à une obligation impérieuse : celle de s'adapter à son environnement. Car on ne voit pas
comment un individu inadapté à son environnement pourrait s'épanouir. En effet, composé
d'éléments bienfaisants et malfaisants, cet environnement est extrêmement complexe.
D'autant plus qu'il est régi par des lois dont l'ignorance ou la transgression peuvent entraîner
les pires conséquences, tandis que leur connaissance et leur respect sont sources de
bienfaits. L'individu solitaire ne peut pas connaître grand-chose de tous les dangers et
mystères de cet environnement. Pour s'y adapter, il n'a pas d'autre choix que de faire
comme ses semblables, c'est-à-dire, poursuivre les efforts de ses prédécesseurs qui se sont
regroupés et unis dans la recherche de la connaissance de cet environnement en
perpétuelle évolution afin d'en tirer toutes les leçons à retenir en vue d'un épanouissement
individuel et collectif harmonieux.
Ces leçons sont capitales : Il n'y a pas que l'individu. Il y a aussi tous les autres, c'est-à-dire,
la société dont l'épanouissement est bien plus important que celui de l'individu puisque, sans
elle, l'individu, seul, ne peut pas s'épanouir. L'épanouissement de l'individu et celui de la
société sont interdépendants. Ainsi, l'individu doit avant tout, s'intégrer à la société, et celle-ci
doit l'y aider. S'ils réussissent, ils ne feront qu'un. Dès lors, nul doute qu'ils bénéficieront des
meilleures chances pour s'adapter harmonieusement à leurs environnements respectifs, et
rien ne s'opposera à ce que l'individu puisse s'épanouir librement selon ses goûts et ses
capacités. A l'inverse, si l'individu et la société ne fusionnent pas, si leurs comportements
respectifs ne sont pas cohérents ou au moins compatibles, ce sera l'anarchie, et le pire sera
inévitable. L'individu qui a un comportement asocial met en péril non seulement son propre
épanouissement mais aussi celui de la société. En pareille occurrence, la société doit
impérativement, prendre les mesures qui s'imposent, compte tenu du contexte, c'est-à-dire
de l'environnement présent.
En Occident, ces mesures sont jugées excessives et dénoncées comme portant atteinte aux
droits de l'homme. Et des pressions sont exercées sur la Chine. Mais en vain. Certes, en tant
qu'éléments de l'environnement auquel la Chine doit s'adapter, ces pressions devraient être
prises en considération. Mais leur poids ne pèse pas lourd par rapport à la masse des autres
éléments dont la Chine doit aussi tenir compte. En outre, ces pressions sont pour le moins
douteuses : comment les Occidentaux peuvent-ils affirmer que les individus doivent être
libres de choisir la voie qui convient le mieux à leur épanouissement et, dans le même temps,
faire pression sur les Chinois pour les obliger à changer de voie ! Résultat : ces pressions
altèrent non seulement les relations entre leurs auteurs et la Chine (ce qui était facilement
prévisible) mais aussi et surtout, la situation personnelle des dissidents que ces pressions
prétendaient défendre. Car, en plus des reproches qui leur sont faits, ces dissidents vont
devoir supporter une partie au moins, de la responsabilité de la dégradation des relations
entre la Chine et les auteurs de ces pressions.
En effet, finalement, ces dissidents qui critiquent leur société, comment peuvent-ils savoir
que la conception occidentale de l'épanouissement de l'individu est meilleure que la
conception chinoise ? Au vu de la différence des niveaux de vie ou des retards pris dans les
domaines scientifiques et technologiques ? Foutaise ! Cela n'a aucun rapport. D'ailleurs, la
Chine comble ces retards et ces différences à la vitesse grand V. Ce dont les Chinois ont
besoin pour mieux s'épanouir, ce n'est pas davantage de liberté, c'est davantage d'argent
pour financer l'exercice des droits que la liberté confère. Car, sans argent, la liberté n'est
qu'une illusion. Et la Chine fait le nécessaire pour s'enrichir. Il n'y a aucun doute, ces
dissidents se trompent : la conception chinoise de l'épanouissement de l'individu n'est pas
liberticide ; penser que la liberté n'est pas la condition première de l'épanouissement de
l'individu, et subordonner l'exercice des droits que confère la liberté à une adaptation
préalable à son environnement ne doivent pas être interprétés comme une mise à l'index de
la liberté. D'ailleurs, les Chinois n'ont pas attendu les Occidentaux pour connaître le droit à la
révolte qui est sans aucun doute l'un des droits les plus importants que confère la liberté.
Mais ils ne l'exercent que si leur épanouissement devient impossible, comme ce fut
notamment le cas en 1368, lorsqu'ils mirent fin à la dynastie mongole des Yuan ou en 1911,
lorsque que la dynastie mandchoue des Qing fut abolie. Et puis enfin, ces dissidents, ne
savent-ils pas qu'on doit laver son linge sale en famille ? On ne doit pas étaler ses critiques