L`essentiel en 5 points

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Fractures chez l’enfant : particularités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques. Question ENC n° 237 E.Bourgeois, J.Griffet (Grenoble) Objectifs de l’enseignement :
L’étudiant doit connaître :
- Les principales circonstances de survenue des fractures chez l’enfant et leur
fréquence.
- Les principaux signes cliniques d’une fracture, la démarche diagnostique à
effectuer.
- Les particularités de l’os de l’enfant liées à la croissance, structures anatomiques
spécifiques et leurs propriétés.
- Les types de fracture propres à l’enfant en rapport avec ces particularités
anatomiques et mécaniques.
- Les possibilités thérapeutiques : orthopédiques ou chirurgicales. Principes,
techniques, surveillance.
- Les principes de consolidation osseuse de l’enfant.
L’essentiel en 5 points L’enfant traumatisé nécessite une prise en charge adaptée, différente de l’adulte, dans son approche clinique, diagnostique et thérapeutique. Le squelette de l’enfant grandit et s’ossifie à partir des cartilages de croissance, du périoste, des noyaux épiphysaires et de la maquette cartilagineuse. Cette dynamique de construction lui confère des propriétés particulières (plasticité, remodelage) en rapport avec des lésions spécifiques (fracture en motte de beurre, bois vert, décollements épiphysaires…). Le traitement doit être adapté. Une large place est faite au traitement orthopédique. L’ostéosynthèse est la moins invasive possible afin de préserver les structures en croissance et le potentiel de croissance restant. La prise en charge médicamenteuse de la douleur et l’immobilisation sont essentielles dans l’attente d’un avis spécialisé. 1. Généralités 1.1 Epidémiologie • La traumatologie infantile est la première cause de décès, la première cause de
séquelle et
d’indemnisation du dommage corporel chez l’enfant. C’est aussi le premier motif
d’hospitalisation de l’enfant.
• Les garçons présentent plus de fractures que les filles (60% contre 40%).
• Le risque de fracture durant l’enfance est de 40% pour les garçons et de 27% pour
les filles.
• La fracture du poignet est la fracture la plus fréquente.
• La naissance peut être le premier événement traumatique de la vie de l’enfant, il
convient de bien examiner et dépister l’existence des traumatismes obstétricaux
chez le nouveau-né.
• Une anamnèse peu précise, la survenue d’un traumatisme chez un enfant n’ayant
pas encore acquis une marche autonome, surtout avant 2 ans, des traumatismes de
localisation multiple et/ou répétés dans le temps doivent faire évoquer le diagnostic
de syndrome de Silvermann (maltraitance).
• La fracture peut être le mode de découverte d’une tumeur osseuse bénigne ou
maligne sous-jacente conférant à l’os pathologique une fragilité excessive.
1.2 Physiologie osseuse et croissance L’os de l’enfant est une structure en croissance. La formation du squelette se
fait progressivement depuis la vie embryonnaire pour aboutir à une maquette
cartilagineuse complète dont l’ossification a déjà débuté à la naissance, c’est le
stade l’ossification primaire.
Pendant toute la durée de la croissance, l’os grandit par des
phénomènes d’ossification secondaire qui peut être endochondrale ou périostée.
L’ossification endochondrale est un phénomène
d’ostéoformation qui se produit par différenciation des
chondroblastes (cellules progénitrices cartilagineuses)
en chondrocytes puis en ostéoblastes et en
ostéocytes au sein d’une structure appelée cartilage
de croissance ou cartilage de conjugaison ou physe.
Cartilage hyalin
Zone de prolifération
chondroblastique
Zone de
différenciation en
ostéocytes
Os mature
nouvellement formé
Région métaphysaire
Epiphyse
Cartilage de conjugaison
Métaphyse
Au niveau des os longs,
ce
cartilage
de
Diaphyse
croissance est situé
dans la zone épiphysométaphysaire.
Il participe à la croissance en longueur de l’os. C’est
au sein de cette zone, sur le versant épiphysaire, qu’ont
lieu les phénomènes de prolifération cellulaire
chondroblastique. La différenciation cellulaire se
poursuit ensuite de manière centrifuge, en direction de
la métaphyse. En région métaphysaire, on retrouve
donc un os mature nouvellement formé composé
d’ostéocytes et d’une matrice cartilagineuse calcifiée.
Ce phénomène est progressif et a lieu de manière
régulière pendant toute la durée de la croissance,
jusqu’à ce que toute la matrice cartilagineuse soit
ossifiée et calcifiée.
Sur le plan radiographique, toutes les structures cartilagineuses sont
radiotransparentes. Seules les structures déjà calcifiées, en cours d’ossification sont
visibles sur les clichés. C’est la raison pour laquelle on peut observer en fonction des
différents âges de la vie de l’enfant des noyaux d’ossification épiphysaires pour les
os longs de formes et de tailles variables selon l’état de maturation squelettique et un
cartilage de croissance radiotransparent plus large chez le petit enfant que chez
l’enfant plus âgé.
En fin de croissance, la
totalité de la maquette
squelettique cartilagineuse a
disparu, les cartilages de
croissance n’existent plus.
On trouve au sein de toutes
ces zones un os calcifié
mature
soumis
au
renouvellement
lié
au
vieillissement cellulaire.
En ce qui concerne les vertèbres, les os du carpe et du tarse, le cartilage de
croissance est périphérique et il apparaît dans un premier temps un noyau
d’ossification central.
Le cartilage de croissance est une zone en perpétuelle activité pendant les 15
premières années de vie de l’enfant. Les phénomènes de multiplication,
différenciation cellulaire et ossification font appel à de nombreux médiateurs
cellulaires, hormonaux acheminés par voie sanguine. La composition de l’os de
l’enfant diffère donc de celle de l’adulte sur le plan cellulaire et vasculaire, lui
conférant une plasticité plus grande et une résistance mécanique moins intense. Le
cartilage de croissance est une zone de particulière fragilité. Il est mécaniquement
faible, peu résistant aux forces de traction axiale et de torsion.
Une atteinte traumatique ou infectieuse peut être définitive et porter préjudice
à la croissance à venir en entraînant un défaut de longueur ou d’axe du segment
osseux considéré. En effet, suite à cette atteinte peut se créer un pont osseux entre
l’épiphyse et la métaphyse, correspondant à zone de fusion précoce du cartilage de
croissance et empêchant la poursuite d’une croissance normale. Ce phénomène est
appelé épiphysiodèse.
Si l’épiphysiodèse est centrale et > 40% de la surface de cartilage de
croissance, elle est considérée comme complète. Elle a pour conséquence un arrêt
de croissance et à terme entraîne une inégalité de longueur. Si l’épiphysiodèse est
incomplète, non centrée, on pourra observer une asymétrie de croissance avec une
désaxation qui peut se faire dans le plan frontal et/ou sagittal, entraînant un
déformation en varus, valgus et/ou flessum, recurvatum.
IRM de cheville profil et face, séquence
T1. On constate l’existence d’une
interruption du cartilage de croissance
correspondant
à
un
pont
d’épiphysiodèse central
L’ossification périostée
Le périoste est un tissu fibreux qui entoure l’os dans sa portion diaphysométaphysaire, entre les cartilages de croissance d’un os long, de manière
circonférentielle. A sa face interne se trouvent des ostéoblastes qui se multiplient et
se différencient en ostéocytes, participant à la croissance de l’os en largeur sur toute
sa hauteur. Les propriétés ostéoformatrices du périoste confèrent à l’os une capacité
de consolidation post-fracturaire plus importante que chez l’adulte. Ce tissu est
mécaniquement très résistant chez l’enfant alors qu’il involue chez l’adulte pour ne
devenir qu’une fine membrane dont les propriétés mécaniques sont quasi nulles.
1.3 Physiopathologie, types de fracture et classifications
Les phénomènes de croissance, le cartilage de croissance, le périoste sont
des particularités physiologiques et anatomiques qui permettent de comprendre
l’existence de types de lésions traumatiques de l’appareil locomoteur propres à
l’enfant.
Ainsi, les luxations traumatiques sont beaucoup plus rares que chez l’adulte : les
zones de faiblesse mécanique étant osseuses et cartilagineuses et non capsuloligamentaires.
Les types de fractures spécifiques de l’enfant sont :
- la fracture en motte de beurre
- la fracture en bois vert
- la déformation plastique
- le décollement épiphysaire
- la fracture en cheveu ou fracture sous-périostée
- les tassements vertébraux étagés
La fracture en motte de beurre :
La localisation la plus fréquente est l’extrémité
inférieure du radius. Elle fait suite à une réception de chute
sur la main. Il s’agit d’une plicature plastique de la corticale
métaphysaire, il n’y a aucune perte de contact entre les
fragments osseux, le périoste est continu et guide la
consolidation.
La fracture en bois vert :
C’est une fracture diaphysaire. Une corticale est pliée
alors que l’autre corticale est rompue et discontinue. Si le
déplacement, l’angulation est importante, elle ne pourra être
réduite qu’en provoquant une rupture de la seconde corticale
afin de réaligner convenablement les 2 fragments.
La déformation plastique :
Il s’agit d’une déformation osseuse qui
survient si la force exercée lors du choc est
suffisamment importante mais ne dépasse pas
le seuil de résistance conduisant à la fracture.
Il n’y a donc pas de solution de continuité mais
une courbure plastique s’étendant sur toute la
longueur de l’os (microfractures étagées). Ce
phénomène peut se produire sur les 2 os de
l’avant-bras ou de la jambe ou sur l’un d’entre
eux seulement (fibula, ulna).
Le décollement épiphysaire :
Ce traumatisme intéresse le cartilage de
croissance. Le pronostic est directement lié au stade de
la fracture selon la classification de Salter et Harris.
Stade I : Décollement épiphysaire pur. Le trait de fracture
passe dans le cartilage de croissance, sur le versant
métaphysaire (pas de lésion des cellules germinales
chondroblastiques).Le pronostic de croissance est bon.
Stade II : Décollement épiphysaire avec refend
métaphysaire
Le trait de fracture passe sur le versant métaphysaire du
cartilage de croissance et se poursuit dans la métaphyse. Il
peut exister un déplacement important qui doit alors être
réduit. Le pronostic de croissance est généralement bon.
Stade III : Décollement épiphysaire avec refend épiphysaire.
Le trait de fracture passe à travers le cartilage de croissance et le
décolle avant de se poursuivre dans l’épiphyse. Il peut exister un
déplacement. Cette fracture est de gravité plus importante pour 2
raisons :
- la couche de cellules germinales chondroblastiques est
atteinte et le traumatisme peut être à l’origine d’une
épiphysiodèse.
- le trait se poursuivant dans l’épiphyse est intra-articulaire.
Il peut y avoir un déplacement des surfaces articulaires
entraînant une incongruence et des troubles de la mobilité et de
la fonction de l’articulation.
Un déplacement doit donc être absolument réduit. Le pronostic
de croissance est réservé. Les parents et l’enfant doivent être
informés de la nécessité d’un suivi à long terme de la croissance
et de la possibilité de conséquences néfastes du traumatisme.
Stade IV : Fracture épiphyso-métaphysaire.
Le trait de fracture traverse le cartilage de croissance en
passant de l’épiphyse à la métaphyse. Les conséquences
possibles sont les mêmes que pour le stade III.
Stade V : il s’agit d’un traumatisme en compression du cartilage de
croissance. La radiographie initiale peut être normale, il n’y a pas de
déplacement ou de trait de refend associé. L’importance de l’impaction
peut avoir pour conséquence une lésion du cartilage de croissance sur
son versant épiphysaire et le pronostic de croissance est donc réservé.
La fracture sous-périostée ou fracture en cheveu :
Elle fait souvent suite à un mécanisme en torsion. La lésion osseuse est
présente mais il n’existe pas de déplacement au niveau du foyer de
fracture et le périoste est intact. L’enfant est douloureux à la percussion, à
la rotation du segment jambier et à la mise en charge. Il existe une
impotence fonctionnelle. Les radiographies initiales, de face et de profil,
peuvent sembler normales du fait de l’absence de déplacement. L’enfant
doit être immobilisé. Le diagnostic positif sera alors fait lors d’un contrôle
qui montrera une image de consolidation en cours (apposition périostée)
confirmant rétrospectivement la fracture.
Les tassements vertébraux étagés :
Du fait de la structure cartilagineuse de la vertèbre en
croissance, la colonne vertébrale absorbe le choc de manière très
différente de chez l’adulte. On observe fréquemment des lésions à
type de contusion osseuse ou tassements antérieurs étagés, sur
plusieurs niveaux, véritable fracture plastique du rachis. Le diagnostic,
suspecté par une notion de « souffle coupé » lors du traumatisme, se
fait sur une IRM (contusion, tassement).
Autres types :
Par ailleurs, d’autres types de fractures moins spécifiques à l’enfant
peuvent bien sûr être observés : fracture diaphysaire à trait spiroïde, transversal,
oblique, fracture comminutive ou à 3ème fragment. La spécificité pédiatrique ne réside
pas alors dans le type de lésion mais dans la prise en charge et la thérapeutique à
engager. En effet, la croissance permet à l’os des possibilités de remodelage qui
n’existent pas chez l’adulte et le traitement orthopédique occupe une place de choix
dans la thérapeutique.
2. L’enfant fracturé, examen clinique, recherches de signes de gravité, approche diagnostique 2.1 Examen clinique Après un traumatisme, l’enfant se présente accompagné par
ses parents aux urgences dans un climat d’inquiétude et de douleurs.
La prise en charge de cette douleur doit se faire dès les premiers
instants. Elle permettra de réaliser dans de bonnes conditions un
examen clinique adapté, des
examens diagnostiques et les
premiers soins. L’utilisation
d’échelle d’évaluation de la
douleur adaptée à l’âge et au
niveau d’expression de l’enfant
doit mener à la prescription d’un antalgique de palier 1 à 3.
A l’interrogatoire, on doit recueillir les circonstances et l’heure de survenue du
traumatisme, l’heure du dernier repas (l’enfant est-il à jeun dans l’hypothèse d’une
anesthésie générale?), le poids de l’enfant, les antécédents principaux (néonataux
pour les enfants de moins de 3 ans, hospitalisations précédentes, traitements en
cours, allergies), savoir si le calendrier vaccinal a bien été respecté (vaccination antitétanique en particulier en cas de fracture ouverte).
L’enfant est examiné déshabillé dans une pièce suffisamment chauffée ; la
mise en confiance peut se faire en commençant par examiner un site spontanément
non douloureux (commencer par examiner le membre supérieur droit en cas de
traumatisme à gauche par exemple). L’inspection recherche une évidente
déformation, une ouverture cutanée (fracture ouverte). Les pouls distaux doivent être
recherchés et un examen neurologique réalisé afin de dépister toute complication
vasculo-nerveuse préthérapeutique, notamment en cas de fracture à grand
déplacement. On évalue la sensibilité et la motricité des doigts dans les territoires
radial, médian et ulnaire pour les lésions du membre supérieur, sensibilité et
mobilités en flexion dorsale et plantaire pour le pied et les orteils. L’examen se
poursuit par segments de membres, percussions des métaphyses, testing articulaire.
Dans le cas des traumatismes à haute cinétique, traumatisme du rachis, un
examen abdominal doit être systématique. L’examen neurologique complet des
traumatisés du rachis est obligatoire (recherche d’un syndrome de la queue de
cheval, d’un déficit uni ou bilatéral, sensibilité, motricité, évaluation des fonctions
sphinctériennes). Le « souffle coupé » lors d’une chute sur le dos accompagnant un
traumatisme rachidien est pathognomonique d’un tassement vertébral. Les
épineuses doivent être palpées.
Toutes ces données doivent être consignées dans l’observation initiale.
2.2 Signes de gravité Une ouverture cutanée, une ischémie, des troubles sensitivo-moteurs
consécutifs à un déficit neurologique sont des signes de gravité. En aucun cas, le
diagnostic et le traitement ne doivent être retardés. La prise en charge de la douleur
doit toujours être réalisée en priorité, adaptée à l’enfant. Lorsqu’il existe plusieurs
lésions dont une au moins met en jeu le pronostic vital, l’enfant est dit
« polytraumatisé » et nécessite une prise en charge médico-chirurgicale coordonnée
par un anesthésiste-réanimateur (cf question spécifique sur le polytraumatisé).
2.3 Approche diagnostique Radiographie :
Après une évaluation clinique précise et une prise en charge adéquate de la douleur,
avec une immobilisation provisoire, la radiographie est l’examen complémentaire
diagnostique de choix en première intention. La prescription doit être complète et
ciblée, mentionnant le côté, le segment, les incidences nécessaires et les principaux
éléments de l’examen clinique. Il est toujours nécessaire de faire 2 incidences
perpendiculaires (face et profil) afin d’évaluer l’importance d’un déplacement. Les
clichés comparatifs droite/gauche sont prescrits exceptionnellement, s’il subsiste un
doute diagnostique ou une image suspecte. Jamais la demande ne doit en être faite
en routine : il s’agit d’un regain d’irradiation sans intérêt pour l’enfant et d’un surcoût
inutile. Les clichés doivent explorer l’os en entier et les articulations sus et sousjacentes afin de ne pas méconnaître un traumatisme étagé ou une lésion associée.
Echographie :
C’est un examen non irradiant permettant d’explorer les tissus mous (ligaments,
muscles, capsule articulaire) et les articulations profondes, souvent disponible en
urgence et non irradiant. Elle permet de poser le diagnostic d’entorse de cheville.
Elle peut aider dans le diagnostic d’une fracture sous-périostée (décollement périosté
diaphysaire causé par un hématome) si les radiographies sont normales. Elle permet
de rechercher une hémarthrose dans les articulations peu accessible à l’examen
clinique, signant un traumatisme intra-articulaire cartilagineux ou capsuloligamentaire.
TDM :
La
tomodensitométrie
peut permettre de
préciser
un
diagnostic
et
d’établir un bilan
pré-chirurgical
notamment
dans
les
fractures
articulaires (coude, cheville, plateau tibial) chez le grand enfant (le squelette est alors
en grande partie ossifié et l’exploration par rayons X est contributive) afin de guider
la décision opératoire. (radiographie face et profil et TDM en coupes sagittale et
frontale d’une fracture du massif des épines tibiales genou)
IRM :
L’IRM est un examen de choix pour les lésions cartilagineuses ou
des parties molles (tendons, ligaments…). Elle permet également
de diagnostiquer des contusions osseuses non décelables en
radiographie ou TDM. Elle est rarement utilisée en urgence mais
plutôt dans le cadre d’un complément de bilan ou d’une poursuite
d’investigation diagnostique chez un enfant pour lequel il existe
une discordance radio-clinique, une symptomatologie sans lien
avec les résultats radiographiques. C’est un examen non
irradiant.
Sur l’IRM ci-contre, on observe un hypersignal T2 et une perte de
hauteur de la vertèbre entourée en petits pointillés signant un
tassement. Sur les 3 vertèbres sous-jacentes, un hypersignal en
regard des plateaux supérieurs sans perte de hauteur des corps
vertébraux signe un œdème intra-osseux en rapport avec une
contusion vertébrale.
Scintigraphie :
Elle est d’utilité restreinte actuellement. C’est un examen irradiant
au cours duquel on injecte un traceur radioactif. Il existe une hyper fixation de ce
traceur dans les zones de remaniement osseux. Cet examen est peu spécifique car
le remaniement osseux peut être secondaire à un phénomène infectieux,
traumatique, inflammatoire, vasculaire. Son avantage est de permettre une vue
d’ensemble du squelette, d’obtenir une cartographie des lésions dans le cas d’une
recherche de traumatismes d’âges différents pour un enfant victime de maltraitance
par exemple. Elle permet également de recentrer l’examen sur la zone hyperfixante
en cas d’errance ou de difficulté diagnostique.
2.4 Cas particulier de la fracture sur os pathologique Si un phénomène tumoral bénin ou malin
préexistant fragilise l’os, une fracture dite pathologique
peut survenir pour un traumatisme qui paraît minime. La
prise en charge se fait alors en plusieurs temps : aux
urgences, la radiographie confirme la fracture, on met en
place une immobilisation et un traitement antalgique
adaptée. Secondairement, une discussion multidisciplinaire
doit avoir lieu avec radio et onco-pédiatres. Des bilans
d’imagerie complémentaire (TDM IRM) doivent être
réalisés afin de préciser l’étiologie ou de poser l’indication
d’une biopsie chirurgicale. Le traitement dépendra alors du type de lésion mise en
évidence en anatomopathologie (ci-contre, radiographie d’extrémité supérieure de
l’humérus, fracture métaphysaire avec rupture corticale sur kyste osseux).
3. Consolidation osseuse et traitements 3.1 Consolidation osseuse Le phénomène fracturaire induit un saignement et la formation d’un hématome
au sein duquel va s’organiser une néo-formation d’os débutant par celle d’un cal
primaire fibreux. Ce cal s’ossifiera progressivement pour aboutir à un cal dur formé
d’os lamellaire multidirectionnel. Dans un dernier temps, les travées osseuses se
réorganisent pour obtenir une restauration histologique complète de la structure
osseuse initiale.
Chez l’enfant, le cal périphérique produit par le périoste est très volumineux et
apparaît rapidement. Il englobe le foyer de fracture de manière circonférentielle. La
réaction d’ostéoformation se produit tout le long du périoste. Sur des radiographies
réalisées 10 à 15 jours après une fracture, on peut donc observer des appositions
périostées qui signent le début du phénomène de consolidation. Le cal central se
forme comme expliqué ci-dessus.
S’il existe une angulation entre les fragments osseux secondaires à la fracture
qui n’est pas réduite par le traitement (= cal vicieux), celle-ci pourra être
progressivement diminuée par le remodelage et la croissance. Le remodelage du cal
se fait par apposition périostée du côté de la concavité du cal vicieux et résorption du
côté de la convexité. Ce phénomène est d’autant plus important que l’enfant est
jeune, en rapport avec la qualité du périoste et le potentiel de croissance restante.
La correction attendue d’un cal vicieux obéit à 4 règles :
- Plus la croissance résiduelle est importante (enfant avant 6-8 ans), plus le potentiel
de correction est grand.
- Plus la fracture siège dans une zone proche de la métaphyse, plus le potentiel de
correction est grand.
- Les régions métaphysaires les plus fertiles (« Près du genou, Loin du coude ») sont
celles où les plus grandes déformations peuvent être tolérées ; le potentiel de
correction y étant plus important.
- La correction peut avoir progressivement lieu si le plan de déplacement initial de la
fracture est le même que celui du mouvement des articulations voisines.
- Un cal vicieux dans le plan transversal (= trouble rotatoire) ne se corrige
jamais.
Les délais nécessaires
à
l’obtention
d’une
consolidation suffisante pour
lever une immobilisation ou
reprendre l’appui sont notés
dans le tableau suivant.
Les
phénomènes
de
consolidation nécessitent une
hypervascularisation qui peut
être à l’origine d’une poussée
de croissance du membre
fracturé.
Localisation / type de fracture
Durée d’immobilisation en jours
Doigts
30
Motte de beurre poignet
30
Métaphysaire poignet
45
Diaphyse 2 os avant-bras
90
Supra-condylienne coude
30 à 45
Clavicule
30
Diaphyse humérale
45
Diaphyse fémorale
45
Diaphyse 2 os de la jambe
30 à 45
Métaphyse tibiale inférieure
45
Orteils et métatarsiens
30 à 45
3.2 Traitements : orthopédique, chirurgical Le traitement d’une fracture de l’enfant passe par l’obligatoire prise en charge
de la douleur, réalisée après une évaluation qui doit être régulièrement renouvelée.
Les fractures ouvertes nécessitent toujours un lavage, parage de plaie et la
prescription d’une antibiothérapie prophylactique par amoxicilline/acide clavulanique
en absence d’allergie. Quelque soit le traitement choisi, il doit s’accompagner d’une
surveillance adaptée de l’efficacité et de la tolérance.
3.2.1 Traitement orthopédique Le traitement orthopédique est défini par une immobilisation du membre
fracturé le temps d’obtenir une consolidation suffisante. Cette immobilisation peut
être réalisée par un plâtre, une attelle ou la mise en traction du membre. Elle peut
être mise en place secondairement à une réduction par manœuvres externes sous
sédation ou anesthésie générale selon le type de fracture et son déplacement. La
consolidation d’un segment osseux nécessite l’immobilisation des articulations sus et
sous-jacentes.
L’utilisation du plâtre est souvent préférable à celle de la résine lorsqu’une réduction
est nécessaire : le plâtre peut être moulé au plus près de l’os dans la position de
réduction et doit être fendu et écarté pour éviter la compression due à l’œdème
secondaire.
Le traitement s’accompagne d’un repos et d’un arrêt de l’appui pour les membres
inférieurs. Des béquilles ou un fauteuil roulant doivent alors être utilisés.
Exemples d’immobilisation :
Plâtre antebrachio-palmaire (manchette ou gantelet) : couvre avant-bras et main
jusqu’à la base des métacarpiens
Plâtre brachio-antebrachio-palmaire (BABP) : couvre humérus proximal, avant-bras
et main jusqu’à la base des métacarpiens
Plâtre thoraco-brachial : immobilise l’épaule, bras accolé au thorax
Botte plâtrée ou plâtre suro-pédieux : couvre la jambe et le pied jusqu’à la base des
orteils
Plâtre fémoro-pédieux : couvre la cuisse, la jambe et le pied jusqu’à la base des
orteils
Plâtre pelvi-pédieux : couvre le bassin, la cuisse la jambe et le pied jusqu’à la base
des orteils
Syndactylie : immobilisation de 2 ou plusieurs doigts. Elle peut être complète ou
relative en laissant mobiles les articulations métacarpo-phalangiennes et interphalangiennes.
Traction : dispositif associant un bandage du membre inférieur et une ficelle à
laquelle sont suspendus des poids, permettant de maintenir le membre dans l’axe,
au zénith (verticale, fig.1) ou dans le plan du lit (fig.2).
Fig 2
Fig 1
Le traitement orthopédique nécessite une surveillance de la coloration, la
chaleur cutanée, la sensibilité des extrémités qui peuvent être modifiées en cas de
compression par un œdème ou un hématome volumineux sous le plâtre. Il ne doit
exister aucun point d’appui qui pourrait être à l’origine de lésions cutanées ou
escarres. S’il existe une douleur non soulagée par des antalgiques adaptées ou une
intolérance inhabituelle au traitement, le plâtre doit être retiré et le membre
réexaminé.
La surveillance de l’évolution au niveau du foyer de fracture se fait par des
radiographies régulières. L’objectif est de :
- dépister la survenue d’un déplacement secondaire précoce indiquant une réduction
par manœuvres externes ou une reprise
- évaluer la consolidation jusqu’à la fin du traitement.
Après la fin de l’immobilisation, il peut exister une raideur articulaire temporaire. Elle
disparaîtra avec la reprise de fonctionnalité progressive du membre traumatisé. Pour
le membre inférieur, l’appui est autorisé dès la fin de la période d’immobilisation. En
fonction du type de fracture initiale, un suivi à long terme est nécessaire après la fin
du processus de consolidation afin d’évaluer si la croissance se poursuit
convenablement.
Chez l’enfant, l’immobilisation des membres inférieurs et l’absence d’appui ne
s’accompagne pas de prescription d’anticoagulants.
3.2.2 Traitement chirurgical L’objectif du traitement chirurgical est de restaurer des
rapports anatomiques normaux au niveau du foyer de fracture et
de conférer à la fracture la stabilité nécessaire dans le temps à
une bonne consolidation. Chez l’enfant, les interventions ont lieu
le plus souvent sous anesthésie générale. La stabilisation du
foyer passe par la mise en place de matériel d’ostéosynthèse.
Parmi les techniques existantes, les plus fréquemment utilisées
sont la fixation par broches ou embrochage, le vissage, la mise
en place de matériel centro-médullaire (ECMES = embrochage
centro-médullaire élastique stable), la fixation externe.
La chirurgie peut se faire par voie percutanée sous contrôle à
l’amplificateur de brillance ou à ciel ouvert. Le matériel d’ostéosynthèse doit être
retiré à consolidation complète.
L’ECMES est un procédé qui vise à mettre en place dans
le fût médullaire des broches préalablement cintrées. Leur
position permet d’obtenir une stabilisation du foyer de fracture et
un alignement des fragments. Leur introduction se fait dans la
métaphyse, en dehors du cartilage de croissance pour ne pas le
léser. C’est le traitement de choix des fractures diaphysaires de
fémur, jambe, avant-bras chez l’enfant de
plus de 6 ans. Aucune immobilisation plâtrée
complémentaire n’est nécessaire, l’enfant
peut mobiliser les articulations sus et sousjacentes ce qui permet une reprise plus
précoces des activités quotidiennes et
notamment de la scolarité. Pour le membre inférieur, la reprise
d’appui se fait, selon le type de fracture, entre 2 et 4 semaines (à
droite, ECMES de fémur pour fracture diaphysaire).
Le fixateur externe est principalement utilisé lors des
fractures ouvertes : le risque d’infection osseuse entretenue par la présence d’un
matériel étranger dans le foyer de fracture par contamination directe est alors
diminué (à gauche, fixateur externe pour fracture de jambe).
4. Suivi, complications, séquelles 4.1 Complications thrombo-­‐emboliques En absence de pathologie hématologique spécifique, l’enfant n’est pas sujet
aux complications thromboemboliques. Aucune prophylaxie par traitement
anticoagulant n’est nécessaire avant une puberté achevée (règles chez la fille) en
cas d’immobilisation plâtrée sans appui du membre inférieur.
4.2 Syndrome des loges C’est une complication grave des fractures des membres. Chez l’enfant, les
localisations les plus fréquentes sont la jambe et l’avant-bras. Le syndrome des loges
peut s’observer dans le cadre d’un traitement orthopédique ou chirurgical. Une
violente douleur sous plâtre, un œdème et des paresthésies des extrémités doivent
faire évoquer ce diagnostic.
Il s’agit d’une augmentation progressive de la pression à l’intérieur d’une loge
musculaire (sous l’aponévrose inextensible) secondaire à la présence d’un
hématome et d’un œdème post-fracturaire qui conduit à une souffrance vasculaire et
nerveuse au sein de cette loge. Si l’hyperpression n’est pas levée par l’ouverture de
la loge musculaire en urgence (= aponévrotomie de décharge), les troubles de
vascularisation conduisent à une souffrance anoxo-ischémique puis à une nécrose
des tissus musculaires et nerveux. Une mesure de la pression au sein des loges
musculaires peut être réalisée. Le traitement est chirurgical et doit se faire en
urgence. Ce phénomène est irréversible. La perte de fonction est complète pour le
territoire concerné. Chez l’enfant, il peut survenir dans les suites d’une fracture
supra-condylienne du coude. L’attitude vicieuse séquellaire secondaire en griffe de la
main et des doigts porte le nom de syndrome de Volkmann.
4.3 Raideurs articulaires Après une immobilisation prolongée, on ne constate généralement pas de
raideur articulaire à long terme chez l’enfant. Une raideur peut être observée dans
les suites d’une fracture articulaire, à mettre en relation avec la possibilité d’un cal
vicieux et non l’immobilisation elle-même. La récupération des amplitudes est
progressive et spontanée. La rééducation et/ou kinésithérapie est donc
exceptionnelle en traumatologie infantile.
4.4 Infection L’infection est une complication qui peut survenir en cas de fracture ouverte et
qui peut être entretenue par la présence d’un matériel d’ostéosynthèse. Tout patient
présentant une fracture ouverte doit bénéficier d’une antibioprophylaxie. L’ablation du
matériel et une antibiothérapie par voie intra-veineuse à bonne pénétration osseuse
doivent être réalisées après réalisation de prélèvements bactériologiques.
4.5 Epiphysiodèse et inégalité de longueur L’épiphysiodèse est la fermeture précoce du cartilage de croissance. Elle
entraîne une désaxation du membre si elle est incomplète, un trouble de croissance
en longueur si elle est complète. Plus l’enfant est jeune, plus la croissance résiduelle
est importante et les conséquences lourdes. La localisation « près du genou , loin du
coude » de l’épiphysiodèse conduit a des conséquences également plus
importantes. Une solution chirurgicale est généralement envisagée après un suivi
régulier de l’évolution (épiphysiodèse, ostéotomie de réaxation, d’allongement,
raccourcissement,…).
L’inégalité de longueur peut faire suite à une épiphysiodèse post-traumatique (le
membre fracturé est alors le plus court) ou à une poussée de croissance
accompagnant le processus de consolidation (le membre fracturé est alors le plus
long). Une prise en charge chirurgicale secondaire peut être nécessaire en fonction
de l’évolution de la croissance et de l’âge de l’enfant (allongement osseux,
raccourcissement, épiphysiodèse contro-latérale).
4.6 Pseudarthrose La pseudarthrose (= absence de consolidation à 6 mois du traumatisme initial)
est exceptionnelle chez l’enfant.
4.7 Nécrose osseuse La nécrose osseuse est rare mais de très mauvais pronostic. Les localisations
à risque sont la tête fémorale, la tête radiale et le condyle latéral du coude. La perte
des rapports anatomiques articulaires et la destruction de l’articulation diminuent de
manière intense la fonction du membre. La chirurgie ne peut être que palliative.
4.8 Syndrome douloureux régional complexe Anciennement appelé algodystrophie, cette complication est rare chez
l’enfant. En cas de survenue, un accompagnement spécialisé par un service de prise
en charge de la douleur doit être réalisé, associant une prise en charge
psychologique.
5. Prise en charge des principales fractures de l’enfant. 5.1 Fracture de la clavicule C’est une des fractures de l’enfant les plus
fréquentes. Elle est bénigne et de bon pronostic.
Elle fait suite à un choc direct ou à une chute. Le
diagnostic positif est fait sur la radiographie. La
fracture peut être complète ou en bois vert. Le
traitement est orthopédique : immobilisation par
anneaux ou bras en écharpe pour 3 semaines. Il
apparaitra alors un volumineux cal sous la peau
qui se remodelera dans le temps en plusieurs
mois et dont les parents doivent être prévenus.
Deux cas particuliers :
La fracture du quart externe peut s’apparenter à une pseudo-luxation acromioclaviculaire. Il s’agit en fait un décollement épiphysaire de l’extrémité distale de la
clavicule qui nécessite une fixation chirurgicale en cas de grand déplacement.
La fracture de clavicule néonatale est liée à un accouchement difficile avec dystocie
des épaules. L’examen doit être complet et précis pour ne pas méconnaître une
paralysie du plexus brachial post-traumatique. La consolidation est très rapide,
comme pour les autres types de fractures obstétricales (diaphyse fémur ou humérus,
décollement épiphysaire). Il se forme un volumineux cal qui est palpable sous la
peau et se remodelera en quelques semaines.
Un traitement antalgique doit être mis en place associé à une immobilisation d’une
dizaine de jours.
5.2 Fracture supracondylienne du coude C’est la plus fréquente des fractures du
coude chez l’enfant. Dans 95% des cas, elle fait
suite à une réception sur la main, coude en
extension. C’est une fracture métaphysaire extraarticulaire. Cliniquement, on note un coude
déformé et très augmenté de volume avec une
ecchymose de Kirmisson à sa face antérieure et
une impotence totale.
L’importance du déplacement permet de classer la
fracture selon Lagrange et Rigault et de définir le
mode de traitement.
Stade 1 : fracture non déplacée, traitement
orthopédique par BABP.
Stade 2 : faible déplacement postérieur, immobilisation
en flexion, position de réduction selon la méthode de
Blount (voir à gauche)
Stade 3 et 4 : Réduction sous anesthésie générale puis
immobilisation selon Blount ou ostéosynthèse par
broches et plâtre.
L’importance du déplacement initial peut entraîner
des troubles neurologiques par étirement (neurapraxie)
donnant lieu à des paralysies de récupération progressive.
Des lésions vasculaires peuvent également être observées,
c’est pourquoi l’examen précis neurovasculaire du membre
supérieur à l’arrivée est fondamental.
Un défaut de réduction du déplacement fracturaire peut
conduire à des séquelles importantes de la mobilité du
coude : le remodelage de l’extrémité inférieure de l’humérus
est trop peu important pour permettre la correction d’une
angulation résiduelle (à droite, cubitus varus gauche
séquellaire d’une fracture supra-condylienne non réduite).
5.3 Fracture du condyle latéral du coude Elle fait suite à un
traumatisme du coude en
extension et en valgus forcé. Il
s’agit d’un stade 4 de la
classification de Salter et Harris,
d’une fracture articulaire. La
réduction doit être anatomique,
le traitement est chirurgical.
Du fait de l’insertion des muscles épicondyliens sur ce fragment, l’absence de
réduction et de fixation peut entraîner un déplacement secondaire à l’origine d’une
pseudarthrose (= absence de consolidation) qui expose à un risque de nécrose du
condyle latéral et une désaxation du coude à long terme.
5.4 Fracture du col du radius Le diagnostic doit être évoqué en cas de douleur en regard de la tête radiale
et dans les mouvements de pronosupination. Le traitement est le plus souvent
orthopédique, sauf dans les cas de grand déplacement.
5.5 Fracture diaphysaire des 2 os de l’avant bras Sur le plan clinique, le diagnostic est évoqué devant une déformation de
l’avant-bras. La radiographie doit absolument explorer le coude, le poignet et la
totalité de l’avant-bras. On peut retrouver une déformation plastique de l’avant-bras,
une fracture en bois vert, une fracture transversale. Le traitement peut être
orthopédique avec ou sans réduction (BABP) ou chirurgical (ECMES).
Toute lésion isolée d’un des 2 os doit faire rechercher une lésion sur le second : une
fracture de l’ulna peut être associée à une luxation de la tête radiale (= lésion de
Monteggia), une fracture du radius peut être associée à une luxation de l’ulna distal
(= lésion de Galeazzi).
Radiographiquement, la lésion de Monteggia se diagnostique en traçant la
construction de Storen : quelque soit l’incidence radiographique, la ligne passant par
la diaphyse radiale doit couper le capitellum en son milieu. Si ce n’est pas le cas,
c’est que la tête radiale est luxée (cf radios ci-contre : ligne de Storen en pointillés ne
coupe pas le capitellum.)
Le traitement de ces lésions est le plus souvent chirurgical.
Le but du traitement est de redonner la longueur relative des deux os, de restaurer la
courbure pronatrice du radius et la fonction des articulations radio-cubitales
supérieure et inférieure.
Les fractures des 2 os de l’avant-bras traitées orthopédiquement doivent être
immobilisées suffisamment longtemps pour que le cal central se soit remodelé et que
la perméabilité du fût médullaire soit restaurée. Dans le cas contraire, la solidité
mécanique n’est pas retrouvée et l’enfant est exposé à une fracture itérative en cas
de nouveau traumatisme. La durée d’immobilisation est de minimum 3 mois.
5.6 Fracture de l’extrémité inférieure des deux os de l’avant bras. Si ces fractures sont déplacées, qu’il n’y a plus
de contact entre les 2 fragments, il est nécessaire de
réaliser une réduction. L’immobilisation devra être faite
par un BABP afin d’empêcher les mouvements de
prono-supination qui mèneraient à un déplacement
secondaire.
5.7 Fracture du col du fémur Il s’agit d’une fracture rare
mais grave, pouvant être à l’origine
d’une nécrose de la tête fémorale.
Le mécanisme est le plus souvent
violent. Le traitement est le plus
souvent chirurgical : on réalise une
ostéosynthèse (à gauche, fracture
du col fémoral droit et ostéonécrose
secondaire après consolidation).
5.8 Fracture de diaphyse fémorale Chez l’enfant jeune, elles peuvent être faire suite à un
traumatisme banal.
Chez l’adolescent, la fracture de diaphyse fémorale est
consécutive d’un traumatisme à haute énergie.
Chez le petit enfant n’ayant pas acquis la marche, cette
fracture doit faire suspecter une maltraitance.
Le traitement proposé diffère selon l’âge de l’enfant :
- avant 6 ans, il est d’usage de proposer un traitement
par plâtre pelvi-pédieux ou par traction (cf ci-contre).
- après 6 ans, l’ECMES permet d’obtenir une
déambulation plus précoce, l’enfant est plus
autonome.
5.9 Fracture de jambe Les principes thérapeutiques sont proches de
ceux qui valent pour les fractures de diaphyse
fémorale. L’âge limite entre traitement orthopédique et
chirurgical est souvent plus avancé : la déambulation
avec un plâtre fémoro-pédieux et la prise en charge à
domicile étant moins contraignante qu’avec un pelvipédieux. Le déplacement secondaire est possible et
des contrôles réguliers doivent être réalisés. Il faut se
méfier d’un cal vicieux en flessum, recurvatum, varus
ou valgus et préférer la solution chirurgicale si la
réduction
n’est
pas
satisfaisante.
(Ci-contre
radiographie avant ablation du matériel)
5.10 Fracture de Mac Farland = fracture de malléole interne et Fracture de Tillaux = fracture épiphysaire tibiale distale latérale. Ces 2 fractures sont classées Salter 3
voir 4 de l’extrémité distale du tibia s’il existe
un refend métaphysaire. Il s’agit de fractures
articulaires. Le traitement est toujours
chirurgical : l’intégrité de l’interligne articulaire
doit être restaurée et nécessite une
ostéosynthèse. Il existe un risque de troubles
de croissance ultérieure en rapport avec une
possible épiphysiodèse. Les parents doivent
en être prévenus et le suivi doit être poursuivi
après la fin de la consolidation.
Radiographie ci-dessus : fracture de
Mac Farland, épiphysiodèse secondaire
et croissance asymétrique de la
cheville.
Radiographie de droite : TDM en coupe
frontale d’une fracture de Tillaux,
radiographies post-opératoires de face
et de profil : ostéosynthèse par vis.
5.11 Tassements vertébraux étagés.
L’existence d’une sensation de « souffle coupé » au moment du traumatisme
rachidien doit faire recherche des tassements vertébraux. Ils peuvent être visibles sur
la radiographie initiale mais l’IRM en séquence T2 précisera le nombre de vertèbres
contuses et l’étendue des lésions. Un corset plastique est prescrit dont l’objectif est
antalgique et postural. La croissance du tronc et de la colonne doit être évaluée en
consultation afin de ne pas méconnaître un trouble de la statique vertébrale
secondaire dans le plan frontal ou sagittal.
Arbre décisionnel en traumatologie Enfant traumatisé à l’arrivée aux urgences
Immobilisation provisoire
Prise en charge de la douleur
Examen clinique
Signes de gravité?
EVA Antalgiques
Polytraumatisme
Ouverture cutanée
Anomalies vasculo-nerveuse
Importance du déplacement / luxation
Radiographies centrées face et profil
Fracture non déplacée
(motte de beurre, fracture en cheveu,
Salter I, déplacement faible)
Traitement orthopédique
aux urgences
Immobilisation plâtrée
Fracture déplacée, signes de gravité
présents
Réduction orthopédique ou abord
chirurgical et ostéosynthèse sous
anesthésie générale au bloc
opératoire
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