« Alzheimer : une maladie pour notre temps ». Michel Billé. Sociologue.
Trois Rivières le 10 février 2012.
Tout est problème : le diagnostic, le dépistage, le traitement, la nature
de la maladie nous échappe encore. Quel défi incroyable ! Défi
technique, défi financier, défi intellectuel, défi humain…
2. Un défi pour la pensée…
Sur ce registre on peut agir, plus vite que sur le défi de la recherche et
cela nous concerne tous. Agir c’est d’abord accepter de changer
quelque chose dans nos têtes et pour cela changer notre manière de
parler parce que les mots font notre pensée. Si nous savons faire cette
évolution alors nous ferons changer les pratiques. Changer notre
manière de parler, changer notre regard, changer notre manière
de penser la maladie :
C’est d’abord un certain regard porté sur les personnes malades et sur
la maladie. Non ils ne sont pas déments, ils sont malades. Nous
devons chasser de notre vocabulaire ce terme horrible de démence qui
sonne plus comme un verdict, une condamnation que comme un
diagnostic… Est dément celui que son esprit a quitté… « De mens »…
Tous ceux qui travaillent ou vivent avec des personnes malades
d’Alzheimer savent au contraire à quel point ils ont une activité
mentale intense et continue, même si cette activité nous parait, à nous
inadaptée ou sans effet. Ils ne sont pas déments, ils sont malades. Ce
sont des personnes malades, atteintes d’une maladie qui touche le
cerveau et les fonctions cérébrales et non d’une maladie mentale. C’est
très important il nous faut sortir de cette représentation de la maladie
qui en fait une forme particulière de folie…