La conférence Antoine Béclère
Dimanche 23 octobre de 12 h 30 à 13 h 30 - Amphithéâtre Bleu
Promouvoir la «bientraitance» - Jean-Paul Delevoye
« Un litige sur deux traité par le pôle santé/sécurité/soins du Médiateur de la
République décelait un problème de maltraitance. Cette notion est à la croisée de
deux tendances fortes dans notre société : d'une part les exigences des usagers de la
santé, qui sont parfois « consommateurs » de leur médecin, de leur hôpital, de leur
personnel soignant mais qui sont aussi en situation de grande détresse et de grande
fragilité, et d'autre part les nécessités de rationalisation de notre système de soin. Ce
dernier aspect peut conduire à un management et une organisation très
contraignants, réduisant à son strict minimum le temps considéré comme improductif.
Parce que notre société cultive ce sentiment du mépris de soi qui conduit au mépris
des autres, j'ai souhaité mettre l'accent sur ce thème très compliqué de la
maltraitance afin d'engager une réflexion avec les professionnels comme avec les
patients.
Les situations de maltraitance que l’on peut rencontrer sont multiples. Citons en quelques unes qui
m’ont été rapportées :
• attentes interminables des familles avant d'être conduites auprès de leurs proches
hospitalisés ;
• sentiment d'un désintérêt voire attitude méprisante de la part du personnel soignant ;
• patient abordé avec un ton et des paroles inappropriés voire humiliants ;
• besoins primaires pas toujours respectés (soif, faim, sommeil, ...) ;
• douleur trop souvent minimisée, parfois ridiculisée ;
• atteintes à l'intimité corporelle ;
• problèmes récurrents concernant le recueil des selles et des urines («couches»
imposées).
Un certain nombre de facteurs sont cités par les professionnels de santé pour expliquer la
maltraitance : leur «souffrance», les conditions d'exercice contraignantes, un encadrement parfois
défaillant et une organisation beaucoup trop rigide. Cependant, de nombreux services se sont
mobilisés pour développer une démarche de «bientraitance».
La promotion des droits des malades et la «bientraitance» dans les établissements de soins sont des
préoccupations constantes des professionnels de santé. Elles doivent contribuer à réduire le
phénomène de la violence sous toutes ses formes, des plus manifestes aux plus insidieuses. »