
entrent en ligne de compte, s’appliquent aussi aux autres médias. Je ne parlerai pas des
informations qu’on peut trouver sur Internet pour deux raisons. Premièrement, si le public regarde des
26
Keith Negus, Popular music in theory, an introduction, Polity Press Cambridge, 1996, p. 169
34
extraits de vidéos, des photos ou des articles sur le web, en fait ces activités reviennent à l’usage
d’autres média à la différence qu’on utilise la version numérique. Deuxièmement, l’Internet est une
autre façon de ‘consommer’ la culture de masse parce que la version numérique implique une action
active du public pour avoir accès aux messages. Il faut chercher et trouver sur Internet, il faut savoir
où chercher de façon orientée, tandis que regarder la télévision ou écouter la radio est un acte
beaucoup plus passif. Il faut dire que en ce qui concerne les articles de presse, la chose est plus
compliquée, mais je me limiterai en disant qu’on ne peut trouver dans les tabacs ou les librairies que
des magazines du jour, de la semaine ou du mois en cours. L’offre est réduite, contrairement à la
surabondance d’articles qu’on peut chercher, activement, dans les archives d’hebdomadaires par
exemples ou sur des forums.
En prenant la télévision comme exemple, j’ai choisi une émission autour d’un tour de chant,
dans laquelle les artistes sont à la fois vedettes et chanteurs. Cet exemple sert de montrer effectivement
la médiation de la télévision française, la façon dont la télévision francise les artistes québécois, mais
il sert en même temps à montrer comment ces émissions sont également une sorte de publicité pour le
Québec, une invitation à la découverte pour le public français.
2.3.3. « Soirée spéciale… Céline Dion27 » : délimitation des appartenances et constitution de l’image
culturelle
J’ai regardé au cours de cette année plusieurs émissions de télévision françaises dans
lesquelles figuraient des artistes québécois pour me faire une idée de ces émissions et la façon dont les
Québécois sont présentés ainsi que la façon dont ils se présentent. J’ai fait une interprétation
personnelle des émissions fondée sur ce que j’ai vu, entendu et lu. Ensuite j’ai choisi une de ces
émissions pour faire une analyse. Cette analyse sert d’une mise en contexte des réponses qui m’ont été
données par ceux qui ont rempli mon questionnaire.
Au début du premier chapitre j’ai expliqué pourquoi je n’avais pas choisi Céline Dion pour ma
recherche parmi les fans. J’ai quand même décidé de prendre une émission de télévision comme
exemple dans laquelle figure Céline Dion, parce que dans cette émission elle joue le rôle de la mère
des artistes québécois qui travaillent en France. Elle représente le rôle du pionnier, du premier venu
Dans cette émission elle n’est plus la vedette mondiale, elle est Québécoise comme plusieurs
des autres invités sont Québécois. C’est un grand show télévisé, une rencontre musicale de la
variété française, qui est diffusée aux heures de grande écoute. L’émission en est une parmi d’autres
qui se déroule autour d’un tour de chant. D’autres exemples de ce genre d’émissions à la télévision
française sont : Samedi soir avec…, Les plus belles voix québécoises, Rendez-vous à Montréal, ou
encore la diffusion de l’intégralité du concert des Enfoirés.
27
Diffusée par TF1 en octobre 2002
35
En général, ces émissions en studio sont donc conçues autour du principe d’un tour de chant. Il
y a un grand sofa sur le plateau où sont assis les artistes, comme dans une grande chambre de séjour.
Ils chantent tous leurs nouvelles chansons, il font la publicité pour l’album qu’ils ont sorti récemment
et ils se parlent un peu ‘entre amis’. En fait les émissions se rassemblent tous et seul leurs noms et le
changement d’animatrice et de chaîne font la différence.
Ce qui est important dans le concept est en effet l’aspect d’être entre amis, parce qu’il suggère
qu’il n’y a pas de différence entre les différents artistes. Ils se ressemblent parce qu’ils font tous partie
de la même variété en France. En général, les mêmes artistes, sont invités dans les différentes
émissions et ils se connaissent forcément. Les artistes que j’ai choisis pour mon questionnaire font
partie de cette ‘élite’ de la variété qu’on retrouve à chaque fois à l’écran. C’est donc une image de
familiarité qui est construite dans cette émission. On chante ensemble des chansons du répertoire
connu pour le public français et on rigole ensemble. Dans le chapitre précédent, j’ai parlé du principe
de l’autre et le semblable. Dans ces émissions, l’artiste français ou québécois sont des semblables, ils
sont comme les Français.
Il n’est pourtant pas vrai que l’origine québécoise ne joue pas de rôle. On parle du Québec
pendant ces émissions, car il y a souvent plusieurs invités québécois en une émission française. Dans
l’Emission spéciale…Céline Dion, quatre des neuf invités sont québécois. La présence de plusieurs
chanteurs québécois entraîne une plus grande possibilité de parler avec un accent plus prononcé. Ils se
renforcent. Les invités commencent à rigoler à propos de leur propre accent et essaient d’apprendre
des mots québécois à l’animatrice française. Cette manœuvre n’empêche cependant pas l’atmosphère
d’être entre semblables. La prononciation de l’accent québécois est plutôt utilisée pour rigoler que
pour indiquer une différence linguistique ou culturelle.
Quand les invités sont sur le grand sofa, ils parlent du Québec mais les sujets dépassent
rarement le domaine de la musique. Ainsi, on parle des grands chanteurs et auteurs-compositeurs
québécois qu’on incorpore quelque peu dans le canon de la chanson française. Un auteur-compositeur
comme le Québécois Luc Plamondon est tout d’un coup plutôt semblable, qu’autre, parce qu’il a écrit
la comédie musicale « Notre Dame de Paris », qui a connu un énorme succès en France.
Un autre exemple de la francisation des artistes québécois, tiré de cette même émission, est
l’introduction d’un nouvel artiste québécois sur le plateau français. Dans l’Emission spéciale…Céline
Dion, on introduit la chanteuse québécoise France D’amour, qui rencontre le public français pour la
première fois. Cette introduction est subtilement faite par Garou, chanteur québécois qui est établi en
France depuis son rôle dans la dite comédie musicale « Notre Dame de Paris » en 2001. Il introduit la
nouvelle chanteuse en disant qu’elle est une ‘très bonne amie’, ce qui signifie qu’elle pourra être
admise dans le clan à la fois élitiste et amical des artistes québécois en France. Musicalement on
introduit la chanteuse auprès du public français en la laissant chanter un chœur dans une chanson très
connue d’une autre comédie musicale, Starmania, également écrite par Luc Plamondon. Et après cette
36
double introduction elle peut chanter la chanson « Que des mots » de son propre album « France
D’amour ».
On est en famille avec les chanteurs de variété et c’est aussi cette l’image qui nous est donnée
du Québec dans cette émission. L’image du Québec passe donc par la culture et par la chaleur de la
« famille » québécoise. Cette image musicale et chaleureuse du Québec est importante car elle est la
base de l’interprétation par le public français. Surtout quand les artistes québécois sont souvent les
seuls représentants du Québec qui ont une fonction publique, médiatique. Bien sûr, le genre
d’émission que je viens de décrire n’est pas le seul genre d’émission dans laquelle figurent les artistes
québécois de temps en temps. Pourtant, je crois que ce sont quand même ces émissions qui font
autorité dans la construction d’image des artistes québécois pour le public français. Car, ce sont des
émissions récurrentes, on en a plusieurs qui ont le même format. En plus, ce sont des émissions qui
durent toute une soirée (souvent le samedi soir), soirée où le public français est en masse devant son
poste de télévision.
Les artistes québécois sont donc francisés de plusieurs façons. Ils sont plus français aux yeux
du public français à cause des caractéristiques du genre de musique. L’universalité du genre lui-même
et la grande possibilité d’interprétation pour le public aident le processus de francisation. Au niveau
linguistique, certains artistes s’autofrancisent, en dissimulant leur accent québécois quand ils font des
apparitions dans les médias français et finalement, le contexte, les formats et la production des
émissions de télévision ou de radio sont faites à la française. Par conséquent, l’artiste québécois qui
participe à l’émission est inévitablement plus français qu’il ne l’est en vérité.
Pourtant au sein de cette francisation, l’artiste québécois est devenu un semblable, il n’est plus
étranger. Cet aspect de la familiarité peut être retrouvé dans certaines émissions de télévision et dans la
construction d’image du public. On a donc une construction enchâssée de médiation qui permet la
reconnaissance. Ce phénomène peut entraîner une conséquence positive dans le sens où les Français
peuvent lentement se rapprocher psychiquement du Québec. Dans le chapitre suivant je parlerai du pas
que le public français pourrait faire à l’incitation des artistes québécois pour découvrir le Québec.
37
38
III
LA MÉDIATION MUSICALE DES CULTURES
3.1 La transmission du message
Dans les deux chapitres précédents, j’ai essayé de donner une idée du phénomène des artistes
québécois en France. J’ai mis l’accent sur la réception des messages communicatifs que le public
reçoit à propos de leurs artistes préférés. Ce sont des messages musicaux et médiatiques. Dans la
recherche que j’ai effectuée parmi les fans, j’ai pu recevoir les idées que les fans ont de leur artiste. Ce
sont des idées fondées sur cette communication qui les précède. C’est l’interprétation à la fin de la
chaîne communicative, c’est le message dans sa totalité. Le message dans lequel tous les éléments sont
rassemblés. Les fans se font une idée de leur artiste à travers les éléments de la nature et de la culture
de l’artiste qu’ils ont pu lire ou voir. Ensuite, la musique de l’artiste en question apporte des éléments
nouveaux et finalement l’image est encore influencée par les différents médias français. La
communication entre artistes et public est une communication interculturelle dans le fond, mais en
réalité elle est donc adaptée au marché français.
En se référant au modèle de Jakobson28 permettant de décrire le processus de communication
en situation, on pourrait dire d’abord que le contexte du message est effectivement le cadre français du
domaine de la variété. Le contexte est la référence de la communication, car les éléments au sein d’elle
appartiennent tous à ce contexte. Puis, le message qui est transmis peut avoir plusieurs fonctions, dont
la plus importante est le message chanté. Cependant, le message émis peut également être purement
visuel ou parlé, car l’artiste québécois n’est pas uniquement chanteur, il est également une star, dans la
variété française. Ensuite, dans cette communication le destinateur est l’artiste québécois et le
destinataire est le public français. C’est donc une communication spécifique au sein de laquelle se
déterminent les positions et les identités de l’un et de l’autre. Le destinateur est artiste parce que le
destinataire est le public et vice versa. Puis, le message passe par un canal, avant d’être reçu par le
public. Ce canal, est, dans mon cas, majoritairement un canal médiatique. C’est-à-dire que le message
passe par la télévision, la radio, l’Internet ou la presse écrite. A cause de ces canaux, la nature de la
communication est généralement indirecte. Finalement, dans le message et dans le parcours de la
communication on retrouve des codes. Ce sont des éléments enfermés, qui sont à déchiffrer par le
destinataire, le public français.
Puisque la communication entre les artistes québécois et le public français est une
communication de masse, qui passe nécessairement par un canal médiatique français, l’artiste
québécois ne peut pas intervenir dans cette communication pour éviter un certain degré de francisation
de son message. En plus, le public ne repérera du message que les éléments qu’il comprend. Si, même
28
Jakobson, R., Linguistics and poetics, In Sebeok, T.A., ed, Style in language.
Cambridge: MIT Press, 1960
39
après la francisation il reste des éléments spécifiquement québécois, que ce soient des éléments
culturels ou linguistiques, le public français les interprétera selon son propre cadre. Il y a donc une
double francisation du message.
Pour que le public français comprenne et repère les éléments québécois encodés dans le
message et émis par l’artiste ou pour qu’il apprenne à les déchiffrer, il lui faut une compétence et une
volonté à en savoir plus sur le Québec et les Québécois. Cette compétence est une chose compliquée,
car pour pouvoir repérer des éléments québécois il faut savoir ce qui est québécois et ce qui n’est pas
québécois, mais si le message est francisé, comment est-ce que le public peut découvrir les éléments
purement québécois ?
De ma recherche ressort que 84% des interrogés sont incités par leur artiste préféré à en savoir
plus sur le Québec, pourtant seulement 16,5% ont effectivement visité le Québec. Il y a donc un
décalage entre une volonté exprimée et une action. C’est en fait le même principe qu’être fan, sans
aller voir l’artiste en concert. Est-ce que le public est alors une audience active ou passive ? Les
interrogés se disent motivés, activés, cependant ils n’ont pas encore collectivement fait le pas de
traverser l’océan. Ils sont encore de l’Atlantique, comme le dit dans sa chanson Pascal Obispo, entre
l’Europe et l’Amérique29. En outre, il faut dire aussi que le fait qu’il y a aujourd’hui des artistes
québécois en France ne veut évidemment pas dire que les gens qui aiment bien leur musique doivent
se laisser inspirer par leur pays d’origine et il faut se rendre compte aussi qu’être fan implique
forcément un voyage au Québec. Car, dans la même recherche de Christenson30, l’auteur dit que la
musique pop, a très souvent juste une fonction de divertissement. C’est un passe-temps, quelque chose
qu’on écoute, mais pas attentivement. Le public peut utiliser la musique pour se détendre après une
longue journée de travail, pour pouvoir penser à autre chose que les tracas quotidiens. Ecouter de la
musique est un mode de détente. Christenson a raison de se poser la question : Isn’t music just fun ?
On peut cependant supposer que le mode d’écoute des fans est d’un niveau plus élevé, plus
attentif et plus intéressé. Quant à l’incitation d’aller au Québec, peut-être que la plupart des fans
français préfèrent rêver de ce pays mystique et lointain d’où vient leur idole, au lieu de vraiment y
aller et le découvrir.
« Embrasser d’un seul coup, l’Europa et l’Amérique », extrait de la chanson « Je suis de l’Atlantique » de
Pascal Obispo. Album « Fan » 2004
30
Peter G. Christenson and Donald F. Roberts, It's Not Only Rock & Roll. Cresskill, New Jersey: Hampton Press,
1998.
29
40
3.2. Vers une véritable communication interculturelle – le modèle de l’acculturation par
Usunier31
J’ai examiné dans ce mémoire la communication dite interculturelle entre les artistes
québécois et le public français. Pourtant, on a constaté qu’en réalité cette communication n’est pas
tellement interculturelle à cause de la médiation des médias français, qui font du message ‘québécois’
un message francisé. En outre, la négation de la différence et l’intégration dans le même est rendue
possible par une certaine communauté de langue et par l’effacement des différences d’accent. Cela
n’empêche que le public français s’est fait une image de ce que sont les artistes québécois. Les médias
français en ont fait des semblables, alors qu’en réalité, les interrogés indiquent le peuple québécois
comme des autres. Si les artistes québécois représentent leur pays, l’image du Québec est également
plus française aux yeux des Français qu’il ne l’est en réalité. Je ne crois pourtant pas que cette
francisation soit grave, au contraire : la musique a rapproché artistes québécois et public français pour
inciter les deux parties à se découvrir mutuellement. La variété a donné le coup d’envoi. Je crois qu’on
pourra comparer ce processus décrit ci-dessus au modèle introduit dans les cours de communication
interculturelle. C’est le modèle du choc culturel conçu par Jean-Claude Usunier.
Ce modèle prend la forme de la lettre U qui signifie un processus d’acculturation dans une
nouvelle culture et les obstacles qu’on rencontre. C’est le processus temporel de l’acculturation d’un
expatrié. Le processus commence en haut à gauche, quand on part à la découverte d’une autre culture.
L’évolution qui est montrée est en fait l’évolution de l’état d’esprit vis-à-vis de cette autre culture.
L’état d’esprit positif en haut, le négatif en bas. Le trait descendant vers le bas illustre le véritable choc
culturel qu’on subit. On remarque les différences avec sa propre culture et on découvre des éléments
dans l’autre qui nous paraissent bizarres. Ensuite, les courbes en bas indiquent une période de
réflexion quand on a remarqué qu’il y a aussi des éléments de cette nouvelle culture qu’on n’aime pas
ou qu’on a du mal à comprendre ou à intégrer dans le système cognitif culturel déjà existant. La
courbe remonte vers le haut, ce qui indique une intégration dans la nouvelle culture qui s’accorde avec
sa propre culture.
31
Jean-Claude Usunier, Oral pleasure and expatriate Satisfaction : an empirical approach, International
Business Review, 7, pp. 89-110
41
En réfléchissant, j’ai cru remarquer une évolution pareille dans le phénomène que j’ai
examiné. Pour rédiger ce modèle adapté, j’ai utilisé les résultats de ma recherche, ainsi que mes
expériences personnelles dans le monde de la variété. Il doit être lu depuis le côté de la réception. Je
crois qu’on pourrait capter ainsi l’évolution de l’image du public français vis-à-vis les artistes
québécois qui viennent dans leur pays. Tout comme dans le modèle de la communication, dans ce
modèle il faut tenir compte de l’influence des médias français et de la passivité du public qui copie
l’image que produisent les médias. Pourtant il faut ajouter ici que cette passivité n’est pourtant pas
uniquement due à une passivité du public mais plutôt à une ignorance du public. Comment peut-on
avoir l’esprit critique quand on ne sait pas quoi critiquer ? J’entends dire par cela que la majorité des
interrogés n’ont pas visité le Québec et que l’image qu’ils se font de la Nouvelle France vient surtout
des médias français. Et en plus cette image est surtout culturelle comme on l’a vu on début de ce
mémoire. C’est-à-dire que les artistes québécois jouent un rôle de représentant, de carte de visite de
leur pays. Ce modèle reflète donc le processus de la construction d’image. C’est l’intégration des
artistes québécois en France et la représentation de leur identité québécoise aux yeux du public.
42
Le premier stade de l’évolution est l’arrivée des artistes en France et leur introduction auprès
du public français. De nos jours, l’arrivée d’un nouvel artiste québécois en France n’est plus vraiment
nouveau, comparée aux années de Félix Leclerc par exemple qui était le premier artiste québécois à
traverser l’océan aux années 1950 pour se produire à Paris. Aujourd’hui le public français a déjà une
image des artistes québécois ; ils sont réputés pour leurs voix exceptionnelles. Dans mon
questionnaire, plusieurs interrogés remarquent explicitement que la voix de leur artiste préféré est la
raison principale pour eux d’être devenu fan de cette artiste. Un autre élément souvent mentionné
explicitement par les interrogés est l’authenticité et la sincérité des artistes québécois, qui les distingue
des artistes français.
Les Québécois ont donc une certaine réputation. Dans le premier stade du modèle, je crois que
l’identité québécoise est un atout, elle est une dimension supplémentaire, elle est intéressante et en
plus elle est comme une sorte de garantie de qualité et de succès. Les artistes québécois sont acceptés
dans l’élite de la chanson française, ils y participent au même niveau que les artistes français et avec
les mêmes mérites.
Pourtant, à fur et à mesure que les artistes québécois sont intégrés dans la variété française, ils
deviennent de plus en plus français. Dans le deuxième stade, on note une occultation de leur
québécitude, surtout causée par les médias français. Ils deviennent des semblables au lieu d’être des
autres, comparés à leurs collègues français. Par conséquent, ils sont généralement vus comme des
semblables aux yeux du public français. Ils sont des artistes de variété et leur origine est mise en
arrière plan. Leur fonction publique principale est de chanter et de remplir leur rôle de star, dans le
starsystème français. Cette occultation fonctionne à la fois du côté de la production par la médiation
43
des médias français, que du côté de la réception dans le sens où les artistes doivent tenir compte de
leur public français, pour que ce public les comprenne. En le faisant ils s’autofrancisent.
Le troisième stade est le stade où l’artiste créé, avec le temps, son propre public français, ses
propres fans. Si dans le deuxième stade, l’origine québécoise est dissimulée, dans le troisième stade on
constate une réintégration, grâce aux fans. Ce public apprend à apprécier l’artiste tel qu’il est, son côté
culture, ainsi que son côté nature, ce qui implique son identité et son origine québécoises. Puis, la
musique de l’artiste peut aider le public à s’identifier personnellement à lui. En d’autres mots, les
artistes québécois et le public français s’approchent l’un de l’autre, tout en sachant qu’il y aura
toujours cette différence culturelle. On constate une médiation musicale. C’est-à-dire que la musique
peut surmonter des obstacles linguistiques et culturels à cause de son universalité.
Quand on considère le phénomène dans son intégralité et dans le cadre de la communication
interculturelle, j’ose dire que ce processus communicatif aide à adoucir le choc culturel pour le public
français. Ils ont fait la connaissance d’un québécois et ils se sont faits une idée de ce que c’est le
Québec à travers leur artiste préféré. L’image qu’ils ont de leur artiste préféré est positive, puisqu’ils
sont fans, au moins, en ce qui concerne les interrogés de mon questionnaire. Par conséquent, le cadre
sémantique et idéologique autour de cet artiste est également positif, ce qui donne pour résultat que les
interrogés de mon questionnaire se disent incités par l’artiste à en savoir plus sur le Québec. Reste à
savoir si les fans feront le pas de traverser l’océan, ou bien s’ils restent plutôt en France. En d’autres
mots, est-ce qu’ils préféreront réaliser un rêve ou le rêver.
3.3. Vers une véritable communication interculturelle – quand « les maudits Français »
viennent au Québec.
La plupart des interrogés n’ont pas été au Québec. L’image qu’ils ont du Québec et des
Québécois est une image quelque peu francisée. L’image qu’ils ont est cependant généralement
positive. Quand ils iront au Québec pour découvrir la terre d’origine de leur artiste préféré, ils seront
confrontés à la réalité québécoise telle qu’on la vit au Québec. Tout d’un coup, l’image du Québec ne
passe plus uniquement par la culture, pour reprendre la citation de Louise Beaudoin que j’ai utilisé
dans l’introduction de ce mémoire. L’image se complète. C’est à ce moment que la communication
n’est plus indirecte et médiatisée et c’est à ce moment également que la véritable communication
interculturelle prend place.
En France l’aspect qui distingue les artistes québécois des artistes français est leur accent, leur
façon de parler, puisque dans le contexte de la variété française il n’y a pas de place pour la culture
québécoise. Les québécois ne peuvent pas montrer à plein leur culture et leur origine, car la culture
n’est pas là. Ils sont en France, loin du Québec et le seul aspect qu’il retrouve de la culture québécoise
est dans la langue.
44
Pour les fans des artistes québécois la langue est donc le pilier le plus important pour la
classification culturelle d’une personne. Cette langue porte des signes culturels, des références à un
mode de vie particulier ou une situation géographique. Pourtant, même si l’accent québécois indique
leur origine, cette langue parlée par les artistes quand ils sont en France n’est pas non plus la langue
parlée dans les rues du Québec.
3.3.1. La langue française commune – le meilleur ennemi dans la communication interculturelle
La langue n’est qu’un exemple d’une différence entre deux territoires francophones, mais elle
en est une qui donne une impression de problèmes éventuels dans la communication lorsque
Québécois et Français se rencontrent. Car, pour entrer dans le cliché, une langue est bien naturellement
le véhicule d’une culture, et on retrouve des éléments culturellement déterminés dans une langue. Il est
donc trop facile de dire qu’au Québec on parle français avec un accent. Et c’est peut-être justement à
cause du fait que les deux pays sont dits ‘francophones’ que les malentendus apparaissent facilement.
Les fans français d’artistes québécois ont beau croire que Français et Québécois pourront se
comprendre sans soucis, ce n’est pas toujours le cas.
Il ne faut pas oublier que les Québécois vivent dans un autre continent et que le fait qu’ils
parlent français peut être trompeur. Dans mon questionnaire, à peu près un tiers des interrogés a
indiqué que pour eux les Québécois sont des « Français qui habitent en Amérique du Nord ». Dans
cette réponse on pourrait, effectivement, voir une occultation des différences culturelles à cause de la
langue commune.
On peut dire que mon cas d’études est un cas francophone, mais on est loin de dire qu’on parle
d’un cas français. Les Français savent et reconnaissent en général l’accent québécois, mais ne
connaissent pas le vrai québécois. Il est logique de constater que les Québécois ont un vocabulaire qui
diffère du vocabulaire français. Et le vrai québécois parlé et populaire, le joual, est difficile à
comprendre par maints français.
Pour donner quelques exemples : dans le vocabulaire des québécois on peut retrouver
plusieurs mots et termes qui viennent encore de l’ancien français et qui ne sont plus utilisés en France
depuis des siècles32. Un exemple est le mot, breuvage, Le mot « breuvage » est utilisé pour
« boisson ». C’est un mot du vieux français duquel le mot anglais beverage est dérivé. « Breuvage »
peut être utilisé en français d'Europe, mais il a généralement une nuance parfois péjorative ou
précieuse.
Il y a bien sûr aussi beaucoup de mots qu’on utilise au Québec qui viennent de l’Anglais et
qu’on a ‘francisés’. Un exemple très illustratif est l’expression québécoise « une couple de semaines »,
qui est traduite, littéralement de l’Anglais mais dont le changement de masculin au féminin fait que
32
http://fr.wikipedia.org. Lexique du français québécois.
Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise, éd. TYPO, Montréal, 1997
45
l’expression devient plus ‘francophone’. On a aussi plusieurs mots qui signifient le contraire en
français et en québécois. Au Québec le mot ‘épouvantable’ a une connotation positive dans le sens où
il signifie aussi ‘extraordinaire’. Et le mot ‘versatile’ a connu le même changement de sens. En France
versatile veut dire qu’on est ‘lunatique’, qu’on change facilement d’opinion ou d’humeur, au Québec,
versatile veut dire polyvalent.
Ce sont quelques exemples qui montrent des faux amis linguistiques dans la langue française
et québécoise. Ainsi dans la culture des deux pays il y a, évidemment, aussi des différences. Pour en
illustrer quelques-uns unes, j’ai trouvé une chanson de la chanteuse québécoise Lynda Lemay, qui a
comme titre « Les maudits français ». J’ai mis les paroles de cette chanson sur la page suivante :
46
LES MAUDITS FRANÇAIS – LYNDA LEMAY
Y parlent avec des mots précis
Puis y prononcent toutes leurs syllabes
À tout bout d'champ, y s'donnent des bis
Y passent leurs grandes journées à table
Un bout d'paupière, un bout d'gencive
Un bout d'oreille, un bout d'museau
Pour les papilles gustatives
De Québécois c’est un peu trop
Y ont des menus qu'on comprend pas
Y boivent du vin comme si c'était d'l'eau
Y mangent du pain pis du foie gras
En trouvant l'moyen d'pas être gros
Puis, y nous prennent pour un martien
Quand on commande un verre de lait
Ou quand on demande ; La salle de bain
Est à quelle place s’il vous plaît ?
Y font des manifs au quart d'heure
À tous les mautadits coins d'rue
Tous les taxis ont des chauffeurs
Qui roulent en fous, qui collent au cul
Et quand ils arrivent chez nous
Y s'prennent une tuque et un Kanuk
Se mettent à chercher des igloos
Finissent dans une cabane à sucre
Et quand y parlent de venir chez nous
C'est pour l'hiver ou les Indiens
Les longues promenades en ski-doo
Ou encore en traîneau à chiens
Y tombent en amour sur le coup
Avec nos forêts et nos lacs
Et y s'mettent à parler comme nous
Apprennent à dire : Tabarnak
Ils ont des tasses minuscules
Et des immenses cendriers
Y font du vrai café d'adulte
Ils avalent ça en deux gorgées
Et bien saoulés au caribou
À la Molson et au gros gin
Y s'extasient sur nos ragoûts
D'pattes de cochon et nos plats d'binnes
On trouve leurs gros bergers allemands
Et leurs petits caniches chéris
Sur les planchers des restaurants
Des épiceries, des pharmacies
Vu qu'on n'a pas d'fromages qui puent
Y s'accommodent d'un vieux cheddar
Et y se plaignent pas trop non plus
De notre petit café bâtard
Y disent qu'y dînent quand y soupent
Et y est deux heures quand y déjeunent
Au petit matin, ça sent l'yaourt
Y connaissent pas les œufs-bacon
Quand leur séjour tire à sa fin
Ils ont compris qu'ils ont plus l'droit
De nous appeler les Canadiens
Alors que l'on est Québécois
En fin d'soirée, c'est plus chocroute
Magret d'canard ou escargots
Tout s'déroule bien jusqu'à c'qu'on goûte
À leur putain de tête de veau
Y disent au revoir, les yeux tout trempes
L'sirop d'érable plein les bagages
On réalise qu'on leur ressemble
On leur souhaite bon voyage
On est rendu qu'on donne des becs
Comme si on l'avait toujours fait
Y a comme un trou dans le Québec
Quand partent les maudits français
Extrait de l’album Du coq à l’âme, 2000
47
4. Conclusion
J’ai examiné dans ce mémoire la médiation musicale des cultures et, au sein d’elle, l’influence
des chanteurs québécois sur le public français. Les résultats de l’enquête que j’ai rédigée et que j’ai
mis sur des sites web d’artistes québécois ont servi de base. En général, les fans que j’ai interrogés ont
une image positive de leur artiste préféré ainsi que de son origine. Cette réponse est logique parce que
j’ai fait ma recherche dans un cadre communicatif de stars et fans, dans un cadre où la réception est
souvent influencée par une admiration pour l’artiste en question.
Ainsi, les interrogés avaient des difficultés à définir les Québécois, c’est-à-dire que leurs
réponses étaient loin d’être unanimes. Cependant, même auprès les Québécois l’identité québécoise
n’est pas très claire. Quant à l’accent québécois, selon les interrogés, les artistes québécois devraient
garder leur accent québécois parce que c’est leur accent qui fait leur différence, pourtant, on a vu que
cet accent est souvent plus français qu’au Québec. Ensuite, les interrogés se disent en effet incités par
leur artiste préféré à en savoir plus sur le Québec, mais ce n’est qu’une minorité des fans qui a
effectivement visité le Québec. On peut donc dire que dans ce sens les résultats de ma recherche à
propos de la québécitude sont ambigus parce que le message est ambigu. Il serait alors intéressant
d’examiner cette communication plus amplement, entre autre d’une façon plutôt qualitative.
Le message est ambigu, ce qui veut dire qu’il faut tenir compte aussi de la nature spécifique de
la communication, car il s’agit d’une communication de masse, une communication qui passe
majoritairement par les médias français. Cette intervention médiatique entraîne une francisation du
message qui est reçu par le public et par conséquent une francisation des artistes québécois. Les
médias donnent donc une image déformée et trompeuse de la communication entre Français et
Québécois, ils effacent en quelque sorte les différences. La communication interculturelle semble alors
sans problèmes.
En Hexagone, ces artistes remplissent leur rôle de star dans la variété française et aux yeux de
maint Français, le rôle de représentants du Québec. Ils remplissent ce dernier rôle pourtant à la
française, ce qui fait naître l’idée du Québécois semblable. Pourtant, on doit constater que les artistes
québécois qui sont en France ne pourront jamais effacer les obstacles, les incidents critiques, dans la
communication entre Québécois et Français. Car, l’image du Québec à l’étranger passe avant tout par
la culture, mais la réalité québécoise n’est pas uniquement culturelle.
Cependant, penser que les Québécois ressemblent aux Français peut entraîner des stéréotypes
positifs. C’est-à-dire qu’on croit se comprendre mutuellement et c’est-à-dire aussi que les différences
qui nous séparent sont surmontables. Penser qu’on se ressemble entraîne alors une ouverture vers
l’autre, l’autre Québécois en ce cas. En utilisant le modèle du choc culturel d’Usunier, j’ai essayé de
montrer le processus du phénomène des artistes québécois en France ; leur arrivée en France,
48
l’occultation de l’identité québécoise, leur acculturation et finalement la réintégration de cette
dimension culturelle.
Je crois que la médiation musicale des cultures peut effectivement adoucir le choc culturel et
aider à l’acculturation des Français lorsqu’ils viennent au Québec, car si la musique de variété peut
engendrer un rapprochement entre artistes québécois et fans français à cause de son universalité, elle
pourrait être également le début d’un rapprochement entre Québécois et Français.
J’ai essayé de montrer et de prouver ce rapprochement en écrivant ce mémoire. Il était
cependant hors du domaine de cette étude de cas d’interroger les fans français qui ont effectivement
visité le Québec à l’incitation de leur artiste québécois préféré ; ce sera un bon sujet pour un prochain
mémoire. Enfin, je tiens à dire que je n’ai mené qu’une enquête auprès des fans français d’artistes
québécois. Par conséquent, les résultats ne pourront être généralisés pour servir dans d’autres, car je
n’ai pas fait une autre recherche dans un autre contexte pour les vérifier. En outre, j’ai utilisé mes
propres expériences dans le monde de la variété française, au lieu de faire une étude théorique et
académique. Mon mémoire connaît alors un certain degré de subjectivité. C’est-à-dire que j’ai
interprété les résultats de ma recherche d’une façon personnelle et que j’ai écrit ce mémoire depuis
mon propre cadre de pensée. Pourtant, j’espère avoir donné une interprétation qui vaut la peine d’être
lue et qui incite à réfléchir sur la force de la musique dans la communication interculturelle.
49
TABLE DES MATIÈRES
Introduction..................................................................................................................... page 3
1. La réception des artistes québécois en France ; une enquête..........................page 5
A
1.1. Le cadre de la recherche
- Les artistes et les fans – les critères d’entrée
- Le forum électronique – lieu de rencontre fréquenté
1.2. Le questionnaire
B
1.3. Les objectifs
1.4. Identifier le public
1.5. Les fans, audience passive ou active ?
1.6. L’artiste québécois vu par le public français
1.7. Langue française apparemment sans importance…
1.8. Identifier la québécitude
2. La francisation des artistes de variété québécois..................................................page 27
2.1. La médiation musicale
2.2. Fonction publique des artistes québécois
2.3. La médias français assimilateurs ?
3. La médiation musicale des cultures...........................................................................page 39
3.1. La transmission du message
3.2. Vers une véritable communication interculturelle – le modèle de l’acculturation par
Usunier
3.3. Vers une véritable communication interculturelle – quand « les maudits
Français » viennent au Québec
4. Conclusion………………………………………………………………………………..page 48
5. Bibliographie……………………………………………………………………………...page 51
50
5. Bibliographie
-
Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, éd. TYPO, Montréal, 1997
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Ter Bogt, Tom. Hibbel, B. Adorno en andere cultuurcritici over moderne cultuur, in Wilde
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Bourdieu Pierre, Le Sens pratique, Minuit, 1980
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Christenson, Peter G. and Donald F. Roberts, It's Not Only Rock & Roll. Cresskill, New
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Demer, Frédéric, Céline Dion et l’identité québécoise, VLB éditeurs, Montréal, 1999
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Geertz, C. The interpretation of cultures: selected essays, New York 1973
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Beaudoin à la Presse” La Presse, 6 septembre 1995, p E1.
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Lion, Valéry, Les irréductibles Québécois, éd. des Syrtes, Paris, 2004
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Myers, David G., Hope College Michigan, Steven J. Spencer, Social Psychology, Second
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Negus, Keith, Popular music in theory, an introduction, Polity Press Cambridge, 1996
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Le Point, Le Québec donne de la voix, 6 décembre 2002 – No 1577
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Usunier, Jean-Claude, Oral pleasure and expatriate Satisfaction : an empirical
approach, International Business Review, 7, pp. 89-110
-
De Vocht, Alphons, Basishandboek SPSS 12 voor Windows, Bijleveld Press, Utrecht 2004
51
ANNEXE I
INTRODUCTION
Bonjour à tous
Je m'appelle Marieke Steijvers, je suis une étudiante en dernière année de mes études
françaises
à l'université d'Utrecht aux Pays-Bas. Pour mon mémoire, j'ai décidé de prendre comme sujet
le monde
de la variété française. Moi, en tant que fan de beaucoup d'artistes francophones, j'ai voulu
aller à
la rencontre de vous, pour vous prendre comme objets de recherche...eh oui!! Je suis curieuse
de
savoir ce que vous pensez de votre artiste préféré et de la variété française en général. C'est
pour
cette raison que j'ai rédigé ce questionnaire.
Vous trouverez des questions de tout genre, reparties sur quatre parties. Remplissez ce
questionnaire
individuellement, donc sans en discuter d'avance et envoyez-moi vos réponses.
Dès que le travail d'analyse sera fini, je mettrai les résultats en ligne et vous saurez à quoi
auront mené
vos réponses. Si vous avez des questions ou des remarques, n'hésitez pas à me contacter.
J'espère que
vous remplissez ce questionnaire avec plaisir et que vous serez nombreux à m'envoyer vos
réactions.
Merci de votre collaboration!!
Marieke Steijvers
Université d'Utrecht
Pays-Bas
Cliquez ici pour aller au questionnaire
52
QUESTIONNAIRE
I Première partie – Questions générales
Tout le long du questionnaire, j'utiliserai la notion de 'québécois' pour désigner tous les artistes qui
viennent du Canada francophone. J'ai choisi la notion de 'québécois' comme notion générale afin de
faciliter la lecture des questions et des réponses.
1) Quel est votre âge?
Entre 0-17 ans
Entre 18-30 ans
Entre 31-65 ans
65 ans ou plus
2) Etes-vous… ?
Homme
Femme
3) Quelle est votre profession ?
Etudiant(e)
Salarié(e)
Chômeur
Cadre
Autre, à savoir:
4) Quelle est votre nationalité ?
Française
Canadienne
Belge
Suisse
Autre, à savoir:
5) De quel artiste êtes-vous fan? Si vous êtes fan de plusieurs artistes, notez tous les artistes dont vous
êtes fan.
II Deuxième partie - L'artiste
6) Depuis combien de temps êtes-vous fan de cet(te) artiste ?
Moins de six mois
53
Entre six mois et deux ans
Entre deux et cinq ans
Cinq ans ou plus
7) Combien de fois par semaine environ fréquentez-vous ce site web ?
Une à plusieurs fois par jour
Entre 4 et 7 fois par semaine
Entre 2 et 4 fois par semaine
Une fois par semaine
Moins d'une fois par semaine
8) Combien de fois êtes-vous allé voir l'artiste en concert ?
Jamais
Entre 1 et 4 fois
Entre 4 et 7 fois
Plus de 7 fois
9) Combien de fois vous avez rencontré l'artiste ?
Jamais
Une fois
Entre 2 et 5 fois
Plus de 5 fois
10) Quels sont selon vous les caractéristiques les plus importantes chez votre artiste préféré ? Trois
réponses maximum.
Sa musique
Ses paroles
Son physique
Sa personnalité
Ses concerts
La langue (française) dans laquelle il chante
Son pays d'origine
54
Autre, à savoir:
11) Vous connaissez la personnalité de votre artiste préféré surtout par...?
Vrai
Pas
vrai
Des passages de l'artiste à la télé.
Des interviews de l'artiste dans la presse écrite.
Le site web officiel de l'artiste.
D'autres sites Internet dédiés à l'artiste.
Des forums dédiés à l'artiste.
Des concerts que vous allez voir.
Des rencontres avec l'artiste.
Des disques de l'artiste.
Des discussions avec d'autres fans, concernant l'artiste.
III Troisième partie - Les Québécois en France
Il y a aujourd'hui beaucoup d'artistes de variété québécois qui viennent en France pour y faire carrière.
Par "artistes de variété québécois", j'entends des artistes qui viennent du Canada francophone.
Les questions suivantes porteront sur ce phénomène.
12) Les Québécois sont pour vous plutôt...?
Des Français qui habitent en Amérique du Nord
Des Nord-Américains qui parlent français
Je ne sais pas
Autre, à savoir:
13) Est-ce que vous aimez les artistes québécois en général ?
Oui, je les adore
Oui, je les aime bien
Il y en a que j'aime, d'autres que je n'aime pas
Non
14) Est-ce que vous avez toujours su que votre artiste préféré était Québécois?
55
Oui, j'ai toujours su que mon artiste préféré était Québécois(e)
Non, je supposais que l'artiste était d'origine française parce qu'il/elle chante en français
Je ne sais plus
15) Qu'est-ce que vous pensez de l'accent québécois ?
L'accent québécois est moche
L'accent québécois est drôle
L'accent québécois est difficile à comprendre
L'accent québécois est mignon
16) Beaucoup d'artistes québécois cachent leur accent lorsqu'ils sont en France. Que pensez-vous de ce
fait ?
Je n'ai pas vraiment remarqué qu'ils câchent leur accent
C'est bien, de ce fait nous pouvons mieux nous comprendre
C'est dommage, leur accent fait leur différence
Je ne sais pas
17) Comparés aux artistes français, les artistes québécois sont...?
plutôt pareils
plus interéssants parce qu'ils viennent de loin
tout de même différents
Je ne sais pas
Beaucoup
Peu
18) Dans quelle mesure les artistes québécois vous ont
incité à en savoir plus sur le Québec ?
19) Avez-vous visité le Québec ?
Oui
Non
20) Si oui, quelle en était la raison principale de votre voyage ?
Vacances
Concert
56
Etudes
Travail
Je n'ai pas visité le Québec
Autre, à savoir:
21) Si non, est-ce que vous aimeriez visiter le Québec ?
Oui, j'y vais encore cette année
Oui, mais je n'ai pas (encore) les moyens
Pourquoi pas
Non
Je ne sais pas
J'ai déjà été au Québec
IV Quatrième partie - Questions ou remarques
Vous êtes arrivé à la fin de ce questionnaire.
Si vous avez des questions ou des remarques, je vous invite à les mettre ici
Après avoir cliqué sur le bouton 'envoyer', mettez le numéro indiqué dans le cadre, pourque je puisse
recevoir vos réponses.
MERCI BEAUCOUP !!
57
ANNEXE II
A. Ce que les fans français disent des québécois...
1) Des personnalités à part entières... Ils sont québécois...
Visite: Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
2) Des Québécois aimant la France …
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
3) Comme des québécois. ni français ni nord-américain. Ils ont leur propre culture.
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
4) Un peuple indépendant à part entière
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Pas vraiment
5) Que les Québécois restes ce qu’ils sont des personnes entières et riches de leur pays même si la
plupart sont connu grâce aux Français !!!! Dommage que le Québécois oublient que c’est très souvent
nous qui les avons fait connaître grâce à notre amour pour leur pays et langage ou accent !!!!
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui beaucoup
6) Cette personne indique d’abord que pour elle les Québécois sont des ‘Français qui habitent en
Amérique du Nord’ ensuite elle dit : Les habitants du Québec
Visite : Elle y va encore cette année
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
7) Des français d’origine qui sont actuellement nord américains
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Non
8) Des francophones qui défendent leur langue, mieux que les Français
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Pas du tout
9) Les habitants du Québec, ex-colonie française et province du Canada
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
10) C’est un peu plus compliqué que ça, je pense qu’on ne peux pas réduire le problème comme ça .
les québécois cherchent avant tout à se démarquer
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui beaucoup
11) Des francophones du canada
Visite :Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
58
12) Un mélange des deux
Visite : Oui, études
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
13) Des Américains qui ne se prennent pas la grosse tête et qui savent rester chaleureux et
sympathiques . ce n’est pas le fait que ce soit des ARTISTES QUEBECOIS qui les différencie mais
seulement le fait qu’ils soient QUEBECOIS....Les gens de là-bas savent être sincères et chaleureux
sans tricher!
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, vacances
14) Des gens très accueillants qui en plus parlent notre langue
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
(15) Peut être un mélange des deux premières réponses...
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Pas vraiment
(16) Un peuple à part entière, riche …
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui beaucoup
(17) Des francophones d’Amérique du Nord, culturellement loin de la culture américaine et proche de
la française! …
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(18) Des gens qui ont leur propre culture, indépendance, style de vie (ils ne sont donc pas nordaméricains ou français) mais qui sont francophones.
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Pas du tout
(19) Je ne me pose pas la question les québécois sont québécois, ni Français, ni Américains...ils ont
leur statut à part entière malgré tout
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(20) Ce sont des québécois simplement avec leur propre langue et leur culture
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
(21) Des cousins d’Amérique !!!
Visite: Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
(22) Les habitants de la Province du Québec
Visite : Elle y va encore cette année
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(23) Des Québécois, pourquoi vouloir qu’ils soient autre chose ???
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Pas vraiment
59
(24) De gens formidables
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(25) Des québécois! avec leur culture propre et non des descendants de ...
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
(26) Des habitants du Québec...
Visite : Oui, vacances
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui beaucoup
(27) Un peuple avec une histoire liée à la France mais avec une culture américaine
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(28) Un mélange des deux premières réponses
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui
(29) Des cousins francophones en Amérique
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
(30) Des personnes plus abordables
Visite : Non
Intéresse pour le Québec à cause des artistes : Oui, beaucoup
B. Les interrogés qui ont fait des remarques à propos de la voix ou de la personnalité de
l’artiste :
-
-
Enquête 12 : Sa voix
Enquête 16 : Sa voix
Enquête 36 : Sa voix
Enquête 52 : L’authenticité
Enquête 65 : Sa voix
Enquête 129 : L’émotion qu’elle fait passer quand elle chante
Enquête 132 : Sa voix
Enquête 157 : L’émotion qu’elle transmet quand elle chante
60
ANNEXE III
Biographie et discographie des artistes
Natasha St-Pier
Date de naissance : 10 Février 1981
Lieu de naissance : Bathurst, Nouveau
Brunswick
Nationalité: Canadienne
Natasha St-Pier est une jeune canadienne originaire du Nouveau Brunswick. Très tôt, elle se passionne
pour la musique et participe à de nombreux tours de chant et autres soirées privées dans sa région. À
quinze ans, elle enregistre son premier album et ne tarde pas à être remarqué par Luc Plamandon,
auteur de la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Il lui propose d’assurer la doublure de Julie
Zenatti et d’incarner le rôle de Fleur de Lys.
C’est avec plaisir que Natasha St-Pier se livre à cet exercice scénique et lie de nombreuses amitiés
avec les membres de la joyeuse troupe. Lorsque l’idée d’exporter le spectacle outre-manche se
présente, les auteurs de la comédie musicale lui demandent de succéder à Julie Zenatti.
En 2001, lors du concours de l’Eurovision, Natasha St Pier a endossé les couleurs de la France en
interprétant le titre « Je n’ai que mon âme », premier extrait de l’album « A chacun son histoire ».
En 2002, Natasha St-Pier poursuit sa carrière avec la sortie d’un nouveau titre « Tu trouveras », extrait
de son nouvel album « De l’amour le mieux » et composé par Pascal Obispo. Le succès est tel que
Natasha est élue « Artiste Révélation de l’année » aux Victoires de la Musique.
Après une tournée à travers toute la France et le succès de « Toi qui manques à ma vie », Natasha
publie «L’instant d’après » en 2003. Le titre « Quand on cherche l'amour » écrit par Lionel Florence
est le second extrait de cet opus.
En 2006, Natasha présente « Longueur d’ondes » un quatrième album concocté en étroite
collaboration avec Pascal Obispo, Fred Château, Volodia, Asdorve (plus la participation de Lionel
Florence et de Calogero). Les extraits « Un ange frappe à ma porte », « Tiens-moi à la vie » ou « A
l’amour comme à la guerre » devraient sans difficultés se frayer un chemin vers le succès.
Discographie
2006 : Longueur d'ondes
2003 : L’instant d’après
2002 : De l’amour le mieux
2000 : À chacun son histoire
1995 : Emergence
61
Roch Voisine
Date de naissance : 26 Mars 1963
Lieu de naissance : Edmunston,
Nouveau-Brunswick
Nationalité : Canadienne
Joueur de hockey à l’origine, le canadien doit abandonner sa carrière prometteuse à la suite d’une
blessure. Il se tourne alors vers sa seconde passion : la musique. En 1989, il écrit avec son ami
Stéphane Lessard le titre « Hélène » qui rencontre en quelques mois un succès phénoménal. L’album
éponyme bat tous les records de vente au Canada avant de conquérir la France. La « Roch-mania » est
lancée. S’en suit une série de tubes populaires et de tournées triomphales ainsi qu’une véritable
histoire d’amour entre lui et le public français.
Après le tourbillon de ses premiers albums, Roch Voisine se fait plus discret. En 1998, l’artiste
s’installe en France et sort un nouvel album : « Chaque feu ». Un vent nouveau souffle alors sur la
carrière de l’artiste canadien. Sa popularité remonte grâce aux albums « Roch Voisine » en 2001 et «
Je te serai fidèle » en 2003. Album dans lequel on retrouve l’incontournable tube : « Tant pis ».
En presque 20 ans de carrière, Roch Voisine a su se renouveler et faire preuve de créativité. Il laisse
derrière lui les clichés du chanteur de charme. Et s’il garde sa « gueule d’amour » et son répertoire
romantico-rock, il a également su rester fidèle à ses racines folk-pop américaines. Une marque de
fabrique que l’on retrouve dans son dernier opus : « Sauf si l’amour ».
Discographie francophone
1989 : Hélène
1992 : Europe tour 1992
1993 : Coup de tête
1999 : Chaque Feu
2000 : Album de Noël
2001 : Roch Voisine
2003 : Je te serai fidèle
2005 : Sauf si l’amour
62
Isabelle Boulay
Date de naissance : 6 juillet 1972
Lieu de naissance : Sainte-Félicité, un petit
village sur la péninsule gaspésienne, Québec
Nationalité : Canadienne
Depuis ses premiers pas avec la troupe de " Starmania ", Isabelle Boulay a su se frayer un chemin vers
la réussite. En 1998, Isabelle Boulay enregistre un album solo dont sera extrait " je t’oublierai ", son
premier grand succès.
Aujourd’hui reconnue comme l’une des plus grandes interprètes québécoises, Isabelle Boulay est une
artiste comblée. Son album " Mieux qu’ici bas " contient de nombreux tubes tels que " Parle-moi ", "
Un jour ou l’autre " et " Quelques pleurs " .
Le premier titre "Tout au bout de nos peines" extrait de son dernier album "Tout un jour" est la
rencontre entre deux artistes d'exception, Isabelle Boulay et Johnny Hallyday, réunis pour un morceau
d'anthologie.
Discographie
1996 : Fallait pas
1998 : Etats d’amour
2000 : Scènes d’amour
2000 : Mieux qu’ici bas
2002 : Au moment d’être à vous
2004 : Tout un jour
63
Lynda Lemay
Date de naissance : 25 Juillet 1966
Lieu de naissance : Portneuf
(Québec)
Nationalité : Canadienne
Lynda Lemay naît, le 25 juillet 1966, à Portneuf, une ville située à quelques kilomètres de Québec.
Très tôt, Lynda Lemay se découvre une passion pour l’écriture et griffonne ses premiers textes sur des
cahiers d’écoliers. A la même époque, elle s’initie à la guitare et crée ses premières chansons.
Encouragée par ses parents, Lynda Lemay participe à un concours " Québec en chansons " et remporte
un premier prix d’écriture.
Plus tard, étudiante en lettres, Lynda Lemay se produit dans de petits bars pour gagner un peu
d’argent. En 1989, elle se présente au concours de Granby et décroche un premier prix d’Auteur
Compositeur Interprète pour son titre " La veilleuse " .
Aussitôt, Lynda Lemay est sollicitée par de nombreux professionnels du disque et enregistre, dans la
foulée, son premier album " Nos rêves ".
En 1994, Lynda Lemay réitère l’expérience avec la parution d’un second opus " Y ". Cette fois, elle
s’impose sur la scène francophone et se fait un nom. Elle entame, alors, une longue tournée qui débute
sur les scènes de Montréal et s’achève aux Francofolies de la Rochelle, en France.
En 1996, Lynda Lemay est invitée à se produire sur scène pour rendre un hommage collectif à Charles
Trenet. Dans la salle, Charles Aznavour se laisse séduire par la fraîcheur et le talent de cette jeune
artiste québécoise. Après une brève rencontre, Charles Aznavour lui offre de la parrainer et lui propose
un contrat d’édition.
En 1997, Lynda Lemay s’installe en France pour enregistrer son nouvel album éponyme. L’accueil
chaleureux du public encourage Lynda Lemay à se produire, une nouvelle fois, sur les scènes
d’Europe et du Québec. En 1999, paraît un premier album Live qui réunit des extraits captés lors de
ses nombreux concerts. Au terme de quelques semaines de vente, cet album sera certifié disque d’or.
En 2000, Lynda Lemay est nominée lors des victoires de la musique dans la catégorie " Révélation de
l’année ". Si elle n’obtient pas le trophée, son interprétation du titre " les souliers verts " séduit un très
large public.
En 2000 également, la parution de son quatrième album " Du coq à l’âme " consacre le talent de ce
jeune auteur, compositeur et interprète.
Fraîchement couronnée d'une Victoire de la Musique comme artiste-interprète féminine de l'année,
Lynda Lemay revient après un an d'absence avec un nouvel album studio "Le secret des oiseaux",
fidèle à son style inimitable. Une nouvelle fois, Lynda réussit à nous surprendre par ses orientations
musicales, alternant chansons d'une veine classique et morceaux plus électriques et rythmiques.
Discographie
1991 : Nos rêves
1994 : Y
1997 : Lynda Lemay
1999 : Live
2000 : Du coq à l’âme
2002 : Les lettres rouges
2003 : Le secret des oiseaux
2005 : Un éternel hiver (un Opéra Folk)
64
Garou
Date de naissance : 26 Juin 1972
Lieu de naissance : Sherbrooke,
Québec
Nationalité : Canadienne
Passionné de musique, dès son plus jeune âge, Garou s’initie à la guitare, au piano, à la trompette et
pratique même l’orgue.
A 14 ans, il est le guitariste du groupe " The windows and doors " et reprend les anciens titres des
Beatles. Quelques années plus tard, en 1991, il s’inscrit dans la fanfare des Forces Armées
Canadiennes et poursuit son apprentissage de la trompette. Mais Garou est un adolescent trop
indiscipliné pour se plaire dans une telle formation et, rapidement, il quitte l’armée.
En 1993, il multiplie les petits boulots et passe ses soirées dans les bars de Sherbrooke, sa ville natale.
Il n’est pas rare qu’il entonne, guitare au cou, les classiques du répertoire Canadien ; mais ces petites
sessions improvisées à la sortie des bars se terminent, souvent, par l’arrivée des policiers contraints de
disperser la foule. Pour le plaisir, Garou chante même dans le métro de Montréal.
Finalement, il est engagé par le patron d’un bar pour animer les soirées. Garou présente, ainsi, son
premier spectacle solo, guitare en bandoulière, sans répertoire véritable.
En 1995, il fonde un groupe " The Untouchables ", composé, entre autres, d’un trompettiste, d’un
saxophoniste et d’un tromboniste. Partout où ils se produisent, la foule s’extasie. C’est d’ailleurs lors
d’une prestation du groupe que Luc Plamondon découvre Garou. Après une rapide audition, il lui offre
le rôle de Quasimodo dans le grand spectacle musical " Notre dame de Paris ".
Devant l’incroyable succès de cette comédie musicale, les offres se multiplient : projets de disques, de
films… Mais Garou ne se précipite pas.
C’est en 1999, sur le plateau d’une émission télévisée, qu’il fait la connaissance de Céline Dion et de
son mari et producteur René Angélil. Au cours d’un dîner, ils lui proposent de collaborer avec leur
propre équipe de musiciens. Garou se laisse cette fois convaincre et profite de cette chance pour
enregistrer son tout premier album " Seul ".
Depuis, Garou enchaîne les tubes : " Seul " et " Sous le vent " , interprété en duo avec Céline Dion,
furent d’énormes succès. Garou interprète également " Le monde est stone ", titre phare de la grande
comédie musicale " Starmania ".
Dans son single "Et si on dormait", Garou donne tout de suite le ton, à la fois idéaliste et lucide. Pour
la première fois, Gérald de Palmas prête son talent d'auteur-compositeur à Garou. Un nouveau registre
pour celui qui a déjà vendu près de 400 000 exemplaires en quelques mois de son album "Reviens"
mais avec toujours cette voix unique et cette interprétation si personnelle qui ont fait de Garou l'un des
artistes incontournables de la scène francophone de ces dernières années.
Aujourd'hui, Garou présente "L'injustice" son nouveau titre signé Pascal Obispo, premier extrait de
son album "Garou".
Discographie
2000 : Seul
2001 : Seul...avec vous
2003 : Reviens
2006 : Garou
65
ANNEXE IV
Les statistiques de la recherche
leeftijd
Frequency
Valid
Percent
Cumulative
Percent
Valid Percent
0-17
29
16,5
16,5
18-30
117
66,5
66,5
83,0
31-65
30
17,0
17,0
100,0
Total
176
100,0
100,0
16,5
hoevaak heb je de artiest ontmoet
Valid
Jamais
Une fois
Entre 2-5
fois
Plus de 5
fois
Total
Frequency
79
Percent
44,9
Valid Percent
44,9
Cumulative
Percent
44,9
37
21,0
21,0
65,9
44
25,0
25,0
90,9
16
9,1
9,1
100,0
176
100,0
100,0
Dans quelle mesure est-ce que les artistes québécois vous
ont incité à en savoir plus sur le Québec?
Depuis combien de
temps êtes-vous fan
de cet artiste?
Beaucoup
Oui
Un peu
Non
Pas du tout
0
2
0
0
0
2
Entre 6 mois et 2 ans
4
2
0
1
0
7
Entre 2 et 5 ans
25
24
5
3
2
59
Cinq ans ou plus
49
43
3
6
6
107
78
71
8
10
8
175
Moins de 6 mois
Total
Dans quelle mesure est-ce que les artistes québécois vous
ont incité à en savoir plus sur le Québec?
Beaucoup
Combien de fois
par semaine est-ce
que vous visitez ce
forum?
Une à plusieurs
fois par jour
Oui
Un peu
Non
Total
Pas du tout
48
32
6
4
5
95
Entre 4-7 fois par
semaine
17
18
0
4
1
40
Entre 2-4 fois par
semaine
5
4
1
0
0
10
1
7
0
2
0
10
7
10
1
0
2
20
78
71
8
10
8
175
Une fois par
semaine
Moins d'une fois
par semaine
Total
Total
66
Dans quelle mesure est-ce que les artistes québécois vous
ont incité à en savoir plus sur le Québec?
Pas du
Beaucoup
Oui
Un peu
Non
tout
Combien de fois
est-ce que vous
avez vous
l'artiste en
concert
Total
Jamais
6
5
0
2
0
13
Entre 1-4 fois
34
35
5
5
5
84
Entre 4-7 fois
14
19
1
1
1
36
Plus de 7 fois
24
11
2
2
2
41
78
70
8
10
8
174
Total
Dans quelle mesure est-ce que les artistes québécois vous ont
incité à en savoir plus sur le Québec?
Ja,
ontzettend
Ja
Een beetje
Nee
Helemaal niet
Combien de fois
est-ce que vous
avez rencontré
l'artiste?
Total
Jamais
30
35
2
6
5
78
Une fois
15
18
3
1
0
37
Entre 2-5 fois
23
13
3
3
2
44
Plus de 5 fois
10
5
0
0
1
16
78
71
8
10
8
175
Total
Combien de fois par semaine est-ce que vous visitez ce forum?
Entre 2-4
Moins d'une
Une à plusieurs
Entre 4-7 fois
fois par
Une fois par
fois par
fois par jour
par semaine
semaine
semaine
semaine
Depuis
combien de
temps êtes
vous fan de cet
artiste?
Moins de 6
mois
Entre 6 mois
et 2 ans
Entre 2 et 5
ans
Cinq ans ou
plus
Total
Total
0
1
0
1
0
2
2
4
0
0
1
7
28
17
4
6
5
60
66
18
6
3
14
107
96
40
10
10
20
176
67
Combien de fois est-ce que vous avez vu l'artiste en
concert?
Entre 1-4
Entre 4-7
Plus de 7
Jamais
fois
fois
fois
Depuis combien de
temps êtes-vous fan
de cet artiste?
Total
Moins de 6 mois
1
1
0
0
2
Entre 6 mois et 2 ans
3
3
1
0
7
Entre 2 et 5 ans
3
33
12
11
59
6
48
23
30
107
13
85
36
41
175
Cinq ans ou plus
Total
hoelang fan van favoriete artiest * hoevaak heb je de artiest ontmoet Crosstabulatio
Combien de fois est-ce que vous avez rencontré
l'artiste?
Jamais
Depuis combien de
temps êtes-vous fan
de cet artiste?
Une fois
Total
Entre 2-5 fois
Plus de 5 fois
0
0
Moins de 6 mois
1
Entre 6 mois et 2 ans
1
2
5
0
2
0
7
Entre 2 et 5 ans
23
10
23
4
60
Cinq ans ou plus
50
26
19
12
107
79
37
44
16
176
Total
50,0%
Percent
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Des Français qui
habitent en
Amérique du nord
Des nordaméricains qui
parlent français
Je ne sais pas
Autre réponse
Pour moi les québécois sont...
68
Qu’est-ce que vous pensez de l’accent des québécois?
Frequency
Valid
Missing
Percent
Cumulative
Percent
Valid Percent
Moche
1
,6
,6
,6
Drole
40
22,7
22,9
23,4
Difficile
10
5,7
5,7
29,1
Mignon
124
70,5
70,9
100,0
Total
175
99,4
100,0
1
,6
176
100,0
System
Total
Beaucoup d'artistes québécois cachent leur accent lorsqu'ils sont en France.
Que pensez-vous de ce fait ?
Frequency
Valid
Pas vraiment
remarqué
Mieux pour se
comprendre
Dommage
Je ne sais pas
Total
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
32
18,2
18,2
18,2
12
6,8
6,8
25,0
129
73,3
73,3
98,3
100,0
3
1,7
1,7
176
100,0
100,0
Comparés aux artistes français, les artistes québécois sont...?
Valid
Plutot pareils
Plus
intéressants
Différents
Je ne sais
pas
Total
Frequency
41
Percent
23,3
Valid Percent
23,3
Cumulative
Percent
23,3
21
11,9
11,9
35,2
108
61,4
61,4
96,6
6
3,4
3,4
100,0
176
100,0
100,0
69
50,0%
Percent
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Oui, beaucoup
Oui
Un peu
Pas vraiment
Pas du tout
Dans quelle mesure les artistes québécois vous ont incité
à en savoir plus sur le Québec ?
Est-ce que vous avez visité le Québec?
Frequency
Valid
Percent
Cumulative
Percent
Valid Percent
Oui
29
16,5
16,5
16,5
Non
147
83,5
83,5
100,0
Total
176
100,0
100,0
wat was de belangrijkste reden voor uw reis naar Québec?
Frequency
Valid
Vacance
s
Concert
Etudes
Travail
22
Percent
12,5
Valid Percent
Cumulative
Percent
12,5
12,5
1
,6
,6
13,1
2
1,1
1,1
14,2
14,8
1
,6
,6
4
147
83,5
83,5
98,3
5
3
1,7
1,7
100,0
176
100,0
100,0
Total
70
Est-ce que vous aimeriez visiter le Québec?
Frequency
Valid
Oui, encore
cette année
Oui, mais je n'ai
pas le moyens
Percent
Valid Percent
Cumulative
Percent
7
4,0
4,0
4,0
127
72,2
72,2
76,1
Pourquoi pas
14
8,0
8,0
84,1
Je ne sais pas
1
,6
,6
84,7
27
15,3
15,3
100,0
176
100,0
100,0
J'ai déjà été au
Québec
Total
71
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