
a) Distinction entre attitude pragmatique et attitude théorique.
Comparaison qui introduit la distinction entre les non-philosophes et les philosophes:
+ les non-philosophes (acheteurs / vendeurs ) ont une attitude essentiellement pragmatique (qui a pour
but une action utile et efficace sur le monde) ; ils se désintéressent des questions d'ordre spirituel,
philosophique > pour eux, l'important n'est pas de comprendre mais de posséder.
+ les philosophes ont une attitude théorique (qui a pour but de comprendre le réel), mais négligent les
soucis de la vie concrète > l'important n'est pas d'acquérir des biens mais de comprendre.
b) une distinction trop dure et trop schématique ?
L'opinion commune pourrait objecter à Epictète que cette distinction est:
+ soit trop dure = elle semble rejeter les non-philosophes ressemblent-ils donc à des animaux ? Epictète
ne néglige-t-il pas le fait que L’important est de vivre (satisfaire les besoins fondamentaux -se nourrir,
se loger, se vêtir...- et acquérir des biens nécessaires au bien-être, au confort) ? C'est cela qui est
prioritaire et non la philosophie. + soit trop schématique = elle ne paraît pas envisager d'attitudes
intermédiaires : les hommes se divisent-ils donc en deux catégories exclusivement (non-philosophes et
philosophes) ?
c) Réponse d' Epictète
"Il est des gens qui, comme les bêtes, ne s'inquiètent que de leur herbe....' - La satisfaction des besoins et
des désirs matériels n'est pas condamnable ; elle est même indispensable... à la condition de n'être pas
exclusive ni excessive. L'herbe symbolise ici :
+ ce qui est nécessaire pour vivre sur le plan physique et matériel
+ les signes extérieurs de richesses (= magistratures = honneurs, hautes fonctions dans la société;
champs, serviteurs). Ce souci exclusif pour l'avoir rapproche l'homme de l'animal (borné à la seule
satisfaction de ses besoins immédiats) et l'entraîne dans L'ILLUSION , à savoir se tromper sur la vraie
valeur des choses, càd soit limiter son existence aux biens matériels (= nécessaire pour vivre) et se
détourner des choses de l'esprit; soit prendre l'accessoire pour l'essentiel, les apparences ( l’avoir', l'herbe)
pour la réalité.
- A l'opposé, les philosophes (et les poètes ?) se demandent 'ce qu'est le monde et qui le gouverne “quels
sont les principes et les lois qui le régissent? - La philosophie ( = amour de la sagesse) est recherche de la
vraie valeur des choses (sens de la vie, de l'amour, de l’existence..) ; elle n'est donc pas seulement
l'affaire de spécialistes (professeurs), mais celle de tout homme qui éprouve le désir de savoir par lui-
même. La distinction (non-philosophes et philosophes) n'est donc pas trop schématique: elle ne fait
qu'interroger chacun de nous sur notre désir de progresser ou non vers la sagesse.
3. Importance de la philosophie. (' N’est-ce personne ? par accident ? Pour montrer l'importance de la
philosophie, Epictète indique que dans le monde, rien ne va de soi et qu'il convient de chercher à
comprendre par soi-même, car:
- dans le monde humain (une ville., une maison), rien ne peut être laissé au hasard; il est important qu'il
y ait des lois/règles institués par les hommes, pour que tout se déroule bien, de façon cohérente et
harmonieuse sur le plan personnel et/ou collectif...
- De même, le monde de la nature est soumis à des lois causales qui régissent tous les phénomènes (
mouvement des astres, des marées, les saisons, la vie, la mort, etc..). Tout ce qui se produit dans la nature,
le réel est régi par un principe divin supérieur, (le LOGOS) qui lui donne un “ordre si parfait" (unité,
sens et harmonie).
- Donc, à plus forte raison, il importe de chercher à comprendre cette "organisation si grande et si belle'.
Car la vie de l'homme est soumise tout entière aux lois de la nature. Ne pas chercher à comprendre l'ordre
du monde, c'est s'exposer à le subir et à souffrir. La Raison seule peut nous aider à comprendre cet ordre,
à réfléchir et à nous déterminer dans nos conduites. (Ex.: vaincre l'angoisse devant la mort, la maladie,
etc. cf. au cours : Il y a des choses qui dépendent de nous et il y a des choses qui ne dépendent pas de
nous.', Manuel I). En revanche, chercher à comprendre le réel, c'est se donner le moyen d’agir en
connaissance de cause, de savoir ce qui est en notre pouvoir : c'est la condition même de la LIBERTÉ.
Conclusion: La philosophie est tout entière mue par ce désir de savoir (amour de la sagesse) et de