Enfin, le premier plan de la photographie (doc 1) fait apparaître un
territoire encore en friche, celui de l’île Seguin, objet de nombreux débats
depuis le départ de Renault. Représentant une importante réserve d’espace
au cœur d’une agglomération saturée, elle est au cœur d’enjeux à différentes
échelles, locale mais aussi nationale.
Schéma : les anciens terrains Renault juxtaposent trois quartiers dont
l’aménagement se fait selon des temporalités différentes
Le quartier du Pont de Sèvres, vendu par
Renault dans les années 70 à la ville, qui y a
construit des logements sociaux, en réponse à
la pénurie de logements. Urbanisme de dalle.
Le quartier du Trapèze, un écoquartier
construit depuis le début des années 2000, fin
du chantier prévu en 2017
L’Ile Seguin, un terrain encore en friche, et
dont l’aménagement fait l’objet de débats
depuis 20 ans, à l’échelle locale et nationale.
Au-delà de la différenciation spatiale et temporelle des anciens terrains
Renault, la photographie (doc 1) met en évidence l’un des enjeux qui sous-
tend l’aménagement de ce territoire, un enjeu patrimonial. En effet, la
photographie, réalisée par deux élèves du lycée, est un photomontage
mettant en scène un ouvrier qui, revenu du passé, observerait avec stupeur
ce qu’est devenu son lieu de travail. On voudrait rassurer cet ouvrier, et lui
dire qu’il reste des traces de son lieu de travail. C’est une des questions qui
s’est posée aux aménageurs : faut-il faire table-rase du passé, et éliminer
toute trace du passé industriel de la ville, profitant ainsi pleinement de la
réserve d’espace rendue disponible par le départ des usines Renault, ou faut-
il conserver la mémoire et protéger ce qu’on appelle depuis peu « le
patrimoine industriel » ? Cette préoccupation est nouvelle ; on peut la faire
remonter en France aux années 80, lorsqu’on décide de ne pas détruire la
gare d’Orsay mais de la transformer en musée, là où quelques années
auparavant on avait détruit sans état d’âme les Halles construites par Baltard.
Elle se traduit à Boulogne par la conservation du pont Daydé, ou le porche
d’entrée de l’usine, formes emblématiques du quartier, ont été conservés. La
photographie présentée ici à l’analyse (doc 1) témoigne de cet intérêt porté à
la reconversion d’un ancien terrain industriel : celle de ses auteurs, mais aussi
celle du jury, qui lui permet de remporter le « concours photo » 2011. Il est
d’ailleurs significatif que l’autre photo vainqueur ex-aequo du concours
représente ce fameux pont bleu, à l’architecture métallique.
Une autre logique, environnementale, entre en jeu dans
l’aménagement des anciens terrains Renault, comme le montre la publicité
(doc 2). La préoccupation environnementale, qui émerge en 1992 (sommet de
la Terre, Rio), est à l’origine d’un nouveau concept, celui de ville durable
(Charte d’Aalborg, 1994). Une ville est « durable » si elle prend en compte
conjointement des enjeux sociaux (mixité sociale), environnementaux (faible
empreinte écologique) et économique (attractive pour les entreprises). La
publicité témoigne de la préoccupation environnementale, par son slogan :
« portez un nouveau regard sur la nature », « bien être et nature », « un
nouvel art de vivre », mais aussi par le choix des photographies, qui insistent
sur la présence de la végétation et par la charte graphique de la publicité,
réalisée sur un fond vert. Pourtant, une lecture plus critique du document