VI
En Chine, les arriérés se chiffrent en milliards de dollars.
Au cours des cinq dernières années, la plupart des observations for-
mulées par la Commission d’experts pour l’application des conventions
et recommandations du BIT à propos de la convention sur la protection
du salaire ont porté sur des arriérés de salaires et sur des paiements en
nature que nous évoquons aussi dans cette édition.
Le choix de faire de la convention no 95 l’objet d’une étude d’ensem-
ble, qui sera discutée au cours de la Conférence internationale du Travail
de juin 2003, ne peut être plus pertinent.
Le problème des arriérés de salaires est, certes, complexe. Mais plu-
sieurs éléments se dégagent des analyses effectuées par les correspondants
du Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) du BIT ainsi que
des articles que nous publions dans cette édition.
Rappelons d’abord les recommandations de la Commission d’experts
qui a eu à se pencher sur de nombreux dossiers d’arriérés. Premièrement,
il doit être clair pour tout le monde que les retards dans le paiement des
salaires constituent une violation fl agrante de l’esprit et de la lettre de la
convention sur la protection du salaire. L’article 12 (1) de cet instrument
stipule en effet que: «Le salaire sera payé à intervalles réguliers. A moins
qu’il n’existe d’autres arrangements satisfaisants qui assurent le paiement
du salaire à des intervalles réguliers, les intervalles auxquels le salaire doit
être payé seront prescrits par la législation nationale ou fi xés par une con-
vention collective ou une sentence arbitrale.» A cet égard, la Commission
d’experts a rappelé, à maintes reprises, qu’il appartenait aux gouverne-
ments de faire respecter la convention et de veiller à ce que les salaires
soient payés à heure et à temps non seulement dans la fonction publique,
où l’Etat est employeur, mais aussi dans les secteurs parapublic et privé.
Deuxièmement, l’application de la convention doit, selon la Commission
d’experts, reposer sur trois éléments: un contrôle effi cace de la part de l’ins-
pection du travail, l’application stricte des sanctions prévues en cas de vio-
lations et, non seulement le règlement des montants dus aux travailleurs,
mais aussi le paiement de compensations pour les dommages qu’ont pu
occasionner les retards. Troisièmement, l’adaptation, si nécessaire, de la
législation qui devra être mise en conformité avec la convention.
L’intervention de l’Etat, y compris le respect de ses propres engage-
ments immédiats envers ses agents et fonctionnaires, a un prix. Mais l’inac-
tion risque d’être bien plus chère. Toutes les études montrent que les ar-
riérés de salaires conduisent à une détérioration des conditions de vie, à
une baisse de la consommation des ménages et à la chute de l’espérance
de vie. De plus, on assiste dans tous les pays affectés au développement
d’une économie parallèle, du marché noir et de la corruption.
La capacité des gouvernements d’agir sur la crise des salaires impayés
ne doit faire aucun doute. En témoignent, dans certains pays, les soudaines
améliorations enregistrées à la veille d’élections présidentielles ou légis-
latives. Ces brèves éclaircies en disent long sur l’importance de la bonne
gouvernance dans cette question.
On ne peut pas non plus nier le rôle que devraient pouvoir jouer les
institutions fi nancières internationales. Elles pourraient, par exemple, uti-
lement conseiller aux gouvernements d’engager un dialogue social sur
l’épineux dossier des salaires impayés. Nous n’en sommes pas encore
là malheureusement. Les récits qui émaillent cette édition d’Education
ouvrière évoquent tous les ratés de l’ajustement structurel et de la tran-