TP 2 : La différenciation du sexe

publicité
TP 2 : La différenciation du sexe phénotypique
Partie du programme concernée :
-
Deuxième étape : Du sexe génétique au sexe gonadique
-
Troisième étape : Du sexe gonadique au sexe phénotypique différencié
Prérequis :
-
TP n° 1
Notions à construire :
L'acquisition des structures des appareils génitaux mâles et femelles nécessite 2 étapes :
- Du sexe génétique au sexe gonadique : mise en jeu d’un gène situé sur le gonosome Y.
- Du sexe gonadique au sexe phénotypique différencié : mise en jeu d’hormones.
Capacités exercées :
- Adopter une démarche explicative en intégrant des données nouvelles.
- Exploitation de 4 documents.
- Elaboration d’une synthèse (question type 3 d’un sujet de bac) par mise en relation logique des
documents fournis.
- Réalisation d’un schéma bilan.
Matériels, supports et bibliographie :
- Quatre documents seront à exploiter (tirés des sources ci-dessous)
- Site INRP http://www.inrp.fr/Acces/biotic/procreat/determin/html/
- Sexualité / Charles Houillon – Hermann
- Biologie t 3 : Reproduction et développement, / Claude-Louis Gallien, collection Biomed – PUF
- Sciences de la Vie et de la Terre - Première S / Le Bellégard, Kersyfer et coll. chez Hatier- 1993
- Sciences de la Vie et de la Terre Seconde / Collection Raymond TAVERNIER Claude Lizeaux Bordas 2000
Plan du TP
- Quatre documents à exploiter.
- Une problématique à résoudre à partir d’une exploitation raisonnée de chacun des documents et d’une
mise en relation logique desdits documents.
Principe de l’activité :
A l’aide d’une exploitation raisonnée des 4 documents proposés, puis de leur mise en relation logique :
- reconstitution les étapes de la différenciation du sexe phénotypique mâle d’une part, puis celle
du sexe phénotypique femelle d’autre part.
- à partir de la formation des gonades indifférenciées mises en place chez l’embryon humain dès la
7ième semaine de développement.
- réalisation d’un bilan sous forme de schémas.
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 1 sur 8
- construction d’une hypothèse expliquant l’existence de femmes XY, et d’hommes XX à partir des
connaissances sur la méiose et du document 4.
Documents proposés :
Document n°1 : Le phénomène du Free-Martin
Document n° 2 : Expériences de castration d’embryons de souris
Document n° 3 : Expériences de greffe de testicules et d’implantation d’un cristal de testostérone chez
un fœtus de Lapin (expériences de Jost).
Document n° 4 : Gènes, dont le gène SRY portés par le gonosome Y.
DOCUMENT n° 1 - Le cas particulier du «free-martin»
Les éleveurs de bovins connaissent, depuis longtemps, le phénomène de Free-Martin.
Les termes employés par les éleveurs pour désigner ces animaux varient selon les pays et les régions :
"vache-boeuf", "vache-mule", "taure", "gelin" ou "boubic" en France, "bouquetin" en Belgique, ou encore
"Zwicken" en Suisse. Les scientifiques utilisent le terme de free-martin (ou freemartin) issu
vraisemblablement du dialecte écossais ferry = stérile et mart = animal impropre à la reproduction, ou
animal destiné à la boucherie et vendu à la foire de la Saint Martin.
Il désigne un bovin femelle stérile né d’une gestation gémellaire particulière : l’un des 2 embryons fauxjumeaux est mâle et l’autre femelle.
Le mâle est normal en tous points.
La génisse obtenue est stérile. Elle montre :
 des organes génitaux externes normaux, correspondant à un phénotype femelle,
 des conduits génitaux internes atrophiés : vagin rudimentaire clos, utérus réduit à l’état de vestige, voire
même absent,
 des conduits génitaux mâles présents à l’état d’ébauches : épididyme, vésicules séminales et même,
beaucoup plus rarement, prostate,
 des ovaires peu développés (de la taille d’un petit pois à celle d’un poing) et renferment rarement des
cellules germinales.
La génisse présente aussi des cellules sanguines provenant de son jumeau mâle.
L’examen du placenta montre des anastomoses entre les circulations sanguines des 2 fœtus : certains
vaisseaux sanguins ont fusionné (voir dessin ci-dessous).
Fichier I6DIJ05Ca.jpg
in http://www.inrp.fr/Acces/biotic/procreat/determin/html/
in Sexualité / Charles Houillon - Hermann
in Biologie t3 : Reproduction et développement, / Claude-Louis Gallien, collection Biomed - PUF
Comment agirait la gonade pour masculiniser l’appareil génital de la génisse ?
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 2 sur 8
DOCUMENT n° 2 : Castration de l’embryon chez la Souris
Image = fichier I6DIJ05Cb.jpg
Image = fichier I6DIJ05Cc.jpg
Embryon XX non
castré
Embryon XY non
castré
Embryon XX castré
Embryon XY castré
sexe phénotypique
femelle
sexe phénotypique mâle
sexe phénotypique
femelle
sexe phénotypique
femelle
Dessins d’après Initiation à la Biologie / D.G. Mackean - Seghers 1973
Expériences in Sciences de la Vie et de la Terre - Première S / Le Bellégard, Kersyfer et coll. - Hatier 1993
DOCUMENT n° 3 : Greffes sur un foetus de Lapin
Pour comprendre le mode d’action du testicule, Jost réalise, dans les années 1940, les expériences
complémentaires suivantes :
Foetus femelles - 20 j
Foetus femelles - 20 j
Cristal de Testostérone
Greffe de testicule
Résultats 28 jours plus tard
Résultats 28 jours plus tard
Trompe
Trompe
Vésicule
séminale
Vésicule séminale
Testicule
Canal déférent
Canal déférent
Dessins JM Brosse, Lycée Janot - Sens
Expériences in Sciences de la Vie et de la Terre - Première S / Le Bellégard, Kersyfer et coll. - Hatier 1993
DOCUMENT n° 4 : Le chromosome Y
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 3 sur 8
Ce chromosome, et les gènes qu’il porte, jouent un rôle fondamental dans la différenciation sexuelle mâle.
Des travaux récents (1989) ont permis de connaître sa structure génique :
Partie homologue de X
Bras court
Yp
1
2
3
Gène SRY
4
Centromère
5
SRY = Sex-determining Region of Y
Mb = Méga-bases
Bras long
Yq
6
1 à 7 = Intervalles
(contiennent plusieurs gènes)
7
Partie homologue de X
Chromosome Y (28 Mb)
in INRP - http://www.inrp.fr/Acces/biotic/procreat/determin/html/
Le gène SRY appartient à la famille des gènes SOX : gènes-architectes déjà vu en classe de Seconde. Il
s’exprime entre la 5° et la 7° semaine après la conception et entraîne la synthèse d’une protéine de 204
amino-acides appelée TDF (Testis Determining Factor) qui est à l’origine de la différenciation de la gonade
en testicule (sexe gonadique). Ce gène ne semble plus s’exprimer par la suite.
*****
BILAN - Réponses attendues :
Document n° 1 :
- Les organes génitaux ne sont pas développés correctement, le tractus génital féminin est
atrophié et la rencontre des gamètes est impossible. L’énoncé indique aussi que les ovaires
n’ont pas un développement normal et ne contiennent pas de gamète femelle. L’animal est
donc stérile.
- L’appareil génital est masculinisé (ébauches de tractus génital mâle) et l’on observe des
anastomoses entre les vaisseaux sanguins de chacun des 2 embryons. Des sécrétions mâles
sont passées de l’embryon mâle vers l’embryon femelle. Ceci est confirmé par la présence,
dans le sang de la génisse free-martin, de cellules sanguines en provenance de son frère.
- Ces sécrétions auraient masculinisé l’appareil génital de l’embryon femelle lors de sa mise
en place dans l’embryon.
- Il s’agirait de molécules déversées dans le sang, agissant à distance sur le développement
des organes génitaux (organes cibles) ; ces molécules sont fabriquées par l’embryon mâle : il
s’agirait donc d’hormones mâles sécrétées par le testicule embryonnaire.
Il faut noter que, dans le cas de gestation gémellaire avec un mâle et une femelle, on n’observe
jamais de féminisation d’embryon mâle.
Document n° 2 :
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 4 sur 8
- La castration d’un embryon, avant la différenciation de son appareil génital, donne
naissance à un animal de sexe phénotypique femelle et ce, quels que soient ses gonosomes
(donc son sexe chromosomique).
- La différenciation du sexe phénotypique mâle est sous la dépendance de la gonade mâle
(testicule). Par contre, la différenciation femelle ne nécessite pas la présence d’une gonade
(sexe par défaut ?).
- Seul, le testicule paraît capable d’orienter la différenciation sexuelle de l’appareil génital.
Document n° 3 :
- Le fœtus non traité nous sert de témoin : son sexe phénotypique est femelle, normalement
constitué et conforme à ses gonosomes.
- Les 2 greffes entraînent l’apparition d’un canal déférent et d’une vésicule séminale : il y
masculinisation de l’appareil génital des embryons femelles traités.
- Le testicule est bien indispensable à la masculinisation de l’appareil génital.
- L’implantation d’un cristal de Testostérone confirme les déductions faites dans le
paragraphe 2 (free-martin : le testicule stimule la masculinisation par voie sanguine) : c’est
la Testostérone, hormone sécrétée par le testicule, qui est responsable de la masculinisation
observée.
- Dans le cas de l’implantation du cristal de Testostérone, l’appareil génital femelle est
conservé : la Testostérone est indispensable à l’apparition du tractus mâle mais ne suffit pas
à faire régresser les conduits génitaux femelles.
Le testicule développe donc une autre action par voie sanguine : la régression des canaux de
Müller. Il sécréterait une hormone anti-müllerienne (= AMH).
Les 2 hormones testiculaires ne sont pas sécrétées par le même type de ¢ : la Testostérone est
sécrétée par les ¢ interstitielles et l’AMH par les ¢ de Sertoli.
Un premier schéma-bilan peut déjà s’établir ainsi :
44 autosomes + XX
Sexe gonadique
Ovaire
44 autosomes + XY
Gonade indifférenciée
Testostérone
Régression
Tractus génital
Canaux de Wolff
AMH
Testicule
Cellules interstitielles
Cellules de Sertoli
Epididyme
Canaux déférents
Vésicules séminales
Canal éjaculateur
Trompes
Utérus
Vagin
Canaux de Müller
Régression
Clitoris
Tubercule génital
Pénis
externes
Lèvres
Bourrelets génitaux
Scrotum
Document n° 4 :
-
La gonade indifférenciée ne reçoit pas le signal de la protéine TDF et ne se différencie pas en
testicule : il se formera des ovaires.
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 5 sur 8
-
Femme XY (individu intersexué) : un gène SRY non fonctionnel (à la suite d’une mutation)
ne codera pas la synthèse de la protéine TDF et la gonade deviendra un ovaire. Le même
résultat sera obtenu avec une molécule anormale, donc non fonctionnelle.
-
Homme XX (individu intersexué) : un de ses chromosomes doit porter le gène SRY. La figure
du § 4 montre que le chromosome Y possède des régions homologues de X. Si un
enjambement échange, lors de la méiose présidant à la fabrication des spermatozoïdes (donc
chez le père), la partie homologue portée par le bras court de Y, le gène SRY peut se
retrouver, aussi, sur le gonosome X du futur gamète fécondant l’ovule :
X
Y
X
SRY
Y
SRY
SRY
SRY
Y normal
XY + testicule
Enjambement
Ø
SRY
X normal
Y - SRY
XY + ovaire
XX + ovaires
X + SRY
XX + testicule
Un tel enjambement, exceptionnel, explique les 2 cas observés.
****
CONCLUSION :
L’acquisition d’un appareil génital masculin fonctionnel se fait en 4 étapes se déroulant à des moment
différents :
a. sexe génétique : il dépend du gonosome apporté par le spermatozoïde lors de la fécondation,
b. sexe gonadique : l’expression d’un gène SRY fonctionnel induit une différenciation de la gonade en
testicule,
c. sexe phénotypique : le testicule sécrète des hormones masculinisant le tractus génital (stimulation des
canaux de Wolff par la Testostérone et régression des canaux de Müller par l’AMH),
d. sexe phénotypique fonctionnel : à la naissance, les testicules ne sont pas fonctionnels : ils ne sécrètent
aucune hormone. A partir de la puberté, les testicules deviennent fonctionnels et la sécrétion d’hormones
sexuelles commence. Elles seront responsables de l’apparition des caractères sexuels secondaires (cette
4ième étape sera abordée en cours et n’est pas comprise dans les 2 TP proposés).
L’acquisition de l’appareil génital féminin semble plus simple : l’absence de gonosome Y, et donc de gène
SRY, ne masculinise pas l’appareil génital.
Note : D’autres gènes impliqués dans la différenciation sexuelle sont maintenant connus, notamment (voir
tableau page suivante) :
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 6 sur 8
Nom du gène
Locus sur
Effet
AMH
bras court de l’autosome 19
code la synthèse de l’AMH
SOX9
bras long de l’autosome 17
active l’expression du gène AMH
WT1
bras long de l’autosome 11
régulerait la transcription du gène SRY
SRY
bras court du gonosome Y
différenciation de la gonade en testicule
in INRP - http://www.inrp.fr/Acces/biotic/procreat/determin/html/
Un gène, non encore identifié et porté par le gonosome X, serait indispensable à la féminisation de l’appareil génital.
Le schéma-bilan pourrait être du type de celui-ci :
X
X
Y
SRY
1
Ovule
Spermatozoïde
Ovule
Spermatozoïde
Fécondation
11
Y
17
19
SRY
11
X
17
19
AMH
AMH
?
Ø
SOX9
WT1
WT1
?
SOX9
?
2
2
?
7° semaine
Gonade indifférenciée
Testicule
AMH
3
Ovaire
Testostérone
Canaux de
Müller
Canaux de
Wolff
Canaux de
Müller
Tractus génital
masculin
Tractus génital
féminin
Gonade indifférenciée
3
Ø
Canaux de
Wolff
Régression
1
Sexe
génétique
Hormones
sexuelles
4 Puberté
féminines
Caractères sexuels secondaires
Caractères sexuels secondaires
masculins
féminins
2
Sexe
gonadique
3
Sexe
phénotypique
4
Sexe
fonctionnel
Régression
Hormones
sexuelles
masculines
Modalités d’évaluation :
(voir tableau page suivante)
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 7 sur 8
Capacité et critères d’évaluation
Document n° 1 : Free-Martin
- Développement des 2 tractus, + ou – complets, d’où stérilité du bovin femelle (= de sexe
phénotypique femelle).
- Preuves d’une communication sanguine du mâle vers la femelle ayant un effet + sur le
développement du tractus mâle (canaux de Wolff) et un effet – sur celui du tractus femelle
(canaux de Müller).
Document n° 2 : Castration d’embryons de Souris
- Sexe phénotypique Embryon XX castré = Sexe phénotypique Embryon XY castré = Sexe
phénotypique femelle
- Conclusion : le sexe phénotypique mâle est sous le contrôle de la gonade mâle.
Document n° 3 : Greffe de testicule et implantation d’un cristal de testostérone sur un fœtus de
Lapin :
- Développement des canaux de Wolff (de manière unilatérale)dans les 2 cas.
- Régression unilatérale du tractus femelle que dans le cas de la greffe du testicule.
- Conclusion : la testostérone sécrétée par les testicules stimule le développement du tractus mâle ,
mais ne suffit pas à faire régresser le tractus femelle; pour cela, une autre substance est aussi
sécrétée par les testicules.
Document n° 4 : Les gènes portés par le gonosome Y.
- Le gène SRY dans gonosome Y, mais pas dans gonosome X.
-Protéine TDF = expression du gène SRY.
- Protéine TDF oriente la différenciation de la gonade indifférenciée en testicule
- En absence de TDF, la gonade indifférenciée devient un ovaire.
Synthèse :
- D4 : le sexe gonosomique XY détermine, par la production de la protéine TDF, le sexe
gonadique mâle (= formation des testicules).
- Et le sexe gonosomique XX, en absence de TDF, permet le sexe gonadique femelle (formation
des ovaires).
- D1 + D2 : La gonade mâle sécrète une (ou des) hormone(s) agissant différemment d’une part sur
les canaux de Wolff et d’autre part sur les canaux de Müller.
- D3 : On précise les modalités du mécanisme mis en jeu ci-dessus.
Les testicules sécrètent la testostérone qui stimule le développement du tractus mâle et une autre
substance (= l’hormone antimüllerienne) qui fait régresser le tractus femelle : on passe donc du
sexe gonadique mâle au sexe phénotypique mâle.
Dans le cas du sexe gonadique femelle, le tractus génital femelle se différencie et le tractus mâle
ne peut pas se développer. On passe donc du sexe gonadique femelle au sexe phénotypique
femelle.
- Schéma bilan : tractus mâle et tractus femelle.
Retrouver les 3 étapes élucidées par les 4 documents fournis : sexe chromosomique (XY ou XX),
sexe gonadique (testicules ou ovaires) et sexe phénotypique (tractus mâle ou femelle).
Rôle du gène SRY, de la protéine TDF ou absence de l’un et de l’autre !
Rôle des substances hormonales : testostérone et hormone antimüllerienne et effets respectifs et
opposés sur les tractus mâle et femelle ou absence des 2 substances !
582664036 / Créé par Lycée Janot - Sens / Page 8 sur 8
Barème
1
3
2
1.5
3
1.5
1
1
4
2
0,5
0,5 2
0,5
0,5
1.5
0.5
1
1.5
8
0.5
3
Téléchargement