Pierluigi Ligas Citations et incises de citation dans les « Lettres sur les Troglodytes ». Essai d’analyse discursive. Introduction Les perspectives d’étude des textes les plus pratiquées ont presque toujours mis l’accent sur les disciplines herméneutiques héritées de la tradition critique (philosophie, thématique, histoire littéraire, comparatisme, études de réception, etc.). En revanche, celles se réclamant de la forme linguistique restent encore à explorer en profondeur. Considérée dans les pays de langue allemande et anglaise comme une discipline à part entière, la linguistique textuelle a eu quelques difficultés à s’imposer dans l’espace francophone. Aujourd’hui, grâce aux travaux de Jean-Michel Adam et à ses idées novatrices, ce « retard » semble comblé. Renonçant à la dissociation entre "texte" et "discours" que préconisaient encore ses Éléments de linguistique textuelle1, l’auteur situe désormais cette discipline dans le domaine de l’analyse du discours2. Pour cette raison, la contribution de Jean-Michel Adam à la confirmation de la linguistique textuelle en tant que science linguistique autonome, ayant son objet et ses méthodes propres, est assurément capitale, et ce à plus d’un titre. Contrairement à la grammaire de texte, la linguistique textuelle ne se revendique pas de l’épistémologie générativiste, elle ne se présente pas non plus comme une théorie de la phrase étendue au texte, mais comme une "translinguistique" qui, à côté de la linguistique de la langue, rend compte de la cohésion et de la cohérence des textes3. L’unité textuelle élémentaire, dont il est question dans la présente contribution, à savoir la proposition-énoncé en tant que proposition énoncée, est toujours un acte d’énonciation : la proposition-énoncé est « énoncée par un énonciateur à destination d’un destinataire-interprétant ayant valeur de co-énonciateur »4. Or, toute propositionénoncé comporte une dimension énonciative qui prend en charge un contenu référentiel et lui donne une certaine potentialité argumentative, laquelle, à son tour, lui confère une force – ou valeur – illocutoire plus ou moins identifiable5. Il faut donc distinguer la phrase en tant qu’entité grammaticale et l’énoncé fait au moyen de cette phrase : « C’est l’énoncé contextuellement situé, non la phrase, qui représente un état de choses simplement vrai ou faux »6. Bien que dans le cas des citations l’on se situe inévitablement dans le cadre de la phrase, il apparaît évident que dans l’économie générale d’un corpus l’analyse devra être conduite non pas au niveau syntactico-grammatical mais au niveau sémantico-référentiel : le sens véhiculé se répand en effet dans tout le corpus à condition que ce dernier soit caractérisé par une certaine cohérence thématique. À cet égard, il existe en français des formes variées pour attribuer des propos à une source autre que le locuteur, parmi lesquelles le discours indirect introduit par un verbe de discours rapporté, le discours direct comprenant une citation, l’insertion d’un syntagme prépositionnel introduit principalement par selon ou d’après7. Que peuvent nous apprendre les perspectives de la syntaxe, de la lexicologie, de la sémantique ou de la pragmatique, à propos de discours éminents « illustrant » la langue dans sa complexité, montrant par quels détours peuvent s’élaborer une syntaxe, un texte, un style ? Au travers d’une analyse des citations et des incises de citation dans un corpus de textes littéraires du passé, je vais 1 Cf. J.-M. Adam, Éléments de linguistique textuelle, Bruxelles-Liège, Mardaga, 1990. Cf. P. Charaudeau – D. Maingueneau, Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil, 2002. 3 Cf. ibid. pp. 345-346. 4 Cité dans L. Devilla, Analyse de La linguistique textuelle. Introduction à l’analyse textuelle des discours, « Alsic », 9 (2006) (URL : http://alsic.revues.org/index300.html, consulté le 10.02.2012). 5 Cf. J.-M. Adam, La linguistique textuelle. Introduction à l'analyse textuelle des discours, Paris, Armand Colin, coll. "Cursus", 2005. 6 J. L. Austin, Quand dire c'est faire, Paris, Seuil, Coll. "Points", 1979, p. 70. 7 Cf. L. Danlos, B. Sagot, R. Stern, Analyse discursive des incises de citation, Alpage, INRIA Paris-Rocquencourt & Université Paris 7 (URL : http://atoll.inria.fr/~sagot/pub/cmlf10attr.pdf, consulté le 10.02.2012). 2 donc essayer de montrer comment les théories qui sont à la base des nouvelles vues sur la forme linguistique sont applicables à n’importe quel texte de n’importe quelle époque pourvu qu’il soit rédigé en langue naturelle. 1. Les citations : leur statut et leur environnement textuel Il n’y a pas d’accord dans la littérature sur la définition des ces propositions-énoncés que l’on appelle des citations. Selon les auteurs, on appelle ainsi : 1) le discours direct (normalement encadré de guillemets); 2) toutes les expressions "en mention", dont l’utilisation représente le choix d’un agent autre que le locuteur, et qui sont typiquement signalées par des guillemets ou par une prosodie particulière ; 3) tout contenu attribuable à un agent autre que le locuteur, y compris le discours indirect ou indirect libre. Il est également plusieurs approches théoriques. J’adopte ici l’approche de la citation en tant que discours direct et comme "imitation", proposée par Clark et Gerrig8, excluant donc le discours indirect et indirect libre. Ainsi, sont des citations les phrases citées introduites par un verbe d’énonciation (ou verbe introducteur) et les phrases citées enfermant une incise de citation ; dans ce dernier cas on dit que la phrase citée est "l’hôte" de l’incise. En outre, je spécialise le terme de discours direct pour la construction où une citation est explicitement introduite par un verbe de dire. Dans l’approche indiquée, la citation/imitation est un mode de communication qui contraste avec la description (ce qui est d’ordinaire pris en compte par les grammaires), et aussi avec la monstration (qui caractérise les déictiques)9. De plus, cette imitation est sélective : il ne s’agit jamais d’une reproduction intégrale, le locuteur choisissant les aspects de la situation originelle sur lesquels il veut attirer l’attention. Avant d’être une proposition-énoncé une citation est donc un signe imitant un signe ou un comportement produit par l’entité dénotée par le sujet du verbe de citation10. Ce "signe imitant un signe", autrement dit ce "discours", monologue ou dialogue, est d’une grande variété11 – ce peut être une phrase, une interjection, une onomatopée, un signe non linguistique, une expression dans une autre langue, etc. – et tend à satisfaire en premier lieu une condition de progrès du récit – une suite de propositions-énoncés apparaissant alors comme une séquence d’unités liées progressant vers une fin – en second lieu une condition de cohérence12. Cela vaut aussi pour les citations avec incise où ces deux segments forment un agrégat soudé dans la mesure où une incise de citation pour être considérée comme telle demande la présence d’une citation. Cet agrégat relève plus du niveau sémantico-discursif que du niveau syntaxico-phrastique ; plus précisément, il n’existe pas de véritable lien argumental syntaxique entre le verbe de citation 13 et la citation elle-même, bien qu’il soit généralement admis dans la littérature que la citation correspond à l’objet direct du verbe de citation, comme l’affirment Bonami et Godard, lesquels considèrent que la citation a toutes les caractéristiques d’un objet direct extrait14, mais leur étude repose exclusivement sur les verbes de 8 Cf. H. H. Clark, R. J. Gerrig, Quotations as demonstrations, « Language », 66 (1990), pp. 764-805. Voir également L. Perrin, Les formes de la citation au style direct, indirect et indirect libre. « Faits de langue », 94 (2002), pp. 147-158. 9 Pour ce qui est de la fidélité de la citation, je renvoie aux travaux de O. Bonami et D. Godard : Vers une syntaxe générale des constituants incidents, Université Paris-Sorbonne & LLF Laboratoire de Linguistique Formelle, CNRS & Université Paris 7, 2008. 10 Du point de vue des actes de langage, J.-M. Adam ne suit pas l’idée d’É. Benveniste de limiter l’illocutoire aux seuls performatifs explicites et propose le classement suivant : a) assertifs-constatifs ; b) directifs ; c) engageants ; d) déclaratifs ; e) expressifs (Cf. L. Devilla, loc. cit.). 11 Sur ce point v. A. Delaveau, La Voix et les bruits. Note sur les verbes introducteurs du discours rapporté, « LINX », 18 (1988), pp. 125-135 ; H. H. Clark, R. J. Gerrig, op. cit. ; J. Authier-Revuz, « Les non-coïncidences du dire et leur représentation méta-énonciative. Étude linguistique et discursive de la modalisation autonymique », Thèse de doctorat d’État, Université Paris VIII, 1992. 12 Cf. O. Ducrot, Dire et ne pas dire, Paris, Hermann, 1972, p. 87. 13 J’appelle ici verbes de citation les verbes qui apparaissent comme têtes verbales des incises de citation et verbes introducteurs ou verbes d’énonciation ceux qui précèdent et introduisent la citation. 14 Cf. L. Danlos, B. Sagot, R. Stern, op. cit. discours rapporté (des verbes comme dire, déclarer, etc., têtes de l’incise de citation), avec inversion du sujet, que celui-ci soit réalisé sous forme d’un groupe nominal ou d’un clitique. De même, Lamiroy e Charolles, qui étudient les verbes de discours rapporté et les intransitifs, défendent l’hypothèse que les "verbes de parole", classe de verbes qu’ils définissent sémantiquement, sont fondamentalement transitifs, avec un objet direct exprimant la parole émise15. Une proposition-énoncé impliquant une incise, ensemble que l’on appelle également un DIC (discours avec incise de citation), respecte certaines contraintes syntaxiques – par exemple, sur la position de l’incise par rapport à la citation – mais elle respecte surtout des contraintes sémantiques que l’on doit pouvoir représenter au niveau discursif. Par ailleurs, de tous les verbes de citation, seule la moitié peuvent être employés comme verbes de discours rapporté analogues à dire, l’autre moitié étant composée de verbes intransitifs, mais également de verbes transitifs comme commenter, dont l’objet direct est sans rapport, ni syntaxique ni sémantique, avec la propositionénoncé en tant que signe. Pour les verbes transitifs comme dire ou déclarer on peut envisager deux solutions pour analyser le lien entre la citation et la tête de l’incise de la citation : a) sur le plan syntaxique : la citation est liée syntaxiquement à l’incise, c’est un "objet extrait", comme argumenté par Bonami et Godard16; b) sur le plan discursif : la citation et son incise forment deux blocs d’un même segment de discours, sans lien de dépendance syntaxique, comme c’est le cas pour les incises dont le verbe appartient à la classe des verbes transitifs, qui ne sont pas des verbes de discours rapporté, comme commenter, continuer, reprendre ou interrompre, en ce sens qu’ils ne peuvent en aucune façon être suivis de que17. Les incises de citation, classe de constituants incidents, partagent un certain nombre de propriétés avec les incises ‘ordinaires’ du genre paraît-il, semble-t-il : a) ce sont des phrases verbales : elles ont toujours pour tête un verbe, qui est saturé pour son sujet; b) ce sont des expressions incidentes18; c) elles ont une certaine liberté de positionnement : elles sont exclues en position initiale d’énoncé, mais pas en tête d’une phrase non-initiale ; d) elles comportent un verbe dont le complément est manquant ou réalisé comme une forme pronominale ; e) il y a une forme d’identité entre la phrase hôte et l’interprétation du complément manquant ou pronominal de l’incise19. 15 Sur ce sujet largement débattu, v. O. Bonami, D. Godard, Quelle syntaxe, incidemment, pour les adverbes incidents ? « Bulletin de la Société de Linguistique de Paris », CII (2007), 255-284; B. Lamiroy, M. Charolles, Les verbes de parole et la question de l’(in)transitivité, « Revue Discours », 2 (2008). 16 Cf. O. Bonami, D. Godard, Syntaxe des incises de citation, « Actes du Congrès mondial de linguistique française », publié en ligne le 9 juillet 2008. (URL : http://dx.doi.org/10.1051/cmlf08080, consulté le 12.02.2012). 17 Ibid. 18 À la suite de O. Bonami, D. Godard et B. Kampers-Manhe, je considère l’incidence comme une propriété strictement prosodique de certains constituants syntaxiques, qui peut, suivant les constructions, être corrélée à des propriétés syntaxiques, sémantiques et pragmatiques diverses (Cf. O. Bonami, D. Godard, B. Kampers-Manhe, Adverb Classification, in F. Corblin et H. De Swart éds., Handbook of French Semantics, Stanford, CSLI Publications, 2004, pp. 143-184). Bien que la description de l’incidence soit à ce jour encore incomplète, l’idée générale est claire : les incidents sont prosodiquement autonomes ; optionnellement, ils sont séparés du reste de la phrase (notamment sur la frontière droite de l’incident) par une pause, un allongement de la dernière syllabe, un changement global de registre, etc. Sur ce point précis, v. Z. Fagyal, « Probus », 14 (2002), pp. 93-111 ; P. Mertens, Quelques allers-retours entre la prosodie et son traitement automatique, « Le français Moderne » 72/1 (2004), pp. 39-57 ; E. Delais-Roussarie, « Phonologie et grammaire : études et modélisation des interfaces prosodiques », Mémoire d’Habilitation à diriger les Recherches, Université de Toulouse 2, Juin 2005. On dit que l’incise de citation est en position finale si elle apparaît après la citation. Mais l’incise peut tout aussi bien se situer en position médiane, c’est-à-dire à l’intérieur de la citation, tout en respectant les positions possibles des ajouts incidents20. À ma connaissance, la position médiane d’une incise n’induit aucune différence par rapport à la position finale, et ce tant sur le plan syntaxique que sémantique ou discursif. En revanche, il existe une forte restriction sur la position initiale d’une incise de citation, c’est-à-dire avant la citation : ce cas de figure ne s’observe que lorsque l’incise est précédée d’un connecteur de discours. Par ailleurs, l’inversion étant obligatoire en français standard, l’incise de citation est compatible avec l’inversion stylistique ou l’inversion clitique simple, alors que les incises ordinaires ne sont compatibles qu’avec l’inversion clitique simple. Danlos, Sagot et Stern résument ainsi ces aspects : La citation et l’incise forment un segment de discours composé de deux blocs, qui ne peuvent apparaître l’un sans l’autre. La syntaxe n’intervient que pour contraindre la position respective de ces deux blocs, pour imposer l’inversion du sujet dans l’incise et pour établir les arguments qui peuvent être réalisés dans l’incise en précisant leur forme. [...]. Le seul lien qui existe entre ces deux blocs relève du niveau sémantico-discursif, qui permet aussi d’établir un éventuel lien entre la citation et le contexte gauche du segment de discours citation et incise21. Argumentativement neutre, « l’incise de citation enchâsse sémantiquement son hôte et détermine l’acte illocutoire effectué »22. 2. Le corpus Le corpus d’analyse est ici constitué par quatre lettres appartenant à la première partie des Lettres persanes, lettres fictives dans lesquelles, comme dans n’importe quel récit fictionnel, c’est l’auteur qui pose les questions et qui donne les réponses par interlocuteur fictif interposé : on peut donc à tous les effets considérer les parties du corpus concernées comme des séquences impliquant des discours directs et des discours rapportés. Ces lettres sont en quelque sorte la réponse complexe, articulée et argumentée que Usbeck donne à son ami Mizra, qui se trouve à Erzeron23, lequel dans une lettre précédente avait formulé une requête, en la faisant précéder d’un bref préambule : Hier, on mit en question si les hommes étaient heureux par les plaisirs et les satisfactions des sens, ou par la pratique de la vertu. Je t’ai souvent ouï dire que les hommes étaient nés pour être vertueux, et que la justice est une qualité qui leur est aussi propre que l’existence. Explique-moi, je te prie, ce que tu veux dire24. Usbeck, porte-parole de Montesquieu, répond à cette question dans quatre lettres qui se suivent25 sans discontinuer ; pas de considérations abstraites, simplement une histoire, ou mieux, un conte – forme préférée dans laquelle les philosophes du XVIIIe siècle coulent leurs idées – qui permet, selon Montesquieu, non seulement d’enseigner, mais aussi de faire sentir les vérités morales. Ces quatre lettres relatent l’histoire des Troglodytes et, si l’on excepte la lettre XII, elles sont caractérisées par un nombre considérable de discours rapportés et de discours directs ou citations, le passage au discours direct donnant infiniment plus de vie et de crédibilité au récit. 19 Cf. O. Bonami, D. Godard, Syntaxe...., cit. Cf. id., Parentheticals in underspecified semantics: The case of evaluative adverbs, « Research on Language and Computation », 5 (2007). 21 L. Danlos, B. Sagot, R. Stern, op. cit. Je parlerais plutôt de "co-texte". 22 O. Bonami, D. Godard, Vers une syntaxe générale des constituants incidents (URL citée). 23 Aujourd’hui Erzeroum, ou Erzurum, ou encore Erzîrom, suivant la langue, ville d’Anatolie orientale. 24 Montesquieu, Lettres Persanes, in Œuvres, Paris, Gueffier et Langlois, 1769, p. 471. Pour les besoins de l’analyse, l’orthographe du texte a été modernisée. 25 Il s’agit des lettres XI, XII, XIII, XIV. 20 Plus que de véritables dialogues dans le sens d’échanges langagiers ou conversationnels26, il s’agit d’une suite de questions et de réponses, de répliques alternées, sortes d’interviews ou de débats. Dans l’édition des Lettres persanes utilisée, les signaux démarcatifs ne sont pas très apparents : seuls les deux points, par exemple, annoncent le début du discours direct, l’absence de guillemets compliquant le repérage visuel des séquences à analyser27. Dans les lignes qui suivent je me concentrerai surtout sur les exemples tirés du corpus où la citation est introduite par un verbe introducteur et d’autres où le segment attributif est une incise de citation et le segment attribué une citation. 3. Repérage et analyse des citations et des incises de citations Les citations dont il est question, que je vais reproduire ici en les encadrant par des guillemets pour des raisons de clarté, sont de deux types seulement, le troisième type, qui présenterait une incise venant après la citation, n’étant pas représenté dans le corpus analysé : a) séquence (discours direct) introduite par un verbe d’énonciation28 - Vint : « Tcit » b) séquence comportant une incise de citation - « Tcit G + IcitV + Tcit D » où Vint = verbe introducteur ; Vcit = verbe de citation ; Tcit = texte de la citation ; Tcit G = co-texte gauche ; IcitV = incise avec verbe de citation ; Tcit D = co-texte droit. En règle générale, dans le discours direct, les verbes introducteurs, ou verbes d’énonciation, sont utilisés par un émetteur dans une situation d’énonciation donnée pour rapporter des paroles telles qu’elles ont été prononcées par un locuteur autre que le narrateur29. C’est le cas de la plupart des dialogues de la littérature dite "de fiction". Placés avant, au milieu, ou bien après les paroles rapportées, ces verbes, le plus souvent transitifs comme dire, affirmer, etc., se laissent grouper selon le sémantisme qui leur est propre. Bien que le verbe d’énonciation ne joue son véritable rôle d’introducteur que lorsqu’il précède le discours direct, on s’accorde à appeler introducteurs même les têtes verbales des incises de citation, c’est-à-dire lorsqu’elles occupent le milieu ou qu’elles suivent la citation. En ce qui me concerne, je ne m’en tiendrai ici qu’au premier cas de figure. 3.1 Séquences du type : Vcit : « Tcit » 1) Ils disaient: « Qu'ai-je affaire d'aller me tuer à travailler pour des gens dont je ne me soucie point? Je penserai uniquement à moi. Je vivrai heureux: que m'importe que les autres le soient? Je me procurerai tous mes besoins; et, pourvu que je les aie, je ne me soucie point que tous les autres Troglodytes soient misérables » (Lettre XI, Usbek à Mirza, p. 471) 2) chacun dit: « je ne labourerai mon champ que pour qu'il me fournisse le blé qu'il me faut pour me nourrir; une plus grande quantité me serait inutile: je ne prendrai point de la peine pour rien ». (Ibid.) 3) le marchand dit en lui-même: « Naturellement je ne devrais espérer de ma laine qu'autant d'argent qu'il en faut pour acheter deux mesures de blé; mais je la vais vendre quatre fois davantage, afin d'avoir huit mesures » (Ibid., p. 472 ) 26 V. sur ce sujet S. Rémi-Giraud, Delimitation et hierarchisation des échanges, in J. Cosnier, J. Kerbrat-Orecchioni éds, Décrire la conversation, Lyon, Presses Universitaires, 1987, pp. 17-72 ; E. Roulet, Échanges, interventions et actes de langage dans la structure de la conversation, « Études de Linguistique Appliquée », 44 (1981), pp. 7-39 ; J.-M. Adam, Types de séquences textuelles élémentaires, « Pratiques », 56 (1987), pp. 54-79. 27 Dans des éditions précédentes, la deuxième, par exemple, publiée à Cologne chez Marteau en 1721, les guillemets occupent la marge gauche de la page, marquant ainsi toutes les lignes occupées par la citation. 28 Les verbes susceptibles d’introduire une citation sont extrêmement variés. Pour les verbes de discours direct et indirect en général, v. A. Delaveau, loc. cit., et M. Monville-Burston, Les verba dicendi dans la presse d’information, « Langue française », 98 (1993), pp. 48-66. 29 Recanati, Cappelen et Lepore appellent ces séquences des « citations directes » (v. F. Recanati, Open Quotation, « Mind », 110 (2001), pp. 637-687 et H. Cappelen, E. Lepore, Language Turned on Itself, Oxford, Oxford University Press, 2007. 4) Un d'eux disait un jour: « Mon père doit demain labourer son champ; je me lèverai deux heures avant lui, et quand il ira à son champ, il le trouvera tout labouré ». (Lettre XIII, Usbek à Mirza, p. 473). 5) Un autre disait en lui-même: « Il me semble que ma soeur a du goût pour un jeune Troglodyte de nos parents; il faut que je parle à mon père, et que je le détermine à faire ce mariage ». (Ibid.) 6) On entendait dire à un autre: « Il faut que j'aille au temple remercier les dieux; car mon frère, que mon père aime tant et que je chéris si fort, a recouvré la santé ». (Ibid.) 7) [on entendait dire à un autre] Ou bien: « Il y a un champ qui touche celui de mon père, et ceux qui le cultivent sont tous les jours exposés aux ardeurs du soleil; il faut que j'aille y planter deux arbres, afin que ces pauvres gens puissent aller quelquefois se reposer sous leur ombre ». (Ibid.) 8) les Troglodytes envoyèrent au-devant d'eux des ambassadeurs, qui leur parlèrent ainsi: « Que vous ont fait les Troglodytes? Ont-ils enlevé vos femmes, dérobé vos bestiaux, ravagé vos campagnes? Non: nous sommes justes, et nous craignons les dieux. Que voulez-vous donc de nous? Voulez-vous de la laine pour vous faire des habits? Voulez-vous du lait de nos troupeaux, ou des fruits de nos terres? Posez bas les armes; venez au milieu de nous, et nous vous donnerons de tout cela. Mais nous jurons, par ce qu'il y a de plus sacré, que, si vous entrez dans nos terres comme ennemis, nous vous regarderons comme un peuple injuste, et que nous vous traiterons comme des bêtes farouches ». (Ibid., p. 474) 9) [Vieillard] Puis il s'écria d'une voix sévère: « Je vois bien ce que c'est, ô Troglodytes! votre vertu commence à vous peser. Dans l'état où vous êtes, n'ayant point de chef, il faut que vous soyez vertueux malgré vous; sans cela vous sauriez subsister, et vous tomberiez dans le malheur de vos premiers pères. Mais ce joug vous paraît trop dur: vous aimez mieux être soumis à un prince, et obéir à ses lois, moins rigides que vos moeurs. Vous savez que pour lors vous pourrez contenter votre ambition, acquérir des richesses, et languir dans une lâche volupté; et que, pourvu que vous évitiez de tomber dans les grands crimes, vous n'aurez pas besoin de la vertu ». (Lettre XIV, Usbek à Mirza, p. 474) 10) [Vieillard] [Il s'arrêta un moment, et ses larmes coulèrent plus que jamais]. « Et que prétendez-vous que je fasse? Comment se peut-il que je commande quelque chose à un Troglodyte? Voulez-vous qu'il fasse une action vertueuse parce que je la lui commande, lui qui la ferait tout de même sans moi, et par le seul penchant de la nature? O Troglodytes! je suis à la fin de mes jours, mon sang est glacé dans mes veines, je vais bientôt revoir vos sacrés aïeux: pourquoi voulez-vous que je les afflige, et que je sois obligé de leur dire que je vous ai laissés sous un autre joug que celui de la vertu? » (Ibid.,) Dans les citations reproduites, introduites par des verbes avec ou sans ajouts, annonçant un discours direct et encadrées de guillemets, le segment attributif est souligné, les signes de ponctuation respectés. Des dix citations repérées appartenant à ce type, sept utilisent le verbe dire, une parler et une autre s’écrier, tandis qu’une autre encore, précisément la septième, est régie par le verbe de la citation précédente et que dans la dixième on a carrément l’ellipse du verbe de citation. Le verbe dire, ici comme dans n’importe quel texte, introduit une citation qui correspond à un comportement linguistique, à un acte locutoire. Dans toutes ces citations, les deux points séparent la séquence contenant le verbe introducteur du discours direct. Dans la citation 6, bien que le sujet grammatical de la locution verbale introduisant la phrase citée soit le pronom personnel indéfini on, dans l’économie du contexte citationnel, sémantiquement parlant, rien ne change, puisque cela correspond à : « un autre dit ». La 7 est régie par le verbe de la citation précédente ; dans le texte de la lettre les deux citations se suivent, séparées par un point et par le connecteur « ou bien ». En 10, il y a ellipse du segment introducteur, ce qui n’entraîne aucune ambiguïté quant au locuteur. Pour ce qui est du verbe parler de la citation 8, comme je l’ai dit ce n’est pas un véritable verbe d’énonciation, puisqu’il ne porte pas sur un complément, alors qu’il est communément admis que la citation, d’un point de vue strictement syntaxique, peut faire figure de complément d’objet direct du verbe introducteur. Cependant, la présence de ainsi fait que la citation ne puisse être le complément d’objet du verbe. S’écrier non plus n’est pas un verbe de citation, puisqu’il porte non pas sur les paroles rapportées qui suivent, mais sur le sujet du verbe. On peut donc affirmer que les verbes parler et s’écrier, chacun pour des raisons syntaxiques différentes, n’appartiennent pas à la catégorie des verba dicendi. La présence d’un discours direct dans un bloc de texte marque un certain nombre de ruptures : a) rupture de l’ancrage énonciatif, d’abord, puisqu’on passe de l’univers du récit (en l’occurrence la lettre) à l’univers du narrateur puis à l’univers du locuteur dont on rapporte les propos ; b) rupture référentielle temporelle qui mène à un changement de temps : les événements ne sont plus repérés dans le temps du récit, en l’occurrence le texte de la lettre ; c) rupture spatiale, puisqu’on passe de l’espace du récit à l’espace personnel du locuteur. Le discours direct (avec verbe d’énonciation ou introducteur) et l’incise de citation (placée au milieu ou après la citation) diffèrent par un certain nombre de points : au delà des différences évidentes d’ordre des mots et de réalisation prosodique, on dénombre trois propriétés remarquables : premièrement, les verbes concernés ne sont pas exactement les mêmes 30 ; deuxièmement, le discours direct se trouve sans problème dans une subordonnée, troisièmement, le verbe de discours direct prend la citation comme complément31. Du point de vue des actes de langage, sur lesquels je n’insisterai guère, on remarquera, en 8, le performatif jurer. De même, ont été identifiés presque tous les types d’actes illocutoires sous leur forme logique de propositions-énoncés et dans leur lien avec le contenu propositionnel, comme préconisé par Austin et repris, mais seulement en partie, par Adam: les "verdictifs", les "exercitifs", les "commissifs", les "expositifs", les "comportementaux", selon la terminologie d’Austin. 3.2 Séquences du type : « Tcit G+ IcitV + Tcit D » 1) « Que m'importe, dit cet homme, que cette femme soit à vous, ou à vous? J'ai mon champ à labourer; je n'irai peut-être pas employer mon temps à terminer vos différends et à travailler à vos affaires, tandis que je négligerai les miennes; je vous prie de me laisser en repos, et de ne m'importuner plus de vos querelles ». (Lettre XI, Usbek à Mirza, p. 472)32. 2) « Je suis bien aise, dit le marchand; j'aurai du blé à présent ». (Ibid.). 3) « Que dites-vous? reprit l'étranger; vous avez besoin de blé? J'en ai à vendre: il n'y a que le prix qui vous étonnera peut-être; car vous saurez que le blé est extrêmement cher, et que la famine règne presque partout: mais rendez-moi mon argent, et je vous donnerai une mesure de blé; car je ne veux pas m'en défaire autrement, dussiez-vous crever de faim ». (Ibid.) 4) « Allez, leur dit-il, hommes injustes, vous avez dans l'âme un poison plus mortel que celui dont vous voulez guérir; vous ne méritez pas d'occuper une place sur la terre, parce que vous n'avez point d'humanité, et que les règles de l'équité vous sont inconnues: je croirais offenser les dieux, qui vous punissent, si je m'opposais à la justice de leur colère ». (Ibid.) 5) « J'en suis bien fâché, dit-il, car il y avait une génisse toute blanche que je voulais offrir aux dieux ». (Lettre XIII, Usbek au même, p. 473). 6) « Nous ne croyons pas qu'il ait commis ce crime, dirent les jeunes Troglodytes; mais, s'il l'a fait, puisse-t-il mourir le dernier de sa famille! » (Ibid., p. 474). 7) « S'ils n'étaient pas injustes, répondit-il, je souhaiterais que les dieux leur en donnassent un plus long usage qu'à moi ». (Ibid., p. 474). 8) [Vieillard] « À Dieu ne plaise, dit-il, que je fasse ce tort aux Troglodytes, que l'on puisse croire qu'il n'y a personne parmi eux de plus juste que moi! Vous me déférez la couronne, et, si vous le voulez absolument, il faudra bien que je la prenne; mais comptez que je mourrai de douleur d'avoir vu en naissant les Troglodytes libres, et de les voir aujourd'hui assujettis ». (Lettre XIV, Usbek au même, p. 474). 9) [Vieillard]« Malheureux jour! disait-il; et pourquoi ai-je tant vécu? » (Ibid.) Comme on peut le constater, appartiennent à ce type de citations neuf propositions-énoncés, dont sept utilisent le verbe dire (statistiquement de loin le plus utilisé en incise), une le verbe reprendre et une le verbe répondre. Elles contiennent de véritables incises de citations (segments incidents), Certains verbes sont possibles dans les incises seulement. C’est le cas du verbe imaginer. Cf. Authier-Revuz, op. cit. 32 Les numéros des pages sont ceux de l’édition utilisée. 30 31 ce qui veut dire, en voulant reprendre la terminologie communément admise, que la phrase (séquence citée) joue le rôle d’hôte du segment incident. Ces incises de citation, qui se trouvent au milieu de la phrase hôte avec inversion du sujet, sont délimitées par des signes de ponctuation, le plus souvent des virgules. Lorsqu’il est la tête d’une incise, un verbe de citation a le même sens que lorsqu’il est utilisé dans un contexte sans citation et il impose des restrictions de sélection sur le type d’acte de parole que la citation peut exprimer. En ligne générale, ces restrictions sont cohérentes avec celles observées dans les contextes sans citation33. Par exemple, rappelons que le verbe répondre de la citation 7 est un verbe expositif34, selon la terminologie proposée par Austin, et que, du point de vue de la construction du sens, l’hôte joue clairement le rôle joué par le complément dans la construction canonique. Si l’on admet que la citation est un signe linguistique, comme je l’ai dit plus haut, et que son sens est également un signe, en analyse discursive cela revient à dire que la citation et son incise forment un segment de discours, une structure séquentielle, hétérogène. Les savoirs engagés par les sujets concernés portent sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler « l’univers », représenté par des énoncés fictionnels. La caractéristique des incises de citation, dont le sujet, du moins en français standard, est toujours inversé, est l’absence de complément. L’hôte des incises de citation n’est pas pris en charge illocutoirement par le locuteur – les indexicaux de première personne y renvoient à l’agent dont les paroles sont rapportées – et peut être "restreint" ou "élargi". Dans les séquences reproduites ci-dessus, l’hôte restreint est la phrase qui s’arrête au signe de ponctuation. Par exemple, dans la citation 1, l’incise est représentée par « dit cet homme » et l’hôte restreint est : « Que m’importe que cette femme soit à vous, ou à vous ? » ; l’hôte élargi est, bien évidemment, tout le discours de l’homme. Il en va de même pour les autres citations avec incise se présentant, dans l’ordre, sous les formes : « dit le marchand », « reprit l’étranger », « leur dit-il », « dit-il » (2 occurrences), « dirent les jeunes Troglodytes », « répondit-il », « disait-il ». Le verbe reprendre, de la citation 3 n’est pas un verbe de citation, puisqu’il ne peut en aucun cas avoir comme complément d’objet la citation ; en d’autres mots, dans ce cas précis l’objet direct ne réfère pas à la parole émise. Conclusion Qu’est-ce qui est essentiel pour comprendre le sens d’un texte ? Tout texte, qu’il s’agisse d’un article, d’un ouvrage, d’un discours, etc. contient quelques phrases clés correspondant aux idées qui constituent son ossature, son squelette. Le problème, dès lors, et hors de toute interprétation préalable, est d’atteindre ce(s) noyau(x) du texte qui contiennent l’essentiel du sens. Disons qu’un texte est composé d’univers dans lesquels des acteurs font, sont ou disent avec d’autres acteurs des choses diverses. Disons encore que ces univers – qui ont tous un format propositionnel – n’ont pas la même importance dans la structuration du texte. Disons enfin que certains de ces univers – en nombre faible – sont des fondements du texte, au sens où si on les retirait, l’édifice textuel s’écroulerait, et par conséquent le sens serait irrémédiablement perdu. Or il se trouve que dans le corpus analysé, constitué de lettres fictives parce que la lettre est un moyen de persuasion efficace, ces phrases clés sont des citations, des discours directs et des discours rapportés. Les vraies et profondes raisons des aspirations monarchiques manifestées par les Troglodytes ne se trouvent-elles pas dans le discours du vieillard des citations 9 et 10 du type Vcit : « Tcit » et dans la citation 8 du type « Tcit G+ IcitV + Tcit D » ? L’analyse présentée ici, menée à partir d’un corpus dans lequel ce type de constructions est particulièrement fréquent, est en fait une analyse discursive, une analyse complète des discours constitués d’une citation introduite par un verbe d’énonciation ou comportant une incise de citation Cf. O. Bonami, D. Godard, Syntaxe..., cit. À titre d’exemple, le verbe demander, lorsqu’il est utilisé en tant que verbe de citation, impose à la citation d’être une interrogative, en cohérence avec son emploi de base avec une interrogative indirecte. À l’inverse, affirmer ne se construit qu’avec des assertions. 34 Tout comme affirmer, nier, répondre, objecter, concéder, exemplifier, paraphraser, rapporter des propos, etc. 33 dont la tête est un verbe dit verbe de citation. A l’issue de cette analyse, trois verbes introducteurs ou d’énonciation ont été repérés : dire (transitif, 7 occurrences), parler (employé intransitivement, 1 occurrence) et s’écrier (pronominal, 1 occurrence). De même deux classes de verbes de citation ont été identifiées: la classe des verbes transitifs de discours rapporté – dire (7 occurrences), répondre (1 occurrence) – et celle des verbes transitifs employés intransitivement, dont on a un seul exemple dans le corpus, reprendre, qui n’est pas un verbe de discours rapporté. Il est apparu évident que la relation entre citation et incise de citation n’est pas purement phrastique, et notamment que la relation sémantique entre les deux ne peut être restituée qu’au niveau discursif, en prenant en compte le co-texte gauche de la phrase concernée. Autrement dit, ce ne sont pas les phrases en tant qu’entités grammaticales qui représentent des états de choses pouvant être vrais ou faux, mais ce sont ces mêmes phrases dont on se sert dans un contexte donné pour "dire" des choses vraies ou fausses. En l’occurrence, le conte des Troglodytes, par l’alternance des locuteurs et des citations véhicule surtout le rêve noble et délicat d’un ami de la vertu. Bibliographie sommaire (par ordre chronologique) J. L. Austin, Quand Dire c'est Faire, 1962, tr. fr. 1979, Paris, Seuil, coll. "Points". J. R. Searle, Les actes de langage, Paris, Hermann, coll. "Savoir : lettres", 1972. R. Kayne, L’inversion du sujet en français dans les propositions interrogatives, « Le français moderne », 41 (1973), pp. 10-42. M. Gross, Méthodes en syntaxe, Paris, Hermann, 1975. B. de Cornulier, L’incise, la classe des verbes parenthétiques et le signe mimique, « Cahier de linguistique », 8 (1978), pp. 53-95. F. Armengaud, La pragmatique, 1985, PUF, Coll. "Que sais-je ?". A. Delaveau, La Voix et les bruits. Note sur les verbes introducteurs du discours rapporté, « LINX » 18 (1988), pp. 125-135. H. H. Clark, R. J. Gerrig, Quotations as demonstrations, « Language », 66 (1990), pp. 764-805. M. Monville Burston, Les verba dicendi dans la presse d’information, « Langue Française », 98 (1993), pp. 48-66. O. Bonami, D. Godard, J.-M. Marandin, Constituency and word order in French subject inversion, in G. Bouma, E. Hinrichs, G.-J. Kruijff, R. Oerhle (éds.), Constraints and Resources in Natural Language Syntax and Semantics, Stanford, CSLI Publications, 1999, pp. 21-40. A. Kathol, Linear Syntax, Oxford, Oxford University Press, 2000. F. Récanati, Open Quotation, « Mind » 110, (2001), pp. 637-687. L. Perrin, Les formes de la citation au style direct, indirect et indirect libre, « Faits de langue », 94 (2002), pp. 147-158. J.-M. Marandin, Inversion du sujet et discours dans les langues romanes, in D. Godard (éd.), Les Langues Romanes, Paris, CNRS Editions, 2003, pp. 345-392. P. Mertens, Quelques aller-retour entre la prosodie et son traitement automatique, « Le français moderne », 72 (2004), 39-57. E. Delais-Roussarie, Vers une Grammaire prosodique formelle : le cas des incidentes en français, in Actes électroniques de la conférence Interface Discours et Prosodie 05, Université de Provence, 2005.