Le Parisien.fr
05 octobre 2016
Santé : tous des brutes les médecins ?
LE FAIT DU JOUR. Dans un livre qui sort aujourd'hui, le Dr Martin Winckler dénonce la
violence de confrères. Exagéré ?
« Ce n'est quand même pas si compliqué de pousser ! » voilà ce que Maeva, 30 ans, s'est
entendu dire alors qu'elle faisait tout ce qu'elle pouvait ! Six jours après la naissance de son
premier bébé après dix heures de travail, cette professeur des écoles est encore sous le
choc : « Quelle brutalité, soupire cette habitante des Yvelines. J'étais déjà en plein stress car
on m'avait dit que mon bébé était en danger... » La petite Mila se porte bien. Mais sa
maman n'oubliera pas de sitôt ces deux femmes médecins qui ont surgi, sans se présenter,
en lui intimant d'ordre d'en finir « en quarante minutes » !
Cette histoire n'étonnerait guère Martin Winckler, l'auteur de « la Maladie de Sachs », parti
vivre au Canada en 2008. « Les médecins maltraitants sont une plaie. Ils trahissent la
confiance des patients tout en faisant beaucoup de mal à la Sécu avec des prescriptions
inutiles », dénonce cet ex-généraliste, dont le livre au titre choc « les Brutes en blanc » sort
aujourd'hui.
Exagéré ? Anticonfraternel ? « J'assume ! Trop souvent encore, des médecins, parce qu'ils
estiment faire partie de l'élite, parce qu'ils n'ont jamais reçu en fac de cours d'éthique et de
psychologie comportementale, pensent qu'ils ont tous les droits. Ils se sentent moralement
supérieurs à ceux qu'ils soignent, explique l'écrivain. Le problème est que cela peut être très
destructeur. Car, dans l'acte de soigner, le médecin est un remède en soi. Plus le médecin
écoute, conseille, réconforte, meilleurs seront les résultats. » Et si l'attention manque pour le
patient, c'est encore pire à l'égard de ses proches, comme Jamil, croisé hier à la sortie des
urgences d'un hôpital parisien : « Cela fait deux heures que j'attends des nouvelles de ma
marraine de 78 ans qui est tombée ce matin. Personne ne m'informe. »
Appels de détresse
Martin Winckler n'exerce plus depuis huit ans, pourtant, il reçoit encore chaque semaine des
appels de détresse. « Il y a trois jours, une maman traumatisée m'a joint. Sa pédiatre avait
décalotté, sans lui en demander la permission, le prépuce de son garçon alors qu'il est
prouvé depuis 1968 que, médicalement parlant, c'est parfaitement inutile. Son enfant
souffrait le martyre. Le médecin enfreint six articles du code de déontologie. » Martin
Winckler a conseillé à cette mère de porter plainte au pénal pour coups et blessure. Il juge
toutefois encourageants les témoignages rageurs sur Internet : « Ça bouge, c'est bien, vive
les réseaux sociaux, vive les séries comme Dr House, Grey's Anatomy ou Urgences qui ont
fait découvrir qu'un médecin, ce n'est ni un surhomme ni une surfemme, ça triche, ça ment,
c'est vénal, bref, c'est comme tout le monde. »
Aline Gérard (avec Léa Sabourin)
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