Les marqueurs du futur
En raison des médiocres performances diagnostiques de la GGT et du VGM d'autres
marqueurs ont été développés. Parmi ceux-ci, trois semblent actuellement prometteurs.
Transferrine desialysée (carbohydrate-deficient transferrin, CDT)
La transferrine, protéine synthétisée par le foie et transporteuse du fer, est constituée d'une
chaîne polypeptidique sur laquelle sont greffées deux chaînes oligo-saccharidiques dont les
extrémités sont constituées par des acides sialiques, au nombre de 2 ou 3 par chaîne.
L'addition des acides sialiques est sous la dépendance d'une glycosyl-transférase. La forme de
transferrine majoritaire dans un sérum normal comporte 4 acides sialiques.
La consommation régulière de plus de 50 g d'alcool pur par jour provoque l'apparition dans le
sérum de transferrine "désialylée" c'est-à-dire ne comportant que zéro, un ou deux acides
sialiques. Une telle désialylation n'est pas l'apanage de la transferrine puisque décrite aussi
pour d'autres glycoprotéines, comme l'a1-glycoprotéine ou l'a2-macroglobuline. Le
mécanisme exact de la désialylation alcoolo-induite n'est pas connu avec précision.
La sensibilité de la CDT pour le dépistage de la consommation excessive d’alcool chez des
patients ayant ou non une atteinte hépatique varie entre 0,6 et 0,8, soit légèrement inférieure à
celle de la GGT et supérieure à celle du VGM.
La variation de sensibilité de la CDT en fonction de l’état hépatique reste un sujet de débat.
Elle est théoriquement possible en raison des troubles de synthèse de la transferrine en cas
d’insuffisance hépatocellulaire. En l’état actuel des choses, il apparaît raisonnable de retenir
qu’en cas de cirrhose, le dosage de la CDT semble moins contributif pour le diagnostic
d’alcoolisation excessive que lorsque le foie est sain. Le dosage de la CDT serait alors
particulièrement utile pour dépister les abus avant qu’il n’y ait détérioration hépatique.
L’avantage de la CDT par apport à la GGT réside dans sa meilleure spécificité qui est de
l’ordre de 0,8. Chez les non-buveurs, une élévation de la CDT a été décrite dans les cirrhoses
biliaires primitives, les tumeurs hépatiques et les hépatites chroniques. Les mécanismes de ces
augmentations ne sont pas connus. En ce qui concerne les hépatites et surtout les hépatites C,
il faut prendre soin d’éliminer formellement un alcoolisme caché, surtout lorsque le patient est
un ancien toxicomane. Il n’en reste pas moins que la fréquence de l’élévation de la CDT dans
les hépatopathies non alcooliques est nettement inférieure à celle de la GGT.
Acetate sanguin
L'acétate est le métabolite final de l'oxydation hépatique de l'alcool. On sait que l'alcoolisation
chronique entraîne, sans doute par induction enzymatique, une accélération du métabolisme
de l'alcool. Cela conduit à une synthèse plus rapide d'acétate d'où une augmentation de sa
concentration sanguine par rapport à celle d'un individu sobre ou celle après intoxication
aiguë. Ce test permettrait de distinguer un alcoolisme chronique d'une alcoolisation aiguë.
Aspartate amino-transferase mitochondriale (ASTm)
L'aspartate amino-transférase (AST ou ASAT, anciennement SGOT) telle qu'on la mesure
dans le sérum ou dans le foie est un mélange de 2 isoenzymes, chacune étant codée par un