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les verbes fondamentaux dans la genèse de l'idée verbale et nous les adoptons comme
point de départ dans l'étude distributionnelle des préfixes.
Dans notre thèse sur la sémantique des préfixes verbaux en bulgare et en français
(Véliko Tirnovo, 1974) nous avons constaté qu'à l'exception du préfixe en-/em-/ qui
présente deux valeurs dans ses combinaisons avec un verbe (la pénétration dans un
objet et l'éloignement), les valeurs contextuelles des autres préfixes peuvent se ramener
à une seule valeur de langue, suffisamment générale pour pouvoir couvrir des
applications discursives plus ou moins distinctes. Comme la préfixation occupe une
position intermédiaire entre le plan de la langue et le plan du discours et repose sur
l'ébauche des valeurs discursives pour pouvoir se réaliser (ce n'est pas avec sa valeur
initiale que le verbe naître entre en combinaison avec le préfixe re-, mais plutôt avec
une acception contextuelle concrète : « Quand on renaît à l'espérance…»), nous
devons examiner les occurrences possibles d'un verbe donné pour juger de son pouvoir
combinatoire avec les préfixes. Cette analyse nous permettra de voir à quelle étape de
l'évolution de l'idée verbale apparaît tel ou tel préfixe et en quoi consiste sa valeur
linguistique. Nous aurons comme points principaux de notre étude les positions
fondamentales qui marquent la genèse de l'idée verbale.
A. Le verbe être et les verbes qui lui sont assimilables
I. La position ÊTRE1
«ÊTRE1 pose l'existence de toute matière, susceptible d'être pensée
linguistiquemeiit. C'est la première position du système idéogénique du français. . .
ÊTRE1 a pour essence (...) de poser l'existence des choses dont on parle... ÊTRE1
signifie "exister" sans plus, Exister est, si l'on peut dire, la réalisation de ÊTRE1, son
aspect extérieur ; celui-là est chargé d'une matière plus grave que celui-ci »
.
Des citations ci-dessus il ressort que ÊTRE1 est une position virtuelle qui pose
l'existence d'une chose sans impliquer aucune autre précision (ni dans le temps, ni dans
l'espace). C'est ce fait qui explique le peu d'emploi de ÊTRE1 dans le discours (je pense
donc je suis, il était une fois. .., Jean n'est plus). Il n'est pas difficile de comprendre
K. Mantchev, Hiérarchie sémantique des verbes français contemporains, «Cahiers de lexicologie», Paris, 1967, 1, 31-10.