mahorais-français". Ce qui ressort de l'étude de ces trois ouvrages, c'est que chacun a adopté
un système de transcription différent : transcription de type "swahili" pour Ousseni Maandhui,
transcription linguistique pour Marie-Françoise Rombi, et transcription "swahili" avec
addition de 2 consonnes et 3 voyelles nasales pour Sophie Blanchy.
A part ces trois ouvrages à caractère pédagogique, on trouve dans la vie courante quelques
transcriptions du shimaore en caractères arabes dans les administrations : mairies, hôpital,
dispensaires, et quelques publicités rédigées en écriture francisée (présence des graphies "ou",
"oi", "ch", "gn", etc..). L'I.A.F. a élaboré son système de transcription et nous, l'association
SHIME, en proposons encore un autre!
Il ressort de ce rapide inventaire à la fois une volonté et une nécessité d'écrire des textes en
shimaore, et une très grande diversité quant à leur réalisation orthographique. On voit donc
que ce qui manque, c'est un système unique de transcription, qui ferait qu'à tel son oral
correspondrait telle graphie, et réciproquement. L'idéal, c'est de tendre vers une orthographe
phonétique à la fois complète, logique et simple, ce que n'ont pas réussi à faire des langues
majeures telles que le français et l'anglais...
Nous avons renoncé à une orthographe typiquement française (ou, oi, gn, qu, gu, gn, etc...) et
pris pour exemple les langues bantoues voisines déjà écrites qui peuvent servir de guide dans
le choix de telle ou telle graphie pour représenter tel son du shimaore.
Par exemple la graphie "ou" en français correspond à 2 sons: [u] comme dans "vous" et [w]
comme dans "ouate". Nous avons opté pour la graphie internationale "u" et "w". Ainsi les
mots "mutru" (= être humain) et "mwana" (= enfant) trouvent bien leur place dans la
transcription de la plupart des langues bantoues: mutu / muntu / mudu / etc.. et mwana /
mwanana / etc..
Pour instituer l'alphabet du shimaore, il faut d'abord faire l'inventaire des phonèmes, c'est-à-
dire des sons fondamentaux de la langue. Cet inventaire peut se diviser en 3 listes : les sons
voyelles, les sons semi-voyelles, et les sons consonnes. Une fois cet inventaire effectué, il
reste à décider comment représenter tel phonème (ou son) à l'aide de quelle graphie (lettre ou
groupe de lettres, ou lettre accompagnée d'un signe diacritique).
Dans la majorité des cas, il y a unanimité sur le choix des lettres proposées pour représenter
tel son. Il s'agit en général des lettres qui présentent les mêmes correspondances entre son et
graphie dans la majorité des langues. Ceci constitue un début encourageant.
Par contre, pour un petit nombre de phonèmes, spécifiques au shimaore, le choix d'une
transcription graphique est plus difficile, et objet de débats entre spécialistes. C'est sur les
points sur lesquels il n'y a pas unanimité que nous concentrons notre étude :
1. Les implosives :
Les formes implosives de b et d se réalisent couramment en shimaore. Il existe deux
possibilités pour écrire ces implosives, c'est-à-dire, soit le b ou le d suivis d'une apostrophe,
soit un b et/ou un d crochu. Nous avons essayé les deux options avec des lecteurs débutants, et
nous avons vu qu'ils se débrouillent beaucoup mieux avec les formes crochues. A l'époque des
machines à écrire, on n'avait pas d'autre choix que d'utiliser b' et d', mais à l'époque où les
ordinateurs remplacent les machines à écrire et relèguent celles-ci au musée, il n'y a pas de
raison pratique qui empêche l'utilisation de la forme crochue, comme cela se fait déjà dans
beaucoup de langues en Afrique, par exemple des langues majeures telles que le hausa et le