InfoMusa - Vol. 12 - N°2
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InfoMusa - Vol. 12 - N°2
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En août 2001, le personnel du service
d’extension agricole du district de Mukono
a fait état d’une maladie présentant des
symptômes de flétrissement qui se répandait
rapidement dans le village de Bulyanti, en
Ouganda. En réponse à cette information, une
équipe de phytopathologistes de la National
Agricultural Research Organization (NARO)
ainsi que des travailleurs du service d’extension
du district de Mukono ont visité la zone affectée.
Parmi les agriculteurs visités, se trouvait M.
Musiitwa qui avait été le premier à mentionner
la maladie, et dont la plantation était la plus
atteinte. Plusieurs plantations avoisinantes ont
également été visitées et des évaluations de la
maladie ont été effectuées. Des échantillons de
tissus malades ont été prélevés pour isolement
et identification de l’agent pathogène. Des
échantillons ont été envoyés à CABI Bioscience
au Royaume Uni pour isolement et identification
de l’organisme responsable. On a demandé
aux agriculteurs et aux travailleurs des services
de vulgarisation de signaler toute nouvelle
observation de la maladie. Ce rapport résume les
activités de diagnostic de la maladie entreprises
et les mesures prises pour contenir la maladie.
La maladie
Les résultats de CABI ont suggéré qu’une
bactérie, Xanthomonas campestris pv.
musacearum, en était l’agent causal. Les tests de
pathogénicité (postulat de Koch) ont confirmé la
maladie. Cette bactérie est connue pour causer
le flétrissement chez Ensete et les bananiers en
Ethiopie (Yirgou et Bradbury 1968, 1974).
La maladie a été observée à la fois sur des
bananiers des hautes terres d’Afrique de l’est
et des bananiers exotiques (bananes dessert
et à bière), mais, du fait de la prévalence des
bananiers des hautes terres, ces derniers
étaient les plus affectés. Dans un champ en
particulier, l’incidence a été estimée à 70%,
mais certaines des plantes affectées avaient été
abattues et déracinées pour essayer de contrôler
la maladie et il a ainsi été difficile d’identifier les
symptômes sur les plants déracinés. Malgré cela,
il était évident que l’incidence de la maladie était
extrêmement élevée dans certains champs.
Selon un certain nombre de fermiers
interviewés, la maladie a été d’abord observée
aux alentours d’octobre 2000 sur la plantation de
M. Musiitwa. Par la suite, elle s’est répandue dans
plusieurs plantations des zones avoisinantes.
L’équipe et les paysans n’ont pas réussi à établir
comment la maladie était entrée dans la région.
Elle est d’abord apparue dans une plantation de
plus de sept ans, suggérant qu’elle n’avait pas
été transmise avec le matériel de plantation. Les
agriculteurs qui avaient ce problème ont indiqué
qu’ils avaient reçu leur matériel de plantation de
sources locales. Il n’a pas été possible d’établir la
source de la maladie à partir de discussions avec
les agriculteurs.
Symptômes externes
La maladie a principalement été observée
sur des plantes ayant passé le stade de rejet
demoiselle (bien que certains des rejets les plus
jeunes aient présenté des symptômes) et ayant
récemment fleuris. Les caractéristiques majeures
de la maladie sont un jaunissement et un
flétrissement complet de la plante qui commence
avec les feuilles les plus périphériques, comme
chez la fusariose du bananier. Cependant,
contrairement à la fusariose qui n’affecte pas les
cultivars d’Afrique de l’est, cette bactérie affecte
tous les types de bananiers. Les fruits ont montré
une décoloration de la pulpe quand ils ont été
sectionnés (figure 1). Après le flétrissement, les
feuilles ont tendance à tomber et la plante arrête
de croître et meurt.
Des sécrétions bactériennes ont également été
observées sur les feuilles. De telles sécrétions
sont absentes dans le cas de la fusariose et
peuvent être utilisées pour faire la distinction
entre les deux maladies sur les cultivars qui sont
également affectés par la fusariose (par exemple
‘Pisang awak’ et ‘Gros Michel’).
Les symptômes les plus communément
observés sont le flétrissement et le mûrissement
prématuré du régime, parfois moins d’un mois
après son émergence. Parmi les plantes qui
ont fleuri, les feuilles peuvent présenter des
symptômes de flétrissement alors que le régime
est encore vert, mais ces régimes finissent par
mûrir et peuvent aussi pourrir.
Chez des plantes sévèrement affectées, le
bourgeon mâle apparaît flétri et parfois décoloré
(figure 2). La hampe du bourgeon floral montre
une décoloration qui progresse de la base du
bourgeon mâle vers le régime. Une sécrétion de
couleur crème, typique de nombreuses infections
bactériennes, peut être aperçu dans la zone la
plus proche du bourgeon mâle.
Symptômes internes
Une décoloration jaune pâle a été observée dans
la section transversale du corme des plantes les
plus affectées. Lorsque les pseudotroncs des
Epidémie de flétrissement bactérien sur le bananier
en Ouganda
W. Tushemereirwe, A. Kangire, J. Smith, F. Ssekiwoko, M. Nakyanzi, D. Kataama,
C. Musiitwa et R. Karyaija
Flétrissement bactérien