ZOCK Thierry Vickers
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Cours de Comportement Organisationnel (DSY 101)
Chaire DSO: Yvon PESQUEUX
FICHE DE LECTURE
LE DESTIN TECHNOLOGIQUE
Par Jean-Jacques Salomon
Collection Folio actuel
Gallimard
Éditions Bolland, 1992
CNAM
Conservatoire National des Arts et Métiers
292 rue Saint Martin 75003 Paris
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INTRODUCTION :LA DECOUVERTE DES LIMITES
« Le destin, c’est désormais la politique », disait Napoléon à
l’aube du XXIème siècle. L’enchaînement des choses considéré comme
nécessaire, ce à quoi nul n’échappe, même les dieux.
A l’aube du XXIème, la technologie a-t-elle pris le relais ?
La technologie n’est pas l’habit contemporain de l’enchaînement
nécessaire des choses. La partie n’est pas jouée tant que les hommes
ont conscience leurs limite, si grands que soient les pouvoirs dont ils
se dotent grâce à la technologie.
Limiter, réguler, contrôler le changement technique, réfréner son
rythme, corriger sa direction, maîtriser sa nature : tel est l’enjeu du
XXIème siècle, à moins d’accepter le recul de la vie et la fin de l’histoire
humaine.
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CHAPITRE 1 L’éthique de la peur
A la source de la science moderne, le projet cartésien visait à
rendre l’homme « maître et possesseur de la nature ».
Aujourd’hui : on ne parle plus que de « maîtrise sociale de la
technologie ». Arroseurs arrosés, apprentis sorciers, démiurges pris à
nos propres pièges.
Le rapport de l’homme moderne à la technique pose une question
métaphysique, mais en quoi la nature de la technique contemporaine,
la technologie a-t-elle changé ce rapport ?
Il est étrange que, au moment le pouvoir des hommes et des
femmes sur la nature, les choses, la matière et la vie n’a jamais
été aussi grand, le vertige de l’impuissance les saisisse, comme s’ils
n’étaient plus les auteurs, dispensateurs et manipulateurs de ce
pouvoir même.
En cette fin du XXème siècle, la science semble avoir pris
semble avoir pris la place qu’occupait au XIXème siècle la
capital dans les fantasmes de la récrimination collective : bouc
émissaire des dysfonctionnements et des injustices planétaires,
l’institution scientifique ne peut pourtant pas être isolée ni surtout
dissociée des structures économiques, sociales, culturelles qui
définissent la civilisation matérielle que nous produisons et
consommons. Cette éthique de la peur, forme nouvelle de
responsabilité fondée sur la retenue, la vigilance, le refus de la
transgression.
La peur des forces naturelles a guidé les premiers pas de
l’humanité vers le savoir.
La science conquérante et dominatrice guidée par les lumières est
entrée dans l’ère du soupçon. L’idée de limiter le désir du savoir. La
question est posée et la nécessité s’impose toujours davantage de
substituer les régulations politiques aux équilibres que les
débordements technologiques font imploser : pluies acides,
menaces pesant sur la biosphère, effet de serre, déchets
nucléaires dont la nuisance et irréversible, contrôle
démographique des naissance, procréation médicale assistée,
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clonage des espèces, recherche sur le génome humain dont les
conséquences sociales comportent peut-être plus de périls que
tous les fantasmes nucléaires.
La liste s’allonge des problèmes que soulève la dynamique des
innovations et le tête-à-tête de plus en plus artificiel de l’humanité
avec la nature.
Parler de maîtrise sociale de la technologie suppose que le
défi peut-être relevé. A quelles conditions et dans quelle mesure ?
Répondre à ces questions est l’enjeu de ce livre. Faire comprendre ce
qu’est la technologie, le rôle qu’elle joue dans la dynamique des
sociétés modernes, les liens qu’elle entretient avec le capitalisme, les
problèmes nouveaux qu’elle soulève, ce par quoi elle se distingue de la
technique, les impératifs enfin de la gulation politique et
d’éducation des citoyens qu’elle exige de fonder.
« La technologie au péril de la démocratie » tel aurait pu
être le sous-titre de ce livre. Ou encore : « technologie, capitalisme,
démocratie », non pas pour rivaliser avec le titre célèbre du dernier
livre de Schumpeter, mais pour répliquer aux prédictions que celui-ci
a formulées sur le destin du capitalisme, condamné à ses yeux à
mourir de ses succès, comme il était condamné aux yeux de Marx à
mourir de ses échecs. Le capitalisme tient bon malgré la prophétie de
l’un et de l’autre.
La capacité d’innovation du capitalisme apparaît plus grande
que jamais : la dynamique de la technologie est l’essence m^me du
capitalisme industriel.
On assiste à l’agonie du communisme dont Marx et Schumpeter
annonçait le triomphe.
Le grand débat ouvert par la révolution de 1917 est clos par défaut.
Le communisme a je l’éponge, le capitalisme repart de plus belle.
Mais les développements de la technologie posent des problèmes si
nouveaux et à une échelle si vaste, qu’ils mettent en question le sort
de la planète.
Le véritable enjeu n’est pas le destin du capitalisme, mais celui du
cadre de vie et de l’environnement menacés par certains de ces
développements. L’avenir des sociétés démocratiques se joue sur ce défi
de la régulation du changement technique.
Un défi que libéralisme et social démocratie, l’un et l’autre doivent
faire face car soumis du point de vue des activités de recherche et
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d’innovation aux mêmes contraintes d’une économie inévitablement
mixte.
Prométhée empêtré.
La résistance aux changements techniques.
La CEE m’incita à réfléchir sur les conditions nouvelles,
institutionnelles et politiques, qu’il fallait remplir pour favoriser
l’accueil et la diffusion des nouvelles technologies : informatique,
biotechnologie, nouveaux matériaux de synthèse etc.
La nouvelle bataille qui se joue est moins la question de la
productivité, de croissance économique à tout prix que
d’aménagement du cadre de vie, du contrôle de « l’ubris »
technologique, du respect pour les équilibres naturels au nom même
de la préservation de notre espèce.
Le capitalisme industriel a pour moteur l’innovation, le
changement engendre le changement : la croissance économique, les
progrès cumulatifs de la science et de la technologie, les
transformations : sociales s’accélèrent et se propagent. Le progrès n’a
qu’un signe, et il ne peut être que positif.
Dans cette saga optimiste de l’essor industriel européen, il y a bien
des ombres et des coûts : Les crises, les guerres, les massacres
dans lesquels la science et la technologie joueront un rôle de plus en
plus envahissant.
Ces bavures de l’histoire sont à mettre au compte des pertes et
profits. Elles n’empêchent pas la productivité de croître et avec elle
les marchandises, les échanges, la prospérité.
La technologie bute sur une frontière tracée par ceux-là mêmes
dont il s’évertue à transformer les conditions de vie.
Boucle bouclée : la science est prise à ses propres pièges et nul ne
peut plus céder à l’ivresse des utopies et du progrès sans savoir quel
est le coût.
Ce qu’enseigne le mythe de Prométhée, ce n’est pas
seulement l’ambivalence du rapport de l’homme à la technique, mais
d’abord que la technique est transgression par rapport aux dieux.
Il y a un lien entre la source grecque et la source judaïque.
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