Introduction Depuis la découverte des rayons X en 1895 par M.Röntgen, la tomographie conventionnelle a connu de nombreuses évolutions avant de donner naissance au scanner. Comment comprendre le formidable engouement généré par le scanner au congrès de Madrid en 1972, quand on considère que pour obtenir quelques coupes de cerveau de très pauvre résolution spatiale, il fallait plusieurs minutes pour acquérir une image et autant de minutes pour la reconstruire. La résolution en densité semblait être alors le seul intérêt de cette technologie et la neuroradiologie de l'encéphale son seul champ de bataille. Un simple regard sur le dernier quart de siècle écoulé permet de mesurer le chemin parcouru et de se rendre compte que la technologie utilisée en imagerie médicale permet d'offrir en routine un niveau de performances qui était tout simplement inimaginable ou tout du moins paraissait inaccessible, dans les années 70. C'est au cours de cette décennie que sont apparues ou que se sont affirmées toutes les techniques majeures d'aujourd'hui. En ce début de millénaire, le scanner est au cœur de l'actualité technologique. Le développement des détecteurs multi-coupes, associé à l'acquisition sub-seconde et à la visualisation temps réel, lui ouvrent des perspectives insoupçonnées En effet les apparitions de nouvelles technologies comme le tube à anode tournante et les idées de Godfrey Hounsfield ont aboutie à une nouvelle technique d’imagerie clinique. Nous allons donc étudier ce principe, puis détailler les évolutions des différentes générations de tomodensitomètre, en terminant plus particulièrement par l’analyse du dernier scanner multicoupes sub-seconde. 1 I-Principe Lorsque l’on expose des tissus biologiques aux rayons X, ces derniers sont atténués suivant une fonction exponentielle tenant compte de l’absorption photoélectrique et de la diffusion par effet Compton. Si I0 est le flux incident de rayons X dans un milieu hétérogène de coefficient d’atténuation (x), et I le flux sortant des tissus, nous avons la relation suivante : I=I0exp(-(x)dx) Le tomodensitomètre qui s’appelle aussi le scanner X, est basé sur la mesure des différents coefficients d’absorption des tissus traversés par un faisceau de rayons X. Chaque tissus a son coefficient d’absorption propre qui dépend de la densité du tissus et de l’énergie du faisceau le traversant. Si on associe une échelle de niveau de gris à ce coefficient, on peut obtenir en utilisant des algorithmes de rétro projections une image scanner, correspondant à l’image d’une coupe transversale du corps étudié. La valeur de la densité radiologique, proche des coefficients linéaire d’atténuation, est calculée et convertie en unité Hounsfield selon une échelle de 4000 niveaux allant de –1000 à +3000. Pour les rayons X la relation qui permet de convertir les coefficients en unité Hounsfield est : matériau-eau Hounsfield= x 1000 eau En unité Hounsfield les coefficients les plus courants sont Os cortical Os médullaire Muscle Graisse Air +300 à +3000 +180 à +250 +55à +60 +30 à +55 -1000 La technique de reconstruction d’une image est basée sur l’acquisition de projection sous différents angles. A partir de ces projections on récupère les informations contenues sur une même ligne nécessaire à la reconstruction d’une coupe. Si on les regroupe les unes à la suite des autres, on obtient un sinogramme qui permettra de reconstruire une image de coupe. L’obtention de la coupe peut se faire par rétro projection filtrée : - Pour chaque angle d’incidence, un point que l’on veut calculer est projeté et provoque un impact sur le détecteur ( acquisition de projection ) - Un impact sur le détecteur est susceptible de contenir l’information d’une ligne de points de la coupe ( rétroprojection ) - On supprime la ligne de point et on ne conserve que le point contenant l’information (filtrage) 2 - filtrage projection rétro projection Schéma du principe de la rétro projection filtrée A partir de là, nous allons présenter les évolutions des différents appareils suivant ce principe, qui ont abouti à l’obtention d’images de diagnostic clinique de plus en plus détaillé mais aussi de plus en plus rapide. II-1ère génération Datant du début des années 70, il est composé d’un tube à rayons X, d’un seul détecteur, l’ensemble toujours en opposition, de part et d’autre du corps, se déplaçant en translation et en rotation. Schéma du principe de la 1ère génération 3 Très rapidement on est passé à un groupe de détecteurs, permettant une meilleure résolution, la disposition et les degrés de mouvements restant les même. Schéma de la première génération avec groupe de détecteur Présentation du tube à rayons X : Basé sur le principe de l’ampoule, le tube à rayons X est composé d’une cathode, d’une anode, et d’un filament enfermé dans une enceinte où le vide est maintenu. Lorsque le filament chauffe sous l’effet de l’intensité traversant la cathode, il émet des électrons qui, extrêmement attirés par l’anode, vont en la percutant émettre des rayons X. Pour pouvoir se transformer en photon, l’électron à besoin de recevoir un choc à grande vitesse. C’est pourquoi on fait tourner l’anode. Cette rotation ainsi que les multiples chocs des électrons sur l’anode donnent un très grand dégagement de chaleur, ce qui explique qu’on dise souvent que le rendement d’un tube est de 1%, soit 99% d’énergie calorifique pour 1% de rayons X produits. Le faisceau étant proportionnel avec la quantité d’électrons, on voit déjà apparaître les premières limitations techniques ainsi que la difficulté à gérer le compromis dose-chaleur. En effet il faut éviter d’atteindre la capacité thermique maximale du tube qui entraînerait sa fusion ; on remarque qu’au plus on désirera une dose de rayons élevée, au plus il faudra augmenter l’énergie d’alimentation du scanner, et au plus la chaleur dissipée sera importante. D’autre part, l’alimentation d’entrée demande une forte puissance. Schéma de fonctionnement d’un tube à rayons X 4 Présentation du détecteur : Les propriétés du xénon sont à la base du détecteur. En effet sous l’action des rayons, les électrons sont excités et produisent un courant électrique. C’est ce signal que l’on récupère, signaux proportionnels à l’atténuation du corps traversé. Rayons X e- mA quelques millimètres Schéma du détecteur au xénon Ceci a été très vite miniaturisé, puis on a utilisé dans cette même génération un groupe de détecteurs à la place du détecteur unique. La lecture en a été plus fine. On utilisait entre 16 et 32 détecteurs. Tous les éléments ( tube, détecteur, moteur pour translations et rotations, alimentations, système de refroidissement… ) sont montés sur le statif. Ce dernier est le bloc qui entoure l’enceinte de travail. Il peut pivoter sur un angle de plus ou moins 30° perpendiculaire à la table où est couché le patient. Ceci permet d’éviter d’irradier les yeux, le nerf optique étant très sensible aux rayons X, et pouvant rendre aveugle un individu à répétition d’examens. Le statif Les signaux issus des détecteurs donneront naissance à une image médicale après traitement externe sur console. 5 III-2ème génération La deuxième génération est apparue pendant les années 80. C’est une grande évolution, puisque l’on a obtenu une rotation pendulaire de l’ensemble tube-détecteurs. Schéma du principe de la 2ème génération L’amélioration de la résistance du tube à la chaleur, du système de refroidissement, et de la réduction de la rémanence(1) des détecteurs ont abouties à l’obtention de cette rotation continue mais limitée à un tour de statif avec l’obligation de repartir dans l’autre sens. Toutefois ce système permet d’offrir deux coupes par aller retour. (1) La rémanence est un phénomène qui se trouve sur les détecteurs, et qui est un résidus de l’excitation des électrons du xénon. Il en résulte un courant résiduel qui peut venir fausser le signal si on ne laisse pas se dissiper la rémanence. Les progrès informatiques des logiciels ont permis une diminution du temps d’acquisition, donc de la dose et du temps d’examen. De plus, on voit l’apparition d’images volumiques mais aussi du corps entier puisque si l’on conserve la même dose, on peut choisir de diminuer ou d’augmenter la surface à examiner, ou alors d’obtenir une meilleure résolution, l’un étant au détriment de l’autre. Ainsi on peut regarder la différence de résultats obtenus entre les deux premières générations sur quelques paramètres basiques. En 1970, seul l’examen du crâne était possible, maintenant le corps entier peut–être examiné. On peut noter une nette amélioration de la convivialité patient et la résolution de contraste devient acceptable. Le temps d’acquisition par coupe et le temps de reconstruction passe chacun de quelques minutes à quelques secondes, la résolution spatiale du centimètre au millimètre. 6 Picker a été le premier à commercialiser un scanner dont seul le tube est en rotation, une couronne de détecteur sur les 360° du statif. Malheureusement le coût du simple détecteur étendu au tour entier du statif rend le dispositif assez cher. Ce fut la principale cause de sa disparition au profit des scanners à groupes de détecteurs de la troisième génération. Schéma du scanner Picker à couronne de détecteurs Toutefois il restait de nombreuses difficultés technologiques à résoudre. La haute tension nécessitait toujours d’améliorations, ainsi que le système de refroidissement du tube. La plus grosse étape restant à franchir était la résolution du problème de l’encombrement des câbles qui allait alimenter le tube et relever les signaux des détecteurs. En effet, à cause du mouvement de ces derniers, ces fils avaient tendances à s’enrouler, donc à forcer et à se déconnecter de l’appareil. C’est cette étape que la troisième génération a réussi à passer. 7 IV-3ème génération C’est celle qui est actuellement la plus employée. Grâce au brevet déposé par Siemens concernant la conduction de la haute tension par contact céramique utilisé par la division ferroviaire, son équipe de recherche et développement biomédical adapta ce procédé à la rotation continue du scanner, supprimant la contrainte du mouvement pendulaire. En effet les câbles de branchements du rotatif étaient devenus inutiles. La haute tension et tous les fils des détecteurs sont amenés au statif. La connexion avec la couronne mobile (i.e :tube + détecteurs) se fait grâce à des bagues collectrices en céramiques qui sont en appui sur des pistes conductrices en cuivre recouvrant la paroi externe de la couronne. céramique signaux } haute tension( 140 kV) piste conductrice Schéma principe des contacts Les avantages de la rotation continue sont multiples. Ils permettent de passer d’acquisition en mode incrémental ( i.e. succession de coupes transversales avec avancée de la table par pas) à une acquisition hélicoïdale qui va permettre le déplacement continu de la table mais surtout qui va donner naissance à des reconstruction volumiques, reconstruction d’un plan longitudinal dans un plan sagittal. La précision de ces images remarquables apportant de nombreux détails supplémentaires, ont connus l’engouement de tous les utilisateurs. Grâce à son brevet, Siemens est resté un petit moment le seul à proposer la rotation continue, et rapidement compte tenu de l’impact de ces nouvelles images, ses principaux concurrents ( Marconi, Toshiba, General Electric, … ) ne pouvant pas utiliser cette technologie de contact pour amener la haute tension sur la couronne mobile, ont solutionné le problème d’une autre manière. Il faut rappeler que l’échange aussi bien de nature énergétique qu’informative, est le principal problème des scanners de deuxième génération. En effet le mouvement pendulaire endommageait les câbles, ce qui nécessitait de nombreuses maintenances. La solution adoptée est donc de produire la haute tension à l’intérieur du statif, sur la couronne. Connaissant la manière pour amener de la basse tension avec un système similaire, on a directement fixé le générateur dans la partie mobile. Pour des raisons de répartition des poids, on remarque que la tension est fabriquée par deux transformateurs diamétralement opposées. Les contacts céramiques revenant très cher, Siemens a fini par rejoindre la solution de ses concurrents, plus économique, mieux protégée contre les interférences et l’oxydation dues au passage de la haute tension qui pouvait aller jusqu’à produire des arcs électriques. Les signaux des détecteurs étant de faible intensité, cette solution évitait ces inconvénients, la basse tension n’impliquant pas autant de contraintes. 8 Photo du statif (gauche) et de la couronne mobile (droite) de l’Aquilion de Toshiba générateur de HT tube à rayon X } Basses tensions signaux détecteurs Schéma du scanner à rotation continue Le tube radiogène L’amélioration de certains paramètres physiques comme l’augmentation de la capacité calorifique du foyer, leur mise en mouvement ou encore leur dimension ont donnée de très bons résultats ainsi que de nombreuses innovations. On peut noter que l’augmentation de la taille du tube apporte une contrainte technique en plus. Le fait de vouloir obtenir des vitesses de rotation de plus en plus rapide, compte tenu de son poids et de la force centrifuge ( on arrive à des vitesses de rotation qui sont passées au dessus de une rotation par seconde ), donne l’obligation de pouvoir résister à des forces de 13 G. Pour mémoire citons qu’un pilote de chasse est soumis à cinq G et que personne ne peut affronter indemne 8 G. De plus il y a risque d’expulsion du tube à rayon X. Courbe de force centrifuge du tube en fonction de la vitesse 9 De la même façon, les détecteurs ont contribué à l’amélioration de ces images. La troisième génération de détecteurs voit l’abandon de la technologie Xénon au profit de la technologie solide. Ce détecteur est composé de cristaux placés dans une chambre d’ionisation. Ces cristaux recevant des rayons X, les convertissent en une énergie lumineuse qui est proportionnelle à l’intensité du faisceau reçu. Une photo diode récupère cette intensité lumineuse et la convertie en signaux électriques. Les avantages de cette technique sont la diminution de la rémanence et la miniaturisation du détecteur qui a permis l’amélioration de la résolution intrinsèque. Rayons X Chambre d’ionisation Cristaux Rayons lumineux Photodiode Signal électrique Schéma du détecteur solide L’optimisation de la distance tube RX - détecteur joue un rôle important dans l’amélioration des images, surtout dans la résolution volumique, ainsi que la réduction des temps d’acquisition, et donc l’augmentation des cadences d’examen. Les générateurs ont aussi eu droit à leurs améliorations. La puissance a été augmentée ( de 50 à 100 kW ) et on voit l’apparition de générateur embarqué haute fréquence qui va modifier l’échange d’informations et la console de traitement. On utilise des fréquences radio pour transmettre les signaux de la partie mobile vers le statif. Photo du générateur de hautes tension sur l’Aquilion de Toshiba De manière concrète nous assistons à une augmentation considérable de la vitesse de rotation, les acquisitions volumiques sont plus rapides, d’autant plus que c’est le moment où apparaît la technique d’acquisition hélicoïdale, on commence même les études morphologiques en mouvement. 10 V-Le scanner multicoupes subseconde C’est le scanner dernier cris. Il fait encore parti de la troisième génération, ce sont certaines méthodes qui ont été améliorées. Comme son nom l’indique, ces scanners sont en mesure d’effectuer une rotation de 360° en 0.5s, l’avantage principal étant de réduire les artefacts de mouvement, de diminuer les temps d’acquisition et d’accéder à l’imagerie fonctionnelle notamment l’imagerie cardiaque et de perfusion ( cérébrale, myocardique, rénale… ). L’imagerie subseconde obéit à des contraintes physiques importantes puisque cette rotation est responsable de contraintes gravitationnelles élevées ( de l’ordre de 20 g ). Ces contraintes sont augmentées au fur et à mesure des évolutions puisque les constructeurs ne cessent d’augmenter la taille des anodes ( jusqu’à trente centimètres de diamètre ), et leur vitesse ( juqu’à 9000 tours par minute ). Photo du dernier tube Megacool de Toshiba ( version Aquilion ) Le fait d’augmenter la taille de l’anode va lui autoriser d’encaisser plus de chaleur (de l’ordre de quelques centaines de kilo d’unités calorifiques) et le fait de la dynamiser va lui permettre une usure plus répartie ainsi que plus d’axes de perspective du corps à examiner. D’autres techniques comme de relier l’anode à un potentiel positif, au contraire du tube ordinaire où elle est relié au potentiel 0, engendre une alimentation inférieure au niveau de la cathode et permet la transformation en photons de certains électrons, qui seraient allés percuter l’anode pour produire jusqu’à 30% de chaleur inutile. Dans certains cas, on peut jouer sur la distance anode / gaine. Cette dernière renferme le tube dans une enceinte hermétiquement close et emplie d’huile . Aspect extérieur de la gaine du tube 11 Le refroidissement se fait par le renouvellement de cette huile qui est refroidie en circuit fermé sur le statif par un système d’échangeur de fluide. La diminution de cette distance optimise sa vitesse de refroidissement. Ainsi on arrive aujourd’hui à atteindre des capacités calorifiques de 7.5 MUC avec un taux de refroidissement de l’ordre de 1.4kUC. Schéma de principe du refroidissement Pour éviter les résistances dommageables, la technologies par courroie s’avère être un inconvénient et risque d’évoluer au profit d’une technologie qui limite les forces de frottements. Ce dernier type d’entraînement limite aussi les vibrations au niveau du statif. En effet G.E. a fait le choix d’un système d’entraînement par courroie ( fig. 1 ) alors que ses concurrents ont mis au point un véritable moteur puisque le tunnel devient le rotor et le stator est le statif ( fig. 2 ). système d’entraînement par courroie système d’entraînement par moteur sur rotatif fig.1 fig.2 La multidétection Le marché se départageait jusqu’à récemment entre deux types de machines. Celles à mono détecteurs qui avait été adoptées par tous les constructeurs sauf un, Marconi (anciennement Picker-ELSCINT), qui avait choisi le principe de jumeler deux détecteurs dans l’axe des "z" d’où le nom de Twin. Les multi détecteurs se déclinent actuellement autour de trois concepts, selon qu’il s’agit de détecteur symétriques, asymétriques ou mixtes. Les détecteurs symétriques sont proposés par G.E. Toshiba propose quant à lui un système hybride. La conception de G.E. comprend 16 détecteurs de 1.25 mm chacun dans l’axe des "z". Selon l’ouverture de la collimation primaire ( i.e. une plaque de plomb qui détermine la largeur du faisceau de travail à partir d’un faisceau envoyé par le tube : collimation primaire, et une autre plaque qui se trouve juste au dessus des détecteurs : collimation secondaire) il est possible d’obtenir quatre coupes de 1.25 mm, quatre coupes de 2.5 mm ou quatre coupes de 5 mm. 12 La technologie Toshiba est une variante radicalement différente et probablement la plus évolutive. Elle comprend dans l’axe des "z" quatre détecteurs centraux de 0.5 mm entourée de 32 détecteurs de 1 mm qui permet d’obtenir quatre coupes de 0.5 mm jusqu’à quatre coupes de 8 mm d’épaisseur. Les différentes configuration : SIEMENS/PICKER-ELSCINT en haut à gauche (2x1 ; 2x1.5 ; 2x2.5 ; 2x5mm). TOSHIBA en bas(4x0.5 ; 32x1mm). GE en haut à droite (16x1.25mm). La technologie des concurrents fait appel aux détecteurs anisotropes. Cette technologie, adoptée par Siemens et Marconi se compose de huit détecteurs ( deux centraux de 1 mm, entourés par deux de 1.5 mm , deux détecteurs de 2.5 mm et deux de 5 mm ). Ce choix n’est pas innocent puisqu’il permet une très bonne couverture du faisceau de rayons X y compris en périphérie. Ce système fait appel à deux collimations, une primaire et une secondaire. Il est possible d’obtenir deux coupes de 0.5 mm, 4 coupes de 1 mm, quatre coupes de 2.5 mm ou quatre coupe de 5 mm. 13 Schémas de principe de la collimation pour des détecteurs anisotropes Dans l’immédiat les détecteurs asymétriques ont en théorie une avance en termes de qualité d’image. En effet le faisceau de rayons X couvre mieux les détecteurs centraux que la périphérie. L’utilisation de détecteurs périphériques plus larges permet de compenser ce phénomène. L’appareil Toshiba offre le plus grand nombre de détecteurs. Il est, comme les appareils d’autres firmes, pour le nombre de coupes acquises simultanément, limité par les capacités informatiques de traitement. Moyennant des développements informatiques probablement très coûteux, le calcul des données par binômes de détecteurs, voire par détecteurs individuels, permettraient d’obtenir huit à seize coupes individuelles par rotation du tube au dépend d’une multiplication des informations à transférer et à traiter. G.E. propose seize détecteurs multiplexés 4x4. Il est probable que cette technologie soit aussi évolutive dans les années à venir, chaque détecteur possédant son système de calcul, ce qui à termes aboutirait à seize coupes acquises simultanément au lieu de quatre. Le système de multidétection Siemens et Marconi n’est à priori pas évolutif dans l’immédiat car si les détecteurs asymétriques assurent à l’heure actuelle la meilleure qualité image, ils ne permettent pas une évolution vers des systèmes de reconstruction individuelles de coupes d’épaisseur équivalente. Sur les scanners hélicoïdaux mono coupe, lorsque le pitch (déplacement de la table / l’épaisseur de coupe) nominal est de un, le déplacement de la table au cours d’une rotation du tube est identique à une épaisseur de coupe. Avec la multidétection, quatre coupes peuvent être acquises de façon simultanée et donc, le pitch est quatre fois plus grand que sur un scanner mono coupe. Cependant la sémantique selon les constructeurs varie ; pour un déplacement de table identique au volume acquis de coupe, Marconi parle de pitch de 1, les autres fabricants de pitchs de 4 ( car ils raisonnent à partir d’un détecteur individuel, et non à partir du groupe de 4 chaîne de détection. ). L’acquisition multicoupe permet également une sélection plus large de l’épaisseur de coupe. Celle-ci est déterminée par la collimation qui détermine l’épaisseur, le pitch, l’épaisseur du filtre de reconstruction dans la direction longitudinale. 14 Différence entre une acquisition hélicoïdale simple et une acquisition multicoupe avec un pitch supérieur à 1. L’ amélioration de la résolution temporelle est liée à la réduction du temps d’acquisition, par conséquence, à la vitesse de rotation du tube. Si cette rotation sur 360° n’est plus que de 0.5s alors il est possible d’obtenir huit coupes par seconde. Cela permet d’obtenir deux avantages : - un volume exploré jusqu’à huit fois supérieur qu’en scanner hélicoïdal mono coupe à temps d’acquisition et épaisseurs de coupe égaux ; - une résolution temporelle considérablement accrue puisqu’en rotation partielle (180°) des temps d’acquisition aussi courts que 0.25 s peuvent être obtenus. La synchronisation cardiaque prospective est possible ; elle permet une imagerie morphologique cardiaque et des coronaires nettes car elle est acquise en diastole. L’acquisition hélicoïdale a représenté un progrès considérable dans l’utilisation du scanner, du fait de l’accès à une acquisition continue des données. Ces capacités ont été générées grâce à de nouvelles technologies incluant de nouveaux tubes à rayons X, des géométries de tubes spécifiques, plus courtes, permettant des rotations plus rapides, mais surtout une formidable évolution dans l’informatique traitant les données, notamment par la possibilité, grâce à des algorithmes spéciaux, de reconstruire des images axiales à partir d’informations hélicoïdales donc obliques. 15 Informatisation L’introduction des machines multicoupes a rendu indispensable l’utilisation d’une station de post traitement pour explorer les quantités considérables d’images produites. Certains constructeurs ont même mis cette deuxième console dans la configuration de base. Configuration d’un poste de travail L’arrivée du subseconde et des détecteurs multicoupes ont remis en question la manière de traiter les données et ont introduit la notion de gestion des flux de données ( work flow ). En effet, certaines séquences pouvant fournir plus de 500 images, il est de moins en moins concevable de les présenter ainsi au praticien. C’est pourquoi G.E. a développé le concept direct 3D capable d’offrir d’abord une représentation en 3D volumique des premières données brutes issues de la reconstruction. Le praticien a tout le loisir ensuite de choisir la zone d’intérêt pour une visualisation coupe par coupe ou appliquer un post traitement. Cette gestion des flux de données a un enjeux considérable puisqu’elle vise à ne pas perdre derrière la console le temps que l’on gagne à l’acquisition. Dans l’application cardiologique, majeure et prometteuse, cela consiste à utiliser des techniques d’acquisition ou de reconstruction synchronisées sur le complexe QRS. Dans un premier cas on ne retient que les projections acquises à un moment bien précis du cycle cardiaque correspondant à la phase diastolique, puis on reconstruit l’image figée du cœur issue de plusieurs cycles cardiaques : c’est la technique prédictive. Reconstruction prédictive 16 Dans un deuxième cas, on retient toutes les projections acquises, et l’on reconstruit les images en ne prenant que les projections correspondant a un même cycle cardiaque : c’est la technique rétrospective. Cette dernière technique permettra à termes d’obtenir plusieurs images du cœur correspondant à divers cycles cardiaques. C’est certainement la technique qui exploite le mieux toute la potentialité des dernières technologies en utilisant des reconstructions partielles sur 180°, des temps de balayages de 250 ms et une acquisition sur quatre canaux ( soit 8 images par seconde ) afin d’obtenir la meilleure résolution temporelle possible. Enfin la réduction ou du moins le contrôle des doses délivrées au patient étant un problème de plus en plus d’actualité, on voit apparaître dorénavant des outils de gestion des doses appliquées ( Doseright chez Philips par exemple ), sans oublier l’effort fait sur les interfaces utilisateurs qui sont de plus en plus intuitif, interactif et convivial. La présence de nombreux icones facilite la manipulation, l’apprentissage, minimise les procédures de routine et permet d’enregistrer facilement des protocoles ou l’archivage. Exemple d’interface utilisateur Aujourd’hui l’intérêt de l’archivage ainsi que du transfert des informations patients est réel. Il est nécessaire et devient même un critère d’appréciation présent dans l’esprit des praticiens. Exemple des compatibilités de communications possibles 17 Implantation Le scanner fait partie d’une « chaîne » et sa productivité est conditionnée par le maillon le plus faible (brancardage du patient, temps d’installation pour l’examen, temps d’examen, temps de reconstruction des images, temps d’interprétation…). Il convient de prendre en compte et d’optimiser dans la mesure du possible tous ces aspects. Les scanners appartenant aux équipements lourds, ils engendrent d’importantes contraintes d’installations qui peuvent occasionner des surcoûts à ne pas négliger. En effet le plus petit paramètre nécessite toute l’attention de l’ingénieur biomédical. Par exemple, l’alimentation électrique dépend de quatre points : le courant maximum, la puissance, la résistance maximum de la prise de terre et le type de protection ( équipement alimenté par un onduleur … ). Il faut réfléchir aux encombrements ( longueur, largeur, hauteur, déplacement de la table…) comprenant aussi les zones d’accès à la maintenance. Enfin il est nécessaire de considérer le local avec toutes ses caractéristiques spécifiques comme la charge au sol ( ponctuelle/répartie),sa spécification (résistance électrique, planéité,…), ainsi que les conditions de fonctionnement à respecter comme la gamme ou le gradient de température ou d’hygrométrie. Bilan du scanner subseconde multicoupes A l’heure actuelle, la technologie hélicoïdale permet d’acquérir un nombre élevé de coupes par unité de temps et de couvrir des volumes anatomiques plus grands qu’auparavant. Cette combinaison d’acquisition plus rapide et de post-traitement plus efficace ( rapidité de reconstruction, archivage. ) a modifié les pratiques des utilisateurs en associant parallèlement une sécurité diagnostique élevée, a augmenté théoriquement le nombre de patient ainsi que la productivité. On peut donc voir en détails les nouvelles applications générées par l’innovation de ces deux modes. Le mode subseconde, en imagerie tridimensionnelle du cœur, la réduction du champ de vu permet avec un balayage partiel d’obtenir un temps d’acquisition de 0.25 s. La résolution spatiale supérieur et la rapidité d’acquisition permettent d’améliorer les capacités du diagnostic au niveau des régions affectées par le mouvement cardiaque, tels que les gros vaisseaux et les biles pulmonaires. La diminution du temps d’acquisition permet de documenter des volumes explorés plus importants par unité de temps, autrement dit d’avoir une résolution longitudinale augmentée. Cela permet également d’améliorer la résolution temporelle, notamment en fluoroscopie. ( quand on injecte un produit de contraste ). La multidétection augmente la zone couverte au cours d’une seule rotation du tube, diminue le temps d’acquisition, ce qui permet en particulier de réaliser des examens de qualité même chez des patients difficiles (problème respiratoires,..). de plus, l’ensemble du thorax et de l’abdomen, ou des membres inférieurs peuvent être couverts en une seule acquisition. En coupe épaisse le temps d’une acquisition est pratiquement devenu équivalent à celui de prise d’un cliché en radiographie standard. 18 Exemple de l’évolution des performances grâce à la multidétection (Pour la marque Marconi) Dans le cas contraire la possibilité de faire des coupes plus fines dans un laps de temps identique est également un avantage et ce, d’autant que la dose d’irradiations n’est pas augmentée. La combinaison de ces deux avantages pourraient permettre en outre la réduction des doses de produits de contraste injectées. De plus, des mesures de vélocité et de volume sanguins devraient être amenées à se développer avec cette nouvelle technique. Une autre application dans laquelle ce type de technologies peut avoir un grand impact est l’imagerie fonctionnelle. Pour une étude de la perfusion cérébrale, il sera possible de couvrir 20 mm et d’acquérir des données de façon continues, à raison d’une rotation du tube avec une résolution en "z" de 5 mm. L’imagerie en temps réel ouvre de nouvelles perspectives en activité interventionnelle notamment l’angiographie TDM, l’imagerie fonctionnelle, celle du polytraumatisé, enfin un élargissement d’actes interventionnels grâce à la fluoroscopie TDM. Acte interventionnel 19 VI- Comparatif entre les fabricants Descriptif selon les principaux constructeurs Fournisseur SIEMENS TOSHIBA Somatom Volume Zoom 60 kW Aquilion multi 1- Générateur RX haute fréquence 2- Ensemble DURA Akron-B radiogène 3- Cadre Somatom Volume tomographique et Zoom support 4- Chaîne de Multibarettes détection Ultra Fast Ceramic 5- Mode Temps réel radiographique 6- Mode Hélicoïdal scanographique Multicoupes 7- Structure SMI informatique Proc. Sharc Calculateur(s) 8- Système Windows NT d’exploitation Navigator console opérateur Wizard console posttraitement 9- Liaison scanogr Incluse avec le repro laser 10- Injecteur de ENVISION CT produits de Medrad contraste 11- TV 625 lignes Inclus avec magnéto SVHS 12- Imprimante CODONICS couleur laser 1660 NP - Nombre d’appareils identiques installés en France 18 PICKER GEMS MX 8000 Pinpoint CXGS-009A POWER RX LightSpeed Advantage Jedi CXB 750 A / MEGACOOL Aquilion multi Ensemble radiogène Performix MX8000 Matriciel + Pinpoint LightSpeed Advantage Multibarettes Solide ultra rapide Temps réel Matriciel Polycristal Lumex Temps réel Hélicoïdal Multicoupes Silicon Graphics O2 R 10 000+ 12 000 Unix Navistation Alatoview Hélicoïdal + bras robotisé Multicoupes Silicon Graphics O2 Hélicoïdal Multicoupes Silicon Graphics Octane et O2 Unix 2 consoles MX View Unix LightSpeed Adw Incluse incluse Incluse ENVISION CT Medrad ENVISION CT - Medrad Vistron – Medrad Sony SVO 9500 inclus Sony PVM 20M4E CODONICS 1600 LP Laser couleur 2 12 Lexmark Optra Color Type SC 1275 N 8 Temps réel 20 Evaluation de différents critères généraux 16 12 SIEMENS Somatom Volume Zoom 5 12 12 Fournisseur Barème Evolutions 1- Générateur RX haute fréquence 2- Ensemble radiogène 3- Cadre tomographiq ue et support 4- Chaîne de détection 5- Mode radiographiq ue 6- Mode scanographiq ue 7- Structure informatique 8- Système d’exploitatio n 9- Liaison scanographiq ue avec le repro laser 10- Injecteur de produits de contraste Total TOSHIBA PICKER Aquilion MX 8000 multi PICKER MX 8000 + Pinpoint GEMS Lightspeed Advantage 0 9 4 12 4 12 4 12 10 9 9 9 10 35 32 25 26 26 29 14 10 13 10 10 12 9 7 8 7 7 8 66 59 60 39 42 33 7 7 6 6 6 7 131 119 104 116 116 110 3 3 2 3 3 3 17 17 17 17 17 15 342 296 266 264 267 257 21 Détail et évaluation de l’ensemble radiogène Barème ENSEMBLE RADIOGENE - Gaine RX type Capacité thermique MUC (Millions d’unités de Chaleur) - Tube RX type * capacité thermique MUC type de refroidisseme nt Taux de refroidisseme nt Foyers flottants + nombre (au moins 2) + taille mm + puissance dispo utile kW SIEMENS N TOSHIBA N o o t t e e Akron - B 2 MCS 7078 5,3 2 DURA AkronB 5.3 GEMS N o t e Max 200 CT 2 2 Performix 6,5 2 Ensemble radiogène 2 5,3 1 7.5 2 6,3 2 6,5 2 1 1 Echangeur Huile/Air embarqué 1 Echangeur Huile/Air embarqué 1 Echangeur Air/Eau embarqué 1 2 Echange huile/air et air/eau embarqué 730 KUC/mn 1 1386 KUC/mn 2 840 KUC/mn 6,9 kW pdt 10mn 1 730 kUC/mn 1 1 OUI 1 NON 0 NON 0 OUI 1 1 2 1 2 1 2 1 2 1 1 1 0,5 * 0,7 0,8 * 1,2 1 1 0.8 * 0.9 1.4 * 1.6 0 0 0,7 * 0,6 0,9 * 0,7 1 1 0,7 * 1,0 1,2 * 1,5 0 0 1 60 KW 1 36 - 60 kW 1 24 - 54 kW 1 6 foyers 60 kW 1 Pfoyer 27 kW 118 513,87 71 000,00 Prix d’un tube RX T.T.C. €uros 83 389,61 111 897,58 Tarifs en France Fournisseur N o t e Gaine RX 5,5 CBX 750 A/ MEGACOOL PICKER SIEMENS TOSHIBA Somatom Volume Aquilion multi GE MEDICAL LightSpeed Advantage PICKER MX 8000 | Pinpoint Zoo Prix total TTC en €uros 925 365,53 € Prix total TTC en Francs 6 070 000,00 FF 944 879,01 € 913 169,61 € 853 714,5 € 920 792,07 € 6 198 000,00 FF 22 5 990 000,00 FF 5 600 000,00 6 040 FF 000,00 FF Conclusion Toutes ces innovations ont impliquées de nombreux ralentissements compte tenus de l’inter corrélation entre les différents paramètres. En effet la reconstruction des images provenant d’une multidétection est plus compliqué qu’en mono détection. Il n’a donc pas fallu juste mettre au point la multidétection par exemple, mais repenser aussi l’optimisation de l’échantillonnage et les algorithmes d’interpolation. Néanmoins, la multidétection entraîne moins de charge thermique du tube, ce qui autorise de multiples spirale, une meilleure longévité du tube et moins de dosimétrie ( jusqu’à 40% de réduction ). La prochaine génération de scannographes qui verra le jour vers 2008 est déjà évaluée dans les centres de recherche. Il s’agira d’acquérir un volume cylindrique de 40 cm de hauteur, en un seul tour. Cette future technologie, qui utilisera un détecteur dérivé des capteurs matriciels développés pour la radiologie numérique, laissera un axe de développement à la technologie actuelle. Cet axe sera celui de l'acquisition rapide et des applications cardio-vasculaires. Cette future technologie qui aura recours à des détecteurs larges obligera les constructeurs à repenser la manière de reconstruire les images. La rétro projection filtration va devoir céder la place aux algorithmes de reconstruction conique beaucoup plus complexes et gourmands en ressources informatiques. Bien que cela ne soit pas encore utile avec les détecteurs de 20 à 30 millimètres de large, un débat commence à s'instaurer sur ce thème avec la mise sur le marché imminente des scanners multi-coupes à 8 ou 16 coupes simultanées. Outre l’intérêt pour les procédures interventionnelles, l’accent est mis sur les explorations tridimensionnelles, telles que l’endoscopie virtuelle et le rendu de volume. On notera également dans le domaine de la détection de la quantification des sténoses coronariennes. L’association combinée des différentes nouveautés tomodensitométriques comparées à l’avantage de chaque nouvelle fonction dissociée va probablement augmenter l’efficacité diagnostique de la technique. C’est bien cet usage combiné de ces nouvelles technologies qui va apporter de meilleures résolutions, plus d’informations, sans oublier le confort du patient. L’ouverture de nouvelles frontières dans les applications cliniques, notamment en ce qui concerne l’imagerie fonctionnelle mérite des études comparatives avec l’imagerie par résonance magnétique. 23