LURE MAROC
2004-2006
« Sur les traces
des Almohades
»
Lycée Colomb BP 170 70204 LURE CEDEX - 03.84.89.03.80 03.84.30.29.19
Présentation de l’Islam et de l’époque almohade
Page n°2/16
De l’Atlas à l’Andalousie
Autour des
ALMOHADES
I. QUELQUES RAPPELS SUR L’ISLAM ET SON EXPANSION
A. PRECISIONS DE VOCABULAIRE
1. Précisions religieuses sur l’Islam
Islam = religion musulmane ou mahométane ou islamique (Islam = sens de soumission à Dieu, « bila
kayf » c'est-à-dire « sans demander pourquoi » : religion autoritaire et d’acceptation inconditionnelle)
islamisme qui désigne aujourd’hui des courants à vocation politique interprétant l’islam de manière
extrémiste, exclusive et parfois xénophobe, intégriste, « intégraliste » ou fondamentaliste…
Remarque : le terme fondamentalisme a été inventé vers 1910 pour désigner les courants se réclamant du
christianisme primitif et retournant aux sources (aux bases, aux fondements) et les utilisant comme
mesure de toute chose. Il est utilisé aujourd’hui pour désigner tous les courants religieux ou
théologiques (y compris politiques) qui font du texte fondateur leur point cardinal. Cela s’applique
donc aussi aux courants islamistes, mais c’est à tort semble-t-il car tout musulman est par définition
fondamentaliste, puisque pour lui le Coran est un texte incréé (sauf pour de rares « hérétiques »), révélé
et non soumis à critique ni remise en cause. Certains fondamentalistes s’adaptent cependant à la
modernité, alors que d’autres appliquent intégralement le texte ancien, d’où le terme plus judicieux
d’intégraliste qui les désigne.
On peut distinguer 3 sens au mot Islam d’après l’orientaliste Bernard LEWIS :
- l’Islam de Mahomet, théoriquement unique et bien défini.
- l’Islam religion en évolution du VII à aujourd’hui, donc avec une histoire variée.
- L’Islam au sens de civilisation islamique : c'est-à-dire l’Islam vécu, la réalité du monde face au
message théologique. Dans ce cas, je peux vivre en Islam, même si je ne suis pas musulman.
Musulman (muslim)= le croyant, le fidèle, celui « qui s’abandonne à Dieu ».
C’est la troisième grande religion monothéiste (un seul dieu = Allah) du Livre (Biblos = livre) :
- après les hébreux (Bible 1er Testament la Torah)
- et les chrétiens (Bible 2è Testament les Écritures)
- l’Islam : le Coran = une religion révélée à MAHOMET (Muhammad) par l’archange Gabriel,
tardivement (MAHOMET est déjà âgé). MAHOMET devient ainsi pour les musulmans le dernier
Prophète. Le mot Coran vient d’une racine arabe pré-islamique qara’a = lire, réciter.
=> notion de filiation, de continuité, de proximité, évocations communes entre les trois religions
C’est pourquoi les musulmans sont relativement tolérants avec les membres des autres religions
monothéistes appelés dhimmi (ils ont protection et droit de culte, mais impôts et interdictions sociales).
Remarque : le Coran est complété par les actes ou « dits du Prophète » (les Hadiths) dans une somme,
la Sunna, qui représente la tradition, mais qui est parfois contestée car beaucoup ont été écrits
tardivement, et sont de sources et de motivations diverses. Les docteurs coraniques ont eux-mêmes
procédés à un tri important entre les Hadiths.
Le Coran est le fondement essentiel de la loi religieuse = chariah.
LIslam est donc une grande religion tardive, avec son propre calendrier hégirien partant de
l’Hégire migration » ou hijra ou hidjra, en fait fuite ou exode de plus de 400 km, de La Mecque à
Yathrib = Médine) en septembre 622. Médine = al-Madina (la cité, la ville), d’où le terme de médina
pour désigner les quartiers anciens des villes actuelles ; c’est l’équivalent du grec polis et du français
Présentation de l’Islam et de l’époque almohade
Page n°3/16
cité. Polis, cité et madina donnent d’ailleurs naissance aux termes politique et citoyenneté, ce dernier
étant rare en terre d’Islam, les habitants n’étant souvent que de simples sujets.
En réalité, cette datation (du 16/07/622) ne prend effet tout en subissant une modification (pour la faire
correspondre au calendrier lunaire) qu’en 638 avec le calife Omar, auparavant on partait de l’an 570,
date supposée de la naissance de Mahomet.
an 2000 = 1421H
Remarque : c’est un des derniers calendriers lunaires, typiquement sémitique, donc pré-islamique et
souvent marqué par la tradition hébraïque. Il y a 12 mois de 29 à 30 jours soit environ 354 j soit 11 j de
décalage avec le calendrier grégorien. El Mouharem est le 1° mois, Ouel Mouharem marquant le
nouvel an musulman (Ras el-âm). Pour que l’année commence avec la nouvelle lune, il y a un
rattrapage assez compliqué en jours ajoutés assez fréquemment.
Comme toutes les religions, c’est une religion divisée, variée, qui a évolué : notamment :
- dès le départ elle a connu divisions et sécessions : Cf. les Kharidjites (khawaridj) ou sécessionnistes.
- 2 grandes pensées : large majorité (90 % des musulmans ?) orthodoxe ou sunnite, et minorité chiite
se réclamant d’Ali, descendant du prophète (Shi’atu ‘Ali = le parti d’ALI). Le Maghreb et l’Espagne
musulmane sont massivement sunnites. Le chiisme rayonne autour du Moyen Orient irako-iranien. Il
est lui-même divisé en duodécimains (12 imams reconnus) et septimaniens ou ismaéliens (7 imams).
Les druzes sont une branche à part issus des ismaéliens. Un imam est une sorte de prêtre, qui guide la
prière.
- 4 grandes écoles (ou rites) sunnites : hanbalite, hanéfite, malékite, chaféite. Le malékisme est bien
implanté au Maroc, et fut largement diffusé par la dynastie Almoravide. (Cf. ci-dessous)
- 2 grandes écoles (ou rites) chiites : jaafarite des duodécimains, zaydite des yéménites.
2. Précisions ethniques et nationales
l’Islam naît dans le monde arabe, appartenant au groupe sémite (ou sémitique dans la Bible, il
s’agirait des descendants de SEM, d’où leur nom) de la péninsule arabique (comme les Hébreux, d’où
l’imbécillité d’un arabe qui serait anti-sémite, ce qui s’ajouterait à la stupidité de l’anti-sémitisme, tout
simplement…). L’arabe (mot ancien, mais vraiment attesté dès le IX° siècle avant notre ère) désigne
surtout le bédouin, le nomade. C’est le sens principal qu’il conserve dans le Coran. La civilisation
arabe non musulmane (antérieure à MAHOMET) a donc duré plus longtemps que la période islamique
actuelle.
- primauté de cette langue, l’arabe est la langue sacrée, rituelle, celle du Coran. Mais bien des régions
conquises par les arabes ne sont que très partiellement arabophones.
- primauté de cette ethnie : les arabes ont été les premiers à étendre l’aire islamique. Dans les premiers
temps, il s’agit bien d’une conquête arabe.
ATTENTION : on parle à tort (si on ne précise pas) de civilisation arabo-musulmane dans un monde
dominé par l’Islam qui est bien plus diversifié ethniquement parlant La grande majorité des
musulmans d’aujourd’hui ne sont pas arabes : les pays les plus peuplés étant l’Indonésie, le Pakistan et
même l’Inde où les musulmans ne forment qu’1/10 de la population.
En effet on assiste à une rapide expansion hors du monde arabe
- perses d’Iran
- turcs de la région ottomane
- berbères autochtones du grand Maghreb (de la Libye à la Mauritanie)
- indo-européens en Espagne, dans les Balkans
- indiens et indonésiens en Asie du Sud Est
Les berbères (les « Barbares » ou étrangers pour les grecs, les Berber pour les arabes, les Numides,
Maures ou Bétules de la Haute Antiquité…) sont largement antérieurs aux arabes (plus de 15 siècles)
car leur présence marocaine est attestée au moins depuis -8 000.
Ils se nomment eux-mêmes de plus en plus souvent Imazighen = les nobles. On parle de plus en plus
de culture imazigh.
Présentation de l’Islam et de l’époque almohade
Page n°4/16
Ils disposent d’une riche histoire de résistance et d’autonomie ainsi il a fallu 8 campagnes pour envahir
l’Afrique du Nord. Parmi les résistances célèbres on peut citer : Jugurtha qui est un célèbre
combattant contre les romains, petit fils du grand roi numide MASSINISSA (202-148) ; La Kahéna
qui est la grande héroïne berbère résistant à l’invasion arabe au Moyen Âge et fait figure de Jeanne
d’ARC maghrébine ; il en est de même du prince berbère chrétien KOCEILA. La résistance et
l’autonomie rifaine ou kabyle a été constante contre les colonisateurs français à l’époque
contemporaine (Cf. la fameuse guerre du Rif au Maroc en début du XX° siècle) ; aujourd’hui la
résistance kabyle se développe contre l’intégrisme en Algérie, et contre des gouvernements algériens
trop arabes ou arabisants après l’indépendance de 1962…
Pour résister, ces berbères ont souvent cherché refuge dans les zones montagneuses (Rif, Atlas…) et les
confins sahariens ou sahéliens (Sahel = zone steppique en bordure du désert), d’où une localisation qui
reste aujourd’hui très spécifique. Ils ont tenté de conserver leurs cultures, leurs folklore, leur langue
(par exemple l’hérésie des Berghawata tribu indépendant autour de Salé) aux X° et XI° siècles au
Maroc se permet « le crime » de traduire le Coran en berbère, alors que l’arabe, langue sainte, est
religieusement intouchable).
Ils sont encore très nombreux au Maghreb (40% des algériens) et sont toujours majoritaires au Maroc
(60 % de la population).
Ils sont très diversifiés :
- kabyles (Kabylie) et chaouïas (Aurès), touaregs (Sahara) et mozabites (Oasis du Mzab) en Algérie
- chleuhs & brabers (Atlas), rifains (Rif) au Maroc
Mosquée dans le Maroc central.
Depuis le VII° siècle on assiste à mixité et métissages entre arabes et populations autochtones : cela
prend notamment un double aspect :
- culturel et ethnique : forte arabisation Cf. notion de mozarabe en Espagne.
- religieux : forte islamisation.
Mais les différences culturelles persistent : voile ou absence de voile des femmes, langues locales,
persistance de communautés non musulmanes
ASSIMILER ARABE ET MUSULMAN EST DONC UNE IMPORTANTE SIMPLIFICATION OU
STUPIDITÉ à plus d’un titre :
aujourd’hui, la majorité des musulmans ne sont pas arabes : indonésiens, indiens… Les arabes ne
sont que le 1/6 des musulmans !
et il y a des arabes chrétiens, juifs ou athées
et les langues arabes « classique » (du Coran) ou nationales (algérien, égyptien) sont fort
différentes entre elles. D’autre part, historiquement, l’arabe dit classique, celui du Nord arabique, est
différent de l’arabe tout aussi classique du Sud (surtout yéménite).
Présentation de l’Islam et de l’époque almohade
Page n°5/16
= Ainsi un marocain (habitant du Maroc) peut être ethniquement indoeuropéen (par exemple des
français qui s’y sont établis), sémite (d’origine arabe ou juive hébraïque), autochtone (berbère). Il peut
être musulman (la grande majorité), chrétien, juif, agnostique ou athée
B. DU VII° AU XI° : ESQUISSE CHRONOLOGIQUE DES GRANDES DYNASTIES
Années
620
MAHOMET
570 ?-632
Occupation de la région Médine-La Mecque
630-660
Période des 4 Califes :
Abou BAKR, OMAR ,
OTHMAN et ALI
Conquêtes zones proches : Arabie, Moyen Orient, Égypte
et Libye.
Contre l’Empire romain d’Orient et contre l’Empire perse.
660-710
Dynastie
OMEYYADE
de Damas
661-750
Expansion à l’est : Turkestan chinois, Inde orientale
Expansion à l’ouest : Afrique du Nord et Espagne.
710-740
Ralentissement et blocage de l’expansion :
- 718 échec devant Byzance,
- 732 échec devant Poitiers en France.
VIII°
-
XIII°
Dynastie des
ABBASSIDES
Surtout à Bagdad
749-1258
Apogée et éclatements
Maintien à Cordoue d’une dynastie OMEYYADE de 756-
1031.
Rivalité des FATIMIDES au Caire 909-1171.
Percée turque : sultans SELDJOUKIDES à Bagdad au
XI° : dynastie de 1038 à 1194.
Croisades chrétiennes au Moyen Orient.
Percée berbère au Maghreb et Espagne : ALMORAVIDES
puis ALMOHADES.
Dynastie AYYUBIDE (SALADIN) au XII°.
Percée mongole difficilement maîtrisée par les mamelouks.
1281
1924
Dynastie
OTTOMANE
Extension en Asie et Asie du Sud.
En Europe jusqu’à Vienne.
En Afrique.
l’apogée islamique se place vers le XVI° siècle. L’empire
ottoman dominé par les turcs, s’oppose aux perses et dominent les
arabes tous les deux pourtant musulmans.
C. LE CAS DU MAROC ET LA PENINSULE IBERIQUE
1. L’Espagne (et le Portugal) est soumise à un Islam à dominante berbère :
Dès 711 la conquête de l’Espagne est largement menée par des Berbères maghrébins islamisés, même
si le commandement est souvent mais pas toujours arabe. C’est un berbère, TARIQ, qui lance la
conquête et qui donne son nom au rocher de Gibraltar (djebel Tariq).
Pendant longtemps les Berbères (Mauri Maures, mot provenant de Maroc ?) sont en Espagne
majoritaires, mais mal considérés par les Arabes (Sarraceni - Sarrasins) qui dominent l’élite socio-
politique. En fait le terme sarrasin, connu depuis l’Antiquité grecque (Zone du Sinaï apparemment),
désigne rapidement pour l’occident les tribus arabes conquérantes, et donc devient le terme générique
pour tous les envahisseurs de l’Islam au Moyen Âge.
L’Espagne islamique dispose d’une certaine autonomie politico-religieuse dès le premier Califat de
Cordoue sous les Omeyyades vers 929
Calife (Khalif)= lieutenant puis successeur du Prophète, donc autorité reconnue sur le plan religieux et
politique. Il est donc à la fois imam (guide spirituel) et souverain, et devrait donc être unique pour
l’islam entier. Le dernier vrai calife en titre a été aboli en 1924 dans la Turquie qui choisit alors la
laïcité officielle.
En théorie, le calife est le titre supérieur à celui des princes et gouverneurs : l’émir (amir), aux rois ou
1 / 16 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !