
On introduit l’étude classique de Boons sur la polarité aspectuelle des verbes (verbes
initiaux, médians, finaux) et les types de compléments locatifs que ces verbes
admettent (un seul complément, de même polarité que le verbe, ou plus).
L’exposé décrit ensuite le système de Laur, qui classe les verbes de mouvement en
fonction de trois critères : leur polarité aspectuelle, l’implication d’un changement de
lieu (vs un simple changement d’orientation ou de distance), et la nature de la relation
locative impliquée par le verbe (interne, c’est-à-dire entraînant un contact ou une
inclusion de la cible dans le site, ou, à l’inverse, externe). Les concepts de lieu de
référence verbale et de congruence du verbe et du complément locatif sont également
présentés.
15h-16h
Margaret Dunham : « Classes locatives et verbes de mouvement auxiliarisés en langi »
1. Les classes nominales et les classes locatives
Dans les langues à classes nominales, l’ensemble du stock lexical est réparti en un
certain nombre de classes. Ces classes jouent un rôle à la fois morphologique,
syntaxique et sémantique.
La plupart des classes s’associent par paires régulières, en opposition singulier/pluriel.
Les classes jouent un rôle lexical : un thème ou racine peut se décliner en plusieurs
classes, avec un sens différent selon la classe. Ceci dit, le sémantisme des classes ne
peut pas se dégager de manière claire.
(1) cl. 1 mʊ-kaaya ‘voisin’, cl. 2 va-kaaya ‘voisins’
cl. 7 kɪ-kaaya ‘village’, cl. 8 vi-kaaya ‘villages’
cl. 9 kaaya ‘ferme’, cl. 10 kaaya ‘fermes’
Les classes jouent également un rôle syntaxique, flexionnel : tous les éléments qui
dépendent du nom s’accordent avec celui-ci au moyen d’un certain nombre de préfixes
de dépendance, dont la forme varie avec la nature de ce qui est accordé (adjectifs,
démonstratifs, numéraux, possessifs…). Exemple :
(2) ʊra mwaana mʊdudi aabɔha
ʊ-ra mʊ-ana mʊ-dudi a-a-bɔh-a
PD21-dém PI1-enfant PD11-petit PS1-PARF-être.beau-PARF
‘Ce petit enfant-là est beau.’
Il n’y a que deux classes locatives en langi, les classes 16 et 17. Ces classes ne
comportent qu’un seul thème, hantʊ et kʊntʊ, dont le premier réfère à un endroit
plutôt proche, connu, et le deuxième à un endroit plutôt vague. Leur emploi en langi
est considérablement réduit, alors que beaucoup de langues ont trois classes locatives,
où la classe 16 réfère à un endroit conçu comme une surface, la classe 17 à un endroit
ou lieu, et la classe 18 à l’espace intérieur.
L’accord des déterminants du substantif se fait tantôt en classe locative tantôt d’après
la classe du substantif inclus, selon à la fois la nature particulière du déterminant et le
sens. En langi par exemple :
(3) wɛrwii yaa ɲʊmba nɪ kwiirʊ
¯ø-wɛrʊ-i ɪ-a ɲ-ʊmba nɪ kʊ-irʊ
PI9-dehors-LOC PD29-DET PI9-maison PRES PD117-noir
‘L’extérieur de la maison est noir.’