INTRODUCTION

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TEMA V. La grammaire de la métaphore
4.1. L'analyse du contexte syntaxique
À l'ancienne perspective substitutive, paradigmatique, les néo-rhétoriciens
opposent aujourd'hui une perspective interactive, contextuelle, qui rend compte des
rapports établis entre le terme propre est le terme figuré: „au lieu de poser ces
relations in absentia entre le sens figuré du terme employé et le sens propre d'un
terme reconstitué, les néo-rhétoriciens les ont posées entre le sens de mots co-présents
dans l'énoncé (...) Le principe du changement de sens d'un seul mot cède ainsi la place
à celui d'une signification figurée attachée à une combinaison lexico-syntaxique. Un
tel changement d'optique a entraîné la collision de deux types distincts de figures, la
métaphore et la comparaison, qui reposent sur un rapport de ressemblance, implicite
ou explicite“ (I.Tamba Mecz, 1981: 25).
Nous réservons un sous-chapitre à part à l'analyse de la comparaison
métaphorique (v. infra, 4.2.).
Revenons à l'intérêt que suscitent aujourd'hui les éléments non figurés du cadre
linguistique avec lesquels le terme figuré est syntaxiquement lié dans un contexte
minimal (définitoire).
La métaphore est ainsi envisagée comme une relation – R – qui s'établit
obligatoirement entre deux termes: un terme propre – Tp –et un terme figuré, –Tf ou
Tm (terme métaphorique).
Dans son étude Métaphore et syntaxe, J. Tamine (1979) essaie de localiser les
cadres syntaxiques privilégiés de la relation qui unit le terme propre au terme figuré.
Nous adoptons sa typologie, que nous considérons supérieure à celle de Ch. BrookeRose (1958). Ses critères distinctifs sont la nature de l'outil syntaxique qui supporte la
relation R entre les deux termes et la partie du discours à laquelle appartiennent
respectivement le Tp et le Tm.
On distingue deux rubriques principales:
a) Les métaphores où le Tp et le Tm n'appartiennent pas à la même partie du
discours. Elles se répartissent dans les configurations suivantes:
V –Adv, dans le groupe verbal;
N– Adj, dans le groupe nominal;
Sujet – Verbe ;
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Verbe –Complément(s), dans le groupe verbal.
Dans ce cas, le terme métaphorique peut être n'importe lequel des deux termes
liés par la relation syntaxique indiquée.
Cette première grande catégorie coïncide avec les métaphores in absentia de la
rhétorique classique, mais J. Tamine ne fait plus appel à la notion de substitution chère
à la tradition (le terme métaphorique est donné comme remplaçant un hypothétique
terme propre, absent du contexte, qui doit être reconstruit). De ce fait, même la
Rhétorique générale (1970), qui partage le modèle substitutif avec la tradition
rhétorique, enfermait la métaphore dans une fonction subalterne, puisqu'elle n'était
qu'un synonyme plus expressif du terme propre.
b) Les métaphores où le terme propre – Tp et le terme métaphorique –Tm – sont
coprésents et appartiennent à la même partie du discours, soit des noms, soit des
infinitifs. Lorsque les deux termes sont des noms, ils se répartissent dans les cadres
syntaxiques suivants:

Verbe + Nom (être, verbe copule exprimant l'équivalence);

Apposition. Assignant à plusieurs termes la même fonction
grammaticale, elle pose ces termes dans une position comparable et fait
d'eux un paradigme;

Préposition, (essentiellement de,1 qui exprime des valeurs multiples) +
Nom.
Ces métaphores recouvrent les figures in praesentia.
J. Tamine propose le tableau suivant, qui représente toutes les configurations
syntaxiques possibles de la métaphore:
MÉTAPHORES
Tp et Tm n'appartiennnent pas
Tp et Tm appartiennent à la
à la même partie du discours
même partie du discours
Tp et Tm sont deux Tp et Tm sont
VAdv N Adj
VN2
noms
deux infinitifs
appoApposi
Tm=V Tm=N être
de
être
sition
–tion
1. On définit généralement les métaphores en être:
- N1 est N2 comme l'expression de l'identité, de l'équivalence. J. Tamine
propose, pour ce type de métaphores, le terme définitionnel „identification“, parce
que "l'intérêt du cadre, dans le cas des métaphores, est [...] d'identifier des éléments
121
entre lesquels n'existe aucune relation préalable“, et que leur „identité“ affirmée
traditionnellement „n'est que le résultat de l'identification produite par la
configuration“(op. cit. : 68). Tamine prouve par l'analyse distributionnelle que ce
cadre syntaxique est loin d'exprimer uniquement l'équivalence. Elle distingue trois
configurations particulières:
- N1 est le (ce, son) N2, où le déterminant de N2 est défini. Ce cadre est
considéré comme celui de l'identité;
- N1 est un N2, où la présence d'un déterminant indéfini devant N2 fait que
l'objet auquel renvoie N1 soit classé dans la catégorie que designe N2, classification
qui est le seul résultat de la syntaxe, en l'absence de relation sémantique préconstruite
entre N1 et N2. Cette structure est proche de la définition;
- N1 est Ø N2. L'absence de déterminant devant N2 détermine le
fonctionnement de celui-ci comme adjectif. N2 se borne alors à apporter une
qualification à N1;
2. Comme les constructions en être, les configurations en de offrent un cadre
syntaxique dans lequel les relations entre les deux substantifs sont „les plus vagues, les
moins syntaxiquement définies [...] un cadre polysémique et ambigu, N1 de N2, qui
permet de jouer sur plusieurs relations entre deux substantifs“ (idem : 69). Au
contraire, pour les métaphores in absentia, qu'elles soient nominales ou verbales, „les
relations entre verbe et sujet (et / ou complément) sont beaucoup mieux définies et
plus strictes, les verbes se caractérisant par une sélection particulière“ (ibid.), dont il
faut tenir compte.
Dans cette perspective, J. Tamine critique la dérivation, par une „série
d'ellipses“, que G. Genette opère, à partir des métaphores in praesentia, pour aboutir
aux métaphores in absentia. Voilà ces types possibles de structures analogiques
proposées par G. Genette (1970):
1. comparaison motivée: Mon amour brûle comme une flamme.
2. comparaison non-motivée: Mon amour ressemble à une flamme.
3. assimilation motivée: Mon amour (est) une flamme ardente.
4. assimilation non motivée: Mon amour (est) une flamme.
5. assimilation motivée sans comparé: Mon ardente flamme.
6. assimilation non motivée sans comparé: Ma flamme.
(véritable métaphore)
Pour G. Genette, le choix entre les diverses configurations semble donc n'être
soumis à aucune contrainte que le désir d'insister plus on moins sur la motivation du
rapprochement entre le terme propre et le terme figuré. Il considère seulement le type
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6 comme une véritable métaphore. Qu'on se rappelle l'analyse semblable de ces
structures „dérivationnelles“, à partir de la structure comparative avec comme, que M.
Le Guern (1973) entreprit, avec une critique semblable à celle de J. Tamine
concernant la réduction progressive de ces structures qui est forcée, inadéquate pour
expliquer la spécificité du phénomène métaphorique: „Malgré la ressemblance des
structures grammaticales, il est donc abusif de rapprocher la métaphore in praesentia
de la similitude“ (M. Le Guern, op. cit.: 56).
Dans le cas d'une métaphore „in absentia“, établie entre le terme métaphorique
–verbe et un (ou plusieurs) actants nominaux (sujet / complément(s)), la tendance de
certains chercheurs à la ramener à une métaphore nominale doit être critiquée 3.
3. Les constructions appositives „in praesentia“ ont la configuration syntaxique
N1 Ø N2 (N1–N2) non spécifique et qui n'est pas soumise à des restrictions
sémantiques dans le cas des emplois métaphoriques.
Tamine s'emploie à „démonter“ les mécanismes des métaphores verbales „in
absentia“, qui pourraient faire croire à une spécificité syntaxique du figuré,
représentée par:
a) les changements de construction,
b) la présence dans l'emploi figuré d'un complément obligatoire qui est
facultatif dans l'emploi propre et
c) l'extension de propriétés.
a) S'il est vrai qu'un verbe en emploi métaphorique n'a pas toujours la
construction du sens propre, il est tout aussi vrai que ces métaphores cessent peu à peu
d’être reliées au sens propre et se lexicalisent. Or, ceci n'est pas particulier à la
métaphore, parce que les différences de construction syntaxique du verbe (et de ses
dérivés) est un critère utilisé par les lexicographes pour choisir entre polysémie et
homonymie; les homonymes se distinguent par leurs propriétés syntaxiques et
dérivationnelles différentes. Il ne s'agit donc pas là d'un phénoméne particulier à la
métaphore.
b) D'autre part, le complément d'un verbe métaphorique n'a pas un
comportement particulier; il est une spécification parmi d'autres dont il ne se distingue
que du point de vue sémantique. À comparer:
assaisonner la salade (d'une vinaigrette) /vs/
assaisonner son discours de plaisanteries.
c) Les extensions de propriétés sont dues aux cadres syntaxiques spécifiques à
certaines classes lexicales, appliqués, par un „calembour syntaxique“, à d'autres items
lexicaux qui, de ce fait, en acquièrent les propriétés sémantiques. Par exemple, les
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„noms de qualité“, dont la configuration syntaxique se caractérise par: l'absence de
déterminant devant le N2 de la configuration N1 de N2; l'accord imposé à N1 par N2
et la présence en N1 d'un nom de qualité le plus souvent péjoratif (imbécile, crétin,
salaud, espèce, etc.) peuvent réaliser également des qualifications figurées ou non:
Son grand dadais de fils / ma vipère de voisine.
Dans ce cadre qualitatif peut être inséré un nom qui n'est pas un nom de qualité:
Son colonel de mari, qui a un effet d'appréciation, tandis que Son imbécile de
mari ou Cet ours de Jacques ont un effet de classification.
On peut considérer alors qu’: „En définitive, quel que soit le type de métaphores
considérées, aucune ne peut être caractérisée par un fait de syntaxe qui l'oppose au
propre de façon spécifique. La frontière du propre et du figuré n'appartient qu'à la
sémantique et à la pragmatique [...] Ce qui ne signifie pas pour autant que la part de
la syntaxe soit négligeable puisqu'au contraire, en l'absence d'un accord entre les
cadres et les variables lexicales, c'est la syntaxe qui porte la responsabilité de
l'interprétation d'ensemble à attribuer aux métaphores“ (J. Tamine, op. cit : 78).
Cette approche de la métaphore en relation avec ses cadres syntaxiques
privilégiés nous conduit à définir cette figure comme „la rencontre dans une
configuration particulière de deux termes incompatibles“(ibidem).
Les autres figures apparentées sémantiquement à la métaphore, qui sont fondées
sur la même notion de ressemblance, s'en distinguent par le critére de l'étendue de la
figure, de sa dimension syntaxique: l'allégorie, le parallèle, la métaphore filée
dépassent le cadre de la proposition, n'apparaissant pas dans des structures syntaxiques
précises, „privilégiées", comme c'est le cas de la métaphore.
C'est pourquoi elles ne font pas l'objet de notre étude.
En échange, nous pouvons illustrer les structures syntaxiques privilégiées
présentées ci-dessus par des exemples tirés du monde animal.
A. Métaphore où le terme propre Tp et le Tm (terme métaphorique)
n'appartiennent pas à la même partie du discours (métaphores „in absentia“)4:
 V– Adv (rarissime):
J'ai été plaqué deux fois. Et vachement (Montherlant, in Petit Robert.)
Elle est vachement bien. Il nous aide vachement.5
 N– Adj, où le Tm est l'adjectif (structure très fréquente)
une mer moutonnante, une faim canine, une voix chevrotante, une révolution
larvée (qui n'éclate pas).
 V –N, structure qui recouvre deux situations:
- le terme métaphorique est le verbe:
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Le coeur me piaffe de génie (Laforgue)
Se laisser dindonner de cette façon par les femmes (Zola - in Lexis)
Un farouche vent d'ouest parcourait, en hennissant, la vallée (Duhamel, in
Lexis).
- le terme métaphorique est le nom (sujet, complément du verbe ou terme
d'adresse):
Une nourrice portant quatre lardons6 (Barbusse, in Petit Robert)
N'aie pas honte, mon petit lapin –Zola, in Petit Robert (dans cet exemple on
observe la correlation entre la structure impérative et l'appellatif hypocoristique).
B. Métaphores où le terme propre et le terme figuré appartiennent à la même
partie du discours (métaphores in praesentia). Le Tp et le Tm sont des noms:
- liés par le verbe - copule être, exprimé ou sous - entendu, qui marque
l'équivalence.
Etre à la fois, ou plutôt faire alterner en soi, la Bête et l'Ange [...] que l'homme
le veuille on non, la nature l'y forcera ... (Montherlant)
Si l'âme est un oiseau, le corps est l’oiseleur (G. Nouveau)
L'homme est un animal raisonnable.
Elle est chatte. Il a été vache avec moi.
(dans ces derniers exemples, on observe l'emploi adjectival du nom
métaphorique, qui n'a pas de prédéterminant).
- le Tm est une apposition.
Elle peut intégrer un démonstratif, qui atténue l'équivalence, en la rapprochant
de la simple comparaison:
L'ennui ... cet aigle aux yeux crevés (A. Bernier)
Le degré fort juxtapose les termes:
"La censure, serpent, l'ayant mordue au pied" (Hugo) ou le vers bien connu
d'Apollinaire:
"Bergère ô tour Eiffel / Le troupeau des ponts bêle ce matin"
Cette structure est la plus rapprochée d'un „paradigme développé dans un
syntagme“ (Rhétorique générale).
- les termes sont liés par une préposition (de ou à).
Le terme métaphorique peut être soit en position de déterminé, soit en position
de déterminant.
Les métaphores en de ou à reproduisent des compléments:
- de quantité: une nuée d'enfants;
125
- de qualité: Mon chien puant de voisin.
Il est à remarquer que ce cadre syntaxique du nom de qualité permet l'interchangeabilité des termes. On dit tout aussi bien:
une chienne de vie
comme
une vie de chien
un chien de temps
comme
un temps de chien
Avec le terme métaphorique en position de déterminé, cette structure est
beaucoup plus expressive: un grand cheval de femme.
Cette structure existe aussi en roumain: o cadră (zână) de fată, un munte de
femeie, etc.
- d'attribution. La Rhétorique générale considère que ces constructions, du type
La rosée à tête de chatte (A. Breton), fréquentes chez les poètes, peuvent être
facilement réduites à un „degré zéro“: la rosée à irisations. Ce génitif d'attribution se
rencontre plus rarement dans les métaphores usuelles ;7
- de matière: Tes yeux de fougère, tes cheveux de soie, etc
Ce type de métaphores qui cultivent l'ellipse de l'intersection sémique (v.
H.Morier, 1989:688), largement utilisées dans le langage poétique et même dans la
langue courante, s'imposent par leur pouvoir de suggestion: la formule métaphorique
Tp-de-Tm (A de B) „a une valeur qualificative extrêmement riche, parce qu'elle tire
de la substance un ensemble de qualités qui forment une synthèse de sensations“
(Morier, loc. cit.): des eaux d'émeraude, des tresses d'ébène, une robe d'innocence
sont des métaphores poétiques. La langue populaire cultive, dans ses formes poétiques,
de telles métaphores: tes yeux de fougère, ta bouche de fraise, qui connaissent aussi
la forme Tm-de-Tp (B de A), par inclusion apparente: la fougère de tes yeux, la
fraise de ta bouche, la soie de tes cils, etc.
Voilà comment H. Morier analyse la métaphore les fougères de tes yeux: „la
forme arquée, les stries délicates, le caractère sylvestre et sauvage du végétal auront
envahi la conscience: la teneur de «l'inclusion» imposera sa richesse“.
Une mention à part mérite l'emploi adjectival du nom métaphorique. H. Morier
considère que le nom adjectivé employé dans la langue vivante n'a pas la fonction
intersectionnelle du substantif épithète, malgré l'apparente synonymie des expressions.
Le nom adjectivé prête au déterminé toute la substance du déterminant (souligné par
Morier). En disant: „«Elle a un air Saint-Germain-des-Prés», je veux dire, certes, un
air déluré, mais, en outre, une affectation de bravade, un regard assuré comme un défi
à la société, la camaraderie de la bohème existentialiste“, etc. (ibid.).
Pour Morier, l'opération du nom adjectivé est une qualification substantielle
dont le signe est celui de l'union: Tp U Tm (A U B) et non plus celui de l'intersection.
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C'est un trait de la langue parlée qui passe petit à petit dans la langue littéraire.
On dit couramment: un succès monstre, un vache tombeau, avec invariabilité
morpho-syntaxique du déterminant qualifiant. Morier fait une distinction de principe
entre métaphore par ellipse du comparant et métaphore „essentielle“. Dans le cas de
l'ellipse du comparant, celui-ci peut être soit réduit tout entier à l'intersection
exprimée linguistiquement:
„Le brillant Chantecler fait exploser l'aurore“ soit, en même temps qu 'il y a
ellipse d'un sous ensemble significatif du comparant, il y a aussi ellipse de
l'intersection:
„Le banyan de la pluie“ (Saint-John-Perse), où la partie évocatrice du
comparant (les lianes) n'est pas nommée, mais seulement sous-entendue.
De telles structures appartiennent à la langue poétique.
Quant aux „métaphores essentielles“, elles sont les plus elliptiques: le comparé
(Tp) n'est pas nommé et la teneur (le tertium comparationis) reste généralement
implicite. La langue courante, de communication, offre des exemples assez fréquents:
on dit d'une personne qui semble divaguer qu'elle „a une araignée au plafond“.
L'anglais dit, dans la même situation, que cette personne a une abeille sous le bonnet
(to have a bee in one's bonnet) et le roumain qu'elle „a des frelons dans la tête “(a
avea gărgăuni la cap). De telles constructions pourraient être prises pour de simples
descriptions, sans intersection quelconque avec une autre réalité. Elles sont proches
des paraboles christiques; pour qu'elles sugèrent au-delà d'elles-mêmes une autre
réalité, en doit les prendre pour des signes à double entente.
L'indice révélateur en serait „une certaine étrangeté, un caractère sublimé ou
onirique“; les référents eux-mêmes possèdent une puissance de signification seconde
et, de plus, il y a les mythes et les topoí connus qui forment le „savoir partagé“ des
interlocuteurs.
Le type réalisé par ellipse du comparé, fréquent en poésie, est représenté dans
la langue courante par l'énigme: „Qu'est-ce qui ressemble à un oiseau, qui ronfle
comme un ogre et qui porte plus d'hommes dans ses flancs qu'un cheval de Troie? - Un
avion“. Pour reconstituer le comparé manquant, il faut plusieurs points de repère, le
contexte de la métaphore jouant un rôle déterminant.
Le syntagme nominal métaphorique Nom– Adj ou Adj.– Nom, où le
déterminant peut être un adjectif qualificatif, un adjectif verbal ou un numéral:
- dénominations "figuratives":
cheval marin
un oison bridé
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cheval alimentaire
un chien coiffé
cochon marin
cochon cuirassé
- dénominations "translatives", dans lesquelles le sens figuré est réalisé par le
contexte :
un chien couchant
un âne bâté
une oie blanche
un chat fourré
un canard boîteux
une chauve-souris
un jeune loup8
Souvent, l'adjectif n'a que le rôle de renforcer, de raviver l'image associée au
terme de base, comme dans un âne bâté, un oison bridé.
d) Les structures en expansion:
Chaque terme de la structure binaire canonique peut avoir des déterminations
supplémentaires:
un vilain petit canard (le membre le moins beau d’un groupe)
un vieux cheval de retour (un récidiviste)
le coup de pied de l'âne
pied-de-mouton-blanc (terme dénominatif),etc.
Les adjectifs à rôle argumentatif, comme vrai, véritable, ont la fonction
d'imposer „la vérit“ de la métaphore. Ils sont surajoutés dans le syntagme nominal,
uniquement dans le cas des métaphores expressives, sans apporter une information
sémantique véritable; ils „signalent“ seulement la présence d'un sens métaphorique
pragmatique. Voilà des exemples: c'est un vrai cheval de labour; c'est un vrai
mouton. Au contraire, l'adjectif faux peut entrer dans des composés: un faux-bourdon
(la 4-ème corde du violon).
Structures syntaxiques des termes d'adresse
Dans le chapitre précédent (v. supra 3.6.1.) nous avons affirmé que, formel–
lement, insultes et hypocoristiques se distinguent.
Les injures peuvent avoir les structures syntaxiques suivantes:
- Nom: Têtard! Cochon!
128
- Article défini + Nom: Oh, la vache!
- Adjectif + Nom: Pauvre cloche! Sale bête!
- Nom 1 - de - (adjectif) - Nom 2
C'est la structure la plus complexe et la plus usuelle de l'injure. Le premier nom
a les réalisations habituelles: espèce de ..., peau de ..., face de ....
En voilà des exemples. Peau de vache! Espèce de sale merdeux! Face de rat!
Crotte de chien! Peau d'hareng!
La structure Nom de... est spécifique pour les jurons, qui ne sont pas identiques
aux insultes.9
Les hypocoristiques présentent les formes:
- Nom: Poussin
- Nom à suffixe diminutif: Poussinet
- Adjectif + Nom: Petit poussin.
- Possessif + (Adjectif) + Nom: Mon (petit) poussin.
Cette structure qui inclut un possessif est représentative pour l'hypocoristique.
Les exemples sont abondants: ma biche, mon (petit) lapin, mon poulet, ma chatte,
mon petit canard, etc.
Toutes ces structures, accompagnées d'une intonation spécifique, assurent une
des fonctions des injures et des hypocoristiques, qui est la fonction phatique (la prise
de contact avec l'interlocuteur). En quelque sorte, on peut parler d'un élément explétif,
redondant dans leur emploi, soumis plutôt à l'expression de l'affectivité et à l'usage
(leur présence n'est pas vraiement nécessaire au sens de la phrase, car l'interlocuteur
est tout proche, en face du sujet parlant).
Une deuxième fonction importante qu'on doit assigner à ces structures, toujours
exclamatives, est la fonction émotive.
Selon la place que le terme figuré (le comparant – B) occupe par rapport au
comparé (le terme propre –A), on peut destinguer deux orientations possibles de la
métaphore: vers la droite (AB) ou vers la gauche (BA).10 Toutes les structures
syntaxiques métaphoriques qui illustrent cette classification ont été étudiées par H.
Morier (op. cit).
. Les comparaisons métaphoriques.
Si un énoncé comme: „Ses joues sont fraîches comme les roses“ n'est pas une
figure, elle apparaît par la suppression de l'élément qui exprime la base de la
comparaison: Ses joues sont comme les roses, qui est une comparaison métaphorique.
Comme introduit une similitude partielle, l'équivalence n'étant jamais posée.
129
Si la métaphore in praesentia présente le phénomène d'assimilation – les roses
de ses joues – et la métaphore in absentia celui d'incompatibilité textuelle – sur son
visage, deux roses (substitution totale), l'élément relationnel de la comparaison interdit
la commutabilité. Comme introduit une équivalence faible entre deux réalités qui ont
peu d'éléments communs. Les variantes contextuelles de comme sont: comme si, ainsi
que, le (la) même, pareil (le) à, sembler (à), semblable (à).
Pour Olimpia Berca et alii (1984), la comparaison reste un trope, à condition
qu'elle soit l'émanation du subjectivisme du sujet parlant et qu'elle poursuive un effet
de persuasion. Le manque du signe d'égalité entre le comparé et le comparant impose
son caractère d'approximation, la conscience de la non-identité entre les deux termes
étant toujours présente (tandis que la métaphore identifie le comparé au comparant).
Tudor Vianu (1957), mettant face à face métaphore et comparaison, considérait
que le processus intellectuel générateur était le même, la différence provenant de la
forme extérieure et des valeurs esthétiques qui leur sont attachées.
La Rhétorique générale observait qu'entre la comparaison canonique introduite par
comme et la métaphore in absentia qui représente la pure substitution, les divers auteurs
ont employé un large éventail de structures grammaticales intermédiaires, destinées
généralement à atténuer le caractère relationnel du comme(Dubois et alii, 1970: 114).
Le comportement syntaxique des verbes métaphoriques
appartenant au champ des noms d'animaux domestiques
L'étude des verbes métaphoriques (bases et dérivés) appartenant au champ des
noms d'animaux domestiques nous a permis d'opérer un classement en plusieurs
groupes, selon leurs traits sémantico-syntaxiques et pragmatiques.
(1) Un premier grand groupe est contitué par les verbes de communication
verbale, qui possédent le trait [+Transmissif (+Interpersonnel)] (v. O. Galaţanu, 1988:
33)
Ces verbes illocutionnaires sont des verbes marqués d’un trait [+Affectif
(+Evaluatif)]. Ils apparaissent dans certains contextes spécifiques: dans la position
d'ouvreur de phrase ou dans une proposition incise, comme tout verbe de
communication verbale:
„Il grogna, maussade:
- Ça ne te regarde pas“.
(J. L. Curtis, Les forêts de la nuit).
130
- „Viens ici, beugla- t- il sur un ton aigu”.
O. Galaţanu (op. cit.: 73) considère que l'insertion en général (proposition incise
et mention) attire l'attention sur la nature du rapport entre l'explicite et le sujet
d'énonciation et donc relève de la modalisation au sens large, de la subjectivité dans le
discours, surtout au cas du discours rapporté.
L’auteur s'occupe aussi, dans le cadre plus lange de l'analyse des verbes de
communication, de la sous-catégorie des verbes à caractérisant incorporé, du type:
bafouiller, balbutier, bégayer, qui ne sont pas figurés. De tels verbes connaissent une
lecture descriptive (locutionnaire), une lecture illocutionnaire et une lecture en tant
que verbe d'énonciation:
balbutier 1 = „articuler d'une manière confuse et hésitante“ VERBE
D'ÉNONCIATION
balbutier 2 = „s'exprimer en articulant mal, d'une manière confuse et hésitante“
 LECTURE LOCUTIONNAIRE
balbutier 3 = „dire d'une manière confuse, hésitante“  LECTURE
CONSTATIVE [+AFFECTIF]
En lecture locutionnaire, ces verbes sont toujours intransitifs, sans avoir une
lexicalisation du rôle Destinataire.
O. Galaţanu (op. cit: 141) considère ces verbes, dans la catégorie desquels elle
inclut aussi des unités métaphoriques telles aboyer, beugler, glapir, hurler, mugir,
gueuler), comme des verbes constatifs [+ Veridictoire (+ Affectif)]. Une analyse
semblable peut être appliquée à toutes ces unités figurées verbales [+Transmissif] que
nous avons trouvées, dans le champ des noms d'animaux domestiques, ayant en
commun le sème [+Cri spécifique de l'espèce X].
Lecture locutionnaire
Lecture illocutionnaire
Le vieillard chevrotait son indignation
Le vieillard chevrotait dans son coin.
à qui voulait l'entendre.
(„Le vieillard parlait d'une voix
(„Le vieillard communiquait d'une
tremblotante dans son coin“).
voix tremblotante son indignation à
qui voulait l'entendre“).
Le Destinataire de ces verbes en lecture illocutoire [+Constatif (Affectif)] peut
être explicité sous la forme d'un nom en datif ou sous la forme d'un groupe
prépositionnel: après N, contre N.
Par le régime syntaxique, la lecture locutionnaire s'oppose donc à la lecture
illocutoire:
(PARLER + Caractérisant)
/vs/
(DIRE, transmettre + caractérisant)
131
Verbes
illocutionnaire.
métaphoriques
Anonner
Sujet
d’énoncé
(Locuteur)11
SN 1
Aboyer
SN 1
Bêler
SN 1
Beugler
SN 1
Braire
SN 1
glapir (clapir)
SN 1
Couiner
SN 1
Miauler
SN 1
Mugir
SN 1
Roucouler
SN 1
auprès de N
Grogner
SN 1
Contre, après
N
Verbe
(Réalisation
superficielle de la
structure profonde)
[+Transmissif(+Interpersonnel)]
Destinataire
à N12
en
lecture
Contenu
propositionnel
SN 2
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
SN 2; que P
(Indic.)
N. B. L’unité caqueter n'apparaît pas dans ce tableau, car son sens originaire
„émission verbale“ + „caractérisant“ concernait aussi les êtres humains.
Tous ces verbes sont des formations onomatopéiques.
(2) Des verbes d'action; le plus souvent ce sont des termes spécialisés.
–verbes transitifs qui incorporent un complément instrumental: bouveter,
chatonner 1 ou enchatonner (celui-ci incorpore un locatif: „monter une pierre
précieuse dans un chaton“), chevaler, chevronner, pigeonner1–ou non:
enchevaucher, cochonner, moutonner 1.
– verbes intransitifs: glousser, hennir (rire + caractérisant). L'emploi transitif à
complément d'objet indirect est possible:
132
Elle trouvait ça tellement drôle qu'elle en gloussait (Queneau).
– verbes statiques et duratifs, qui sont des verbes intransitifs: chatoyer,
chatonner2.
– verbes transitifs ou intransitifs, comme canarder: "Le chasseur canarda
l'oiseau" (tira dessus à couvert) -vb. transitif; Ce clairon canarde. Ce navire canarde"
- verbe intransitif.
(3) Des verbes de mouvement, qui sont intransitifs: caner, moutonner 2.
(4) Des verbes d'événement [+ Causatif], qui sont des verbes transitifs:
pigeonner2, dindonner, avachir.
(5) Des verbes d'événement [+Inchoatif], qui sont des verbes intransitifs
pronominaux:
se moutonner, s'avachir, se chevaucher: Le ciel se moutonne (Le ciel se couvre
de petits nuages moutonneux).
Le statut lexical des néologismes métaphoriques
Chaque jour, de nouveaux „effets de sens“ apparaissent dans les discours des
médias ou dans le discours familier. Un tel effet encore ressenti comme nouveauté
sémantique, est, par exemple, celui du verbe frapper dans un contexte comme: Je suis
frappé de sa sincérité (de son cynisme).
N. Ruwet (apud J. M. Mortureux, 1974: 31) a étudié en deux homonymes les
verbes français „physiques" et „psychologiques“, reconnaissant qu'entre eux il y a des
relations sémantiques particulièrement étroites. Il conclut sur l'incapacité actuelle de la
grammaire générative à rendre compte du lien existant entre les deux séries de verbes,
du type frapper: „... nos conventions sont muettes sur le caractère métaphorique ou
non des verbes «psychologiques» (...). Le problème de la métaphore est un problème
central sur lequel la grammaire générative a achoppé jusqu'à présent“, reconnaît-il.
M. F. Mortureux propose certaines méthodes linguistiques qui, appliquées aux
faits de l'analogie, permettraient l'étude de la néologie, formelle et / ou sémantique:
- une analyse du fonctionnement du nouveau signe dans les discours (fréquence,
distribution), ce qui permettra d'examiner son insertion dans le stock lexical et les
conséquences qui en découlent tant dans le domaine de la morpho-syntaxe (comme le
fait que le nouveau dérivé peut se mettre à son tour à fonctionner comme base), que
dans le domaine sémantique (démotivation, analogie sémantique ...);
- les produits de l'analogie sémantique qui se fondent aussi sur une motivation
formelle peuvent bénéficier d'analyses transformationnelles analogues à celles qui
rendent compte des produits de l'analogie formelle;
133
- l'analyse distributionnelle est à même d'offrir des critères pour décider si l'on
doit considérer tel signe comme polysémique ou voir en lui deux homonymes.
J. Bastuji (1974) propose, pour l'étude linguistiques de la néologie de sens sur
les unités simples, trois approches complémentaires:
 une analyse syntagmatique définissant la combinatoire de l'unité
dans la structure de phrase. Elle partage l'opinion de N. Chomsky
présentée dans Aspects de la théorie syntaxique (1965), selon laquelle
les Noms ne portent que des traits inhérents, tandis qu'aux Verbes et
aux Adjectifs sont assignés des traits de sélection (contextuels)
spécifiant les SN avec lesquels ils se combinent.
La linguistique moderne considère que toute variation régulière dans la
distribution définit une unité lexicale discrète. Le Dictionnaire du français
contemporain (DFC), qui s'en réclame, fragmente le mot polysémique en une suite
synchronique d'homonymes. Bastuji considère que la polysémie reste tout de même
la loi de fonctionnement sémantique pour tout unité lexicale. Un même processus se
réitère indéfiniment: les variations contextuelles discursives produisent un sens
nouveau (effet de sens); les contraintes d'invariance lexicale figent ces variations en un
petit nombre de distributions codées, les homonymes; enfin, de nouvelles valeurs
peuvent apparaître à partir de ces homonymes.
La néologie lexicale doit être appréhendée à l'intérieur de cette contradiction
dynamique, en évitant les deux excès contraires: éliminer tous les néologismes de sens
en les considérant comme de simples réalisations des virtualités combinatoires
inscrites dans le lexique et la syntaxe, ou bien privilégier le discours et enregistrer
toutes les occurrences qui marqueraient quelque nouveauté dans le contexte.
 une analyse contextuelle plus large spécifiant les modes d'introduction et
d'explicitation du néologisme (définition d'introduction, guillemets,
renvoi à un énonciateur, isotopies discursives, etc.).
 une analyse paradigmatique, opérant par commutation de
l'environnement. Par exemple, „un créneau pour une nouvelle
gauche“ c'est comme „un créneau pour ranger sa voiture le long d'un
trottoir“. Cette commutation entre séquence explicite et séquence
implicite construit un rapport proportionnel où s'articule la néologie
sémantique.
La véritable création néologique, fait observer J. Bastuji, instaure des rapports
sémantiques nouveaux, accompagnés d'une modification conjointe des traits de
134
sélection (contextuels), du signifié / référent et du domaine de référence. 13
Quant aux lexies complexes, leur statut lexical ne va pas sans problèmes. Leur
nouveauté „ne tient pas à la combinatoire des signifiés, mais à la valeur référentielle
de néologisme syntagmatique ainsi produit“... Lorsqu'on a affaire „à des syntagmes
qui ne satisfont pas clairement au principe d'inséparabilité des éléments, et lorsque
leur spécificité sémantique se limite à la référence que la plupart des linguistes
excluent résolument de leur champ d'investigation, peut-on raisonnablement décider
que de telles séquences sont des unités de langue et non pas seulement de discours?
Doit-on les considérer comme des néologismes, c'est-à-dire comme des formations
lexicales suffisamment stables?“ (J. Bastuji, op.cit.: 14).
L’auteur observe „la fréquence significativement très forte de la néologie
syntagmatique sur le SN“ dans la presse politique portant sur les élections législatives
de 1973 (observation valable aussi pour notre corpus), lié à la constitution, voire à la
prolifération d'objets nouveaux.
Ces objets ne sont pas seulement des objets physiques, mais surtout des
référents idéologiques. La différence, „non négligeable, tient à l'importance de la
médiation discursive. Lorsqu'il s'agit d'un objet physique, cette médiation tend
rapidement à s'abolir, tant est claire la relation référentielle entre le signifié et la
chose; mais elle peut demeurer nécessaire à l'explicitation d'une notion complexe ou
plus abstraite (...) dont la relation signifié – référent n'existe pas en dehors du ou des
discours qui la fondent en opérant un découpage spécifique dans la réalité“
(op.cit:18).
Elle conclut: „L'unité lexicale est à la fois unité de langue et unité de discours,
et intéresse donc la relation entre langue et monde, langue et société, indéfiniment
construite et reconstruite par la médiation discursive. Le chagement de domaine
traduit la diversité des expériences sociales et le besoin de communication; la
présupposition et la référence sont des actes visant à modifier les rapports sociaux. La
bataille des mots est aussi une bataille pour les choses et pour le changement des
choses. L'analyse linguistique, qui se limite aux règles de constitution des unités et à
l'examen de leurs rapports mutuels, doit ici laisser la place à l'analyse du discours et
/ou à la socio-linguistique“ (pag. 19).
La néologie sémantique (qui est de nature surtout figurale: métaphorique,
métonymique, synecdochique, ou une extension de sens) crée donc un nouveau
référent et une nouvelle combinaison stable en langue, c-est-à-dire un signifié14, qu'on
peut approcher dans le cadre de la polysémie autant que la motivation sémantique
(figurale) reste encore perceptible.
135
Notes
1. Au sujet de cette construction, v. J. Tamine, Les métaphores en de: le feu de l'amour, in „Langue
française“, no 30 / 1976.
2. V–N est donné comme symbole de tous les cas où un verbe est associé à un nom, quelle que soit la
fonction syntaxique du nom
3. Cette tendance à la réduction des métaphores verbales à une métaphore nominale se retrouve dans la
Rhétorique générale (1970). Dans l'énoncé : le coeur me piaffe de génie, le verbe piaffe est ramené à la
métaphore nominale reconstruite „cheval“, d'où l'équivalence coeur = cheval, qui permet l'explication du
processus métaphorique par l'intersection sémémique. C'est aussi la conception théorique de Olimpia
Berca et alii (1984), qui oppose métaphore coalescente (le terme propre et le terme figuré sont coprésents) à la metaphore impliquée (dans laquelle soit le terme propre, soit le terme figuré est elliptique;
quand l'ellipse affecte le terme figuré, le décodage métaphorique est assuré pas des inductions verbales ou
adjectivales et par des greffes nominales). Il paraît que dans de tels cas, la seule analyse correcte est celle
en termes de violation classématique, (incompatibilité des traits contextuels). Au fond, ces deux analyses
doivent être envisagées comme des explications complémentaires et non pas contradictoires d’un même
phénomène linguistique.
4. Ce type de métaphores correspondent aux „dénominations figuratives“ étudiées par A. J.Greimas
(1966).
5. Pour l'explicitation des termes métaphoriques appartenant au champ des noms d'animaux domestiques,
voir l'Annexe.
6. lardon, n.m (vx) Trait piquant, raillerie. (Pop.) Petit enfant (Techn.) Petit morceau de métal servant à
boucher une fissure (Petit Robert).
7.Henri Morier offre une analyse poussée de toutes les structures syntaxiques possibles de la métaphore
poétique dans l'article Métaphore, in Dictionnaire de poétique et de rhétorique, 1989, pp. 676-748.
10. Un jeune loup est un politicien jeune et ambitieux, dans l’argot de la presse politique.
Par extension, on dit „les jeunes loups du sport, du spectacle, du disque“(in Petit Robert).
11. Nom d'un chien! est un juron courant, choissi par Gérard Gréverand comme titre de son dictionaire,
sous-titré: „Les animaux dans les expresions du langage courant“, 1988. Un juron est une expression,
le plus souvent métaphorique, grossière et familiaire, qui sert à exprimer l'indignation, le
mécontentement; gros mot servant d'imprécation. On observe que son adresse n'est pas précisée,
quoique le juron soit entièrement redevable à la situation.
12. En général, l'énoncé métaphorique procède du comparé au comparant (A->B), du connu à l'inconnu,
du réel à l'imaginaire, affirme Henri Morier (op. cit.). C'est la démarche progressive d'André Breton qui
parle d'une „rosée à tête de chatte". Morier appelle une telle métaphore dextrogyre (étymologiquement, le
terme signifie „tourné vers la droite"). ;dans la forme B de A, la représentation imagée est donnée la
première, avant le comparé. Lévogyre („oriéntée vers la gauche“), une telle metaphore va de l'inconnu
vers le connu, le premier terme étant le terme métaphorique.
14. Dans la littérature de spécialité, on fait la distinction entre Locuteur (pour nous, il est le sujet d'énoncé,
d'un verbe DIRE) et Sujet d'énonciation (l'émetteur de l'énoncé) Par exemple, dans l'énoncé: Pierre est
parti, dit-il, il est le Locuteur. De telles distinctions sont utiles dans l'analyse du discours rapporté, car le
136
Sujet d'énonciation (SE) laisse les marques de sa subjectivité dans l'énonciation même. Eu principe, il
peut établir une distance énonciative entre lui et son discours, permettant la non-coïncidence modale
évaluative: Il pose (affirme) l'évaluation comme appartenant à un Ressenteur. Cette situation se manifeste
dans le cas des verbes „d'évaluation médiate“ du type déprécier, déconsidérer (v. Anca Cosăceanu,
1981:117). Dans le cas d'un verbe de communication verbale métaphorique, la modalisation, implicite, est
entièrement redevable au Sujet d'énonciation (SE), qui s'identifie au Ressenteur, considérons-nous.
15. Eu français classique et littéraire, le verbe métaphorique aboyer connaissait un Destinataire exprimé
par un groupe prépositionnel: après N, contre N: „Nous avons de tous côtés des gens qui aboient après
nous" (Molière), au sens de „réclamer, crier contre".
16.La linguistique générative, qui ne prend en compte que la compétence d'un locuteur - auditeur idéal,
appartenant à une communauté linguistique complètement homogène, étudie exclusivement la langue
comme système de règles et / ou de signes. Elle exclut de son champ de recherche le changement
linguistique et le fonctionnement réel de la langue dans la société.
17.L'opposition signifié / référent correspond à l'opposition compréhension / extension des logiciens.
Définir un terme en compréhension (ou en intension), c'est donner ses propriétés distinctives, donc son
signifié (la métaphore exploite ce type de définition). Définir un terme en extension, c'est énumérer les
objets du monde auxquels il s'applique; l'extension correspond à la référence, „ plus précisément à la
somme de toutes les références qui pour ce terme sont actualisables dans un discours". Pour les lexèmes
figurés, le changement dans l'extension est une conséquence du changement dans la compréhension.
QUESTIONNAIRE
1.Qu’est-ce qu’on comprend par métaphore in praesentia ?
2. Qu’est-ce qu’on comprend par métaphore in absentia ?
3. Construisez trois phrases avec des verbes métaphoriques d’émission
vocale.
4.Quelle est la construction syntaxique typique des termes d’adresse ?
5. Qu’est-ce que la métaphore filée ?
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