LEFEBVRE Florie Fiche de lecture UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR Jacques Attali novembre 2006 Editions Fayard, 423p. Jacques Attali Professeur, écrivain, conseiller d'Etat honoraire, Jacques Attali cumule les titres : doctorat en Sciences économiques, major de promotion de l’Ecole Polytechnique (1963), ingénieur de l'École des mines de Paris, diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris et de l'École nationale d'administration (troisième de promo en 1970). Il a enseigné l'économie à l'Ecole Polytechnique, à l'École des Ponts et Chaussées et à l'Université Paris-Dauphine. Il est docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères (dont Kent et Haïfa) et membre de l'Académie Internationale des Cultures. Chroniqueur à L'Express, il est en outre auteur de quarante et un livres, traduits dans plus de vingt langues et diffusés à plus six millions d'exemplaires dans le monde : ouvrages historiques (1492), essais (sujets variés allant de l'économie mathématique à la musique), romans, contes pour enfants, biographies (Warburg, Pascal, Marx) pièces de théâtre et mémoires (Verbatim). ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ 1972 : Analyse économique de la vie politique 1972 : Modèles politiques. Prix de l'Académie des sciences. 1977 : Bruits - Essai - Editions des Presses Universitaires de France 1986 : Sigmund Warburg, un homme d'influence Biographie - Editions Fayard. 1986 : Varbatim I - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes Editions Lgf (Pastiche : Série des Aboitim 1 à 4) 1989 : La vie éternelle - Roman - Editions Fayard 1990 : L'antiéconomique - Editions PUF 1990 : Le premier jour après moi - Roman - Editions Fayard 1991 : 1492 - Historique - Editions Fayard 1992 : Lignes d'horizon - Editions Fayard 1994 : Il viendra - Roman - Editions Fayard 1995 : Economie de l'apocalypse - Trafic et prolifération nucléaire - Editions Fayard 1995 : Manuel l’enfant-rêve - Conte pour enfants 1996 : Chemins de sagesse - Editions Fayard 1996 : Au propre et au figuré - Editions Fayard 1997 : Au-delà de nulle part - Roman - Editions Fayard 1997 : Varbatim II - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes Editions Lgf 1998 : Varbatim III - Mémoire à l’Élysée en 3 Tomes Editions Lgf 1998 : Le citoyen, les pouvoirs et dieu - Editions Fayard 1998 : Pour un modèle européen d'enseignement supérieur - Editions Stock ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ 1998 : Dictionnaire du XXIe siècle - Editions Fayard 1999 : Les portes du ciel - Editions Fayard 1999 : La femme du menteur - Editions Lgf 1999 : Fraternités : Une nouvelle utopie - Editions Fayard 2000 : Blaise Pascal ou le génie français - Biographie Editions Fayard 2001 : Europe (s) - Editions Lgf 2001 : Bruit - Editions Fayard 2001 : Les Trois mondes - Pour une théorie de l'après crise - Editions Fayard 2001 : La Figure de Fraser - Essai - Editions Fayard 2002 : Les sept secrets de la bibliothèque d'Alexandrie Editions du Rocher 2002 : Les Juifs, le monde et l'argent - Essai - Editions Fayard 2002 : Nouv'Elles " - Roman 2003 : L'Homme nomade - Essai 2004 : La Voie humaine - Essai - Editions Fayard 2004 : La Confrérie des Eveillés - Roman Historique 2004 : Raison et Foi Essai - Editions BNF 2005 : C'était François Mitterrand - Editions Fayard 2005 : Karl Marx ou l'esprit du Monde - Editions Fayard 2006 : Portraits de micro entrepreneurs avec Muhammad Yunus 2006 : Une brève histoire de l'avenir - Editions Fayard 2007 : Dictionnaire amoureux du judaïsme - Editions Plon Il naît le 1er novembre 1943, avec son frère jumeau Bernard Attali à Alger, dans une famille juive sépharade algérienne. Son père, Simon Attali est un commercial autodidacte francophile. En 1956, deux ans après le début de la Guerre d'Algérie (1954-1962), son père décide de venir s'installer dans le 16e arrondissement de Paris avec sa famille (Jacques a 14 ans). Les deux frères jumeaux sont surdoués et suivent des études brillantes au lycée Jansonde-Sailly (Paris) où ils ont pour amis Jean-Louis Bianco et Laurent Fabius. En 1968 il effectue un stage d'énarque dans la Nièvre, sous la férule du futur préfet de police de Paris, Pierre Verbrugghe. Il rencontre François Mitterrand. En 1970, âgé de 27 ans, il entre au Conseil d’État et publie ses deux premiers livres en 1972 : Analyse économique de la vie politique et Modèles politiques pour lequel il obtient un prix de l'Académie des sciences. UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -2- Il réunit autour de lui quelques jeunes chercheurs : Yves Stourdzé (inventeur du programme européen de recherche Eurêka) ou Érik Orsenna (prix Goncourt en 1988 et conseiller spécial de Roland Dumas au ministère des Affaires étrangères). Il développe un réseau de personnalités dans des domaines très divers (journalisme, mathématiques, show business, analyse financière…) qui comme lui, sont des premiers de classe : Raymond Barre, Jacques Delors, Jean-Luc Lagardère, Antoine Riboud, Michel Serres, Coluche… Attali est « conseiller spécial » auprès du Président de la République François Mitterrand de 1981 à 1991, après seulement trois entrevues. Il conseille au président de faire venir à l'Élysée Jean-Louis Bianco, Alain Boublil et quelques jeunes énarques prometteurs, comme le couple François Hollande/Ségolène Royal… Il rédige chaque soir des notes pour le président sur l'économie, la culture, la politique ou le dernier livre qu'il a lu ou parcouru. Le président lui confie également le rôle de sherpa (représentant personnel du chef de l’Etat) pour les sommets du G7, il organisera le somment de Paris en 1982. Il organise le bicentenaire de la Révolution française du 14 juillet 1789. En 1990 lors du second septennat de François Mitterrand, Jacques Attali abandonne la politique et quitte l'Élysée. En 1982 déjà, il plaide pour la « rigueur économique ». Il lance l’idée d’une Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) en 1989 avant la chute du mur de Berlin pour aider à la reconstruction des pays de l'Europe de l'Est. Finalement, elle sera crée à Londres et dirigée par lui de 1991 à 1993, date de sa démission. Il a conseillé le secrétaire général des Nations Unies sur les risques de prolifération nucléaire. Il est aussi à l’origine de la réforme de l’enseignement supérieure, dite LMD, qui harmonise tous les diplômes européens. En 1979, il fonde l'ONG Action Internationale Contre la Faim et, en 1989 un programme international d’action contre les inondations catastrophiques au Bangladesh. En 1984, il met en place le programme européen Eurêka de développement de nouvelles technologies (programme majeur au niveau européen qui a inventé, entre autres, le MP3). Il est maintenant président de A&A(www.aeta.net), société internationale de conseils spécialisée dans les nouvelles technologies, créée en 1994 à Paris, et président de PlaNet Finance (www.planetfinance.org), organisation internationale à but non lucratif, fondée en 1998 rassemblant, conseillant et formant par Internet 7 000 institutions de microfinance chargées d'aider 15 à 200 millions d'humains très pauvres : « Prêter aux plus pauvres les moyens de financer leur propre travail, sans exiger d'eux d'autre garantie que leur parole ». Anecdote : Le livre de Jacques Attali Lignes d'horizon a fait naître l'idée du langage Java (langage informatique) au cofondateur américain de Sun Microsystem, Bill Joy. Blog : http://www.attali.com/ Son ouvrage Il part d’une analyse de l’histoire pour dégager les grandes lois qui la guident : la poursuite de la liberté individuelle, l’opposition entre nomade et sédentaires. Il prévoit des changements radicaux dans les cents ans à venir seulement : il fait état d’une accélération du temps que nous ressentons tous. Il attache particulièrement d’importance à la description des cinquante prochaines années sur tous les plans : économique, politique, diplomatique, écologique, scientifique, technologique, sociologique, psychologique et culturel. UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -3- But de son ouvrage : prendre conscience du réel, afin que cela ne se passe pas comme il le décrit. Du fait de la date de sa publication, il s’inscrit bien entendu dans le cadre de la campagne présidentielle (nov. 2006). La structure de l’ouvrage peut être découpée en trois partie, subdivisées en chapitres : ---- Une lecture de l’histoire et du monde contemporain chapitre 1 : une très longue histoire (et chapitre 2) Attali y expose sa vision de l’histoire, avec la succession des trois ordres et la tension essentielle entre sédentaires et nomades1. Tout tourne autour de la conquête de la liberté individuelle. L’auteur en tire des grandes leçons pour l’avenir. Son explication géographique et chronologique de l’histoire permet de saisir les différences entre Orient et Occident, autour de la région du « croissant fertile » et de comprendre la marche de l’Histoire. chapitre 2 : une brève histoire du capitalisme Attali décrit l’avènement, le règne et le déclin des neufs « cœurs » du capitalisme. chapitre 3 : la fin de l’empire américain Attali interprète les événements contemporains comme le déclin du 9ème « cœur ». Il prévoit l’avènement de l’Ordre Polycentrique. ---- L’histoire de l’avenir Attali fait la description de l’évolution du monde entre 2045 et 2100, sous forme de trois vagues successives, ayant chacune leurs origines, acteurs, vecteurs et phases. chapitre 4 : première vague : l’hyperempire chapitre 5 : deuxième vague : l’hyperconflit chapitre 6 : troisième vague : l’hyperdémocratie ---- Les actions envisageables chapitre 7 : et la France ? Il s’agit de l’avenir particulier de la France et les enjeux actuels de son positionnement mondial, en fonction des ses atouts et faiblesses. Actions à envisager d’urgence. La brève histoire de l’avenir abrégée Attali reconnaît que l’histoire de l’avenir est impossible à cause de son caractère imprévisible. Cependant, il justifie son œuvre par l’impératif de dresser des objectifs à long terme. Attali a utilisé des projections linéaires des actuelles statistiques de l’ONU sur le développement.2 Il forge de nouveaux concepts qui passeront peut-être à la prospérité.3 Les notes renvoient à des précisions, à trouver dans l’ouvrage, ou des mises en perspective théoriques ou actuelles. Les retraits signifient les « leçons pour l’avenir », ou grandes règles tirées de l’histoire. UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -4- PREMIERE PARTIE : LES LEÇONS DE L’HISTOIRE ET LECTURE DU MONDE CONTEMPORAIN --- chapitre 1 : une très longue histoire 3 Ordres – religieux, militaire et marchand – se disputent le contrôle des richesses. Ils ont des idéaux différents – théologie, terres et individualisme. Les trois ordres ont toujours coexisté dans le partage des taches, dans une conception de la vie hiérarchisée entre les dieux, les hommes, et peut-être les femmes. Le conflit entre nomades et sédentaires est celui de la liberté. Epoques et leçons pour l’avenir : Préhistoire Transmettre est la condition du progrès4 Notion de consommation et d’échange Notion de Genres différentiés, de reproduction Ritualisation : Ordre religieux le sacré légitime les tabous la parole est une arme le marché est dangereux s’il n’est pas équilibré Sédentarisation : Ordre militaire La sédentarisation a permis le progrès, et l’organisation croissante des activités. la confrontation entre nomades et sédentaires permet d’acquérir la puissance et la liberté5 Empires (Chine, Egypte, Mésopotamie…) Les empires marquent la croissance de l’organisation politique. Ils fonctionnent par le système du chef absolu, genèse de la notion d’individu, et de l’esclavage, genèse de la notion de liberté. L’écriture permet une première rupture entre Orient, marqué par le refus du désir, le concept du yin/yang, et Occident. Les peuples nomades (phéniciens, mycéniens, hébreux) vont envahir les empires sédentaires, et apporter le progrès autour des notions de droit, de droits et libertés de l’individu et de l’importance de l’économie. les civilisations sont sélectionnées en fonction de leur maîtrise de la technologie (roue...) --- chapitre 2 : une brève histoire du capitalisme Les anciens peuples nomades de la période précédente (grecs, phéniciens, hébreux) créent l’idéal judéo-grec du neuf et du beau. Il fait naître la conception linéaire occidentale. Le droit, la démocratie, la monnaie se développent au service de l’individu sous l’impulsion de l’Ordre marchand, qui va garder le pouvoir jusqu’aujourd’hui. 6 Celui-ci surpasse les empires (ex. Athènes résiste à l’empire perse). Les premières guerres Occident/Orient ont lieu sur la frontière qu’est la Mésopotamie. Le dernier empire transcardinal est celui d’Alexandre. Les deux points cardinaux vont ensuite évoluer de façon différente au service de leur idéal respectif. A l’est, la libération de l’homme de ses désirs pour la transmigration des âmes en dehors de l’illusion du monde ; à l’ouest, l’action et le progrès pour rendre l’homme libre de réaliser ses désirs, et atteindre le Salut. le coût de défense des « cœurs » détermine leur survie. lorsque deux puissances se battent, un tiers l’emporte7 le vainqueur fait sienne la culture du vaincu les richesses sont à l’Est, le pouvoir est à l’Ouest. Tandis qu’en Orient, Quin-Tshin-Huangdi construit la Grande Muraille8, la Grèce, vraiment ancrée en occident, laisse la place à Rome où naît le Christianisme. Celui-ci prône l’Amour. UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -5- Dans un air de fin des temps, le progrès devient inutile. Un syncrétisme entre idéal chrétien, romain grec et juif va s’opérer : il promeut le progrès et l’accumulation de richesses pour préparer le Salut. Cette doctrine ne freine pas l’Ordre marchand. La liberté gagne du terrain. L’empire romain ce scinde en deux. L’empire occidental disparaît en 476. En 622, l’apparition de l’Islam scelle le sort des empires, tandis qu’elle affirme le pouvoir de l’Ordre marchand. Trois ensembles existent alors : l’Orient des empires et la Méditerranée, musulmane et zone de croisement, tournent le dos à la compétition de l’Ordre marchand, se différentiant de l’Europe des royaumes et des Nations. Celle-ci couple dans les villes en croissance les nomades (Ordre marchand) subordonnés aux sédentaires (pouvoir féodal aux mains de l’Ordre militaire en premier lieu, et de l’Ordre religieux). Le salariat et l’organisation sociopolitique forgent la conception d’une liberté fondée sur la propriété. L’ordre politique et économique servent un but unique : l’organisation de la compétition. Naissance d’opposition franche entre centre et périphérie, retour du nomadisme. Neufs « cœurs » 9 vont tour à tour impulser le capitalisme en occident, tandis que l’orient sera puissant, mais tourné vers l’intérieur. Caractéristiques des cœurs10. Chaque cœur correspond à une époque, possède son bien de consommation de masse, sa technologie, sa monnaie : 1. Bruges ; 1200-1350 ; aliments ; gouvernail ; gros 2. Venise ; 1350-1500 ; vêtement ; caravelle ; ducat 3. Anvers ; 1500-1560 ; livre ; imprimerie ; golden 4. Gènes ; 1560 -1620 ; finances ; comptabilité ; génovine 5. Amsterdam ; 1620-1788 ; transport ; flûte (navire) ; florin 6. Londres ; 1788-1890 ; transport, outils ; machine à vapeur ; livre sterling 7. Boston ; 1890-1929 ; transport ; moteur à explosion ; dollar 8. New York ; 1929-1980 ; machines domestiques ; moteur électrique ; dollar 9. Los Angeles ; instruments de communication et de distraction ; microprocesseur ; $ (Détails, nous consulter) Nous faisons un tour du monde capitaliste. - les centres sont produits d’un dépassement - l’ouverture des élites est nécessaire - les nouveaux moyens de communications sont en général contre le pouvoir en place - aucun empire n’est éternel11 - les centres déclinent par faillite financière - la relation entre sexe et technologie crée la dynamique de l’Ordre marchand12 - l’innovation est souvent issue par accident de recherches publiques. Le dernier ordre se caractérise par la diffusion d’objets nomades, qui font le lien entre nomades et sédentaires et une nouvelle démocratie fondée sur l’équité (type Rawls). La croissance des inégalités, les dysfonctionnements de la finance et de l’investissement, l’invasion par la culture sud-coréenne… annoncent le début de la fin13. Elle se manifeste par des conflits civils non-déclarés, un terrorisme nomade contre les sédentaires capitalistes. - là où les femmes sont aliénées, c’est la misère. --- chapitre 3 : la fin de l’empire américain (et l’histoire proche)14 La domination des Etats-Unis est actuellement totale15 mais dans un avenir proche16 la croissance et l’élargissement de la base économique ainsi que la croissance de la démocratie permettra une Europe-marché commun et l’émergence de 11 puissances (Japon, Chine, Inde, Russie, Indonésie, Corée, Australie, Canada, Afrique du Sud, Brésil, Mexique). UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -6- Cette époque sera marquée par la domination de l’Asie, plus précisément de la Chine. Au même moment, l’Inde sera la plus peuplée du monde et la troisième puissance économique mondiale ; en revanche, ce sera la désunion si elle ne résout pas ses problèmes internes. Le Japon déclinera par son choix de défense militaire face à la Corée du Nord, l’invasion financière chinoise et économique sud coréenne. - tout mouvement anti-liberté défavorisera la nation concernée. 17 La Corée du Sud sera culturellement hégémonique18 sauf si elle est contrainte à l’unification avec le Nord, ou à la militarisation nucléaire à cause du Nord. L’Afrique aura bien une croissance économique, mais une croissance démographique bien plus forte ; quelques pôles surgiront mais la plus part tendront vers des non-états. La marchandisation du temps La durée de vie des biens diminuant, leur immatérialité augmentant ; la durée de la vie active augmentant et le temps de travail diminuant, le temps sera vraiment l’enjeu principal. La gestion du temps sera celle de l’assurance contre le futur, avec le risque de racket, et la distraction contre le présent, avec le risque des addictions aux drogues et de l’exploitation sexuelle. Le temps esclave s’affirmera (temps de transport…) Le savoir disponible double actuellement tous les sept ans, il doublera tous les 72 jours en 2030.19 La première solution envisagée sera l’utilisation des moyens de stockage élevés 20 , puis une vie longue (120 ans) et un temps de travail faible (25h/sem). L’ubiquité nomade C’est l’ère du réseau, du gratuit et du participatif, de la virtualité. Nous passons de la propriété individuelle de l’achat à la propriété collective de l’accès. Les biens, ultrapersonnalisés et multifonctions, ont des répercussions sur la spiritualité et l’art. C’est l’ère de la pub, de l’information qualitative, de la surveillance permanente et à distance. On assiste au nomadisme des sédentaires.21 Le vieillissement du monde22 L’espérance de vie augmente tandis que la natalité diminue. Cela a deux influences : l’émancipation des femmes entraîne le progrès de l’humanité et du monde islamique ; les vieux étant majoritaires, ils reportent les risques sur les jeunes, rendant nécessaire une augmentation ou des impôts, ou de l’immigration, ou de la natalité. Les villes Les douze villes les plus peuplées sont au Sud, alimentée par des flux intersuds (Chine vers Sibérie, Afrique centrale vers Afrique du Nord ou du Sud). Les bidonvilles croissent, ainsi que les quartiers clos, développant les marchés immobiliers et les mafias. Des masses de migrants formeront des « anonymes volontaires ». L’ère de la rareté23 L’énergie, l’eau (douce et potable), l’alimentation, les forêts viennent à manquer, devant les pollutions (chlorofluorocarbones), les surconsommations. Deux exemples : 80% des ressources d’eau sont d’ors et déjà consommées, mais mieux utilisées, elles suffiraient à 20 milliards d’humains. L’eau douce est 35 fois moins abondante que l’eau salée. En 2025, 50% de la population mondiale manquera d’eau, c’est déjà le cas à Gaza. Les espèces diminueront de 90% de façon inexorable, et ce, encouragé par les OGM. Cela pose le problème de la survie de l’homme. Le temps restera la seule vraie rareté. L’essoufflement technologique L’énergie des batteries et la capacité des microprocesseurs, qui selon la loi de Moore doublent de capacité actuellement tous les 18 mois, seront limitées en 2030. Il en sera de même pour l’industrie, les médicaments 24 , les services. Le progrès deviendra inutilisé. Les vraies UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -7- innovations concerneront l’économie des ressources : en 2025 s’ouvrira l’ère de la bio/nano technologie. Ces changements entraîneront certainement l’alliance des Etats-Unis avec les Onze 25 et l’autonomisation d’Internet qui deviendra la 7ème continent. Attali décrit ensuite le mécanisme de délocalisation, précarité, crise socio-économique, problèmes d’infrastructure urbaines déjà en marche. Celui-ci aboutira en 2025 à la crise de la démocratie de marché et à la croissance de l’Asie. En 2030, les Etats-Unis seront ou une social démocratie (à la Roosevelt) ou une dictature (type Mussolini). Une 10ème forme marchande ? Il lui faudrait un port/aéroport, une dynamique créative. Attali examine la candidature de plusieurs villes : la côte ouest des Etats-Unis, du Mexique au Canada, serait adaptée, mais l’élection des démocrates risque un repli ; Londres reste fragile ; la « Banane bleue » ne sera crédible que si elle bénéficie d’une intégration militaire de l’UE ; la Scandinavie a toute ces chances mais elle a une tradition neutre ; Tokyo se ferme à cause de conflits militaires, la liberté individuelle n’est pas sa priorité ; Shanghai et Bombay auraient besoin d’infrastructures et de pouvoirs forts qu’elles sont loin d’avoir ; l’Australie est candidate, mais pas tout de suite ; les ambitions de la Russie et du Canada sont moins plausibles ; l’islam pourrait être un nouveau coeur mais il accuse un retard ; quand est-il de Jérusalem ? Il est possible que l’Ordre Multipolaire perdure encore, ce qui renforcerait la puissance de l’Ordre Marchand. DEUXIEME PARTIE : L’HISTOIRE DE L’AVENIR --- chapitre 4 : première vague : l’hyperempire 2025-2035 26 : la généralisation pacifique de la démocratie de marché aboutira à l’ordre polycentrique, puis vers un marché sans démocratie. 2050 : ère de l’individualisme et de la culture métisse Puis hyperconflit qui donnera, si nous sommes chanceux, ou plutôt entreprenant, l’hyperdémocratie. L’ordre polycentrique C’est un temps de démocratie de marché où les classes moyennes prospéreront, à la gestion de leur temps et intéressées par le bien-être matériel. Il verra la séparation des peuples pour des raisons économiques (Italie, Belgique, Catalogne, Ecosse, Kurde, Inde…). Le conseil de sécurité de l’ONU fusionnera avec le G8. Mais les privatisations rendront le marché plus puissant que l’Etat. L’hypersurveillance à l’autosurveillance De l’Etat, au marché de l’hypersurveillance, nous passerons en 2040 à l’autosurveillance par des objets nomades, nano ou biotechnologiques, intégrés au corps humains, connectés, jetables. Cela changera le rapport entre l’individu et la collectivité, qui se gagnera aux thèses libertariennes : les services publiques seront payants, les impôts diminueront, augmentant les inégalités. De nombreuses normes s’imposeront, dans le but social d’être « en forme », ce qui nécessitera un jugement extérieur. La notion de célébrité perdra son sens au profit de celles de la discrétion, curiosité et tolérance. En 2050, les autosurveilleurs27 (du corps, de la finance, des biens…), associés aux autoréparateurs (biens accompagnant la mort…), augmenteront donc la liberté individuelle en même temps que l’asservissement aux normes. La déconstruction des Etats UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -8- En 2050, le marché planétaire étendra la concurrence aux états, sur le champ de l’offre sociale. La citoyenneté sera remplacée par un contrat conclu avec l’Etat le plus offrant. Le sentiment patriotique ne les arrêtera pas.28 Les sédentaires plus faibles seront dépendants des nomades. Ce sera la perte de souveraineté des états (armée, population…) et le retour à de petites entités. Rq. : la Chine, vers 2025, sera soumise au déclin du Parti communiste, c’est-à-dire à la déconstruction de la nation ou à l’invasion (Sibérie ou Taiwan) pour tenir. Marchandisation absolue du temps Le temps sera exclusivement consacré à consommer 29 , seul (exclusion des enfants et des personnes âgées), des substituts (assurance et distraction). Le monde ne sera qu’un ensemble de services. Acteurs : o Economiques : . entreprises nomades et multinationales Les entreprises, telles des « troupes de théâtre », seront nomades dans le temps et l’espace, spécialisées, surtout dans le marché pour les pauvres (microassurance, microcrédit). Les multinationales le seront aussi dans le temps et l’espace, construites autour de projet et organisatrice d’entreprises nomades, comme des « cirques ». Elles se substitueront aux états, allant jusqu’à créer leur propre monnaie.30 . entreprises pirates et relationnelles31 Les entreprises pirates sont les « cirques » illégaux, acteurs majeurs de l’hyperconflit, tandis que les entreprises relationnelles seront lucratives mais à but non-lucratif.32 Elles se substitueront aux états, et seront les actrices majeures de l’hyperdémocratie. o Sociaux : . Hypernomades 10 à 50 millions Ils forment l’hyper classe, individualistes, contrôleurs de leur vie et de leur mort, puissants soit dans la sphère illégale, soit dans la sphère altruiste.33 . Nomades virtuels ; 5 milliards Ce sont les consommateurs solvables, « en forme », ex-sédentaire et ex-classe moyenne que la précarité aura reconverti en sportifs (golf, équitation, voile, danse) et drogués ou en obèses hostile à toute mobilité. Le combat entre sédentaire et nomade se transposera sur des terrains de sport d’équipe gigantesques. . Infranomades Vivants avec moins de 2$ par jour, ils sont 2,5 milliards en 2006, ils seront 3,5 milliards en 2035. De plus en plus vulnérables à tous les risques et manipulation, ils seront acteurs de l’hyperconflit et enjeu de l’hyperdémocratie. Il faut noter que la sédentarité sera rejetée : les vieux et les enfants seront délaissés, ainsi que les obèses, les handicapés… Le marché sans état sera ouvert aux cartels, aux pillages, à la spéculation, au chômage et aux inégalités. La liberté et l’égalité seront impossibles. Ce sera l’avènement des normes privées. Cependant, ces normes s’unifieront, et la gouvernance sera perçue comme un secteur de l’économie rentable. La gouvernance privatisée sera l’enjeu du conflit et de la démocratie.34 L’Hyperempire, c’est donc la fin de la liberté au nom de la liberté. Nous serons soumis à de nouvelles raretés et aux limites technologiques, contraints au nomadisme. En 2030, la colonisation de la Lune débutera. A ce stade, l’Hypermarché s’efforcera de sortir de lui-même UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR -9- pour perdurer : il tentera de dissocier la sexualité de la reproduction. Cette dernière sera assurée par des machines, qui feront de l’homme un objet marchand, ni né, ni mortel35. L’auteur n’y croit pas et conclue à la faillite de l’Hyperempire. (Ouf !) --- chapitre 5 : deuxième vague : l’hyperconflit - sécurité personnelle pouvoir aux vieux Nous arrivons à la deuxième vague de l’avenir : le marché, en concurrence totale, n’accorde plus d’importance à la vie et l’Etat se déstructure sans aucun frein. En 2025, les rivalités de l’Ordre polycentrique seront exacerbées, les Etats-Unis et l’Europe s’uniront, de même que l’Asie, l’Amérique du Sud, la Russie et le Moyen-Orient. Commencera l’Hyperconflit. Les acteurs : avant tout des armées pirates, alliées ou non ; mandatées par - des Etats pirates ou des non Etats (Somalie, Transnistrie…) - des organisations puissamment armées - des villes trop grandes - des groupes politiques ou religieux s’élevant contre l’Ordre marchand des armées d’infranomades (c’est-à-dire de désoeuvrés) des armées corsaires engagées par les Etats, l’ONU Les idéologies - « la colère des laïcs » : contre l’Ordre Marchand et contre les Etats-Unis. Cette réaction amènera la constitution d’une « coalition critique » contre l’individualisme, qui revendiquera explicitement la dictature, mais sans véritable autre solution. - « la colère des croyants» : christianisme et islam Certains réfuteront la pensée judéo-grecque selon laquelle le marché représente le progrès. Ils condamneront le marché qui fait primer l’individu sur Dieu. La résistance catholique s’organisera autour de la Papauté, premier empire nomade ayant employé la force, la résistance chrétienne, autour de pasteurs propagandistes qui influeront sur la politique par tous les moyens. La démocratie sera assimilée à la défense de la chrétienté contre le capital, tout comme peut se faire l’assimilation du régime américain à la défense contre l’islam. D’ailleurs, en 2040, les Etats-Unis montreront une forte tendance isolationniste et théocratique. L’islam agira globalement comme le protestantisme, croissant plus par la démographie que par la conversion. Il représentera ¼ de la population mondiale en 2040. Il se présentera comme une troisième voie au socialisme et au capitalisme. Le Vatican participera à l’Hyperconflit, avec ou contre l’islam ; Attali n’envisage pas d’autre solution, à ce stade, la non-violence n’aura pas d’audience. Des sectes mettront aussi du leur pour bâtir des théocraties. Les armes La victoire d’un parti dépend de tout temps de l’investissement dans les armes et du prix qu’il accorde à la vie. Les armes de l’Hyperconflit seront classiques, nucléaires, chimiques, électroniques (« e-bomb »), robotisées (« gelée grise »), privatisées, mafieuses36. Les armes de propagande seront aussi massivement utilisées. Les alliances : l’Alliance Internationale regroupera l’OTAN et plusieurs des Onze contre les ennemis de l’Ordre marchand.37 En 2040, l’Alliance, épuisée, érigera des murs, exigera des gages et des informations sur tout ce qui la touche, utilisant l’hypersurveillance. Cependant, des Etats désarmés se constitueront ; joints à l’Onu et à des organisations plus ou moins privées, ils aideront leurs ennemis à passer à la démocratie dans le but de s’en UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 10 - faire des alliés (se sera l’échec, préfiguré par l’Afghanistan et l’Irak), joueront de la dissuasion et en dernier recours, opéreront à des attaques préventives, accompagnées de nouvelles justifications plus ou moins incohérentes. Certains soulèveront une thèse actuelle : ceux qui obtiennent la Bombe deviennent raisonnable ; mais la probabilité qu’un fou indifférent à la mort en prenne le contrôle décuple avec la prolifération des armes.38 Quatre types de guerre39 : - Guerre de rareté : pétrole & eau. Les consommateurs puissants attaqueront les producteurs et les exploitants dans des guerres étatiques ou privées. On se battra pour le contrôle des fleuves, des mers, des nappes et des terres cultivables. - Guerre de frontière : pour rassembler les nations, détruire un voisin, remettre en cause l’unité ou la défendre, au prix de génocides. - Guerre d’influence : guerres idéologique pour la stabilité intérieur ou la prestige, elles actualiseront les vieux débats.40 - Guerre entre pirates et sédentaires : les réseaux seront à la fois des armes et des cibles. attentats ou suicide. Elles inciteront à la création d’une police mondiale. Ces guerres se déclencheront dans les zones de tensions ou à la suite d’événements. Les récupérations théologiques iront bon train. Les populations civiles seront les principales cibles. L’Europe ressemblera à l’Afrique d’aujourd’hui41. Avant la mort de l’Humanité, Attali croit dans un sursaut de vie, de métissage et de paix qui créera l’Hyperdémocratie, en lutte dès sa genèse contre les ennemis (écologiques, économiques…) de l’Homme. --- chapitre 6 : troisième vague : l’hyperdémocratie Les catastrophes seront-elles suffisamment avocates de changements pour un monde durable ? 42 C’est improbable, dit Attali, mais comme toujours. La troisième vague commencera par un choc démocratique, positif mais insuffisant. Il y aura des tentatives utopiques, messianiques et totalitaire avant que ne s’impose l’Hyperdémocratie, règne des transhumains au service du Bien commun. Les transhumains sont les altruistes des entreprises relationnelles. Ce seront les classes créatives des l’Hyperdémocratie. Elles penseront l’avenir (ni le passé, ni le présent). Les femmes joueront le rôle primordial43. Les transhumains prôneront l’autre contre la solitude, l’humanité diverse. Le biens essentiel et bien commun : L’économie relationnelle dans laquelle plus on donne, plus on reçoit et plus on peut donner, abolira la rareté par les valeurs de travail et de gratuité. Le temps vécu sera supérieur au temps stocké, de même que les services aux biens, gratuits. Le but sera la distribution des biens essentiels, nécessaires à chaque individu pour participer au bien commun (bon temps). Le bien commun est la protection de tout ce qui permet la vie ; sa composante essentiel est l’intelligence collective, supérieure à la somme des intelligences individuelles. C’est l’hyperpuissance du vivant44. Pour Attali, c’est vivre « libre, longtemps et jeune ». Chacun aura intérêt à être transhumains, le bien commun correspondra au bien individuel (utilitarisme). Les institutions : la ville sera primordiale, nous promouvront l’urbanisme et la gestion locale. Les Etats-cadre s’uniront. Attali croit dans le rôle préfigurateur de l’Union Européenne. L’Onu sera supranationale, dotée d’une constitution, d’une monnaie, d’un impôt et d’un gouvernement qui édictera les normes mondiales. Le conseil de sécurité, fusionné avec le G8 et les Onze ; une assemblée représentera les Etats, une autre la population, une autre encore UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 11 - les entreprises45 ; des instance contrôleront tout (l’accès à l’eau…). Déjà, la « communauté internationale » draine 10% du PIB mondial. Le marché sera au service de la démocratie : il comprendra sa dépendance réciproque à l’économie relationnelle. Bien sûr, le marché tentera des détournements : marchandisation, idéologies sectaires, scientifiques ou totalitaires. TROISIEME PARTIE : LES ACTIONS --- chapitre 7 : et la France ? La France se caractérise par son sédentarisme : agriculture, faiblesse portuaire, absence de classe créative, seulement des administrateurs. Dans la neuvième forme, elle sera une grande puissance, mais elle est peu préparée à l’Hyperempire malgré ces atouts (p398). Pour les plus optimistes, le déclin ne surviendra pas. Pourtant le risque est réel : des problèmes d’investissement, recherche et développement, éducation46, un niveau d’emploi trop bas, travail trop court, pas d’emplois peu productifs47, problème urgent de logement et inégalités. En réalité, le déclin est déjà là : la croissance française est inférieure à la croissance mondiale. En 2045, la population décroîtra s’il n’y a pas de recours à l’immigration. La décadence est seulement ralentie : l’euro cache la misère de la dette, les régimes spéciaux sont trop nombreux. La France n’a plus les moyens de politiques militaires, culturelles ou sociales. La mort de la 5ème république en 2025, sera suivie en 2030 par une crise violente. Attali prévoit déjà les problèmes de minorités, le terrorismes, symptôme d’une crise socio-politique. L’auteur envisage des conflits avec l’Allemagne et la fuite des citoyens. La France n’échappera pas à la déconstruction des nations ; à terme, elle mourra. L’action est urgente : rendre à l’avenir ce qu’on lui a pris - pédagogie des hommes politiques pour le consensus autour de manœuvres grandement impopulaires48 - remboursement de la dette : lutte aux inefficacités et gaspillages, baisse des subventions, réorientation sectorielle. permettre de tire le meilleur de l’avenir - technologie : recherche, éducation - société équitable : mobilité du travail, service public, intégration, discrimination positive - efficacité du travail : nomadité (réseaux), lutte contre les sédentarités (addictions), changement des mentalités - classe créative - souveraineté : langue, armée, politique de développement, écologie - hyperdémocratie : Onu, UE, ONG Attali est ici clairement de la droite libérale. Il s’agit selon lui de l’existence de la France. « La grande opposition est dans la notion de court terme versus long terme. La droite, c'est la priorité à la liberté et la liberté, c'est le court terme. La droite se distingue avec la liberté individuelle comme priorité, et la gauche avec liberté collective comme priorité. C'est donc un choix entre liberté individuelle et altruisme. Cela redéfinit radicalement l'opposition gauchedroite. Il y a donc un corps commun d'altruisme intéressé à trouver et c'est une condition avant de se poser les questions traditionnelles. » UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 12 - « Ce que je décris est le plus vraisemblable. » Les quatre cents pages de l’ouvrage sont difficiles à résumer car l’auteur entre dans les détails pour convaincre. Il cherche à être exhaustif, dans un style très énumératif. C’est frappant car extrêmement plausible ; son analyse revêt une dimension explicative. Ce que qui se remarque par la lecture de son ouvrage : Il ne parle presque pas de l’Afrique. Alors que s’y trouve de grands intérêts économiques, politiques (les grand conflits s’y dérouleront comme en témoigne déjà le Congo, la Somalie...) et écologiques, c’est la grande absente des acteurs de l’Histoire. Attali s’intéresse aux relations internationales, peu aux relations internes. Il pense que l’ONU résistera ; il croit en l’Europe. Il croit aussi dans des unions de « civilisations », en particulier une alliance atlantique (Etats-Unis et Union Européenne)49. En décrivent le passage d’un monde hiérarchisé à une société monde, Attali adhère à la théorie d’évolution du géographe Jacques Levy50. Il manifeste aussi par là son adhésion à la théorie libérale des relations internationales51 : la démocratie, le commerce et le droit sont des vecteurs de la paix. Le commerce augmente les interdépendances 52 . La démocratie pousserait à privilégier les intérêts des individus peu enclins à la guerre ; mais pour que ces individus soient rationnels, il faut une éducation pacifique mondiale : d’où la pédagogie des politiques d’Attali d’une part, et la participation et l’accès à tous à l’intelligence collective d’autre part. La prise de conscience de l’interdépendance des nations entraînerait la création d’un droit international efficace. Attali prévoit l’instauration d’une organisation mondiale, un contrat social mondial, qui mettrait fin aux relations internationales anarchiques et conflictuelles, à la manière de Hobbes qui pensait que l’état de nature entre les hommes avait pris fin avec le contrat sociétal. Le moteur de cette évolution tourne autour de la croyance en l’unicité du genre humain et dans la « société humaine », doctrine type néo-scholastique espagnole du 16ème siècle ; Grotius écrit que, malgré les différences de pays, la nature humaine est une et à terme, il y a possibilité de réunion et paix durable dans une même entité. Attali semble croire au dépassement à long terme de la théorie réaliste des relations internationales. Il expose celle-ci pour expliquer les évolutions passées et présentes, notamment au travers de la théorie des cycles de Gilpin : une puissance s’installe, sa défense lui demande des dépenses importantes, ce coût entraîne un épuisement économique et son déclin, puis une guerre préventive ou défensive contre une puissance émergente. Même si l’hégémon l’emporte, elle est usée et c’est un de ses alliés qui prend le dessus. Ces cycles de puissance se synchronisent avec les cycles Kondratiev et Juglar. Si Attali semble emprunter au réalisme et au libéralisme des relations internationales, c’est sans doute parce qu’il fait partie du courant synthétique constructiviste. Tout comme Kant et Hegel, il considère que la guerre n’est qu’une étape dialectique avant la société monde. Il expose une vision optimiste. Il croit en l’engagement du citoyen : « Nous allons à la fois vers une montée formidable de l’économie de l’altruisme avec les organisations non gouvernementales53 – à mon avis, ce sont elles qui gouverneront le monde un jour – et simultanément vers la montée d’une économie criminelle impossible à contenir. Aujourd’hui se développe le sentiment selon lequel nos actions quotidiennes ont des conséquences sur la vie des autres ; on a intérêt au bonheur de l’autre ; la paix chez nous dépend du recul de la pauvreté ailleurs. Le fait qu’on emploie de plus en plus souvent le terme « communauté internationale » – qui est un mot flou mais qui signifie quand même « gouvernement mondial » – traduit une conscience que la planète a un sens en tant que tel. La UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 13 - technologie permettra aussi la naissance progressive d’une intelligence collective qui sera bientôt celle de l’humanité tout entière. Quand Thomas More parlait de démocratie ou que Marx évoquait le socialisme, cela paraissait très improbable à leur époque. Il est vrai qu’aujourd’hui l’avènement de l’hyperdémocratie peut apparaître comme une déclaration de foi ou d’espérance un peu mystique, mais dans le même temps, je crois beaucoup aux éléments positifs qui existent déjà. L’altruisme correspondant à un intérêt rationnel commence véritablement à apparaître. Maintenant, est-ce qu’il va arriver à temps par rapport aux exigences de l’humanité ? » Sa vision de l’histoire depuis les origines de l’humanité nous fait bien comprendre que l’histoire est une sciences humaine : elle étudie l’homme, et en étudiant l’Histoire, nous pouvons comprendre comment l’humanité a fait des choix, et peut-être prévoir ceux qu’elle fera, ou devrait faire. «Faut-il se contenter du monde comme il est et de l'Histoire comme elle vient ?» Attali épouse la théorie universaliste/évolutionniste dans son interprétation de l’Histoire. Le concept de fin de l'histoire avait d'abord été imaginé par Hegel et repris de diverses manières par plusieurs philosophes, Karl Marx en particulier. Avec une perspective hégélienne, c’est pour l’Hyperdémocratie que survient l’Hyperconflit, dans un sens de l’histoire qui nous dépasse et nous oriente. Pour Francis Fukuyama comme pour Hegel, l'Histoire s'achèvera le jour où un consensus universel sur la démocratie mettra un point final aux conflits idéologiques (pour Fukuyama il s’agit d’un consensus autour du libéralisme à l’issue de la Guerre Froide, Fukuyama publia un premier article sur le sujet au cours de l'été 1989). Attali ne semble pas démordre de son schéma : il n’y a pas d’ « anticipation » possible. On le voit particulièrement dans ses choix pour la France où il prône le changement des mentalités dans urgence. Ainsi, à la différence de Raymond Aron, les relations internationales sont déterminées : « Car pour en arriver à l’hyperdémocratie, il faudra passer par une purge d’une extrême violence. Je ne pense pas que les résistances civiques d’aujourd’hui à ce que j’appelle « l’hypersurveillance » et « l’autosurveillance » l’emporteront sur ces technologies qui sont en train de s’installer insidieusement dans notre vie quotidienne. Et je ne crois pas que les mouvements de la société seront capables de s’opposer à cela. » Attali croit beaucoup à la dimension mondiale et à l’universalisme pour ne pas soulever le risque totalitaire. Toutefois, il conçoit implicitement la diversité dans tout les domaines, un diversité qui fait la richesse de l’humanité. Attali est donc bien globaliste, c'est-à-dire qu’il considère que l’anarchie propre aux relations internationales n’est qu’une étape dialectique avant l’émergence d’une communauté internationale humaine. « Dixi et salvavi animam meam » [Karl Marx] Parler au futur donne une drôle d’impression. A force de prendre conscience des risques dramatiques, on fini presque par les accepter, renouant avec le vieil orgueil de mourir en même temps que l’humanité. Je pense qu’on peut dire que c’est une œuvre très importante, surtout à la vue de l’envergure de son auteur. Ce n’est pas la seule.54 Opposition durkheimienne : l’opposition entre nomade et sédentaire a été décrite comme un fait social morphologique extrêmement contraignant pour les sociétés. Tout comme Marx définit les conflits sociaux comme moteur de l’Histoire, Attali met le conflit sédentaire/nomade au centre de l’évolution. 1 UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 14 - Avec quelques données se dessinent les enjeux de demain : en 2050, 9,5 milliards d’humains sur terre, un siècle d’espérance de vie dans les pays développés, 2/3 des habitants dans les villes. 3 Quelques uns de ces concepts : (repris d’autres domaines) l’économie relationnelle, (revisités ou inventés) : transhumains, infranomades, objets nomades, bien commun, intelligence collective, l’hyperdémocratie… 4 Pour faire un homme il faut des gènes humains mais aussi une relation avec la culture humaine : l’évolution humaine n’est plus une évolution biologique mais une évolution culturelle. 5 La confrontation entre nomades et sédentaires permet d’acquérir la puissance et la liberté (p39) 6 (Détails p51) 7 Théorie de Gilpin : la défense d’un cœur demande des dépenses importantes et, pour se maintenir, la guerre préventive ou en réponse à offensive d’une puissance montante. Même si l’hégémon l’emporte, elle est épuisée et c’est un de ses alliés qui prend le relais. 8 (cf. film Hero) 9 En Chine, la télévision a diffusé une série de documentaires sur les neufs « grandes nations » des 500 dernières années : Portugal, Espagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Russie et Etats-Unis. Ils décrivent le passage d’un statut de dominé à un statut de dominant, d’une échelle métropolitaine à une échelle mondiale. Ils apparaissent comme une critique de la stratégie de développement du PCC – économie, armée, quatre principes fondamentaux (dictature du parti). En effet, le document insiste sur le Royaume Uni : tolérance de la Reine, démocratie parlementaire, Grande Charte, Glorieuse Révolution, libertés ; et la France : DDHC, liberté, égalité, fraternité, héritage culturel du monde entier (ce sont les acquis culturels de la France qui ont fait d’elle une grande nation mondiale). Roosevelt nomme quatre libertés : croyance, culte, abris du besoin, abris de la peur ; la Chine ne revendique que la liberté de vivre en absence du besoin, et censure les autres. La Chine continuera à être marginalisée sur le plan culturel tant qu’elle n’aura pas une idéologie démocratique. Parmi les commanditaires du film, il y a de hauts dirigeants du PCC, c’en est la principale leçon. 10 Caractéristiques des cœurs (p69-71) 11 Cycles de Gilpin : une puissance s’installe, elle dépense pour sa défense, ce coût entraîne l’épuisement économique et son déclin, puis la guerre défensive ou l’offensive d’une puissance émergente. Cela forme des cycles de puissance calqués sur les cycles économiques Kondratiev et Juglar. 12 La relation entre sexe et technologie (p129) 13 Attali détaille les signes avant-coureurs du déclin du 9ème coeur (p153-155) 14 Nous parlons au présent : c’est un futur déjà commencé. 15 La domination totale des Etats-Unis (p161-163) 16 (Détails p164) 17 Singapour apparaissait jusqu’à nos jours comme un modèle de développement économiques, mais aujourd’hui l’absence de démocratie bloque sont essor : la famille Lee est au pouvoir, il n’y a pas d’opposition. Cela empêche le renouveau et le régime risque la sclérose. Les inégalités sociales deviennent politiquement dangereuses, ce qui a motivé des réformes sociales (assurance maladie) même s’il s’agit d’un régime autoritaire. Singapour se présentait comme une alternative au modèle démocratique occidental - autoritarisme mais acceptable par rapport aux autres régimes brutaux - au service du citoyen : le dévouement permettait de justifier l’autoritarisme - pragmatique : contre les idéologie qui ont fait échec en Asie → le peuple est soumis pour son bien : il est donc immature, son vote est formel, mais le régime assure pour lui la sécurité et la prospérité économique. → les voix dissidentes sont réprimées qu nom du consensuel bien commun 18 Précisions, Courrier international déc. 2006 19 L’homme a créé les outils pour l’aider dans son travail, puis les machines-outils pour le remplacer, puis des computeurs pour aider sa mémoire. Va-t-il créer des machines pour se décharger de l’acte de penser : abdication devant la puissance de calcul, sinon de penser, de la machine ? 20 Moyens de stockage (p218) 21 Le nomadisme des sédentaires (p184-185) 22 Nos sociétés ne prennent pas soin de leurs anciens, et c’est eux qui deviendront les enjeux. Toutefois il faudra qu’ils soient « jeunes » : ce n’est pas un vieillissement mais une plus longue vie. 23 Les coûts explicites (ressources, travail, capital, monnaie) vont diminuer de plus en plus. Il restera toujours le coût implicite du temps, qui ne pourra jamais se prolonger indéfiniment : nous sommes tous mortels. 24 Déjà aujourd’hui, les grandes entreprises pharmaceutiques ont un coût de recherche et développement trop élevé. Elles s’agrandissent par fusion acquisition d’entreprises plus petites afin d’acquérir leur gamme de produit et leurs brevet. Il n’y a donc pas innovation. 25 Les Onze (p220-221) 26 Attali, à partir de ce moment, expose une thèse de fin de l’histoire. 2 UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR - 15 - Les autosurveilleurs existent déjà : l’INSEE propose des outils en ligne pour calculer son inflation personnelle. Des sites d’envoi de courrier proposent de suivre les lettres en temps réel… 28 Le marché planétaire entraînera la concurrence fiscale entre les états : Johnny Hallyday a déjà préféré s’installer en Suisse, à la place de la France ou de la Belgique. 29 Avec l’avènement des assurances, le consommateur prévaut sur le travailleur, ce qui conduit à l’autodestruction du système. Il faut réintroduire ici la dichotomie des modèles socio-économique assurance/ assistance : l’assistance est préférable pour déréguler le marché, mais les assurances croîtrons et diminueront la liberté individuelle. A terme, nous reviendrons à une logique d’assistance. 30 Nous pouvons déjà penser à Mittal, Microsoft, Disney, LVMH, Walmart… 31 Aujourd’hui, on propose de remplacer la vieille typologie obsolète primaire/secondaire/tertiaire par une nouvelle typologie : manuel/intellectuel/relationnel. Attali montre comment les deux premières catégories s’automatisent à outrance, et la tentative de la part du marché de mettre à prix l’économie humaine relationnelle (les psychanalystes, professeurs…) qui ne pourra jamais être remplacée. 32 Commentaire d’Attali : « Pierre Omidyar [fondateur d’eBay et d’une fondation Omidyar Network, apparentée à la fondation de Bille Gates, qui soutient des projets à but non-lucratif, mais aussi des entreprises à but lucratif et des initiatives publiques] est encore à la recherche de son modèle idéal... Pour ma part, je ne crois pas à l’altruisme non «lucratif». La forme qui l’emportera sera celle où le profit n’est pas une fin en soi, mais la condition de survie des organisations, c’est le cas des grandes ONG, et grandes universités. L’endowment de l’université de Harvard est de 26 milliards de dollars – environ deux fois le budget de l’enseignement supérieur en France -, il provient de quelques 10.800 fonds privés établis dans des buts précis d’éducation ou de recherche. » 33 Les Hypernomades (p281). Nous pouvons déjà penser à Bill Gates, Alain Ducasse [vingt-et-un restaurants dans le monde, exploitation des restaurants de la Tour Eiffel, trois écoles de formation, une chaîne hôtelière (Châteaux et Hôtels de France : cinq cents trente-huit adhérents), cinq auberges chiques, une maison d’édition, trois cents chefs formés, mille quatre cents collaborateurs] ou encore Pierre Omidyar précédemment cité. 34 La gouvernance privatisée (exemples p. 295) ; nous pouvons déjà noter le cas de la Fédération internationale de football, dont la réglementation est appliquée partout dans le monde. Le schéma est identique pour le Comité international des Jeux olympiques. Bâle I et Bâle II, réunions qui ont déjà eu lieu entre les gouverneurs des banques centrales, fixent les grandes règles du système bancaire. L’Icann organise et réglemente Internet. Citons aussi le Téléthon, qui permet à l’Association française contre les myopathies de récolter sur plusieurs années des centaines de millions d’euros et de se substituer à l’Etat pour financer la recherche et le décryptage du génome humain, mais aussi d’imposer les grandes orientations choisies aux laboratoires partenaires. 35 Dans La Fin de l'homme, Francis Fukuyama exprime ses inquiétudes face aux progrès des biotechnologies, et en particulier de leurs applications possibles sur l'être humain. Parce qu'elles seront capables de transformer l'homme à un degré insoupçonné jusqu'alors, elles risquent d'avoir des conséquences extrêmement graves sur le système politique. 36 Les armes de l’Hyperconflit : Pour ceux que cela intéresse, Attali entre dans les détails 37 Attali n’envisage pas à ce stade, qu’un consensus anti-marchand s’opère. 38 Ce paragraphe est étrangement actuel. 39 Les Quatre types de guerre existent déjà, l’auteur en donne des exemples (p346-350). 40 Il est intéressant de noter qu’Attali mentionne des acteurs que les médias occidentaux semblent négliger actuellement : le Kazakhstan, le Nigeria… 41 L’Europe ressemblera à l’Afrique d’aujourd’hui, n’imaginons pas l’Afrique de demain 42 (p365) 43 Les femmes joueront le rôle primordial, aujourd’hui déjà, l’écoféminisme, mélange d’écologie, d’altermondialisme et de féminisme. 44 Par puissance du vivant, Attali n’entend pas seulement les humains 45 Attali épouse la thèse des relations internationales qui considère que les états ne sont pas les seuls acteurs : d’autres entités sont indépendantes et à égalité. 46 12% de la population française seulement a un diplôme supérieur. 47 Assistantes maternelles par exemple, comme au Danemark. 48 Il faudrait d’abord que les politiques veuillent agir dans l’histoire, car ils seront morts à l’aube des catastrophes. 49 Une alliance atlantique peut paraître paradoxale en ce moment car les États-Unis freinent l’UE politique. Néanmoins, certains candidats à la présidentielle affiche clairement leur atlantisme, c’est le cas de Nicolas Sarkozy. 50 Cf. cours de géographie humaine, introduction 51 cf. cours de relations internationales 52 Le commerce augmente les interdépendances mais augmente aussi les volontés d’indépendance et les urgences vitales (indépendance alimentaire, énergétique…) 27 UNE BREVE HISTOIRE DE L’AVENIR 53 - 16 - Ex. les compagnons d’Emmaüs, 230 millions d’€ en 2006. 54 Ca bouge aujourd’hui L'Institut de l'entreprise pour une pédagogie de la réforme en 2007 : Au printemps 2006, l'Institut de l'entreprise, présidé par Michel Pébereau [président de BNP Paribas], avait lancé un site Internet pour faire naître des débats d'idées. Il s'était fixé pour objectif de faire émerger des propositions concrètes pour le début de l'année 2007, dans la perspective de l'élection présidentielle. A partir de 50.000 à 80.000 visiteurs par mois sur le site - 15 mesures ont ainsi été synthétisées dans un ouvrage « C'est possible, voici comment... ». Supprimer le déficit de l'Etat, individualiser les rémunérations des fonctionnaires, réduire le nombre de collectivités locales, parachever la réforme de l'hôpital, inciter les enseignants à être plus présents dans les établissements scolaires... Selon Michel Pébereau, « il existe des solutions raisonnables aux problèmes du pays » et les Français sont « prêts à considérer ces solutions, sans rejet a priori ». Mais le travail de pédagogie reste « considérable », prévient le président de l'Institut de l'entreprise. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a, pour sa part, souhaité que cinq principes figurent dans la déclaration commune que les institutions européennes et les Etats membres devraient solennellement adopter, à Berlin, à l'occasion du cinquantième anniversaire du traité de Rome. Ces principes, qui doivent garantir la poursuite du développement de l'Union, sont la solidarité et la cohésion sociale, la soutenabilité des politiques environnementale et énergétique, la responsabilité des institutions à l'égard des citoyens, la sécurité de ces derniers et la promotion de ces valeurs dans le monde. La réunion de Paris sur le climat les 2 et3 février 2007 a invité le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) à rédiger un rapport consensuel sur l’état écologique de la Terre. Selon le rapport du GIEC, l’homme est responsable à 90 % des dérèglements climatiques actuels. « Nous lançons un appel solennel à une vaste mobilisation internationale contre la crise écologique » [Jacques Chirac, le 3 février, « l'appel de Paris »]. Le président français plaide pour la constitution d'une Organisation des Nations unies pour l'environnement (ONUE). Certes, il existe déjà le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), créé dans les années 70 et dont le budget est alimenté par des contributions étatiques volontaires et l’idée d’une ONUE n’est pas neuve, conceptualisée par François Mitterrand lors du Sommet de Rio en 1992. Son objectif premier : mettre fin à la dispersion de l’action internationale – il existe près de 500 accords multilatéraux, 18 organisations et institutions financières internationales compétentes – pour gagner en crédibilité et surtout en efficacité. L’intérêt de l’ONUE est qu'elle serait « une organisation universelle reconnue par les Etats et qui aurait la capacité de produire des normes » , à l’image de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). «Jacques Chirac a donc aussi proposé l’adoption à l’ONU d’une déclaration universelle des droits et des devoirs environnementaux. Quarante-cinq pays participeront au groupe pionnier destiné à promouvoir l'idée d'une organisation des Nations unies pour l'environnement (ONUE). Parmi ces pays figurent notamment l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, la Pologne, le Cambodge, le Sénégal et l'Algérie. La première réunion de ce groupe pionnier est prévue au printemps prochain au Maroc. Le très populaire écologiste Nicolas Hulot a, pour sa part, plaidé pour "une énergie renouvelable que l'on n'utilise pas assez souvent : l'énergie de l'amour". Remarques orales : Attali montre comment, aux origines de l’humanité, s’orientait déjà l’histoire Ainsi nous allons vers : - l’évolution de l’ordre marchand vers son institutionnalisation politique et la « démocratie de marché ». Mais la rareté des ressources crée des inégalités et des conflits. - 2035 : avec le déclin des Etats-Unis débute l’Ordre Polycentrique - 2050 : le marché s’avère plus puissant que la démocratie. C’est l’ère de l’hyperempire gouverné par les hypernomades. Mais l’homme devient un artefact du marché : deux issues, soit la mort de l’humanité, soit l’hyperdémocratie : intelligence universelle et économie relationnelle déjà transhumains (asso…), quel rôle envisage-t-il pour lui-même ? quel rôle tient-il dans la « pédagogie politique » requise ? et nous, étudiant de l’IEP ?