BTJ n° 420 La circulation du sang
(octobre 1996)
Le reportage LA CIRCULATION DU SAND a été mis au point par Jean-Charles PRAT et
Régine GALAN avec la participation de l'ICEM : Denis LAVAUZELLE, Gérard
LEGRAND, Antoine MICHELOT, Jean-Pierre RADIX et leurs classes, ainsi que Monique
BERTET, Jean-Marie BOUTINOT, Laurent DESPAUX, Eric JOFFRE, Alain LEMASLE,
Bruno PARMENTIER-BERNAGE, Danièle SCHEIDECKER.
Le travail de cette équipe a été coordonné par Antoine MICHELOT.
Ont participé à la dernière mise au point du texte : Clem BERTELOOT, Jean-Pierre
JAUBERT, Anne GARY, Sophie GERBAUDO, Anifa SAUVADET, Elisabeth ANFOSSO.
Pages de couverture :
C'est en se blessant ou en se cognant que l'on s'aperçoit que le corps contient du sang : il coule
ou forme un amas que l'on appelle un « bleu ».
Quel est le rôle du sang dans l'organisme, comment circule-t-il dans le corps : autant de
questions auxquelles cette BTJ apporte des réponses.
Tout le monde sait que le sang est indispensable à la vie. En perdre une grande quantité peut
entraîner la mort. Les hommes n'ont pas toujours su comment le sang circulait à l'intérieur du
corps. Ce n'est qu'au XVIIe siècle que le chirurgien du roi d'Angleterre, William Harvey,
découvrit le principe de la circulation du sang. Aujourd'hui, des appareils perfectionnés
permettent aux médecins d'observer ce qui se passe dans notre corps, de vérifier le
fonctionnement du cœur et même de le changer si besoin.
Cette BTJ te fera mieux connaître le fonctionnement de cet organe que tu sens battre
continuellement dans ta poitrine, plus ou moins vite selon tes efforts ou tes émotions.
Bibliographie et prolongements :
- Pour en savoir plus il est possible de consulter Le sang dans la collection Périscope.
- Des précisions sur certaines fonctions vitales évoquées dans cette BTJ pourront être trouvées
dans les BTJ n03 216 (Je digère) et 370 (Nos repas) ou dans les albums BTJ portant ces
mêmes titres, ainsi que dans le n° 408 (Je respire).
Pour les adultes qui veulent aider les enfants à lire cette BTJ
Il importe surtout d'écouter les enfants et de répondre à leurs questions. Les problèmes de la
qualité du sang transfusé ont suffisamment défrayé l'actualité pour que les enfants se soient
interrogés sans toujours avoir eu les bonnes réponses à leurs questions.
C'est une bonne occasion pour donner ou pour rappeler aux enfants quelques consignes à
observer en cas de blessure, aussi bien pour eux-mêmes que pour un(e) camarade.
Il en est de même pour les règles d'hygiène élémentaire, pour les précautions à prendre en cas
d'effort violent. On peut aussi préciser les raisons pour lesquelles certains aliments doivent
figurer obligatoirement dans leur alimentation.
Le sang circule dans ton corps
Tu as pu constater que ton corps contient du sang. Une petite blessure ou un saignement de
nez et le sang apparaît. Si ce saignement ne dure que quelques instants, ce n'est pas grave : un
peu de désinfectant, un petit pansement et, dans peu de temps, tu n'y penseras plus.
Par contre si la perte de sang est importante, l'intervention d'un médecin sera peut-être
nécessaire : le sang est indispensable ; en perdre une trop grande quantité peut mettre la vie en
danger.
La présence du sang dans le corps est visible dans d'autres circonstances. Un choc peut
entraîner une bosse ou un « bleu » (on dit un hématome) sans que le sang coule : une petite
poche de sang s'est formée sous la peau.
Après une longue course ou un jeu violent tu deviens rouge et ton cœur bat plus vite : cela
aussi prouve que le sang circule dans ton corps.
Chez certaines personnes les vaisseaux sont apparents sur les poignets, les avant-bras ou les
jambes.
En posant les doigts sur ces vaisseaux, il est possible de sentir le passage du sang.
Qu'est-ce que le sang ? Comment circule-t-il ? A quoi sert cette circulation ? Pourquoi le cœur
bat-il plus vite après un effort ?
C'est à toutes ces questions que cette BTJ va tenter de répondre.
Au cours d’un effort physique, le cœur bat plus vite.
Quand on s’arrête, on est tout essoufflé.
Qu’est-ce que le sang ?
Quand ton sang coule, tu peux constater que c'est un liquide plus épais que l'eau et qui sèche
assez rapidement : on dit qu'il coagule. En coagulant, le sang bouche très vite la plaie si celle-
ci est peu importante.
La quantité de sang contenue dans le corps dépend de la taille et du poids de la personne :
environ 5 litres pour un adulte de taille moyenne.
Le sang est constitué d'environ 90 % d'eau. Dans cette eau sont dissous des protéines* et un
grand nombre de sels minéraux : sodium, potassium, magnésium, calcium...
L'ensemble forme le plasma qui est un liquide presque incolore.
Les globules rouges sont de forme sphérique. Le sang en contient environ 5 millions par
millimètre cube**. Leur durée de vie est courte et ils sont continuellement renouvelés. Ils
contiennent une substance rouge, l'hémoglobine, qui donne sa couleur rouge aux globules
rouges du sang.
Le sang contient aussi des globules blancs, beaucoup plus gros que les rouges : 5 000 à 8 000
par millimètre cube.
On y trouve également des plaquettes sanguines en forme d'écailles, deux fois plus petites que
les globules rouges. Le sang en contient 250 000 par millimètre cube. Elles jouent un rôle
important dans la coagulation.
* Protéines : substances existant dans certains aliments comme le lait, la viande, le poisson, les œufs,
indispensables à la croissance et à l'entretien des muscles et de certains organes.
** Millimètre cube : volume d'un cube de 1 mm d'arête.
Le rôle du sang
En circulant dans tout le corps le sang transporte des éléments indispensables à la vie des
millions de cellules dont le corps est constitué.
Pour se développer, elles ont besoin d'oxygène et de nutriments qui proviennent de la
transformation des aliments.
L'activité des cellules produit des déchets qui doivent être évacués. C'est aussi le sang qui
assure cette fonction.
Le circuit de l’oxygène
Au cours de la respiration, l'air pénètre dans les poumons. Les globules rouges du sang
contiennent de l'hémoglobine qui a la propriété de retenir l'oxygène contenu dans l'air inspiré.
Le plasma transporte ces globules rouges chargés d'oxygène par des vaisseaux sanguins (voir
p. 14) dont les plus petits, les vaisseaux capillaires, les conduisent dans tous les tissus* de
notre corps. L'oxygène est alors libéré dans les cellules.
L'activité cellulaire produit du dioxyde de carbone (appelé aussi gaz carbonique) que le sang
reconduit dans les poumons. Il est rejeté au moment de l'expiration.
Les globules rouges se chargent à nouveau d'oxygène et le circuit recommence.
* Tissus : ensemble de cellules de même forme et de même fonction. Exemple : le tissu osseux.
Le circuit des nutriments
Au cours du repas les aliments fournissent les nutriments indispensables à la vie des cellules
de notre corps. Certains peuvent être directement utilisés ; d'autres sont transformés par la
digestion à l'intérieur de l'estomac.
La bouillie qui en résulte aboutit dans l'intestin grêle dont les parois laissent filtrer une partie
des nutriments. Ils sont alors pris en charge par le sang qui les transporte jusqu'aux cellules.
Le circuit des déchets
Chaque cellule reçoit donc de l'oxygène et des nutriments qu'elle utilise pour produire de
l'énergie. Il en résulte du dioxyde de carbone mais aussi d'autres déchets que le sang
transporte jusque dans les reins où il est filtré.
Les déchets retenus, dissous dans l'eau, forment l'urine accumulée dans la vessie.
Le système de défense
Par les orifices naturels, en mangeant, en respirant ou par une plaie accidentelle, des microbes
ou des virus* peuvent pénétrer dans notre corps qui, alors, réagit.
Les globules blancs
II existe plusieurs sortes de globules blancs qui se trouvent dans le sang mais aussi dans
d'autres parties du corps comme la moelle osseuse.
Certains d'entre eux, les macrophages**. ont le pouvoir de détruire directement les microbes
en les enveloppant puis en les digérant.
Quand l'invasion microbienne est trop importante, il arrive que des globules blancs meurent.
C'est ce qui constitue le pus qui se forme sur certaines plaies.
Les anticorps
Les microbes produisent des toxines, sortes de poisons pouvant provoquer des maladies.
C'est dans le sang que se forment des substances appelées anticorps qui ont pour rôle de
défendre l'organisme contre ces toxines.
De ce fait, l'action des microbes est enrayée : on dit que l'organisme est immunisé***.
* Virus : micro-organisme capable de pénétrer dans l'organisme et de provoquer des maladies.
** Macrophages : vient du grec makros, « grand », et phagein, « manger ».
*** Immunisé : l'organisme est immunisé lorsqu'il est capable de résister à l'infection microbienne ou aux
toxines.
L’immunité
Dans l'organisme, après une première infection, des globules blancs conservent le pouvoir de
lutter rapidement contre les microbes. C'est pourquoi certaines maladies ne peuvent être
contractées deux fois. Cette immunité naturelle existe aussi au moment de la naissance : elle a
été transmise par la mère pendant la grossesse et est renforcée par l'allaitement.
Pour d'autres maladies, cette immunité n'existe pas. Il faut alors avoir recours à la vaccination.
Le vaccin permet la production d'anticorps par l'organisme. La vaccination a permis
d'empêcher que de graves épidémies se reproduisent ; ainsi certaines maladies ont presque
disparu.
Enfin, si la maladie se déclare, il est nécessaire de faire appel aux médicaments comme les
antibiotiques capables d'éliminer les microbes.
Les globules blancs et les anticorps qui constituent le système de défense de l'organisme sont
parfois impuissants à lutter contre certains virus. Il arrive même que les vaccins ou les
médicaments soient sans effet.
Certains virus, ayant pénétré dans le sang, empêchent la formation d'anticorps, ce qui affaiblit
le système de défense : c'est le cas du virus du SIDA.
L'organisme est alors vulnérable à tous les microbes : ceux-ci provoquent des maladies
pouvant entraîner la mort.
Le système circulatoire
Le sang circule dans des conduits, les vaisseaux sanguins. L'organisme en compte plus de 150
km, depuis les plus gros, veines et artères, jusqu'aux plus petits, les vaisseaux capillaires aussi
fins que des cheveux. Tout l'ensemble constitue le système circulatoire.
Le cœur, par ses battements, donne l'impulsion nécessaire au déplacement du sang dans le
corps.
C'est un muscle creux qui comprend quatre cavités* : deux ventricules et deux oreillettes.
Leur contraction puis leur relâchement expulsent ou aspirent le sang environ toutes les
secondes.
Le passage du sang dans les artères produit des pulsations que l'on perçoit en prenant le
pouls** sur les parties du corps où ces gros vaisseaux sont proches de la surface de la peau.
* Cavité : partie creuse et vide.
** Pouls : comme pulsation, ce mot vient du latin pulsus, « battement ».
Sur ce schéma simplifié du système circulatoire, les artères sont indiquées en rouge et les veines en bleu.
Parfois, le cœur bat plus vite
Le sang apporte aux organes, au cerveau, aux muscles l'oxygène et les nutriments nécessaires
à leur fonctionnement. Pendant un effort intense, une course rapide par exemple, les muscles
consomment 10 à 20 fois plus d'oxygène et d'énergie que pendant le repos. La production des
déchets est alors beaucoup plus élevée.
C'est le manque d'oxygène et de nutriments et la production importante des déchets qui
produit la fatigue.
Pour faire face aux besoins accrus de l'organisme, le cerveau commande une augmentation
des battements du cœur. Le sang circule alors plus rapidement et ravitaille plus vite les
cellules en même temps qu'il évacue plus vite les déchets.
Le nombre des pulsations par minute peut alors passer de 60 à 180. Nous ressentons un
essoufflement et nous avons chaud.
Il n'y a pas que l'effort qui peut faire augmenter le rythme cardiaque : une grande surprise, une
émotion, la peur peuvent accélérer les battements du cœur. La fièvre également ; c'est
pourquoi le médecin prend le pouls des personnes qui viennent le consulter.
On peut contrôler le rythme cardiaque en établissant un électrocardiogramme. Cet examen est
nécessaire pour surveiller la santé des sportifs ou des personnes âgées.
Les accidents circulatoires
Les maladies du système circulatoire sont nombreuses. Elles peuvent concerner la
composition du sang, sa circulation ou le cœur lui-même.
Les maladies du sang
L'anémie provient d'un manque de globules rouges donc d'hémoglobine. Elle se traduit par un
affaiblissement général et une certaine pâleur.
L'hémophilie est une maladie qui empêche le sang de se coaguler. En cas de blessure, même
bénigne, cela peut provoquer une hémorragie, perte importante de sang qui peut mettre la vie
en danger. Les organes du corps, le cerveau en particulier, n'étant plus irrigués* peuvent alors
cesser de fonctionner.
La leucémie se manifeste par un accroissement anormal du nombre des globules blancs,
entraînant une anémie qui peut être mortelle.
Il existe d'autres maladies du sang, liées à sa composition ou au manque d'anticorps (voir p.
13). Le médecin peut les déceler en effectuant une prise de sang suivie d'une analyse faite en
laboratoire.
Les maladies du cœur
Le cœur étant un muscle, ses cellules sont elles-mêmes alimentées par le sang par des
vaisseaux sanguins. Il peut donc être affecté par les maladies liées à la composition du sang et
par celles qui perturbent la circulation.
Par exemple, l'obstruction d'une artère peut provoquer une crise cardiaque appelée infarctus.
Il peut se produire également un ralentissement du rythme cardiaque, le cœur ne pouvant plus
répondre aux besoins du corps. Il faut alors le stimuler à l'aide d'un petit appareil, le pace-
maker**, appelé aussi « pile cardiaque ».
* Irrigué : qui reçoit un flot de liquide, ici du sang.
** Pacemaker : mot anglais signifiant « régulateur d'allure ».
Les troubles circulatoires
Diverses causes peuvent entraîner une mauvaise circulation du sang. Le cœur lui-même peut
en être responsable, mais aussi les différents vaisseaux, veines ou artères qui doivent rester
élastiques et ne pas être bouchés par un excès de graisse par exemple.
Le manque d'élasticité peut provoquer des varices.
L'alimentation joue un grand rôle dans le bon fonctionnement du système circulatoire. Il est
important d'éviter les excès de sucre, de graisse, d'alcool et de tabac.
Les exercices physiques, bien contrôlés, facilitent la circulation sanguine.
Les varices sont des dilatations permanentes des veines dont les parois se fragilisent.
La transfusion sanguine
En cas d'hémorragie ou au cours d'une opération le corps peut manquer de sang. Le médecin
doit alors pratiquer une transfusion : le « donneur » doit être du même groupe sanguin que le
« receveur ».
Le don de sang est bénévole* dans beaucoup de pays, dont la France. C'est un acte de
solidarité qui peut contribuer à sauver des vies.
Le sang des donneurs doit être sérieusement contrôlé afin d'éviter que des microbes ou des
virus portés par le donneur soient transmis au receveur.
Quand une personne sait à l'avance qu'elle doit subir une intervention chirurgicale, on peut lui
prélever du sang qui sera utilisé, si besoin, au cours de l'opération : c'est l’autotransfusion.
* Bénévole : qui exécute un travail ou une action volontairement et gratuitement.
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