R : Certainement, cela va de soi. Dans un pays démocratique, il est nécessaire de discuter et de tenir
compte de tous les paramètres. La France est déterminée à soutenir une énergie nucléaire compétitive
et sûre. François Hollande a également rappelé que nous obtiendrions le savoir-faire dans le domaine
de la fermeture des centrales nucléaires ce qui est en soi un grand marché. Il faut prévoir que toute
centrale devra être arrêtée un jour.
Q : Vous-êtes donc persuadé qu’Areva poursuivra à cent pour cent ses efforts visant à décrocher
l’appel d’offres relatif à Temelin ?
R : Je n’en doute pas. Je suis convaincu aussi qu’Areva sera officiellement soutenue par l’Etat
français. Ce n’est pas un seul contrat qui est en jeu. Du point de vue de l’ensemble de l’Europe,
beaucoup d’autres choses sont en jeu. La concurrence d’Asie monte, il nous faut le savoir-faire, attirer
et former une nouvelle génération, développer notre base industrielle. Et nous nous y concentrons
même dans nos relations avec la RT, y compris l’envoi d’étudiants tchèques en France.
Q : La société CEZ a annoncé qu’elle préparait un autre appel d’offres relatif cette fois-ci au
partenaire stratégique pour la construction de Temelin. Prévoyez-vous que l’EDF souhaite prendre
part à cet appel d’offres ?
R : EDF et CEZ ont de bonnes relations depuis longtemps. Les deux sociétés se connaissent bien et
échangent leur expérience. L’information sur la possibilité que CEZ choisisse un partenaire est tout à
fait récente. Il s’agit de savoir si ce partenaire investirait, apporterait lui-même des avoirs ou
participerait à l’exploitation de la centrale. Je ne doute pas que les sociétés françaises pèseront
sérieusement cette possibilité. CEZ est un partenaire très sérieux et crédible et le projet de Temelin est
également très important.
Q : Ces derniers temps, on parle beaucoup en RT du fait que ses exportations sont excessivement
dépendantes des marchés européens, et notamment de ceux allemands. Dans un certain sens, la
situation en France est semblable – l’Allemagne est aussi votre grand partenaire commercial…
R : Le commerce extérieur de la plupart des Etats-membres de l’Union européenne est en fait de 70 à
85% formé par les échanges au sein de l’UE. C’est normal, nos économies sont étroitement
interconnectées. En même temps, nous savons que dans les zones plus éloignées – en Asie de l’Est, en
Inde – les marchés sont en plein essor. Et il est compréhensible que les sociétés françaises et tchèques
cherchent à pénétrer sur ces marchés. Mais il est tout aussi vrai que pour être fort, vous devez être fort
sur le marché intérieur. Pour les sociétés tchèques et françaises cela signifie d’être fort sur le marché
européen. Il est sage d’exporter vers l’étranger, dans des pays non-européens, mais parfois c’est plus
compliqué ou plus cher.
Q : Certes, c’est plus cher pour les sociétés basées dans un petit pays tel que la RT, notamment si on
considère le soutien des entreprises françaises ou allemandes par leurs gouvernements respectifs.
R : C’est pourquoi il est important de créer des programmes communs, de travailler sur des projets
communs. C’est le cas du nucléaire aussi.
Q : Vous parlez de projets communs entre les sociétés françaises et tchèques au nom de la conquête
des marchés non-européens ?
R : Exactement. Les sociétés françaises et tchèques opèrent sur le marché libre, au sein d’une
économie de marché. C’est à elles qu’il revient de travailler là-dessus. Les bases d’une telle
coopération sont constituées par le marché commun européen, ce qui veut également dire que nous