Fabien DÉCHERY 1er S1 TPE : ÉTUDE DE LA SPECTROSCOPIE Introduction : Notre TPE, basé sur le thème de la validation ou de l’invalidation d’une théorie avec pour expérience cruciale, l’exemple de la lumière, tentera de répondre à la problématique suivante : - Quelles informations nous est-il possible de déduire à partir de l’analyse de la lumière qu’un objet émet ? Dans le but de cerner cette problématique, nous mettrons préalablement en relief les différentes natures de la lumière. La nature corpusculaire de la lumière impose l’enracinement de notre étude dans le domaine de la spectroscopie. En effet, selon la théorie corpusculaire de Newton, la dispersion des couleurs dans un prisme résulte de la différence de masse des particules de lumière. La spectroscopie, cette capacité à pouvoir décomposer la lumière en un spectre, va nous permettre une analyse précise de toutes les informations mises à notre disposition. La spectroscopie sera donc l’objet d’étude de notre TPE. La seconde nature de la lumière, la nature ondulatoire, sera caractéristique de ma partie de ce TPE et mise en relief par mon étude de l’effet DOPPLER-FIZEAU. Ce phénomène propre à l’Astrophysique est une source d’information clef et rentre par conséquent dans le cadre de la problématique. Mon rôle dans ce travail commun se limitera à une étude de l’effet DOPPLER-FIZEAU et des différentes informations déductibles. Je présenterai donc cet effet, d’abord d’un point de vue strictement historique, en tenant compte de l’évolution des théories et des expériences qui ont mené les physiciens à cette découverte. Puis, j’effectuerai une expérience, en modélisant le phénomène étudié avant d’entrer dans l’explication du principe. Dans une seconde partie, je mettrai en relief l’importance de cette source d’information et l’enjeu majeur qu’elle constitue en astronomie, en démontrant dans un premier temps, son utilité en spectrohéliographie pour mettre en évidence la rotation solaire. Dans un second temps, en élargissant le champ d’étude aux étoiles en général, nous verrons comment ce phénomène rend compte du mouvement relatif des étoiles par rapport à l’observateur, et traduit l’agitation thermique des particules à l’intérieur de la source. Enfin, par l’étude des spectres galactiques, nous verrons comment les applications de l’effet DOPPLER-FIZEAU dépassent l’astronomie pour atteindre la cosmologie, en constituant une source d’information clef pour déduire l’évolution de l’univers. PLAN T.P.E. PARTIE 3 : L’effet DOPPLER-FIZEAU I- Présentation de l’effet DOPPLER-FIZEAU : A/ Historique : Christian Doppler et Hippolyte Fizeau ; B/ Vérification expérimentale : buzzer en rotation ; C/ Explication de principe : compression et décompression des ondes ; II- Une source d’information majeure en astronomie : A/ Application de l’effet en spectrohéliographie (soleil) : rotation solaire ; B/ L’effet Doppler-Fizeau en spectroscopie (étoiles) : mouvement relatif des étoiles par rapport à l’observateur, et agitation thermique des particules a l’intérieur de la source. C/ Une source d’information clef pour déduire l’évolution de l’univers : mouvement de recession des galaxies, loi de Hubble, expansion de l’univers. I- Présentation de l’effet DOPPLER-FIZEAU A/ Historique C’est le physicien autrichien Christian DOPPLER qui expliqua en 1842 que notre perception de la hauteur d’un son est altérée par le mouvement relatif de la source sonore par rapport à l’observateur. Il publia un article décrivant ce phénomène. Trois ans plus tard, une expérience confirma sa théorie : 15 trompettistes furent placés dans un train et les expérimentateurs se placèrent au bord de la voie. Quand le train arriva, les trompettes retentirent et la hauteur des sons émis sembla diminuer quand le train fut passé, comme l’avait prédit la théorie de DOPPLER. Il suggéra alors que les couleurs des étoiles pourraient être dues à un effet de ce type, affectant leur lumière. Mais en 1848, le physicien français Hippolyte. FIZEAU montra que les vitesses des étoiles sont beaucoup trop faibles par rapport à la vitesse de la lumière pour provoquer une modification appréciable de leurs couleurs. Il en conclut que l’on pouvait en revanche espérer détecter de faibles variations de longueurs d’ondes des raies dans leurs spectres. Cette conclusion fut vérifiée avec succès par l’astronome anglais W. HUGGINS qui en 1868 réalisa une expérience visant à mesurer le décalage des raies de l’hydrogène dans le spectre de Sirius. Il en déduisit que Sirius s’éloigne du soleil à une vitesse de l’ordre de 45 Km. s-1. B/ Vérification expérimentale Afin d’illustrer ma part de ce TPE par une expérience, il est probable que j’effectue une vérification expérimentale du phénomène. Cependant la vitesse des ondes électromagnétiques (300 000 Km.s -1 dans le vide rend impossible toute observation “naturelle“, car un matériel de haute précision nous serait nécessaire. Mais nous savons qu’il existe une similitude entre la propagation des ondes sonores et électromagnétiques. Une modélisation de l’effet DOPPLER-FIZEAU pourra donc se restreindre à l’observation de la propagation d’ondes sonores. Ainsi, cette modélisation consistera en la mise en rotation d’un buzzer ou d’une quelconque source d’émission sonore constante. Aussi, pour faciliter la compréhension du phénomène, il m’est possible de donner l’exemple de “ la voiture qui passe“. Cette expérience aura pour but d’introduire le sous-chapitre suivant, destiné à l’explication du phénomène de compression et de décompression des ondes (sonores et lumineuses). C/ Explication du principe Le phénomène est observable dans la vie de tous les jours : l’expérience consiste à écouter, au bord d’une route, le bruit d’une voiture qui passe. Le son est plus aigu quand la voiture s’approche et plus grave quand elle s’éloigne. Cet exemple nous montre bien que toute personne a déjà été témoin, sans même le savoir, de cet effet DOPPLER-FIZEAU. En fait, cette altération de notre perception du son résulte de la compression et de la décompression des ondes sonores, une conséquence du mouvement relatif de la source sonore par rapport à l’observateur. Quand une source sonore se rapproche de l’observateur, il y a une compression des ondes sonores ; la longueur d’ondes est plus courte et le son émis plus aigu. Par contre, quand une source sonore s’éloigne d’un observateur, il y a une décompression des ondes sonores ; la longueur d’ondes est plus longue et le son émis plus grave. L’effet découvert par DOPPLER sur le son fut étendu à la lumière par le physicien français Hippolyte FIZEAU en 1848. On comprend que ce qui est vrai pour le son est vrai pour la lumière : le grave correspond au rouge, l’aigu au bleu. En fait, cette variation de longueur d’ondes est une variation de périodes : la période d’une onde est la durée qui sépare deux passages successifs, par exemple de son maximum, en un point fixe donné. Si un observateur en mouvement cherche à mesurer cette durée, il lui trouve une valeur différente, plus élevée s’il se déplace dans le sens de l’onde, plus courte s’il se déplace en sens contraire. L’effet DOPPLER-FIZEAU affecte la durée qui sépare deux événements, durée que perçoit un observateur animé d’un mouvement par rapport au système dans lequel se produisent ces événements. Noter que l’information (les ondes) se transmet à l’observateur à une vitesse finie. Par conséquent entre les deux événements, on observe une variation de la distance entre la source et l’observateur, et la durée de parcours de chacun des deux signaux n’est donc pas la même. D’une manière générale, l’effet DOPPLER-FIZEAU modifie la période d’un signal périodique. Ce phénomène expliqué, notre étude va maintenant se focaliser sur les différentes informations déductibles de l’analyse spectrale lors de l’existence d’un effet DOPPLER-FIZEAU. II- Une source d’information majeure en astronomie A/ L’effet DOPPLER-FIZEAU en spectrohéliographie. La spectrohéliographie est l’étude du spectre de notre étoile : le soleil. Bien que notre étoile soit relativement proche, l’effet DOPPLERFIZEAU y est tout de même observable et permet de mettre en évidence la rotation solaire par spectroscopie. En effet, le soleil étant en rotation, le gaz au limbe est se dirige vers nous tandis que le gaz au limbe ouest s’éloigne de nous. Le principe de cette expérience consistait à prendre un spectre au limbe ouest et un autre au limbe est pour mettre en évidence cet effet. Ainsi, une dispersion suffisante du spectroscope doit donc nous permettre d’observer un décalage des longueurs d’onde. En valeur arrondie, le soleil effectue une rotation en 25 jours à l’équateur, et un point de son équateur parcours 4,4 millions de Km pendant cette durée. La vitesse à mesurer est donc de l’ordre de 2 Km par seconde. Cette vitesse doit donc se traduire par un décalage Doppler de : (589x2) / 300 000 ≈ 0 ,00 39nm (formule que j’expliquerai par la suite) pour la raie jaune du sodium. Cela représente donc un écart de 0,0078nm entre les spectres est (vers le bleu) et ouest (vers le rouge). La valeur mesurée du décalage entre les raies obtenues sur les bords est et ouest du soleil est effectivement d’environ 0,0075 nm (voir documents1 et 2) B/ L’effet DOPPLER-FIZEAU en spectroscopie. L’effet DOPPLER-FIZEAU joue un rôle très important en astrophysique car les astres sont animés de vitesse les uns par rapport aux autres. Comme la plupart d’entre eux sont situés à des distances considérables, il n’est généralement pas possible de mettre en évidence leur déplacement apparent et de déterminer la composante transverse de leur vitesse : la seule composante accessible est alors la composante radicale, grâce a l’effet DOPPLER-FIZEAU qu’elle provoque dans leur spectre. L’effet ne nous informera donc que sur la vitesse de la source par projection sur la ligne de vue du vecteur vitesse de l’étoile. La vitesse est une notion essentiellement relative et quand on parle de mesurer la vitesse d’une étoile, il s’agit de la vitesse qu’elle a par rapport à l’observateur. On utilise pour ce faire la propriété qu’a la lumière de changer de couleur suivant que la source lumineuse s’éloigne ou s’approche de l’observateur. En effet, une source lumineuse va paraître plus bleue si elle a un mouvement d’approche, ou plus rouge si au contraire elle s’éloigne de nous. Le spectre d’une étoile qui s’approche de l’observateur est décalé vers le bleu et celui d’une étoile qui a un mouvement de récession subit un décalage vers le rouge. Il me semble important de préciser qu’il est question de longueur d’onde visible (par l’œil humain), autrement dit, limité du côté des faibles valeurs par les longueurs d’onde violette et du côté des grandes valeurs par les longueurs d’onde rouge. On utilise improprement dans les autres domaines de longueurs d’onde le terme de “décalage vers le rouge“, ou “redshift“ en anglais, pour désigner un décalage vers les grandes longueurs d’onde, c’est-àdire un décalage spectral provoqué par un mouvement d’éloignement de l’émetteur par rapport à l’observateur. On utilise de même le terme de “décalage spectral vers le bleu“, pour désigner un décalage spectral vers les faibles longueurs d’onde, c’està-dire un mouvement d’approche de l’émetteur vers l’observateur. Il est donc possible à partir de ce décalage de déduire la vitesse radicale des étoiles : la valeur de ce décalage est proportionnelle à la vitesse de l’étoile, plus précisément à la composante de sa vitesse qui traduit l’approche ou l’éloignement, que l’on nomme vitesse radicale. Ainsi les astrophysiciens ont abouti à la relation suivante : ∆√ = Vr / c ∆√= Décalage relatif de la longueur d’onde. Vr= vitesse radicale de la source. C= vitesse de la lumière. Ce calcul montre que le décalage relatif de la longueur d’onde est proportionnel au rapport de la vitesse de la source par rapport à l’observateur à la vitesse de la lumière. Par exemple, le spectrographe “ÉLODIE“ de l’observatoire de Haute Provence, a été conçu pour être un instrument de mesure de vitesse des étoiles de très grande précision. La mesure de vitesse se fait par corrélation. C’est-à-dire que l’on mesure le décalage DOPPLERFIZEAU en comparant le spectre étudié avec un spectre de référence. ÉLODIE atteint aujourd’hui une précision de 6 à 7 mètres par seconde. Mais il est également possible d’en déduire des informations concernant l’agitation thermique de la source émettrice. En effet, la source de lumière est constituée de particules animées de vitesses différentes les unes des autres ; l’effet DOPPLER-FIZEAU provoque un élargissement des raies spectrales observées. Chacun des atomes de la source émet ou absorbe la lumière à la fréquence bien précise de la raie, mais l’observateur perçoit chacune de ces raies à des longueurs d’ondes différentes, correspondant par effet DOPPLER-FIZEAU au décalage lié à la vitesse relative des différents atomes par rapport à l’émetteur. Un exemple de cet effet est celui dû à l’agitation thermique des particules à l’intérieur de la source. Les atomes sont animés de mouvements aléatoires dus à la température : Plus la température est élevée et plus ces mouvements sont importants, donc plus l’éventail des longueurs d’onde observées est grand. La raie est donc d’autant plus élargie que la température est plus élevée. Du plus, l’analyse spectrale constitue une source d’information clef pour déduire l’évolution de l’univers. On comprend que les applications de l’effet DOPPLER-FIZEAU dépasse l’astronomie pour atteindre la cosmologie. C/ Une source d’information clef pour déduire l’évolution de l’univers. La loi Hubble fut établie par l’astronome américain Edwin HUBBLE en 1929 en étudiant un grand nombre de spectres de galaxies. Cette étude montra que la quasi-totalité des galaxies observées présentent des raies d’absorption décalées vers la partie rouge de leur spectre et par conséquent s’éloignent de la terre. HUBBLE montra que le décalage spectral observé, égal à la vitesse d’expansion relative v/c, est proportionnelle à la distance d de la galaxie observée. On comprend que la vitesse de récession des galaxies est d’autant plus importante qu’elles sont éloignées par rapport à nous. Quelle que soit l’interprétation que l’on donne à cette loi, elle montre que l’univers évolue et s’oppose à l’idée ancienne d’un univers statique. La découverte d’Edwin HUBBLE, à savoir que l’ensemble des galaxies, c’est-à-dire l’univers entier est en expansion, bouleversa les théories cosmologiques de l’époque. Ce phénomène amenait tout de suite à se poser deux questions concernant d’une part, la création de l’univers et d’autre part son évolution. L’analyse spectrale nous a donc permis de mettre en évidence l’évolution de l’univers, son expansion, constituant ainsi une preuve à la théorie du “big-bang“. CONCLUSION : La lumière possède une double nature, corpusculaire et ondulatoire, certains physiciens parlent d’ « ondes de matière ». La nature corpusculaire de la lumière est à l’origine de la spectroscopie, car un prisme permet la dispersion des couleurs résultant de la différence de masse des particules de lumière. Par conséquent, la lumière peut être dispersée pour former un spectre, constituant une source d’information lors de son analyse. La spectroscopie est donc un objet d’étude clef en astrophysique car elle permet de mettre en relief une grande quantité d’informations. La nature ondulatoire de la lumière et liée à cette nature corpusculaire car chaque couleur du spectre est associée a une longueur d’onde. Cette nature est surtout mise en relief par l’émission « sphérique » des radiations qu’une source peut émettre telle les fluctuations créées par une pierre jetée dans l’eau. Le mouvement de la source affecte la période de ses ondes : c’est l’effet DOPPLER-FIZEAU. Ainsi, cet effet est une source d’information car il rend conte du mouvement de la « source émettrice » par rapport à l’observateur, et peu même nous informer concernant l’activité interne de la « source émettrice » tout en déduisant sa composition chimique. Mais l’ambiguïté de « source émettrice » nous laisse bien comprendre l’importance des possibilités d’applications ; c’est-à-dire que cette possibilité d’analyse de l’effet DOPPLER-FIZEAU s’applique à la totalité des sources émettrices de radiation existantes dans l’univers (étoiles, quasars, pulsars, étoiles à neutrons, galaxies, noyaux actifs de galaxies , ). L’éventail de ces informations déductibles est donc très large, mais je tiens encore à préciser que mon étude de l’effet DOPPLER-FIZEAU ne s’est appliqué qu’au domaine visible des radiations et que l’application est aussi possible avec le reste des longueurs d’ondes, ce qui augmente une nouvelle fois le champs d’étude possible et l’importance des informations déductibles.