15 octobre 2001 : Atelier 1 « Les zones humides et la gestion de l`eau

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15 octobre 2001 : Atelier 1 « Les zones humides et la gestion de l’eau »
Indice eaux douces et zones humides : évaluation de 16 pays européens
Philippe Weiler, Fonds mondial pour la nature (WWF), Belgique
Qu’est-ce que l’indice Eaux douces et zones humides ?
L’indice Eaux douces et zones humides (Water and Wetland Index) du WWF est une initiative paneuropéenne qui évalue l’état des principaux écosystèmes d’eau douce (fleuves, lacs, zones humides), les
pressions qu’ils subissent et la façon dont ils sont gérés, ainsi que l’action des politiques nationales dans le
domaine de l’eau douce. Pendant la première phase, 16 pays européens ont été évalués (10 pays de l’UE, 5
pays candidats à l’UE et la Suisse).
Qu’évalue-t-on ?
La première phase (décrite dans ce document) évalue « l’état écologique » et la fragmentation des cours
d’eau, les principales pressions qui pèsent sur les écosystèmes d’eau douce (par exemple l’agriculture,
l’industrie, les ménages et le tourisme), la situation des espèces d’eau douce menacées, les différents
aspects de la gestion durable des ressources en eau et la qualité des programmes de surveillance. Pendant
la deuxième phase (qui sera lancée en 2002), l’indice se concentrera sur la réponse apportée par les
autorités nationales en matière de gestion des écosystèmes d’eau douce. Après 2002, l’indice Eaux douces
et zones humides deviendra une étude régulière du WWF couvrant la plupart des pays européens.
Comment sont recueillies les informations ?
L’indice a été développé en étroite collaboration avec les bureaux du WWF et les organisations partenaires
des 16 pays chargés de recueillir les renseignements à partir des conclusions de surveillance nationale et
d’autres sources d’informations (notamment EEE et OCDE). Le programme européen « Eaux douces »
du WWF a été chargé de la coordination de l’ensemble.
L’indice Eaux douces et zones humides, une base pour déterminer des priorités d’actions
L’indice Eaux douces et zones humides est une photographie de l’état écologique actuel des zones
humides d’Europe et de la volonté des gouvernements à gérer efficacement leurs ressources en eau. Il
représente donc une base pour déterminer des priorités d’actions. L’Indice utilise comme guide les critères
de la nouvelle directive-cadre sur l’eau de l’Union Européenne, en particulier l’obligation de mettre en
œuvre une gestion intégrée des bassins versants et d’atteindre et maintenir un « bon état écologique » de
tous les milieux aquatiques.
L’indice est un outil unique pour identifier les points forts et les points faibles de l’action des
gouvernements en matière de gestion de l’eau et des zones humides dans toute l’Europe, mais aussi pour
mener des actions de lobby. Il aide les bureaux du WWF et les ONG partenaires à comprendre les
principaux enjeux liés à l’eau douce dans leur pays, à déterminer à quel niveau une action particulière est
nécessaire, et il contribue à la mise en œuvre d’une gestion des bassins versants. Enfin, cet indice apporte à
l’opinion publique des informations environnementales claires, compréhensibles et accessibles sur les
enjeux liés à l’eau douce.
Les pays sont-ils suffisamment actifs pour préserver leurs zones humides et leurs ressources en
eau ?
Conclusion 1 : En Europe, 50 cours d’eau sur 69 présentent une qualité écologique médiocre en raison de
l’impact de la canalisation, des barrages, de la pollution et de l’altération des régimes hydrologiques.
5 des 55 cours d’eau sélectionnés sont considérés comme quasiment intacts en terme de caractéristiques
biologiques, chimiques et hydro-morphologiques. Il s’agit du Teno (Finlande), Wye et Usk (Pays de
Galles), Derwent (Angleterre) et Coe (Écosse). A l’heure actuelle, le critère de « bon état écologique »
défini par la directive-cadre sur l’eau n’est satisfait qu’au niveau de la partie amont des 14 plus grands
fleuves d’Europe, parmi lesquels le Rhône, la Seine et la Loire en France. Les cours d’eau sont sévèrement
fragmentés dans plus de la moitié des pays européens. 37 fleuves sur 55 sont fortement touchés par la
fragmentation au niveau de leur lit principal et de leurs affluents.
Conclusion 2 : Les gouvernements font peu d’efforts pour protéger la biodiversité des écosystèmes d’eau
douce au sein du "réseau nature" de l’Europe.
11 pays sur 16 n’ont pas les informations suffisantes pour évaluer les effets à moyen terme des activités de
l’homme sur la biodiversité des espèces d’eau douce (espèces menacées). Les listes nationales des espèces
menacées sont inadaptées, périmées, voire inexistantes en Hongrie, Slovaquie, Grèce, Espagne, Bulgarie et
Turquie. En matière de biodiversité des espèces menacées d’eau douce des évolutions négatives ont été
observées en Suède, Autriche et Belgique (Flandre). Des conditions stables ont été relevées en Belgique
(Wallonie) et en Finlande alors qu’une évolution positive est visible au Danemark. Aucun des 10 États
membres de l’UE ne répond aux critères Natura 2000 concernant le processus de désignation. La France
présente d’importances lacunes en matière d’information.
Conclusion 3 : Dans la plupart des pays européens, les systèmes de surveillance de l’environnement ne
permettent pas de préserver correctement les ressources en eau.
L’Autriche, la Belgique (Flandre), le Danemark, la Hongrie, l’Estonie, l’Angleterre et le Pays de Galles sont
en première ligne des pays qui appliquent des programmes nationaux de surveillance relatifs à l’utilisation
de l’eau et à la façon dont les différents secteurs exercent des pressions sur l’état quantitatif des eaux et/ou
dégradent la qualité de l’eau. Les informations relatives à l’impact des différents secteurs (par ex.
l’agriculture, l’industrie, les ménages, le tourisme) sur la qualité et la quantité de l’eau sont insuffisantes en
Belgique (Wallonie), en France, en Grèce, en Irlande du Nord, en Écosse, en Espagne, en Bulgarie, en
Slovaquie et en Turquie. La Belgique, la France, la Grèce, l’Espagne, la Suisse, le Royaume-Uni et les cinq
pays candidats manquent cruellement de données fiables sur la pollution diffuse (nitrates, phosphates,
pesticides et autres contaminants).
Gestion intégrée des ressources en eau : le défi de demain
La gestion des bassins versants
Dans la plupart des pays européens, la gestion des zones humides et des ressources en eau est encore
effectuée selon des frontières politiques ou administratives nationales. Cependant, la situation est sur le
point de changer. La mise en œuvre de la nouvelle directive-cadre sur l’eau de l’Union Européenne oblige
tous les États membres de l’UE, ainsi que les pays candidats, à mettre en œuvre une « gestion intégrée des
ressources en eau ». La gestion des cours d’eau devra se faire en fonction des frontières naturelles d’un
bassin fluvial et non plus d’après les frontières fixées par l’homme. La gestion des bassins versants est
également un des objectifs d’autres organismes internationaux comme la Banque Mondiale, le FEM,
l’UICN, la Convention de Ramsar et le Conseil Mondial de l’Eau.
Une « bonne » qualité écologique de tous les milieux aquatiques.
Autre objectif tout aussi important de la directive-cadre sur l’eau : les pays doivent prévenir toute nouvelle
détérioration de leurs eaux mais aussi les protéger, les mettre en valeur et les restaurer afin d’atteindre un
état écologique « bon » ou « très bon »1 de tous leurs cours d’eau d’ici 2015. Pour réaliser cet objectif, les
« Bon état » ou « très bon état »: défini par la directive-cadre sur l’eau de l’Union Européenne comme une
mesure indiquant à quel point l’état d’un cours d’eau diffère (ou se rapproche) de l’état "non perturbé". La qualité de
l’eau (état chimique) à proprement parler est une condition nécessaire mais non suffisante pour atteindre un état
"bon". Par exemple, un fleuve peut posséder une eau de bonne qualité mais être aménagé de telle manière qu’il
1
pays doivent commencer à élaborer des programmes de gestion et de surveillance des bassins versants.
D’ici 2004, ils doivent avoir analysé les caractéristiques naturelles, les pressions, les impacts et l’utilisation
de l’eau au niveau des bassins versants et, d’ici 2006, avoir mis en œuvre un programme de surveillance
efficace. Les pays candidats devront respecter les mêmes réglementations et délais d’ici leur date
d’adhésion alors que les pays non-membres de l’UE adopteront une approche similaire.
Informations complémentaires :
http://www.panda.org/europe/freshwater/wwi/phase1/overview.html
n’offre plus à l’homme certains services essentiels comme le contrôle des crues, la pêche et les loisirs et qu’il a
perdu une grande partie de sa biodiversité.
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