Mesure des diamètres de la Terre et de la Lune 2/2
Ératosthène tira, de la documentation rapportée par le souverain, des Mémoires géographiques et une Mesure de
la Terre. Il montrait, comme Aristote, que celle-ci était sphérique.
La distance de la Lune fut déterminée avec une bonne précision par Aristarque, puis par Hipparque, en mesurant
les dimensions du cône d’ombre lors d’une éclipse de Lune. Ils purent ainsi démontrer que le diamètre de la Lune
était égal au tiers du diamètre terrestre (valeur exacte du rapport: 0,27) et que sa distance était de soixante rayons
terrestres.
En revanche, les Anciens n’eurent aucun moyen de mesurer la distance du Soleil et des planètes. La valeur qu’ils
en donnèrent, probablement calculée d’après la durée de leur révolution apparente, n’est pas toujours la même,
principalement en ce qui concerne le Soleil et les planètes inférieures.
Ératosthène mesure la Terre
Le «bibliothécaire» d'Alexandrie est en fait le directeur de tout le centre scientifique. Il dirige en outre l'éducation
du prince héritier. De 235 à 195 av. J.-C., ce poste est occupé par Ératosthène, qui est à la fois mathématicien,
historien, poète, astronome... C'est lui qui va réaliser la première mesure de la circonférence de la Terre.
Vers 230, Ératosthène remarque qu'à Syène (aujourd'hui Assouan), ville située dans le sud de l'Égypte, le Soleil
éclaire le fond des puits à midi le jour du solstice d'été: ses rayons sont alors parallèles à la verticale de Syène.
Pour calculer l'angle entre la verticale de Syène et celle d'Alexandrie, c'est-à-dire la fraction de la circonférence
terrestre qui sépare les deux villes, il suffit donc de mesurer l'angle entre la verticale d'Alexandrie et les rayons
du Soleil, le jour du solstice d'été, à l'instant où il est midi à Syène. Or, les villes de Syène et d'Alexandrie sont
toutes les deux au bord du Nil. Ce fleuve a une direction nord - sud; de ce fait, Syène est à peu de chose près sur
le méridien d'Alexandrie: il est donc midi au même instant dans les deux villes.
Ératosthène en mesure l'angle, qu'il trouve égal à «un cinquantième de tour», c'est-à-dire un cinquantième de la
circonférence terrestre. La distance entre Syène et Alexandrie étant évaluée à environ 5 000 stades, la
circonférence de la Terre vaudrait donc cinquante fois plus, soit 250000 stades ( env. 46000 km), résultat semble-
t-il très proche de la valeur correcte.
Mais, plus que le nombre de stades, dont l'évaluation est entachée de nombreuses incertitudes, c'est surtout la
méthode qui mérite d'être soulignée. Ainsi, dès 230 av. J.-C., les astronomes d'Alexandrie connaissent la taille de
la Terre. Cela leur permet de calculer tout de suite celle de la Lune, ainsi que sa distance, grâce à une méthode
imaginée cinquante ans plus tôt par Aristarque.
Aristarque mesure la Lune
Originaire, comme Pythagore, de l'île ionienne de Samos, Aristarque a travaillé toute sa vie à Alexandrie et y a
réalisé des travaux d'astronomie considérables. C'est vers 280 ou 270 av. J.-C. qu'Aristarque a mesuré la Lune
par une méthode simple fondée sur les éclipses.
La taille de la Lune
En effet, lors d'une éclipse de Lune, celle-ci traverse le cône d'ombre que projette la Terre. On peut alors
comparer son diamètre à celui du cône d'ombre de la Terre: la section du cône est trois fois plus large que le
disque lunaire. Assimilant le cône d'ombre à un cylindre, Aristarque décide que la section de cône a le même
diamètre que la Terre: celle-ci est donc trois fois plus large que la Lune. Cette estimation n'est pas tout à fait
correcte, car ce cône n'est justement pas un cylindre. Hipparque montrera cent ans plus tard, en corrigeant cette
erreur, que le diamètre lunaire n'est pas égal au tiers, mais au quart de celui de la Terre.