
CHAPITRE 1 L’éthique de la peur
A la source de la science moderne, le projet cartésien visait à
rendre l’homme « maître et possesseur de la nature ».
Aujourd’hui : on ne parle plus que de « maîtrise sociale de la
technologie ». Arroseurs arrosés, apprentis sorciers, démiurges pris à
nos propres pièges.
Le rapport de l’homme moderne à la technique pose une question
métaphysique, mais en quoi la nature de la technique contemporaine,
la technologie a-t-elle changé ce rapport ?
Il est étrange que, au moment où le pouvoir des hommes et des
femmes sur la nature, les choses, la matière et la vie n’a jamais
été aussi grand, le vertige de l’impuissance les saisisse, comme s’ils
n’étaient plus les auteurs, dispensateurs et manipulateurs de ce
pouvoir même.
En cette fin du XXème siècle, la science semble avoir pris
semble avoir pris la place qu’occupait au XIXème siècle la
capital dans les fantasmes de la récrimination collective : bouc
émissaire des dysfonctionnements et des injustices planétaires,
l’institution scientifique ne peut pourtant pas être isolée ni surtout
dissociée des structures économiques, sociales, culturelles qui
définissent la civilisation matérielle que nous produisons et
consommons. Cette éthique de la peur, forme nouvelle de
responsabilité fondée sur la retenue, la vigilance, le refus de la
transgression.
La peur des forces naturelles a guidé les premiers pas de
l’humanité vers le savoir.
La science conquérante et dominatrice guidée par les lumières est
entrée dans l’ère du soupçon. L’idée de limiter le désir du savoir. La
question est posée et la nécessité s’impose toujours davantage de
substituer les régulations politiques aux équilibres que les
débordements technologiques font imploser : pluies acides,
menaces pesant sur la biosphère, effet de serre, déchets
nucléaires dont la nuisance et irréversible, contrôle
démographique des naissance, procréation médicale assistée,