3.2 L`approche macroéconomique du FMI

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Coûts des stabilisations
imposées
Susanne Joho
Daniela Hauser
Sébastien Jaunin
Séminaire : Politique macroéconomique
Enseignant : Pascal St-Amour
Assistant : Ivan Jaccard
Mai 2005
UNIVERSITÉ DE LAUSANNE – ÉCOLE DES HEC
Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
1
2
3
4
5
6
Introduction : Le FMI .................................................................................................................. 3
1.1
Financement du FMI .............................................................................................................. 3
1.2
Droits de tirage ....................................................................................................................... 3
1.3
Processus de prise de décision au sein du FMI ...................................................................... 4
Les programmes de stabilisation ................................................................................................. 4
2.1
Introduction et description des différents programmes .......................................................... 4
2.2
Conditionnalité ....................................................................................................................... 5
2.3
Historique des programmes de stabilisation .......................................................................... 6
2.4
Déroulement d’un programme de stabilisation ...................................................................... 7
Pourquoi équilibrer la balance des paiements ? ........................................................................ 8
3.1
Introduction ............................................................................................................................ 8
3.2
L'approche macroéconomique du FMI .................................................................................. 9
3.3
Le Modèle .............................................................................................................................. 9
3.4
L'effet de la variable instrumentale sur le "target" ............................................................... 11
3.5
Les Politiques suivant le modèle de Polak ........................................................................... 12
Évaluations des coûts de stabilisations et critiques des méthodes .......................................... 13
4.1
Modèle de base .................................................................................................................... 13
4.2
La méthode « before-after» .................................................................................................. 14
4.3
La méthode « with or without » ........................................................................................... 15
4.4
La méthode « GEE » ............................................................................................................ 15
4.5
Application de la méthode « GEE »..................................................................................... 16
Critiques du modèle macroéconomique et de la politiques du FMI ...................................... 17
5.1
Approche monétaire vs. Structuralisme ............................................................................... 17
5.2
Critique de l'efficacité des programmes de stabilisation temporels ..................................... 18
5.3
Critiques idéologiques ......................................................................................................... 20
Conclusion ................................................................................................................................... 20
Parler du FMI et de ses actions est un sujet assez dangereux; il est en effet facile de tomber dans des
critiques "partisanes" sans réel fondement économique comme on l'entend trop souvent. Afin d'éviter
un débat stérile, nous avons décidé d'une approche assez neutre.
Nous allons premièrement nous intéresser au fonctionnement du Fond monétaire international, ainsi
qu'aux programmes de stabilisation qui déterminent les réformes auxquelles les pays doivent se
confronter afin de bénéficier de l'appui du FMI. Nous allons aussi voir, grâce à la théorie économique,
ce qui amène justement des pays à demander l'appui du FMI; notamment les problèmes liés à la
balance des paiements.
Après cela nous allons décrire et critiquer différentes méthodes d'évaluation des coûts des
stabilisations. Nous allons voir que l'on peut arriver à des résultats contradictoires selon la méthode
utilisée.
Enfin, la dernière partie de notre séminaire sera consacrée à des critiques sur les méthodes du FMI.
Nous allons nous appuyer sur ce que nous avons vu afin de rester objectif.
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
2
UNIVERSITÉ DE LAUSANNE – ÉCOLE DES HEC
Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
1
Introduction : Le FMI
Le Fond Monétaire International a été créé par 45 pays fondateurs à la conférence de Bretton-Woods
en 1944, en même temps que la Banque Mondiale et le GATT ont vu le jour. Les pays participants
avaient tous en mémoire le profond désordre économique de la grande dépression qui avait précédé la
seconde guerre mondiale et voulaient donc absolument éviter sa répétition. Le but était de rétablir et
maintenir un fonctionnement harmonieux du système monétaire international. Pour ceci, ils jugeaient
important qu’il y ait une stabilité des taux de change pour éviter les dévaluations compétitives, une
libre convertibilité des taux de change ainsi qu'une stabilité des prix. En plus, ils voulaient instaurer un
mécanisme d’assistance financière pour aider les pays dont la balance des paiements se retrouve en
situation de déficit afin d’empêcher que des difficultés temporaires n’entraînent le recours au
protectionnisme. Un but ultérieur était le développement du commerce international à travers des
marchés de plus en plus libéralisés.
Aujourd’hui, 60 ans après sa fondation, le Fond monétaire international, représentant actuellement 184
pays membres, et a vu ces buts légèrement se modifier:
Il y a une surveillance de tous les états-membres qui est effectuée normalement une fois par année
pour détecter des éventuels problèmes le plus tôt que possible. Suite à la surveillance, le FMI donne
des conseils concernant les politiques économiques jugées les meilleures à adapter. Deuxièmement, il
offre une aide technique pour apprendre aux pays comment établir et implanter ces politiques. En plus,
il octroie des crédits dans le cadre des programmes de stabilisation aux pays membres qui demandent
de l’aide financière afin de rééquilibrer leur balance des paiements. Dans ce séminaire on va se limiter
sur une analyse plus approfondie de ces programmes de stabilisation
1.1 Financement du FMI
Le Fond est financé par ses Etats membres, qui ont, lors de leur adhésion, tous versés une somme dont
le montant est déterminé par leur quots-part et qui versent des sommes supplémentaires en cas
d’augmentation des quotes-parts. Les quotes-parts sont attribuées en fonction de la grandeur
économique du pays et déterminent à la fois le poid des droits de vote et des droits de tirage. Si
nécessaire, le FMI peut recourir à l’emprunt afin d'augmenter temporellement les ressources qu’il tire
des quotes-parts. Deux lignes de crédit peuvent être utilisées en cas de situation où le système
monétaire international est considéré comme menacé. La première est constituée des accords généraux
d’emprunt, qui ont été conclus en 1962 et qui regroupent 11 participants (états ou banques centrales du
Groupe des 10 ainsi que la Suisse), et les nouveaux accords d’emprunt, conclus en 1997, auxquels
participent 25 pays et institutions.
En 1969, le Fond a créé un instrument de réserve international, les DTS (droit de tirage spécial), pour
répondre aux préoccupations des Etats membres concernant l'insuffisance du stock des réserves
internationales. Les DTS ont été alloués aux Etats membres au prorata de leur quote-part, la dernière
fois en 1981. Les membres du FMI peuvent utiliser les DTS dans le cadre de transactions entre eux,
avec 16 détenteurs « institutionnels » de DTS, ou avec le FMI. Le DTS est aussi l’unité de compte du
FMI et sa valeur est fixée chaque jour sur la base d’un panier de quatre grandes monnaies (dollar,
euro, livre sterling et yen). Un DTS vaut actuellement à peu près 1.5 dollars.
1.2 Droits de tirage
Pour équilibrer leurs balance des paiements, les Etats membres ont le droit d'acheter auprès du FMI les
devises étrangères dont ils ont besoin, en les payant avec leur propre monnaie. Par exemple, un pays
en développement qui obtient un droit de tirage sur le Fond peut acheter des dollars ou des euros, en
échange desquels il dépose auprès du Fond des titres de sa dette publique libellés dans sa monnaie. Au
moment du dénouement de l'opération, il rachète sa propre monnaie avec les devises étrangères qu'il
doit s'être procuré entre-temps. Ces opérations d'achats sont analogues à l'octroi d'un crédit et à son
remboursement ultérieur.
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
Le FMI joue ainsi le rôle d'un établissement de crédit mutualiste, auprès duquel des membres font des
dépôts et obtiennent des crédits, et vis-à-vis duquel ils se retrouvent soit en position créditrice, soit en
position débitrice selon l'évolution de leurs besoins de financement.
Ces tirages sur les ressources en devises du Fond sont soumis à des règles strictes comme ils
accroissent les avoirs du FMI en monnaies "faibles" et ils réduisent le montant de devises "fortes"
disponibles. Afin d'éviter des éventuels problèmes de liquidité du Fond, surtout en cas de non
remboursement des crédits par des pays membres hautement endettés, les tirages sont soumis à des
conditions progressivement plus strictes. Les règles initiales établissent qu'une tranche de crédit
correspondant à 25% de la quote-part (aussi appelé trache-or ou tranche de réserve) peut être tirée à
tout moment, automatiquement, et sans condition préliminaire. Les tranches suivantes sont divisées en
quatre tranches de crédits égale chacune à 25% de la quote-part. L'achat de la première tranche de
crédit requiert la simple permission du Fond. Les tranches supérieures de crédit, c'est à dire l'achat des
deuxième, troisième et quatrième tranches de crédits, requièrent que les pays bénéficiaires doivent
démontrer qu'ils mettent en œuvre des politiques de redressement de leur balance des paiements pour
finalement pouvoir racheter leurs monnaies nationales.
1.3 Processus de prise de décision au sein du FMI
La plus haute autorité du Fond est le conseil des gouverneurs où sont rassemblés tous les gouverneurs
des 184 pays membres. En règle général ces représentants sont soit des ministres des finances ou des
directeurs de la banque centrale des pays membres. Le conseil des gouverneurs se réunit une fois par
année, à l’assemblée annuelle du FMI et prend les décisions les plus importantes.
L’organe qui s’occupe de la gestion des affaires courantes est appelé le conseil d’administration. Il est
composé de 24 administrateurs. Les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la
Chine, la Russie et l’Arabie Saoudite ont chacun leur administrateur propre, les 16 autres
administrateurs sont élus pour deux ans par des groupes de pays pour s'assurer que les intérêts des 184
pays membres sont tous représentés.
Le directeur général préside le conseil d’administration, par lequel il est élu pour une période de 5
ans, mandat renouvelable. Traditionnellement le directeur général du Fond est un européen alors que
le président de la banque mondiale est un américain.
L’organisation dispose en plus du comité monétaire et financier international et du comité du
développement, qui sont les deux composés de 24 membres. Ces deux comités se réunissent 2 fois par
ans, normalement en même temps, et se chargent de conseiller les gouverneurs.
2
Les programmes de stabilisation
2.1 Introduction et description des différents programmes
Un pilier important pour le maintien de l'équilibre du système monétaire international et du
développement du commerce international est l’aide financière que le FMI offre à ces membres en cas
de déficit temporelle au niveau de leur balance des paiements. Afin de s’assurer que l’aide ait les effets
désirés, ces prêts sont accordés dans le cadre des programmes de stabilisation. Le FMI offre plusieurs
« facilités » pour répondre aux problèmes auxquels les différents groupes de pays doivent faire face,
comme par exemple les endettements graves des pays pauvres ou les problèmes liés à la
transformation du système communiste en une économie de marché. Les facilités les plus souvent
utilisées sont les accords de confirmation, la facilité élargie et la facilité pour la réduction de la
pauvreté et pour la croissance (FRPC) qui a remplacé la facilité d’ajustement structurel renforcé.
Les accords de confirmation visent avant tout à répondre aux difficultés de la balance des paiements à
court terme. La facilité élargie est un prêt à moyen terme qui était conçu pour aider les pays avec des
difficultés de balance de paiements liées à des problèmes structurels. La FRPC est un prêt
concessionnel (à un taux d’intérêt très bas de 0.5%) destiné à aider les Etats membres les plus pauvres
à parvenir à la viabilité externe, à bénéficier d’une croissance durable et à relever leur niveau de vie.
Les facilités varient dans leur durée, leurs modalités de remboursement ainsi que dans les conditions
attachées.
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
4
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
2.2 Conditionnalité
La conditionnalité attachée aux programmes de stabilisation du FMI est sujette à beaucoup de
critiques. Elle a été jugé à maintes reprises d’être trop stricte, d’imposer des politiques qui ne sont pas
nécessairement les meilleures pour les pays concernés, ou même, elle a été fait responsable des échecs
de plusieurs programmes. C’est pour cela que l'on cherche à expliquer en quoi cette fameuse
conditionnalité consiste en détail. D’abord, une définition de la conditionnalité est donnée qui explique
en même temps, pourquoi elle a été établie: « c’est un moyen d’assurer que l’ajustement externe
s’effectue de façon efficace et ordonnée et qu’il bénéficie donc à l’ensemble des pays membres. »
(Guitian ,1981)
De façon plus concrète, c’est le « programme de politique économique » décrit dans la lettre
d’intention, qui doit être réalisé (souvent trimestriellement) pour que les pays concernés aient accès à
la prochaine tranche de crédit. Ce programme est comprend de 3 types de conditions : les mesures
préalables, les critères de réalisation quantitatifs et les critères de réalisation structurels.

Mesures préalables : ce sont des mesures que le pays consent à prendre avant l'approbation du
prêt par le Conseil d'administration du FMI. De telles mesures garantissent que le programme
repose sur des bases adéquates pour pouvoir être mené à bien ou qu'il sera remis sur la bonne
voie s'il s'écarte des politiques convenues. Les actions préalables peuvent se rapporter, par
exemple, à l'ajustement du taux de change à un niveau soutenable, à l'élimination des contrôles
de prix ou à l'adoption officielle d'un budget public qui soit conforme au cadre retenu pour les
finances publiques.

Critères de réalisation: ce sont des conditions spécifiques qui doivent être remplies pour
permettre le décaissement du montant convenu. Il existe deux catégories de critères: les
critères quantitatifs et structurels.
o
Les critères de réalisation quantitatifs se référent habituellement à des variables de
politique macroéconomique telles que les réserves internationales, les agrégats de la
monnaie et du crédit, les soldes budgétaires et l'emprunt extérieur. Par exemple, un
programme peut prévoir un niveau minimum de réserves internationales, des limites à
l’expansion du crédit, un plafond pour les actifs intérieurs nets de la banque centrale
ou un plafond pour l'emprunt de l'Etat. Les critères de réalisation quantitatifs peuvent
être complétés par des objectifs indicatifs, qui portent généralement sur les derniers
mois du programme : ils sont ensuite transformés en critères de réalisation, avec les
modifications qui s'imposent, à mesure que la tendance économique se raffermit.
o
Les critères de réalisation structurels se rapportent aux réformes structurelles jugées
essentielles au succès du programme économique. Ils ont été introduit en 1985 après
la prise de conscience qu’il fallait incorporer davantage des mesures favorables à la
croissance des pays endettés. Ces réformes varient beaucoup d'un programme à l'autre
et sont composées d’une ou plusieurs des mesures suivantes :
-
-
-
réforme de la fiscalité afin de permettre une meilleure allocation des
ressources économiques comme par exemple l’élimination des barèmes très
progressifs
qualité des dépenses publiques : moins de dépenses non productives
(militaires, subventions) et plus pour l’infrastructure, la formation et la
sécurité sociale
libéralisation du commerce au niveau international: moins de barrières
douanières (quotas, tarifs) afin d'inciter la croissance économique
marché de travail : moins de rigidités salariales (négociations salariales au
niveau des entreprises), moins de réglementations et mobilité parfaite des
travailleurs
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
5
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
-
réforme des marchés financiers: essentiellement libéraliser les marchés afin
d'améliorer leur fonctionnement
restructurer les secteurs clés tels que celui de l'énergie
En 2002, le FMI a achevé un examen exhaustif de la conditionnalité, l'objectif étant d'améliorer
l'efficacité des programmes soutenus par le FMI. Le processus reconnaissait que, pour être couronnés
de succès, les programmes économiques doivent être fermement pris en mains et dirigés par le pays.
C'est pourquoi le FMI s'efforce de cibler et de définir plus précisément les conditions qui s'attachent à
son financement et de se montrer plus souple et plus réceptif.
2.3 Historique des programmes de stabilisation
Lors de la création du Fond, son but était d’instaurer en premier lieu une politique de stabilité des taux
de changes (fixes), généralement connu sous le nom de « régime de Bretton Woods ». Il fallait rétablir
un système aussi stable comme il était avant la grande dépression pendant la période de l’étalon d’or
(Gold Standard). Les premières activités du Fond visait donc à inciter les Etats membres à adopter des
parités fixes et à rendre leurs monnaies librement convertibles.
Le premier programme de stabilisation était accordé à la Belgique en 1952 sous forme d’un accord de
confirmation. C’était un prêt de 50 millions de dollars pour consolider ses réserves internationales.
L’accord est dit « de confirmation » car, sous réserve de la conditionnalité prévue, le pays membre a le
droit de retirer en cas de besoin la somme mise à sa disposition. Le plus souvent ce tirage est effectué.
Dans un premier temps, ce sont les pays européens industriels qui en ont fait usage, pour la plupart des
cas afin défendre leurs devises pour ne pas devoir dévaluer. Les tirages les plus importants de cette
époque étaient ceux effectués par l’Angleterre dans les années 60 et par la France en 1958 et 1969.
Le régime de Bretton Woods a bien fonctionné pendant plus que 20 ans jusqu’à la fin des années 60.
Au début des années 70, il devenait de plus en plus évident qu’il fallait abandonner les changes fixes
comme le dollar, l’étalon du régime de Bretton Woods, était surévalué dû aux déficits dans la balance
des paiements des Etats-Unis. La FED n'a ainsi plus pu assurer la couverture du dollar avec l'or. Par
conséquent le régime de changes fixes a été suspendu en faveur des taux de changes flottants en 1973.
Pour le FMI, ce changement constituait un défi, il lui fallait trouver une nouvelle raison d'être, comme
la surveillance sur les changes fixes n’était plus requise. Une possible justification lui était fourni par
la crise de la dette des pays en développement dans les années 80, qui l’a mis au centre du dispositif
international destiné à mettre en œuvre des programmes d’ajustement structurel et à faciliter le retour à
la croissance et au développement dans les pays endettés.
Lorsque les pays exportateurs du pétrole ont formé un cartel et ainsi provoquer un quadruplement des
prix du pétrole en 1973, une grave crise inflationniste et une profonde récession ont éclaté. Les pays en
développement importateurs de pétrole ont été touchés le plus fortement. Le FMI a observé que les
déficits de leurs balances des paiements étaient liés à leur structure économique et a jugé nécessaire
des réformes structurelles. C’était en 1974 que le mécanisme élargi de crédit a été conçu. Ce
mécanisme est une forme de prêt à moyen terme, où on a ajouté des critères de réalisation structurels à
la conditionnalité. C’est aussi là, où le Fond a commencé à collaborer plus avec la Banque Mondiale,
qui est censée, elle, de s'occuper de tout ce qui touche au développement à long terme. Par la suite,
avec le déclenchement de la crise de la dette en 1982 qui durait jusqu’aux années 90, beaucoup de
pays en développement ont rencontré des graves crises. L’activité principale du Fond était ainsi de
soutenir ces pays, mais aussi de collaborer étroitement avec la communauté bancaire international
pour obtenir plus de financement. En 1986, on a crée la facilité d’ajustement structurel pour pouvoir
mieux répondre aux besoins des pays les plus pauvres.
En 1989, les activités du fond se sont tournées vers les pays de l’Europe de l’Est pour les aider à
réaliser la transition du régime socialiste et de la planification centrale vers une économie de marché.
En 1996, le FMI et la Banque Mondiale ont lancé une initiative conjointe en faveur des pays pauvres
très endettés afin de ramener la dette extérieure des pays les plus démunis à un niveau viable dans un
délai raisonnable. L’initiative a été renforcée en 1999 afin d’assurer à davantage de pays un
allègement de la dette plus rapide et plus substantiel. Parallèlement, le FMI a remplacé son mécanisme
de prêt concessionnel, la facilité d’ajustement structurel par la facilité pour la réduction de la pauvreté
et pour la croissance, qui met l’accent plus explicitement sur la lutte contre la pauvreté.
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
Lors de la crise financière asiatique de 1997-98, le FMI a octroyé des prêts d’un montant exceptionnel
à l’appui des politiques de stabilisation et des réformes structurelles conduites par la Corée,
l’Indonésie et la Thaïlande. Il a créé la facilité de réserve supplémentaire en 1997 pour aider les pays à
faire face à des besoins de financement à court terme importants liés à une crise de confiance soudaine
des marchés entraînant des sorties massives de capitaux.
2.4 Déroulement d’un programme de stabilisation
Un programme de stabilisation, quel que soit sa facilité, suit toujours le même procédé qui peut être
subdivisé en 6 phases :
Première Phase: La demande
Le pays qui cherche de l’aide financière auprès du Fond doit faire une demande soit écrite, soit orale.
Souvent, cette demande est faite oralement après des discussions avec le personnel du FMI ou après
encouragement dans le cadre des surveillances effectuées. Mais les pays ne font normalement pas tout
de suite une demande et attendent encore jusqu’à ce que les problèmes s’aggravent, comme le fait de
rendre public une telle demande peut avoir des effets économiques à ne pas sous-estimer. La
conséquence est que la plupart des pays qui entrent dans un programme d’ajustement le commence
avec des conditions très mauvaises, proches d’une crise et qu’il faut donc réagir vite.
Deuxième Phase: Le blueprint
Après la réception de la demande, le personnel du FMI commence à préparer le « blueprint » pour le
programme d’ajustement, où les caractéristiques clés du pays sont établis, c’est-à-dire des
informations sur son système financier comme l’appartenance à une union monétaire ou accès aux
marchés capitaux, mais aussi une première appréciation des raisons qui pourraient avoir causé le
déficit dans la balance des paiements. En plus, il contient les éléments centraux des programmes
d’ajustement qui donnent droit à la participation à un programme, des propositions sur quel
programme serait le plus approprié, les conditions et le montant du prêt et la conditionnalité attachée.
Troisième Phase: La Négociation et la lettre d’intention
Après que le blueprint a été établi, les négociations débutent. Elles portent normalement surtout sur les
estimations faites par le FMI, si oui ou non elles sont correctes ou s’il faut éventuellement les réviser.
Souvent ces négociations portent également sur les désaccords en ce qui concerne les politiques que le
Fond cherche à implanter. Typiquement, les pays ne veulent pas accepter facilement des politiques
fiscales et monétaires strictes et cherchent à avoir plus de temps pour implanter les réformes
structurelles.
Une fois qu’un accord est trouvé, les résultats sont résumés dans la lettre d’intention. Elle contient
notamment les objectifs, la conditionnalité, les conditions du prêt et l’assistance technique que va
obtenir le pays.
Quatrième Phase: Le Consentement
De retour à Washington, le personnel du FMI prépare le « staff report » où il estime les incertitudes et
risques principaux. Le staff report est ensuite envoyé avec la lettre d’intention au conseil
d’administration qui doit approuver le programme.
Cinquième Phase: La surveillance (Monitoring)
Dès le moment où un programme a été approuvé, le pays obtient la première tranche de crédit et entre
directement dans la phase de surveillance. Concrètement, un pays doit avoir réalisé les critères fixés
dans la lettre d’intention jusqu’à une certaine date, appelée « Test date », pour obtenir la prochaine
tranche. Les test dates sont normalement fixés trimestriellement. Si ce n'était pas possible pour un pays
de réaliser les critères, il y a 3 cas possibles :
(i)
Si un ou deux points du programme ne sont pas satisfaits au moment du « Test date », le
pays concerné obtient soit du temps supplémentaire (« waver ») pour pouvoir
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
7
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(ii)
(iii)
implémenter les réformes requises, soit on effectue des modifications du programme
afin d'assurer sa continuation.
S`il y a des déviations importantes par rapport aux objectifs définis par le programme,
mais que les deux parties montrent la volonté de continuer le programme, les
négociations recommencent, on révise le programme et on le modifie afin de continuer
avec un programme modifié.
Si les négociations ne sont plus possibles pour diverses raisons, le programme est arrêté
et il n’y a donc plus de paiements.
Sixième et dernière Phase: L'Achèvement et Finition
Un programme est considéré comme achevé après le versement de la dernière tranche. Ceci implique
un progrès substantiel et satisfaisant en ce qui concerne les objectifs principaux du programme. Dans
quelques rares cas, il y a arrêt du programme avant l’achèvement, parce que les progrès ont été plus
rapides que prévu, mais pour la plupart des pays ceci n'est pas le cas. C’est pour cela qu’on peut
considérer l’achèvement d’un programme comme une bonne variable approximative pour le succès
d’un programme quand on veut tester l’efficacité des programmes de stabilisation avec des moyens
économétriques.
En total, un tiers de tous les 615 programmes que le FMI a approuvé jusqu'à ce jour ont été fini. Un
autre tiers a obtenu au moins la moitié des crédits et le dernier tiers a obtenu moins que la moitié.
3
Pourquoi équilibrer la balance des paiements ?
3.1 Introduction
La balance des paiements est définie comme une analyse ponctuelle qui résume les transactions
économiques d’une économie avec le reste du monde. Transactions, pour la plupart entre résidents et
non-résidents, y compris celles englobant des biens, services et revenus, celles englobant des
exigences et prêts financiers du et envers le reste du monde et puis celles, comme les dons, classifiés
comme transferts, englobant des transactions unilatérales. Selon la théorie économique la balance des
paiements a notamment pour vocation de répondre à trois questions1 :
1
2
3
Les réceptions de devises attendues dans le pays permettront-elles de faire face aux besoins en
devises prévus ?
L’ensemble des agents économiques résidents, y compris l’Etat, a des créances et des dettes
sur le reste du monde. Les dettes, globalement, excèdent-elles les créances et sont-elles
supportables ? Ou bien encore, les créances dépassent-elles les dettes et l’écart est-il
politiquement acceptable ?
Les phénomènes enregistrés par la balance des paiements ne sont-ils pas à l’origine de
conséquences négatives sur l’économie du pays, en particulier sur la stabilité des prix ?
Dès le début de son existence, le souci principal du Fond était la position de la balance des paiements
de ses membres. Parmi les six affectations qui sont citées dans l'article 1 de l'accord, deux se
préoccupent de la réduction des déséquilibres au niveau de la balance des paiements. La conviction du
FMI est que les quatre autres affectations – la promotion de la coopération international, la stimulation
de la croissance, la stabilité des taux de change ainsi que le combat contre la dépréciation des taux de
changes – ne peuvent uniquement être atteints que si la balance des paiements de la plupart des pays
membres est en équilibre. Afin d'atteindre ce but le FMI finance temporellement – ceci veut dire à
court ou à moyen termes - des déficits au niveau de la balance des paiements à travers ses différents
programmes. Ces problèmes de balance sont, selon la conception du FMI, soit provoqués par des taux
d'inflation assez élevés, soit par des taux de croissance et d'emploi plutôt bas, ou encore par les deux.
Dans la littérature, les programmes du FMI sont souvent appelés programmes de stabilisation
orthodoxes. L'interprétation orthodoxe de la macroéconomie préconise l'application des théorèmes
macroéconomiques (néolibéralistes) sur les économies en développement, notamment une marche de
manœuvre parfaite des mécanisme du marché à long terme et la politique monétaire afin de stabiliser
1
Karlin et Dufloux, 2004
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
8
UNIVERSITÉ DE LAUSANNE – ÉCOLE DES HEC
Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
l'économie à court et moyen terme. Selon ces programmes de stabilisation orthodoxes, la cause
principale de l'inflation et des déficits dans la balance des paiements sont les déficits publics. Dans la
plupart des pays en développement ces déficits sont compensés avec une augmentation de l'offre de
monnaie, ce qui provoque à son retour une augmentation de la demande agrégée et ainsi une
augmentation de l'inflation. Ceci fait augmenter les taux d'intérêt et fait pression à la hausse sur le
niveau général des prix domestiques. En même temps un taux d'inflation plus élevé provoque une
appréciation du taux d'échange ce qui rend les importations moins chères mais par contre les
exportations de plus en plus chères. Comme résultat la demande domestique pour des biens étrangers
augmente et la demande étrangère pour des biens domestiques diminue, ce qui provoque un déficit au
niveau du compte courant.
Pour éviter ce genre de situation, le FMI préconise une politique anti-inflationniste, qui consiste
essentiellement en une réduction du niveau général des prix en réduisant l'offre de monnaie et l'octroie
de crédits (au secteur privé ainsi qu'au secteur public). Similairement, il existe un simple remède pour
les déficits gouvernementaux qui consiste soit en une augmentation des impôts, soit en une réduction
des dépenses gouvernementales. Mais comme l'augmentation des impôts n'est pas une tâche simple à
accomplir, surtout dans des pays en développement qui manquent souvent d'infrastructure, on recourt
uniquement à la réduction des dépenses gouvernementales. Le FMI prône ainsi la réduction des
dépenses publiques afin d’équilibrer la balance des paiements, ce qui est souvent critiqué dans la
littérature.
3.2 L'approche macroéconomique du FMI
L'approche macroéconomique du FMI était dans le premier temps de l'existence de l'institution
marquée par l'approche d'absorption, mais a été remplacée par le modèle de Jacques J. Polak, directeur
du département de recherche du FMI de 1958 à 1979. Ce modèle a été adaptée à maintes reprises aux
circonstances actuelles mais le concept de base du modèle est resté le même.
Le but principal du modèle a toujours été l'analyse et la compréhension des déficits de la balance des
paiements et les actions politiques nécessaires à les surmonter.
Une des caractéristiques les plus importantes est la simplicité du modèle. Il y a deux bonnes raisons
pour ça: Tout d'abord il faut se rendre compte que le modèle a été élaboré dans l'après-guerre et a ainsi
dû faire face à une énorme pénurie de données disponibles pour des analyses statistiques et/ou
économiques. On s'est ainsi limité sur un modèle qui a uniquement besoin des données qui étaient
normalement disponibles partout: les données concernant le système bancaire et celles concernant le
commerce international.
La deuxième raison pour la simplicité était la focalisation du modèle sur la variable clé qui pouvait
être contrôlée par les gouvernements: la création de crédits domestiques.
3.3 Le Modèle
Le modèle est principalement basé sur deux équations qui représentent l'équilibre sur le marché
monétaire (équilibre interne) et la balance des paiements (équilibre externe).
Les variables endogènes sont l'inflation et le changements des réserves internationales. Les
exportations et les taux de changes sont exogènes au modèle.
Le principe du modèle est simple: une réduction du crédit domestique conduit à une réduction de
l'offre de monnaie, à une baisse du taux d'inflation et du revenu national. Ceci conduit à une
diminution des importations et finalement à une balance des paiements équilibrée.
Le modèle présume une économie avec quatre agents, avec les contraintes budgétaires respectives
suivants (revenus = dépenses):
Agent Privé:
Gouvernement:
Étranger:
Y + ΔDP = T + CP + ΔI +Δ Md + ΔFP
T + ΔDG = CG + ΔFG
avec hypothèse qu'il n'y a pas d'investissement public
X - Z = ΔFP +ΔFG + ΔR
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
(1)
(2)
(3)
9
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
Banque Centrale:
Δ Md = ΔR + ΔDP + ΔDG
(4)
Où
DP
DG
T
CP
CG
I
=
=
=
=
=
=
dette privée
dette publique
impôts
consommation privée
consommation public
investissement
Md
FP
FG
X
Z
R
=
=
=
=
=
=
demande de monnaie
avoirs étrangers privés
avoirs étrangers publics
exportations
importations
réserves internationaux ou la balance des paiements
Ces quatre équations peuvent être réduites en une seule: Y = CP+G + ΔK + ( X – Z)
(5)
Partant de la théorie quantitative de monnaie on a:
Δ Md = ΔY / k
(6)
la demande de monnaie (Md) qui dépend du revenu nominal (Y), en supposant que la vitesse de
circulation de la monnaie (k) est constante. L'augmentation du revenu nominal est ainsi
approximativement:
ΔY = ΔP * Y-1 + ΔY * P-1
(7)
En substituant (3) dans (2) on obtient:
ΔM = (ΔP * Y-1 + ΔY * P-1) / v
Ceci peut être introduite dans l'équation de la Banque Centrale ce qui nous donne:
ΔR = [(ΔP * Y-1 + ΔY * P-1) / v] - ΔDP+G
(8)
qui est la condition de l'équilibre du marché monétaire (MM).
On peut ainsi relier la balance des paiements (ΔR) positivement avec une augmentation des prix et
négativement avec les crédits domestiques (ΔDP+G). Ceci énonce que pour un certain niveau de
revenu (Y) la demande de monnaie réelle peut facilement être déterminée. Cette demande va être
satisfaite soit par des ressources domestiques (ΔDP+G) soit par des ressources étrangères (ΔR). En
d'autres mots: la balance des paiements est la différence entre l'augmentation de la demande de
monnaie et l'augmentation des crédits domestiques. En conséquence, si Y est constant, une
augmentation de D engendrait une baisse de R.
L'équation du marché monétaire (MM) est donc la première équation de notre modèle avec une pente
positive, égale à ΔR/ΔP = Y-1 / k.
Mais comme on a deux variables exogènes (ΔR et ΔP) il nous faut une deuxième équation afin de
résoudre le modèle.
Cette deuxième équation peut être déduite de la contrainte budgétaire du secteur étranger:
ΔR = X – (Z + ΔFP +ΔFG)
(9)
En supposant que les importations sont une proportion fixe (a) du revenu Y:
Z = a * Y où Y = Y-1 + ΔY
En remplaçant ΔY par sa définition (7) on arrive à la deuxième équation du modèle, l'équation de la
balance des paiements (BP):
ΔR = X – ΔFP+G – a (Y-1 +ΔP * Y-1 + ΔY * P-1)
(10)
Avec une pente négative: ΔR/ ΔP = - (a * Y-1)
Cette deuxième équation relie les deux variables endogènes du modèle – la variation du niveau général
des prix ainsi que le changement dans les réserves internationales – négativement. Ceci nous mène à la
conclusion suivante, déjà élucidée en haut: une augmentation du niveau des prix engendre un revenu
nominal plus élevé qui amène à une augmentation des importations et donc à une réduction de la
balance des paiements (pour un niveau d'exportation et d'avoirs étrangers donnés).
A noter: Pour un niveau donné de ΔP, des modifications positives dans les variables exogènes
(augmentation des exportations, augmentation de l'aide étrangère i.e. un F plus bas) correspond à un
ΔR plus élevé (i.e. la courbe BP se déplace vers le haut).
Maintenant qu'on a les deux équations et les deux variables, on peut résoudre le modèle: avec une
valeur donnée des variables exogènes (Y, F et X) et la variable instrumentale (D) on peut déterminer
ΔR et ΔP.
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
10
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
Jusqu'ici, le modèle a une seule variable instrumentale, avec laquelle il est possible d'influencer les
variables endogènes, ΔR et ΔP. Ceci nous permet ainsi de fixer une valeur objective pour une seule
des deux variables. Par exemple, si la valeur objective pour l'inflation est ΔP*, le crédit domestique
peut être réduit afin de déplacer la courbe MM vers le haut. Mais ce point correspond à ΔR’ et non pas
à la valeur objectif ΔR*. Avec une seule variable instrumentale on peut donc uniquement atteindre une
seule valeur objective. Un changement de D n'assure pas qu'on atteigne ΔR* et ΔP* en même temps.
L'arrivée aux deux valeurs objectives en même temps demande deux variables instrumentales.
Le modèle peut par conséquent être élargi afin de déterminer deux valeurs objectives, en introduisant
le taux de change comme valeur instrumentale supplémentaire. Il s'agit donc d'ajuster les deux
équations du modèle (MM et BP) de sorte qu'une dévaluation du taux de change améliore la balance
des paiements (ΔR) pour un niveau de prix donné, i.e. une dévaluation provoque un déplacement vers
le haut de la courbe BP.
Graphique 1: Le modèle de Polak ; Source: IMF, Polak (1997)
3.4 L'effet de la variable instrumentale sur le "target"
Selon le modèle de Polak, la stabilisation de l'économie en général implique des équilibres dans les
quatre domaines vus tout au débout de cette partie:
Équilibre du revenu national:
Y = (C + I) + (X – Z)
Équilibre externe:
(X – Z) + ∆F = ∆R = ∆NFA
Équilibre monétaire:
∆M = ∆D + ∆R
Équilibre épargne-investissement: I = S + (Z – X)
(11)
(12)
(13)
(14)
Ces identités sont dérivées des comptes nationaux et ne donnent donc pas d'indication sur un processus
ou un point de causalité. Ces identités ne propose par conséquent pas de théorie de stabilisation. C'est
pour cette raison qu'elles sont appelées "boîte vide" ("empty box").
Afin de pouvoir convertir ces quatre identités en une véritable théorie de stabilisation, Polak a
construit un modèle sur la base de valeurs nominales, avec quatre hypothèses fondamentales:
Δ Md = ΔY / k
(15)
La demande de monnaie (Md ) dépend du revenu nominal (Y), avec une vitesse de circulation
constante (k)
Z=a*Y
(16)
La demande d'importations (Z) est une fonction du revenu national (Y), où a est la propension
marginale à consommer d'un pays.
∆Md = ∆Ms
(17)
s
Équilibre sur le marché monétaire où ∆M = ∆C + ∆R (La modification du stock monétaire
domestique est égale à la somme des modifications dans les avoirs domestiques et étrangers. Selon
Groupe 6: Susan Joho, Daniela Hauser, Sébastien Jaunin
11
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
cette approche, la demande de monnaie est supposée être une fonction du revenu, des prix et des coûts
d'opportunité de la possession de monnaie.)
P = e * P*
(18)
Les prix intérieurs (P) sont fixés au niveau des prix internationaux (P*), après conversion par un taux
de change fixe (e).
Polak a donc utilisé ces quatre équations ensemble avec la "boîte vide" pour tracer les effets d'une
variable "policy" (notre variable instrumentale) sur le "target" (notre valeur objective).
Graphique 2: Le modèle de Polak ; Source: IMF, Polak (1997)
Par conséquent, une augmentation permanente de D provoque un déclin des réserves internationales R
de a * k * ∆D dans la première période. Dans la période suivante, l'augmentation de l'offre de monnaie
sera uniquement ∆D - a * k * ∆D (de 13). Ce processus continue période par période jusqu'à ce que
toute l'augmentation de D soit atténuée par la diminution des réserves internationales, toute en laissant
revenir l'offre de monnaie à son niveau initiale (avant l'augmentation de D). De même, Z, Md et Y vont
retourner à leurs valeurs correspondantes initiales.
Le modèle de Polak nous indique donc, qu'en cas où une valeur objective pour la balance des
paiements est définie, uniquement une expansion bien définie du crédit domestique serait favorable au
développement économique d'un pays et ainsi autorisé dans le cadre des programmes de stabilisation
du FMI.
3.5 Les Politiques suivant le modèle de Polak
Le modèle Polak établit une relation directe entre le crédit à l'économie et le niveau des réserves
officielles: une augmentation du crédit intérieur conduit directement à une baisse des réserves
officielles. Le modèle cherche donc à montrer qu'un déséquilibre de la balance des paiements est le
plus souvent le résultat d'une politique monétaire inadaptée, mais surtout par une expansion excessive
et insoutenable de la demande agrégée. Pour rétablir une situation externe équilibrée, il est donc
nécessaire de réduire l'expansion du crédit, en agissant sur les taux d'intérêt et sur le financement
monétaire du déficit budgétaire.
Les programmes préconisés par le FMI sont donc fondés sur le schéma suivant: le programme fixe un
objectif de maintien ou d'augmentation des réserves officielles, et il en déduit l'expansion du crédit
compatible avec ce niveau visé de réserves officielles. Des plafonds de crédit à ne pas dépasser sont
fixés à intervalles périodiques.
En plus, les programmes d'ajustement structurels déterminent des mesures structurelles à entreprendre
afin de limiter le déficit budgétaire et donc de restreindre l'expansion du crédit, principalement au
niveau fiscal et budgétaire. Ceci implique un contrôle limitatif des dépenses publiques, avec
élimination de toute sorte de subventions qui sont considérées comme inefficaces, une restriction
rigoureuse de la dette étrangère et une dévaluation des taux de change.
Deux autres variables sont souvent incluses dans les programmes d'ajustement: D'une part, le secteur
financier où les programmes cherchent à améliorer l'intermédiation du secteur financier avec
l'ouverture des marchés financiers au niveau international. D'autre part, les distorsions du commerce
qu'on cherche à éliminer (barrières douanières comme les tarifs ou les quotas).
Selon le FMI il n'existe, à l'heure actuelle, aucun moyen économétrique adéquat pour introduire toutes
ces variables structurelles dans le modèle. Cependant le modèle de Polak reste aujourd'hui l'outil de
base pour la formulation des programmes d'ajustement conseillés par le FMI, malgré la simplicité de
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12
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
ses hypothèses et de sa formulation. La base de tout programme de stabilisation est donc toujours
l'approche monétaire de la balance des paiements; même avec la complexité accrue des ajustements de
la balance des paiements depuis l'instauration du FMI. L'importance d'une balance des paiements
appropriée est toujours vu comme primordial pour à la fois le développement économique des
membres individuels et du système économique international. Pourtant la politique du FMI se
rapproche de plus un plus au structuralisme. La réponse apportée à un déséquilibre dans la balance des
paiements porte désormais sur le démantèlement des obstacles structurels à la croissance, sur la
déréglementation des marchés et sur la libéralisation de l'offre productive.
4
Évaluations des coûts de stabilisation et critiques des méthodes
L’évaluation des coûts de stabilisation des programmes du FMI se rélève être une tâche
particulièrement périlleuse. Nous allons voir dans cette partie que cela est une des principale cause de
dispute sur l’efficacité des programmes du FMI. En effet selon le modèle d’évaluation retenu, on peut
arriver à des conclusions opposées sur les effets d’un même programme.
Dans cette partie nous allons rendre compte de trois méthodes généralement utilisées dans les
publications. A savoir la méthode « before-after », la méthode « with or without » et enfin nous allons
nous intéresser plus particulièrement à la dernière méthode qui est la méthode « GEE » (General
Evaluation Estimator).
Nous allons nous concentrer plus sur l’aspect théorique et économétrique de ces méthodes cela nous
permettra d’avoir une vision plus neutre sur les coûts de stabilisation que les programmes du FMI
entraînent ou pas. Cela nous permettra par la suite de formuler des critiques objectives et nous évitera
de tomber dans des clichés sans fondement sur le FMI.
4.1 Modèle de base
Comme cadre général d’analyse nous allons nous inspirer du modèle de Goldstein et Montiel (1986).
Ce modèle assez complet nous permet de montrer facilement les limites des différentes méthodes
d’évaluation. De plus, il est toujours utilisé comme référence.
Le modèle est le suivant :
yij = xi’ij + W’ij + ijIMFdi + ij
(1)
xi = yid – (yi)-1 + i
(2)
zi = yid – (yi)-1’ + i
(3)
di = 1 si
zi  z*
di = 0 si
zi  ou  z*
(4)
où :
yij est la j-ème variable «cible » du pays i. Les variables cibles sont les principales variables sur
lesquelles le FMI va agir par le biais des programmes. Il s’agit par exemple du compte courant ou du
taux d’inflation.
xi est un vecteur de K-éléments des variables de politique macroéconomique qui auraient dues être
observées en l’absence d’un programme du FMI.
W est un vecteur de M-éléments aléatoires de variables mondiales non-affectées par les programmes
de stabilisations.
zi est une variable aléatoire qui indique la probabilité du pays i de participer à un programme du FMI.
yid est la valeur désirée du vecteur yi
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z* est la valeur critique qui sépare les pays entre ceux qui participent à un programme et ceux qui n’y
participent pas.
ij , ij , ijIMF ,  ,  sont des constantes
ij , i , i sont les termes d’erreur aléatoire ( avec E = 0 et à variance fixe). Ils ne sont pas corrélés.
Ce modèle nous dit donc que la variation d’une variable « cible » est due à quatre paramètres :
1) les changements de politique macroéconomique qui auraient eu lieu en l’absence de
programme (par exemple, le taux d’imposition)
2) les changements économiques dans le monde
3) l’effet total d’un programme du FMI si le pays i suit un programme à cette période.
4) Un terme d’erreur spécifique à chaque pays.
Ce modèle n’est pas parfait et quelques remarques sur ces limites nous paraissent judicieuses,
notamment sur l’équation (1). Premièrement, le terme xi est observable uniquement pour les pays qui
n’ont pas de programme. Pour les autres, ce terme doit être estimé à l’aide de l’équation (2). Cela
implique qu’un programme peut influencer yij non seulement à travers ijIMF, mais aussi
indirectement à travers l’estimation xi, c’est-à-dire en influençant la politique économique qui aurait
été conduite en absence de programme. Deuxièmement, l’adoption d’un programme peut influencer le
comportement des agents sans qu’il y ait une action de stabilisation. Il va y avoir un excès de
confiance de la part des agents. On peut imaginer qu’un accord de lancement d’un programme va
amener plus de capitaux dans le pays juste par le fait qu’il y a eu un accord et non à cause de mesures
spécifiques mises en place par le gouvernement ou le FMI. Enfin, en prolongement de la remarque
précédente, le fait que le modèle ne tienne pas compte des anticipations des agents. Cela va augmenter
l’influence du paramètre ijIMF qui nous donne seulement les effets des actions du programme. Il
faudrait soustraire l’influence des anticipations pour avoir une meilleure estimation de ijIMF.
L’équation (2) nous donne le changement de politique économique sur les variables
macroéconomiques entre la valeur désirée et la variable réelle « lagée » d’une période. Cette équation
permet de prendre en compte les actions qu’un gouvernement aurait été obligé de mener même en
l’absence d’un programme de stabilisation.
L’équation (3) sert à déterminer la probabilité qu’un pays i suive un programme à cette période. On
obtient cette mesure en prenant la différence entre la valeur désirée des variables « cibles » et leur
valeur réelle de la période précédente. Cette équation est construite selon la même méthode que
l’équation (2).
Maintenant que nous avons brièvement décrit notre modèle de base, nous allons voir différentes
méthodes qui nous permettront de donner une estimation du paramètre ijIMF, que nous définirons
comme ijIMFe.
4.2 La méthode « before-after»
Cette méthode est relativement simple et a été beaucoup utilisée par le passé. Elle consiste à regarder
l’évolution de variables économiques d’un pays avant le programme de stabilisation et après.
Selon notre modèle, ijIMF est le vrai effet d’un programme du FMI sur une variable économique (y) j
du pays i entre deux périodes. L’estimation de ce paramètre (ijIMFe) est simplement donnée par yij,
qui est la variation de entre ces deux périodes de la variable yij .
Formellement cela donne :
ijIMFe = yij pour tous les pays participant à un programme.
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La simplicité de cette méthode peut paraître séduisante, mais il faut faire attention car elle a de
nombreuses limites. Premièrement, cette méthode implique une hypothèse ceteris paribus très forte.
En effet toute la variation de y est donnée par l’action du FMI et donc on ne tient pas compte
d’éventuels chocs exogènes. Cela revient dans notre modèle à faire l’hypothèse que W’ij = 0. On
peut penser par exemple à un choc extérieur comme une crise pétrolière qui aura comme conséquence
d’augmenter le déficit du compte courant d’un pays importateur du pétrole. Des chocs internes
peuvent aussi intervenir comme par exemple de mauvaises conditions climatiques.
On peut aussi objecter à cette méthode la période de référence pour l’évaluation des résultats des
programmes. En effet, on peut supposer que les acteurs ont anticipé la mise en place d’un programme
plusieurs périodes avant. Si l’on anticipe une dévaluation de la monnaie, les spéculations des agents
vont rendre la tâche plus difficile sur la bonne tenue du programme.
Cette méthode est loin d’être satisfaisante, il faudrait pouvoir distinguer clairement les effets du
programme et les chocs exogènes.
4.3 La méthode « with or without »
Cette méthode consiste à prendre un groupe de pays qui ne suivent pas de programme et de les
comparer à des pays qui suivent un programme de stabilisation. Il est à noter que cette méthode nous
donne un estimateur jIMFe qui représente une moyenne de pays. On fait ici une analyse en crosssection. Formellement, la méthode « with or without » nous donne :
jIMFe = (la moyenne des yj des pays participant à un programme) - (la moyenne des yj des pays
non-participant)
Cette méthode à l’avantage de tenir compte des chocs exogènes que subissent tous les pays, mais elle
introduit une autre source de biais sur jIMFe. En effet, jIMFe est sans biais si les deux groupes de
pays sont issus d’une même population. En d’autres termes, l’hypothèse de ce modèle est que les deux
groupes ne diffèrent que par leur appartenance à un programme ou pas. Cela implique que les deux
groupes doivent avoir le même changement des variables cibles si aucun pays ne suit de programme
du FMI. Cette hypothèse est très forte, car on ne peut pas comparer, par exemple, un groupe de pays
qui suivent un programme en Afrique et un groupe de pays qui ne suivent pas de programme en
Amérique latine. On sait bien que les deux groupes de pays ont des problèmes économiques différents
et que les solutions pour y remédier ne sont pas identiques.
Cette méthode n’est donc pas plus concluante que la précédente.
4.4 La méthode « GEE »
Cette méthode essaie d’enlever les deux sources de biais que nous venons de voir pour les méthodes
précédentes. Goldstein et Montiel (1986) propose l’estimateur modifié de la méthode « with or
without » suivant :
jIMFm = (la moyenne des yj des pays participant à un programme) - (la moyenne des yj des pays nonparticipant) – (la moyenne des xp – la moyenne des xn)’j .
où l’indice p exprime l’appartenance à un programme et n la non-appartenance.
Cet estimateur diffère par deux points par rapport au précédent. Il est tout d’abord calculé à partir des
niveaux et non en première différence et il a un terme supplémentaire. Ce terme permet un ajustement
pour les différences entre les politique économiques endogènes des pays suivant un programme ou
pas.
Cette méthode évite donc le biais de l’estimation par l’approche « before-after » et celui de l’approche
« with or without », mais il introduit d’autres problèmes. Ils nous faut connaître plus de variables pour
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calculer l'estimateur, à savoir les moyennes des x pour les deux groupes et le paramètre j. La
moyenne des xp est non-observable et doit être estimée ( nous avons vu que cela pouvait poser des
problèmes). De plus le paramètre j n’est pas forcément connu. Il faut donc aussi l’estimer et
s’assurer qu’il soit sans biais.
La méthode « GEE » n’est pas parfaite, mais reste une des meilleure pour estimer les effets d’un
programme de stabilisation du FMI.
Nous avons essayé de rester bref sur la description de ce modèle et des méthodes d’estimation.
Cependant si le lecteur est intéressé par plus de détails, notamment sur un raisonnement mathématique
et économétrique plus poussé, il faut se référer au paper de Goldstein et Montiel (1986).
4.5 Application de la méthode « GEE »
Nous allons maintenant donner un exemple de divergence de point de vue que l’on peut avoir si l’on
ne prend pas la même méthode d’estimation. Pour cela nous allons comparer une étude de Hutchiston
(2003) qui utilise la méthode « GEE » et une étude de Fernandez-Arias et Montiel2 (2001)qui utilise
une estimation par les moindre carrés ordinaire en panel. Ces deux études s’intéressent à l’Amérique
latine et aux succès des programmes de stabilisation du FMI. Nous allons nous consacrer
essentiellement sur les conclusions de ces deux études et non sur leur construction. Nous laissons le
soin au lecteur de s’informer lui-même sur la théorie économétrique des panels.
Tout d’abord, nous allons définir brièvement les modèles. Hutchiston utilise le modèle de Goldstein et
Montiel à quelques détails prêts qui n’influencent pas notre comparaison. En ce qui concerne
Fernandez-Arias et Montiel, il utilise le modèle suivant :
git = si + wt + arit + bcit + uit ,
où:
git est le PIB per capita du pays i au temps t ( une période couvre une plage de 5 années)
si et wt sont des dummies pour le pays et la période
r correspond aux variables macroéconomiques sujettes aux réformes (taux d’inflation, degré
d’ouverture, dépenses de l’Etat en pourcentage du PIB, etc)
c correspond aux variables de contrôle (degré d’éducation et PIB per capita par rapport à la période
précédente et terme d’échange)
Hutchiston arrive aux conclusions suivantes: les programmes de stabilisations, avec ou sans la
participation du FMI, ne réussissent pas. En ce qui concerne les programme rattachés au FMI, il
explique leurs échecs par un arrêt des réformes en cours de programme. En effet, le taux de
programmes qui arrivent à la fin est très faible. Une autre cause possible de ces échecs est que
l’Amérique latine est sujette à un nombre plus élevé et plus fort de chocs exogènes que le reste du
monde. Hutchiston relève aussi une part de responsabilité du FMI dans les échecs des programmes,
notamment en mettant en cause les conditions imposées par le Fond.
Fernandez-Arias et Montiel arrivent aux conclusions suivantes : les réformes entreprises en Amérique
latine ont été douloureuses et plus pénibles que dans d’autres régions (en Asie du Sud-Est, par
exemple). Cependant, lorsque le paper a été écrit, les réformes ont fini par être payantes en donnant un
taux de croissance du PIB supérieur au taux historique. Il faut donc selon eux poursuivre les réformes
plus libérales, plus «market-friendly ».
Il s’agit du même Montiel qui a élaboré la méthode « GEE » avec Goldstein. Nous rendons attentif le lecteur à
ce détail pour ne pas faire de confusion.
2
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Nous voyons bien que pour un même groupe de pays, nous obtenons des résultats totalement différents
avec deux méthode d’analyse différentes. Cela serait une bonne conclusion à cette partie, cependant
nous ne pouvons pas attribuer les résultats différents uniquement à cause de la méthodologie.
Tout d’abord une remarque est à faire sur les auteurs. Hutchiston a écrit son paper pour le compte de la
FED, mais Fernandez-Arias et Montiel ont écrit le leur pour le FMI ( IMF Staff Paper). On peut
imaginer un conflit d’intérêt éventuel.
Deuxièmement, on pourrait croire que la date de parution assez proche des deux études (2001 pour
Fernandez-Arias et Montiel, 2003 pour Hutchiston) est un plus pour notre comparaison. Leur
échantillon d’étude va de 1965 à 1995 et 1975 à 1997, respectivement, ce qui permet une comparaison
des données sur 20 ans. Cependant si l’on se replace dans le contexte, en 2001 on pouvait être assez
optimiste sur l’évolution à long terme du taux de croissance du PIB, mais en 2003 on ressort à peine
de deux années de basse conjoncture. Il y a eu le choc du 11 septembre 2001 qui, s’il avait été connu
de Fernandez-Arias et Montiel, aurait sûrement calmé leur enthousiasme sur l’évolution économique
future de l’Amérique latine. On ne peut pas dire que l’Argentine ait connu une évolution positive
depuis 2001 et sa crise monétaire sans précédent. Tandis qu’en 2003, Hutchiston n’a peut-être pas
assez de recul vis-à-vis de la crise pour pouvoir donner une appréciation objective de la réalité. Il est à
noter que les chiffres des années 2000 n’entre pas dans leurs études, cependant nous pensons que
l’année à laquelle l’étude est publiée influence directement les vues des auteurs.
Une dernière source qui peut amener ces conclusions opposées et que le but même des papers n’est pas
fondamentalement le même. Hutchiston s’intéresse essentiellement à la volatilité des variables
macroéconomiques ainsi que du nombre important de programmes en Amérique latine, alors que
Fernandez-Arias et Montiel s’intéresse principalement au taux de croissance du PIB.
Ces remarques montrent à quel point la comparaison entre les deux méthodes d’estimation des coûts
de stabilisation du FMI est compliquée. Nous pensons cependant qu’elles ont une influence certaine
sur les résultats obtenus.
5
Critiques du modèle macroéconomique et de la politiques du FMI
5.1 Approche monétaire vs. Structuralisme
Après 60 ans d'existence, ils existent des points de vue fortement contradictoires sur l'importance et le
rôle du FMI pour le système économique international. Comme on l’a élucidé dans la partie 3 de notre
séminaire, la politique macroéconomique du Fond monétaire international est principalement basée sur
une approche monétaire de la balance des paiements (approche traditionnelle du FMI). Cette approche
est souvent contestée et considérée comme inappropriée, ou moins appropriée que le structuralisme.
Contrairement à l'approche monétaire, le structuralisme prône une analyse différente pour les pays en
développement, comme ceux-ci se trouvent dans des environnements complètement différents que les
pays industrialisés. Le structuralisme se concentre ainsi surtout sur l'analyse de la partie offre ainsi que
sur les problèmes structurels des pays concernés. L'inflation n'est plus considérée comme un
phénomène monétaire, qui résulte d'une politique inappropriée, mais plutôt comme goulet
d'étranglement dans une période de croissance d'une économie. Contrairement à l'approche
traditionnel du FMI le structuralisme voit l'inflation donc comme un résultat et non pas comme cause.
Ainsi les structuralistes prônent une politique économique qui visent les goulets d'étranglement (alors
les problèmes structurels) plutôt qu'une politique anti-inflationniste qui vise à réduire les déséquilibres
au niveau de la balance des paiements.
En plus, on reproche que les termes d'échanges des pays en développement ne soient pas pris en
considération dans l'analyse macroéconomique du FMI. Les représentants du structuralisme arguent
que la substituabilité entre exportations, importations et production domestique (non négociable) de la
plupart des pays en développement tend vers zéro. Sans droit de douane et sans dévaluation, il n'y a
pour un pays que deux façons d'accumuler un excédent commercial. La première consiste à exporter
davantage, mais ce n'est ni facile, ni réalisable rapidement, surtout pas avec un rationnement de crédit.
La seconde est de moins importer, ce qui est malheureusement assez souvent la seule option. En
limitant les importations on réduit les exportations et ainsi leurs revenus, ce qui peut mener à une
récession. C'est ainsi, selon les structuralistes, que la crise économique a été exportée, pendant la crise
asiatique en 1997. En conséquent, un recentrage inévitable de la production des pays en
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17
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Politique Macroéconomique: Coûts des stabilisations imposées
développement est prôné, ce qui peut uniquement réussir si les problèmes structurels sont attaqués en
premier lieu.
Une autre critique de la part des structuralistes va un peu dans le même sens. Comme on a vu dans la
partie 3, une des tâches à accomplir au sein d'un programme de stabilisation, est assez souvent la
dévaluation de la devise domestique, ce qui signifie en premier lieu une augmentation des prix des
biens et services importés. La plupart des pays en développement sont dépendants des importations de
biens intermédiaires ainsi que du capital pour leur processus de production. L'augmentation des prix
de ces importations intermédiaires et pour la plupart répercutée sur les consommateurs, ce qui
provoque une augmentation des prix des biens et services finaux. Cette dévaluation est ainsi dite
inflationniste.
En plus, une dévaluation de la devise provoque toujours une redistribution de la richesse, ce qui peut
dans de nombreux pays en développement, provoquer de graves crises sociales. Les programmes de
stabilisations du FMI sont pour ces deux raisons souvent dites de stagflationnistes dans le court terme.
Un autre désaccord se trouve au sein de l'interprétation du fonctionnement des marchés financiers. Les
structuralistes ne partagent pas l'opinion des monétaristes que le fonctionnement des marchés
financiers des pays en développement et de celui des pays industrialisés sont comparables. Ils partent
plutôt du point de vue, que à la fois les infrastructures, le fonctionnement, ainsi que les effets des
marchés financiers dans les pays en développement sont fondamentalement différents de ceux dans les
pays avancés et qu'on ne peut ainsi pas appliquer les mêmes théorèmes. On peut voir cela comme on
veut, mais en réalité on ne connaît que peu d'exemples où l`approche du Fond a marché, mais par
contre de nombreux cas où cette approche n'a pas marché du tout, ce qui souligne ce ce qui a été déjà
dit par Stigitz sur cette approche. "La libéralisation des marchés financiers non associée à une
réglementation appropriée est un moyen à peu près sûr de créer l'instabilité économique – et elle risque
de faire monter et non baisser les taux d'intérêt."3
5.2 Critique de l'efficacité des programmes de stabilisation temporelles
Le Fond souligne souvent que son rôle principal consiste en la stabilisation du système monétaire à
court terme et que c'est la Banque Mondiale qui doit s'occuper des problèmes structurels et de la
croissance à long terme. La question que se pose les structuralistes ainsi que d'autres économistes est,
si cela a du sens de tenter une stabilisation de l'économie à court terme.
Depuis la fin des années 50, beaucoup de pays de l'Amérique latine ont souffert d'une inflation
chronique. Pendant les dernières 35 années la plupart des programmes de stabilisation qui visaient à
stabiliser les taux de change, ont échoué. Surtout les programme où les ajustements au niveau fiscal
étaient partiellement ou même complètement absents ont échoué. Effectivement, l'élimination des
déficits publics énormes s'est avérée comme condition nécessaire pour le succès des programmes.
Selon une analyse de Laura Alfaro4, dans laquelle elle analyse les interrelations entre le taux
d'inflation, le taux de change réel, la distribution du revenu national, les programmes de stabilisation
temporelles ne produisent en général pas les effets positifs souhaités. Elle part de l'hypothèse que le
profil de consommation sous un programme de stabilisation temporaire n'est pas régulier, comme tout
agent économique connaît la date où le programme va prendre fin. Le fait, que le programme est
temporellement limité perturbe les décisions de consommation intertemporelles des agents
économiques. Ce comportement provoque donc des coûts ("smoothing costs"), ce qui fait que la
situation sous le programme temporel est moins favorable pour un agent représentatif, que la situation
du statu quo.
Elle travaille avec un modèle d'une petite économie ouverte avec mobilité parfaite du capital et deux
types d'agents, caractérisés par la même fonction d'utilité, mais avec différents équipements. Un agent
dispose de biens négociables tandis que l'autre ne dispose uniquement de biens non-négociables. Elle
analyse ainsi les effets d'une politique de stabilisation temporelle, qui est définie comme une réduction
temporelle de la dévaluation. Selon cette analyse, le gouvernement annonce cette réduction en s = t.
3
4
Stiglitz, 2002
Laura Alfaro, 2002
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Cependant le public attend que le programme soit abandonné en s = t + 1, avec une nouvelle hausse de
la dévaluation.
On peut donc comparer ces résultats avec les estimations d'un programme tout à fait identique dans le
contenu, mais qui n'est pas temporel, dont on ne connaît ainsi pas une date finale.
Graphique 3: Effets des programmes temporels ; Source: Alfaro (2002)
où
CT = Consommation de biens négociables (tradable goods)
CN = Consommation de biens non-négociables (non-tradable goods)
ρ = PN / PT = Prix relatif des biens non-négociables = taux d'échange réel
CA = Compte Courant (Current Account)
Une réduction temporelle de la dévaluation provoque en premier lieu une réduction des taux d'intérêt
nominal, ce qui fait diminuer les prix de la consommation actuelle relative à la consommation future.
Ainsi, les agents économiques désirent acheter plus des deux types de biens, négociables ainsi que
non-négociables (substitution intertemporelle de la consommation). La demande accrue de biens
négociables va provoquer une augmentation des importations et ainsi un déficit au niveau du compte
courant. La demande accrue des biens non-négociables conduit dans la plupart des cas à une
augmentation des prix, comme la production est souvent restreinte et ne peut pas être élargie en peu de
temps. La consommation de biens domestiques est donc souvent remplacée par des importations
meilleures marché. Cette consommation accrue des biens négociables implique une augmentation du
prix relatif des biens non-négociables et ainsi une appréciation du taux d'échange réel.
On peut voir sur le graphique, qu'après la date où le programme temporel prend fin, toutes les
variables reviennent à leur niveaux initial. Pour la consommation des deux types de biens il se peut
même qu'elle se voit diminuée dans la période après le programme, comparé à la période avant le
programme.
Il faut ajouter que cette analyse prend en compte uniquement les modifications de bien-être des agents
en cas de changement dans les taux de change réels. On peut bien s'imaginer que les résultats seraient
un peu différents si on incluait dans l'analyse toute décision concernant le marché de travail, les
investissements ainsi que les ajustements au niveau fiscal, qui sont même par Laura Alfaro considérés
comme fondamentaux pour la réussite de tout programme de stabilisation, peu importe si temporaire
ou pas.
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5.3 Critiques idéologiques
Dans les années 80, la politique et le débat du développement étaient dominés par le consensus de
Washington, fortement poussés en théorie ainsi qu'en pratique par le Fond Monétaire International et
la Banque Mondiale. Ce consensus s'est, sous de fortes critiques, de plus en plus modifié vers un
consensus post-Washington.
Le consensus de Washington est en fait un ensemble de thèses, élaborées par un certain John
Williamson, vers la fin des années 90. Il voyait ces thèses concernant le développement économiques
des pays les plus pauvres en premier lieu comme une liste de dix reformes politiques spécifiques.
Cette liste n'est selon lui pas à voire comme recette ultime pour un développement de tous les pays,
mais a plutôt été élaboré pour les pays d'Amérique Latine en particulier.
La liste est composée de dix reformes politiques:
1.
Austérité dans la politique fiscale.
2.
Redirection des dépenses publique vers les branches à ROI élevé (éducation, santé,
infrastructures en général).
3.
Réforme fiscale; la question fondamentale est ici, comment générer du revenu additionnel
dans des pays en développement, en corrigeant en même temps les déficits budgétaires.
4.
Libéralisation du secteur financier.
5.
Système compétitif mais stable de taux de change.
6.
Politique commerciale visant à l'élimination de toutes barrières commerciales ainsi que
l'ouverture des marchés à la concurrence internationale.
7.
Élimination de toutes barrières pour les investissements étrangers directs, inclus la
disponibilité internationale de la propriété intellectuelle.
8.
Privatisation de toute institution étatique.
9.
Abolition des régulations afin de simplifier l'arrivée de nouvelles entreprises.
10.
Sécurité des droits de propriétés.
Les critiques, parmi lesquels Joseph Stiglitz est probablement le plus connu, reprochent surtout au
FMI d'avoir chercher à introduire rigoureusement et mettre en pratique ces dix réformes, à travers
leurs programmes de stabilisation, avec une tendance à préférer des solutions globales et identiques,
quel que soit le contexte, et ainsi sans prise en compte des propriétés spécifiques des pays en question.
Les politiques néolibérales ont incontestablement dominé le développement des dernières années, à la
fois dans les pays du Nord ainsi que du Sud. Il n'est pas question de discuter les pros et contras de cette
politique dans le cadre de ce séminaire, comme ceci ne se laisse uniquement faire dans un cadre
idéologique et ainsi moins neutre. Selon ces différentes idéologies, les coûts ainsi que les bénéfices
des programmes de stabilisation du FMI varient fortement.
6
Conclusion
Nous espérons avoir pu, tout au long de ce travail, montrer au lecteur le fonctionnement du FMI ainsi
que la théorie économique qui se cache derrière les programmes de stabilisation. Nous avons
volontairement axé notre séminaire sur les causes plutôt que sur les résultats en ce qui concerne les
coûts des stabilisation. Nous avons trouvé plus intéressant de définir en profondeur les mécanismes de
décision du FMI plutôt que de comparer des chiffres entre différents pays. Nous voulions fournir au
lecteur toutes les clés nécessaires pour qu'il se forge sa propre opinion vis-à-vis du Fond.
En ce qui nous concerne ce travail nous a permis d'avoir une approche plus globale sur le FMI. Nous
avons pu voir tous les aspects de son fonctionnement ainsi que les modèles économiques qui l'amène à
agir selon une certaine doctrine. Nous avons pu nous confronter à des aspects moins médiatiques, mais
qui nous ont permis de comprendre le Fond dans un contexte plus neutre.
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