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La Question palestinienne.
LA QUESTION PALESTINIENNE : CHRONOLOGIE.
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1517-1920 DANS L’EMPIRE OTTOMAN.
1860 Création de l’Alliance israélite universelle.
± 1880 Début de l’immigration juive.
1882 La population juive de Palestine compte 24 000 habitants ; en 1895, 47 000 ; en
1910, 81 000.
1891 (24-6) Télégramme des notables de Jérusalem au gouvernement turc, pour réclamer
l’interdiction aux Juifs d’immigrer en Palestine et d’y acheter des terres. Un
firman (décret) fait droit à leur requête, mais une intervention britannique le
rendra sans effet.
1896 Publication de L’Etat juif, ouvrage de Théodore Herzl* (1860-1904), écrivain
juif de Hongrie, qui expose la doctrine sioniste (programme politique).
1897 Création de l’Organisation sioniste mondiale au 1er congrès du mouvement
sioniste, tenu à Bâle sous la présidence de Théodore Herzl. Des congrès
suivront annuellement.
1901 Création d’un Fonds national juif destiné à l’achat de terres en Palestine.
1904 (8-4) Entente cordiale : accord franco-britannique réglant le contentieux colonial -
notamment à propos du Maroc, dont le protectorat est laissé à la France
moyennant renonciation de celle-ci à l’Egypte.
1905 Le 7e Congrès sioniste rejette tout projet de colonisation juive ailleurs qu’en
Palestine et dans les pays voisins, suite à la proposition faite en 1903 par le
gouvernement britannique d’offrir à l’organisation sioniste un territoire
autonome dans les hautes terres inhabitées de l’Ouganda (cette proposition
avait été favorablement accueillie par une minorité de sionistes).
1907 (31-8) Convention de Saint-Petersbourg, réglant le contentieux entre la Grande-
Bretagne et la Russie en Asie : la Perse est partagée en deux zones d’influence,
tandis que l’Afghanistan et le Tibet sont reconnus par la Russie comme zone
d’influence britannique.
1907 (13-9) Confirmation de la Convention de Saint-Petersbourg. - N.B. L’expression de
Triple Entente (ou, plus simplement, l’Entente) désigne non pas un traité
d’alliance en particulier, mais bien l’entente réalisée entre France, Grande-
Bretagne et Russie de 1907 à 1917. Elle ne sera consacrée par un acte officiel
que le 3 septembre 1914, lorsque les trois puissances s’engageront à ne pas
conclure de paix séparée (engagement violé par les Bolcheviks en mars 1918).
1908 Création à Haïfa du journal El Karmel, appartenant à des Grecs orthodoxes et
qui ambitionne de dévoiler les visées sionistes et les menaces que font peser
sur la Palestine l’immigration juive et l’achat de terres par les colons.
1908 (11-6) Rencontre entre le roi de Grande-Bretagne Edouard VII et le tsar Nicolas II à
Reval (actuellement Tallin, Estonie). L’opinion publique turque est convaincue
que les deux monarques se sont entendus sur un partage de l’Empire ottoman.
1908 La population juive de Palestine s’élève à 80 000 habitants.
1909 Fondation de la colonie de Tel-Aviv, au nord de Jaffa. Les députés arabes au
nouveau parlement turc soulèvent le problème de l’immigration juive.
1911 Création des premières organisations politiques de lutte contre le sionisme
(Haïfa, Jaffa). Fondation à Jaffa du journal Falastine (Palestine), également
anti-sioniste et propriété de Grecs orthodoxes ; plus modéré qu’El Karmel, il
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La Question palestinienne.
soutient l’unité de l’Empire..
1914 (2-11) Entrée en guerre de l’Empire turc. La Palestine compte alors 730 000 habitants,
dont 85 000 Juifs.
1915 (mai) Conférence secrète tenue à Damas par les comités des mouvements
nationalistes arabes el Fatat (ou Jeunes Arabes, créé en 1911) et el Ahd (créé
en 1914), en présence de l’émir Fayçal ibn Hussein. Le père de celui-ci, le
chérif Hussein de La Mecque, est reconnu comme le porte-parole de la Nation
arabe tout entière. Il est décidé (protocole de Damas) de déclencher la révolte
des Arabes contre la Turquie pour appuyer la Grande-Bretagne, à la condition
que celle-ci garantisse l’indépendance arabe de la Méditerranée au golfe
Persique et de la frontière nord de la Syrie jusqu’au sud de la péninsule
arabique. Dans le cadre de cette confédération sera constituée une Grande
Syrie formée de la Syrie actuelle, du Liban, de la Palestine et de la Jordanie.
Sur les promesses faites par Londres (24 octobre 1915), les Arabes engageront
le combat en juin 1916.
1915 (24-10) Lettre adressée par sir Henry Mac Mahon, haut-commissaire britannique au
Caire, au chérif Hussein de La Mecque, dans laquelle l’indépendance est
promise aux Arabes dans une zone très vaste incluant implicitement la
Palestine. C’est sur base de cette promesse que le chérif Hussein déclenchera la
révolte des Arabes contre les Turcs le 5 juin 1916.
1916 (mai) Accord Sykes-Picot. Accord secret négocié (1915-1916) entre deux diplomates,
le Britannique Mark Sykes (1879-1919) et le Français Georges Picot, sur un
partage entre leurs pays des territoires à arracher à l’Empire turc après la
guerre : Grande-Bretagne et France se déclarent disposées à reconnaître un Etat
arabe (ou une confédération d’Etats) sous leur influence ; la Grande-Bretagne
se verra confier les intérêts de la Basse-Mésopotamie et des territoires à l’est
du Jourdain, tandis que la France assumera le protectorat du Liban, de la Syrie
et de la Haute-Mésopotamie. La Palestine serait soumise à une administration
internationale. L’accord sera ensuite avalisé par la Russie et signé par les trois
puissances en mai 1916 ; mais, dénoncé par le gouvernement bolchevique en
1917 et ensuite condamné par les Arabes, il n’entrera jamais en vigueur.
Cependant, il était totalement contraire aux promesses faites aux Arabes, ceci
étant dû notamment à la ferme volonté de la France de préserver ses intérêts au
Proche-Orient.
1916 (5-6) Entrée en guerre des forces arabes contre la Turquie.
1917 (2-11) Déclaration Balfour* : lettre adressée par Lord Arthur Balfour, ministre des
Affaires étrangères britanniques, au Baron Lionel Walter de Rotschild (1868-
1937), qui soutenait le mouvement sioniste. Le Royaume-Uni est favorable à la
création d’un foyer national juif en Palestine, étant entendu que rien ne sera
fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des
communautés non-juives en Palestine, ainsi qu'aux droits et au statut politique
dont les Juifs pourraient jouir dans tout autre pays. En dépit de cette réserve,
la déclaration contredit ouvertement les promesses faites aux Arabes en 1915,
mais elle sera bientôt reconnue par les gouvernements français, italien et
américain. C’est une victoire pour le mouvement sioniste, et en particulier
pour son chef en Grande-Bretagne, Chaïm Weizmann, tandis que les Arabes
n’ont aucunement été consultés sur la question.
1917 (10-12) Prise de Jérusalem aux Turcs par les Britanniques (Général Allenby).
1918 (4-1) Le commandant Hogarth (Bureau arabe de la Grande-Bretagne au Caire) assure
au chérif Hussein de La Mecque (devenu roi du Hedjaz) que le gouvernement
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La Question palestinienne.
britannique ne s’opposera pas à l’immigration juive en Palestine pour autant
qu’elle est compatible avec la liberté économique et politique de la population
existante.
1918 (juin) Les promesses antérieures concernant l’indépendance et la consultation des
populations sont confirmées par les autorités britanniques au Caire à sept
notables arabes.
1918 (7-11) Déclaration franco-britannique largement diffusée dans toutes les zones
occupées par les Alliés, selon laquelle l’objectif des deux Etats en Orient est
l’affranchissement des populations du joug turc ; elle promet l’établissement
d’Etats nationaux et l’autodétermination des populations.
1919 (6-2) A la conférence de la paix à Paris, le prince Fayçal du Hedjaz (fils du roi
Hussein), accompagné du colonel Lawrence, vient plaider la cause arabe,
mais n’obtient pas l’indépendance promise.
1919 (février) Premier congrès palestinien, à Jérusalem. Regroupant des associations
palestiniennes chrétiennes et musulmanes qui se sont formées à Jaffa et à
Jérusalem à la fin de l’année 1918. Foyers de la lutte palestinienne contre le
mandat britannique et l’immigration juive, sept congrès de ce type se tiendront
entre 1919 et 1928. La charte publiée à l’issue de ce premier congrès souligne
que la Palestine (appelée Syrie du Sud par les Arabes) fait partie de la Syrie,
dont l’indépendance et l’intégrité doivent être assurées, et à laquelle elle est
attachée par des liens nationaux, religieux, linguistiques et économiques. Il
envoie à la conférence de la paix à Paris un télégramme contenant le refus des
délégués d’accepter l’établissement en Palestine d’un foyer national juif et
demandant qu’aucune décision concernant leur pays ne soit prise sans que les
habitants aient été consultés.
1919 (19-4) Charte de la Société des Nations, qui sera placée en tête des différents
traités de paix, à commencer par celui de Versailles (28 juin 1919). Dans son
article 22 instaurant le système des mandats à conférer par la S.D.N. à un
Etat pour l’administration d’un territoire donné, le texte prévoit que « certaines
communautés qui appartenaient autrefois à l’Empire ottoman ont atteint un
degré de développement tel que leur existence en tant que nations
indépendantes peut être provisoirement reconnue à la condition qu’un
mandataire apporte ses conseils et son assistance à leur administration jusqu’au
moment où elles seront capables de se diriger seules. Les voeux de ces
communautés doivent d’abord être pris en considération pour le choix du
mandataire. »
1919 (2-7) Congrès général syrien à Damas, avec la participation de délégués
palestiniens. Il réclame l’indépendance politique totale pour la Syrie, qui ne
doit pas être séparée de la région méridionale connue sous le nom de Palestine,
ni de la région côtière occidentale, qui comprend le Liban. Il dénie à la France
tout droit sur une partie quelconque de la Syrie et rejette la Déclaration
Balfour. Amir Faal, fils du roi du Hedjaz Hussein ibn Ali, doit devenir roi
constitutionnel de la Syrie unie (incluant la Palestine). Dès juillet 1920
cependant, le nouveau roi est déposé par les Français. Les dix résolutions prises
par le congrès sont envoyées à une commission d’enquête américaine envoyée
en Syrie pendant l’été 1919 par le président Wilson.
1919 (août) Deux membres de la commission d’enquête américaine en Syrie (Henry
King et Charles Crane), rentrés à Paris, préconisent une profonde modification
du programme sioniste en Palestine. Se référant à la Déclaration Balfour, ils
indiquent qu’établir un foyer national juif n’équivaut pas à faire de la
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La Question palestinienne.
Palestine un Etat juif. La création d’un Etat juif ne pourrait se faire sans
porter les plus graves atteintes aux droits civils et religieux des communautés
non-juives en Palestine. Ils ajoutent : « Le fait est constamment apparu que les
sionistes envisagent une complète dépossession des habitants non-juifs actuels
de la Palestine, par diverses formes d’achat de terres. »
1920 (27-2) Proclamation officielle du général Louis Bols, chef de l’administration
militaire britannique, selon laquelle son gouvernement a l’intention d’appliquer
la Déclaration Balfour. ; il en résulte des manifestations de protestation
(Jérusalem, Haïfa), des pétitions aux autorités britanniques, des grèves. La
réunion du deuxième congrès palestinien, prévue pour février à Jaffa, a été
interdite.
1920 (8-3) Le second congrès pansyrien proclame le prince Fayçal roi de la Syrie
indépendante et souveraine.
1920 (18 au 26-4). Conférence de San Remo (Ligurie) entre les chefs de gouvernement
français (Millerand), britannique (lloyd George) et italien (Nitti), sur
l’exécution du traité de Versailles et la préparation du traité de Sèvres avec la
Turquie. La Syrie est officiellement partagée entre la France (Syrie) et la
Grande-Bretagne (Transjordanie et Palestine), contre le voeu des populations.
Le mandat britannique sur la Palestine fait obligation à la Grande-Bretagne
d’appliquer la Déclaration Balfour.
1920 Fondation en Palestine de la Haganah* (mot hébreu = défense), milice juive
d’autodéfense. Son objectif était d’assurer l’implantation et la défense des
colonies juives de Palestine contre la population arabe. Tolérée, mais non
officiellement reconnue par le gouvernement britannique, la Haganah
condamnera l’action des groupes terroristes extrémistes juifs (Irgoun, Stern)
jusqu’en 1945. A cette date, forte de 60 000 volontaires environ, elle se lancera
à son tour dans ce type d’actions, prenant part à la lutte contre la puissance
mandataire. Son action contribua à l’exode massif des populations arabes en
1947-1948.
1920 (1-7) L’administration militaire britannique (général Louis Bols) fait place à une
administration civile dirigée par un haut-commissaire ; le premier sera sir
Herbert Samuel (un Juif qui saura garder ses distances à l’égard du sionisme).
1920 (24-7) Syrie : entrée des troupes françaises (général Gouraud) à Damas.
1920 (28-7) Syrie : départ pour l’exil du roi Fayçal, chassé de Syrie par les Français ; il sera
ensuite roi d’Irak (1921-1933).
1920 (13-12) Ouverture à Haïfa du 3ème congrès palestinien. Il réclame la constitution d’un
gouvernement palestinien indépendant et élit un Comité exécutif arabe (24
membres), présidé par Moussa Kazem al-Husseini, ancien maire de Jérusalem
et parent du grand mufti. Ce Comité a pour mission d’appliquer le programme
défini par le congrès : dénonciation de la politique britannique visant à
appliquer la Déclaration Balfour ; refus de l’immigration juive ; formation d’un
gouvernement palestinien représentatif et indépendant.
1921 (mars) Visite de Winston Churchill, secrétaire d’Etat aux colonies, au Caire et en
Palestine. Désignation d’Amin al-Husseini (1897-1974) comme mufti de
Jérusalem (le mufti est un docteur en droit religieux musulman qui remplit des
fonctions religieuses, judiciaires et civiles). Etant donné l’importance de
Jérusalem, il fait figure de chef de la communauté musulmane palestinienne,
d’autant plus qu’à partir de janvier 1922 il présidera le Conseil suprême
musulman nouvellement créé. Ce conseil, important sur le plan politique,
nomme en outre les juges musulmans et surtout gère les immenses revenus des
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La Question palestinienne.
biens appartenant aux institutions religieuses (mosquées, hôpitaux, écoles,
etc.).
1921 (1-4) Entrée en fonction de la première administration autonome de Transjordanie.
Cette région, promise aux Arabes (correspondance Mac Mahon - Hussein en
1915) et revendiquée par les sionistes (bien qu’il ne s’y trouve aucune colonie
juive), a été remise par les Britanniques à l’émir Abdullah ibn Hussein (1882-
1951), fils du chérif Hussein (dynastie hachémite toujours en place
actuellement) ; il sera émir de Transjordanie (1921-1946), puis roi de
Transjordanie (1946-1949), et enfin de Jordanie (suite à l’annexion à son
royaume de la Cisjordanie).
1921 (mai) Violentes luttes armées entre Arabes et Juifs.
1921 (fin mai) 4ème congrès palestinien. Décision d’envoyer une délégation à Londres
(plutôt qu’auprès du haut-commissaire, au Caire) pour défendre le programme
du Comité exécutif arabe auprès du gouvernement britannique.
1921 Le rapport de la commission d’enquête britannique Haycraft souligne que le
mécontentement et l’hostilité de la population arabe à l’égard des Juifs est dû à
des causes économiques autant que politiques.
1921 (juill.) La délégation palestinienne constituée au 4ème congrès part pour Londres.
1922 (3-2) Accord franco-britannique de Beyrouth sur la limite des zones d’influence
respectives de ces deux puissances. Le découpage territorial déçoit les
sionistes, privé de régions qu’il revendiquait pour la Palestine (Liban sud, rive
orientale du Jourdain et autorité sur le golfe d’Aqaba).
1922-1948 MANDAT BRITANNIQUE*
1922-1948 Mandat britannique* [A 128]. Le texte du mandat a été approuvé par le
Conseil de la S.D.N. le 24 juillet 1922.
1922 (juin) Livre blanc (white paper) du gouvernement britannique (rédigé par Winston
Churchill) donnant son interprétation du foyer national juif. Celui-ci est à
établir en Palestine, mais il n’est pas question qu’il recouvre l’ensemble du
pays, ni qu’il entraîne la subordination ou la disparition de la population, de la
langue et de la culture arabes en Palestine ; l’immigration ne doit pas dépasser
les capacité d’absorption du pays sur le plan économique ; on mettra
progressivement en place un Conseil législatif. D’autre part cependant, la
communauté juive est en Palestine de droit et non pas par tolérance. Ces
propositions sont rejetées par les Arabes, à la fois par principe et parce que
l’immigration juive, qui poursuit un but politique, va être régulée par des
critères économiques.
1922 (24-7) Le Conseil de la Société des Nations approuve définitivement le texte du
mandat britannique sur la Palestine, y compris son préambule imposant à la
puissance mandataire de mettre à exécution la Déclaration Balfour ; il n’y a pas
un mot sur une future indépendance palestinienne.
1922 (22-8) 5ème congrès palestinien, à Naplouse (foyer du nationalisme arabe le plus
radical). La délégation envoyée à Londres (juillet 1921) fait rapport sur son
échec ; décision de boycotter les élections pour le Conseil législatif. En effet,
Londres a décidé d’instituer en Palestine un Conseil législatif (22 membres,
dont 10 Britanniques nommés par le haut-commissaire, celui-ci disposant d’un
droit de veto). L’abstention des électeurs arabes fera échouer le projet
britannique, et on en reviendra à l’ancien Conseil consultatif.
1922 (sept.) La Transjordanie, bien que comprise dans le mandat britannique sur la
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