L'émission a été vue par un nombre important de téléspectateurs, et journalistes et avocats ont fait leur travail
honnêtement en donnant la parole à la victime, ce qui est logique, ensuite à ce doyen responsable de cette
dérive. Tout le monde a vu que le débat était équilibré – même si on n'a pas beaucoup entendu cette avocate
brillante qu'est Me Maya Ksouri – mais que les arguments de ce doyen étaient fallacieux et qu'ils ne pouvaient
pas tenir devant les arguments de la raison et de la loi.
Rappelons succinctement les faits : M. Dallel, à l'époque enseignant au département de géographie de la
Faculté des lettres et sciences humaines de Sfax, a présenté sa candidature pour un poste de maître assistant
ouvert à la Faculté des lettres et sciences humaines de Sousse. Il passa donc, comme le veut la loi, devant un
jury national de recrutement, au sein duquel il y avait même un maître de conférences de ce même département
de géographie de Sousse. Ce jury classa M. Dallel en tête de la liste des candidats et, comme le veut la loi, le
ministre le nomma au sein de l'établissement choisi en tête des vœux du candidat. L'administration informa,
par courrier du ministre, le président de l'Université de Sousse de la nomination de M. Dallel à la Faculté des
lettres et sciences humaines de Sousse et lui-même informa à son tour par courrier le doyen de cette faculté de
la décision du ministre.
Petite baronnie, petit fief et petite coterie
Jusque-là il n'y a rien de plus banal dans la procédure. Les choses prirent une tournure soudaine lorsque le
coordinateur du département de géographie refusa de donner un emploi du temps à M. Dallel, transformant le
département en une petite baronnie, un petit fief, pour des raisons au jour d'aujourd'hui encore inavouables.
Le coordinateur, fort de l'appui d'une petite coterie, au service depuis trois ans de ce doyen clientéliste,
s'obstina dans son refus de délivrer un emploi du temps à ce collègue qui a réussi son concours de recrutement
en bonne et due forme. M. Dallel revint voir le doyen pour l'informer du comportement bizarre à tout le moins
du coordinateur du département de géographie, qui se comporte comme si ce département était un bien privé,
croyant, en toute bonne foi, que ce doyen allait régler rapidement cette question par un rappel strict de la loi à
ce coordinateur ignorant les lois. Hélas, trois fois hélas, il s'aperçut que lui aussi était de cette dérive, lui dit
que le département était «souverain» et qu'il n'y pouvait rien.
Drôle de souveraineté tout de même que celle qui refuse d'appliquer une nomination légale d'un universitaire à
son poste, recruté par un jury national.
M. Dallel retourna voir le président de l'Université qui téléphona au doyen pensant régler rapidement le
problème. Las ! Le doyen lui sortit le prétexte fallacieux : le département est souverain ! Pour refuser la
nomination de M. Dalel Jalel, comme si le département, et en sous-main le doyen, décidait désormais qui
pouvait venir enseigner à la Faculté des lettres et sciences humaines de Sousse et qui n'y avait pas le droit,
puisque ne faisant pas partie de la clique de ce doyen.
Un premier courrier fut envoyé à ce doyen et d'autres suivirent mais ce dernier refusa obstinément l'intégration
de ce collègue recruté légalement au département de géographie, agissant comme s'il était dans ses
appartements personnels.
M. Dallel s'adressa alors au ministère de l'époque – dont on ne se rappelle même plus du nom du fait de son
incurie – qui ferma les yeux, de connivence probablement avec le doyen, ou, c'est plus proche de la vérité, par
incompétence.
Devant cette injustice flagrante, M. Dallel, depuis maintenant plus de trois années, n'a eu de cesse de défendre
son droit à occuper le poste de maître assistant au département de géographie de ladite Faculté. Il eut recours à
la loi, le tribunal administratif, et ce dernier lui donna entièrement raison en sommant le doyen par un
jugement de lui donner un emploi du temps.