
comment certaines espèces de Pétrels apparaissent soudain venues de nulle part, dès qu'une baleine est tuée.
Effectivement, on peut faire cette observation en jetant une éponge imbibée d'huile de foie de morue à la mer.
Les Pétrels ont donc un odorat exceptionnellement développé pour des oiseaux qui n'a d'équivalent que chez le
Kiwi et chez certains Vautours. Leur cerveau montre un développement important des zones de l'olfaction. Cette
aptitude leur permet de détecter à des kilomètres à la ronde, le moindre cadavre flottant. L'impact des activités
humaines La découverte des Terres Australes a commencé avec Amsterdam en 1522 et s'est poursuivie
seulement en 1772 avec Crozet et Kerguelen. La présence de l'Homme est donc récente et, bien qu'elle soit
épisodique, son impact est déjà sensible du fait de la fragilité des écosystèmes. Jusque dans les années soixante,
l'Homme s'est comporté en colonisateur. Il a exploité sans ménagement les ressources terrestres et marines :
phoques, otaries et baleines, langoustes et poissons. Les Baleines Dès 1792, des baleiniers américains, anglais et
norvégiens font des campagnes. L' invention du canon-harpon en 1864 va permettre le développement de la
chasse à la baleine qui ne deviendra vraiment intensive qu'avec les bateaux-usines à partir de 1925. Cette
nouvelle technologie a entraîné la surexploitation des grandes espèces telle la Baleine bleue (100t, 30m) jusque
dans les années 60. Cependant la diminution rapide de ses effectifs, a conduit les baleiniers à se reporter sur le
Rorqual commun (14t, 25m) dès 1935. Ce scénario s'est répété dans les années 60, avec le Rorqual de Rudolph
(15m) et dans les années 70 avec le petit Rorqual (10t) comme le montre la figure 19. On peut dire que depuis
50 ans, les baleines ne fréquentent plus les Terres australes. Finalement, aujourd'hui, en dépit du moratoire, le
Japon et la Russie chassent encore la baleine mais dans l'Antarctique. Les frères Bossière avaient obtenu en
1893, une concession pour 50 ans aux Kerguelen. En 1908-09, ils ont créé Port Jeanne d'Arc pour la chasse et
l'exploitation des baleines qui étaient alors menées par les norvégiens. Les frères Bossière ont donc été accusés
de s'être contentés d'empocher les redevances des norvégiens qui ont détruit pendant des années les troupeaux
de baleines et de phoques sans aucun contrôle jusqu'à leur extermination. Si bien, qu'en 1929, Port Jeanne d'Arc
est abandonné. Les Otaries Leur sort est lié à celui des baleines. Exploitées pour leur peau, les otaries sont
rapidement exterminées (en 1870 à Crozet), et dès 1919, leur chasse s'arrête. On a observé en 1976, la
réinstallation d'une première colonie à Amsterdam dont les effectifs croissent depuis rapidement (fig. 20). On
pense qu'en 1982, elle avait déjà atteint 65% de son effectif optimum. La ressource en krill, inexploitée par les
baleines, a permis cette explosion démographique (fig. 12). Les Phoques L'éléphant de mer est le plus gros
phoque de l'hémisphère sud. Après l'extermination des otaries et des baleines, son exploitation a permis aux
chasseurs de se maintenir jusqu'en 1930. En 1893, les frères Bossière, avant de prendre leur concession à
Kerguelen s'étaient documentés sur la richesse de cette ressource : ils avaient estimé que 1 200 000 éléphants de
mer avaient été abattus en 100 ans. A la même époque, 15 000 éléphants de mer étaient tués par an à Crozet.
Par la suite (1910-1964), des mesures de gestion ont été prises, restreignant la capture aux mâles adultes
seulement. Au mois de février 1930, l'Austral quitte les Kerguelen avec à son bord 600t d'huile d'éléphant de mer.
Environ 8000 têtes avaient été abattues au cours de la saison dont 500 dans la même journée par les hommes de
René Bossière. La dernière entreprise phoquière à Kerguelen, 1957-62, n'a abattu que 3000 éléphants de mer.
Notons que pour fondre la graisse des éléphants de mer, le charbon étant de mauvaise qualité au Kerguelen, on
utilisait les manchots comme combustible. Ils étaient pressés et leur graisse était récupérée. Layard, en 1869,
signale un navire de retour de l'archipel Crozet, avec une charge d'huile ayant nécessité la mise à mort de plus de
50 000 Gorfous. Les Langoustes (fig.21); C'est encore les frères Bossière qui exploitèrent le fabuleux gisement de
langoustes de St Paul en créant en 1928, "la Langouste Française". Cet établissement employait 120 personnes.
6000 à 24 000 langoustes étaient pêchées par jour conduisant à la fabrication de 400 000 boîtes par saison. Mais
en 1931, l'entreprise est abandonnée suite à une épidémie de béri-béri. Aujourd'hui, l'Austral de la SAPMER est le
seul navire autorisé, depuis 1949; ses quotas sont de 350t par saison. Les langoustes sont congelées et
exportées principalement au Japon. Néanmoins, les prises de l'Austral sont en diminution (1976-81 210t/an) ainsi
que la taille des langoustes ce qui traduit une surpêche. Les otaries sont suspectées de contribuer à cette
diminution de la ressource : en Afrique du Sud , on estime qu'elles prélèvent 8300t/an de langoustes alors que la
pêche est de 5500t/an. Signalons, qu'à St Paul, les pêcheurs de la Langouste Française pouvaient se procurer
sans effort le poisson nécessaire pour appâter les casiers. Mais l'ordre leur avait été donné, pour gagner du
temps, d'utiliser les Gorfous. Chaque matin, les manoeuvres malgaches assommaient à coups de bâton 400
mâles, un nombre bien supérieur aux besoins. On voulait ainsi procéder à la destruction totale de la colonie
accusant ces pauvres animaux, mangeurs de krill (fig.16), d'être de grands prédateurs de langoustes. Au congrès
international de protection de la nature, en 1931, le géologue E. Aubert de la Rüe émet une protestation publique
contre le massacre des manchots pratiqués à St Paul. Les poissons Contrairement à ce que l'on observe dans les
mers nordiques, les ressources en poissons pélagiques sont presque inexistante dans l'Antarctique. La plupart des
espèces sont démersales (vivant sur ou près du fond). Elles ont une faible fécondité et une croissance lente.
L'exploitation dûe aux pêches a déjà eu de graves effets sur les stocks : rapide chute des rendements, diminution
de la taille moyenne des poissons. Aux Kerguelen, l'espèce Notothenia rossi (fig. 20), ou Colin des Kerguelen qui
était la plus capturée est dominée de loin maintenant dans les prises par Champsocephalus gunnari, le Poisson
des glaces, (fig. 21). Les chercheurs français ont évalué que les prises maximales annuelles ne devaient pas