Institut de Recherches Economiques, IRES - Place Montesquieu 3, 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE
Premièrement, les pays faiblement endettés devraient adopter des objectifs de solde budgétaire
plus ambitieux que les pays lourdement endettés. En fait, les pays faiblement endettés
devraient s'efforcer de dégager des surplus budgétaires structurels d'ici la fin de la décennie
car c'est la seule façon pour ces pays d'atteindre un niveau de surplus primaire suffisant pour
enclencher une baisse prolongée de leur taux d'endettement.
Deuxièmement, si un pays fortement endetté atteint l'équilibre budgétaire trop tôt et décide de
ne pas dégager de surplus budgétaire, il risque de se retrouver à la veille du choc
démographique avec un niveau de surplus primaire insuffisant pour financer le choc
démographique. Pour éviter ce risque, il y a lieu que ces pays mettent de côté une partie plus
ou moins importante des marges budgétaires dégagées par la baisse des charges d'intérêt dans
un fonds de vieillissement.
5. Le Pacte de stabilité continuera à être utile bien au-delà de 2010. C'est en effet à partir de cette
date que le vieillissement de la population commencera à exercer des pressions considérables sur
les budgets et les systèmes de protection sociale en Europe. Le Pacte de stabilité jouera alors un
rôle essentiel de garde-fou contre les dérapages budgétaires. Ce n'est que lorsque les pays
européens commenceront à voir la fin du tunnel dans lequel le choc démographique va les
entraîner qu'ils pourront revendiquer un assouplissement des règles du Pacte de stabilité.
Appliquées à la Belgique, les conclusions de notre analyse nous conduisent à proposer aux
négociateurs gouvernementaux de fonder la politique budgétaire du prochain gouvernement belge sur
les deux objectifs suivants :
1. Le maintien de l'équilibre budgétaire défini en termes structurels. Compte tenu de la faiblesse
de la croissance attendue pour cette année-ci, cet objectif permet d'accepter l'apparition d'un déficit
budgétaire en 2003. Il implique également de mettre à profit tout redressement de la conjoncture
pour éliminer le déficit et dégager des surplus budgétaires à moyen terme (2005-2007) si la
croissance économique renoue avec des taux supérieurs à la croissance potentielle de l'économie
belge.
2. Le renforcement des montants investis dans le Fonds de vieillissement. Etant donné que le
maintien de l'équilibre budgétaire structurel permet de profiter de la baisse spontanée des charges
d'intérêt de la dette publique pour financer des initiatives nouvelles, la Belgique risque de se
retrouver à la fin de la décennie avec un surplus primaire insuffisant pour pouvoir financer le choc
démographique sans augmenter les impôts et/ou le déficit. Par conséquent, les négociateurs
gouvernementaux devraient prévoir d’utiliser une partie des moyens dégagés par la baisse des
charges d'intérêt et d'éventuelles ventes d'actifs pour alimenter le Fonds de vieillissement de
manière appropriée. Pour établir clairement que les objectifs budgétaires retenus sont
suffisamment ambitieux, il serait utile de calculer les besoins du Fonds de vieillissement sur base
d'une projection réaliste de l'évolution des finances publiques à long terme.
Bernard Delbecque
Professeur d’économie à l’UCL