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La difficulté d’accès aux éléments nutritifs, qui sont sé-
questrés dans des minéraux insolubles au lieu d’être sous
forme d’ions libres en solution dans l’eau. Réponse : l’associa-
tion avec les champignons, capables d’altérer les minéraux
(symbiose mycorhizienne).
L’atmosphère desséchante, privant rapidement les tissus
du précieux liquide par simple évaporation. De très nom-
breuses solutions adaptatives sont apparues en réponse à ce
dernier défi et sont encore à l’œuvre chez les plantes actuel-
les. Dans ce qui suit, nous passerons en revue les sept princi-
pales d’entre elles en les illustrant par des exemples typiques
d’adaptation à la contrainte hydrique née de la vie à l’air libre.
Première réponse : la structure parenchymateuse
Les algues vertes aquatiques se présentent sous forme de
filaments (structure monodimensionnelle) ou de lames
(structure bidimensionnelle), comme déjà vu sur la Figure 1.
Ces structures ne sont pas du tout adaptées à la vie à l’air
libre car elles offrent une trop grande surface d’évaporation
par rapport au volume. L’évolution des plantes terrestres a
donc conduit à des formes plus compactes, rendues possibles
par les tissus à structure tridimensionnelle que sont les paren-
chymes (Figure 3).
Figure 3 — Un cas extrême d’adaptation à une atmosphère desséchante par
le recours à une forme compacte : plante du désert de la famille des Aizo-
ceae. Pour les mêmes raisons, les Cactacées et d’autres familles crassulescen-
tes ont suivi une évolution convergente avec celle-ci.
Deuxième réponse : la cuticule
Une autre façon pour les plantes de se protéger contre une
atmosphère desséchante est de s’envelopper d’une couche
imperméable à la vapeur d’eau. C’est ce que réalise la cuticule,
pellicule de cutine hydrophobe recouvrant tous les organes
aériens des plantes (Figure 4).
Figure 4 — Coupe transversale d’une feuille de graminée adaptée à la
sécheresse. La cuticule, particulièrement épaisse sur la face supérieure de
la feuille, est colorée en orange.
Troisième réponse : le stomate
La photosynthèse, processus métabolique propre aux végé-
taux chlorophylliens, nécessite la pénétration du dioxyde de
carbone dans les feuilles, donc des discontinuités dans la
cuticule. Mais ces mêmes discontinuités permettent égale-
ment la sortie de la vapeur d’eau, dangereuse pour l’équilibre
hydrique des tissus. La solution évolutive à ce dilemme phy-
siologique est le stomate, perforation active qui régule et opti-
mise les flux croisés d’eau et de dioxyde de carbone grâce à
deux cellules de garde à géométrie variable (Figure 5).
Figure 5 — Stomate (photographie en microscopie électronique à ba-
layage). La perforation qui permet les échanges gazeux malgré la cuticule est
délimitée par deux cellules de garde déformables en forme de croissants.
Quatrième réponse : la protection des cellules reproduc-
trices
Les cellules clés du cycle reproductif des plantes terrestres
sont protégées des radiations et du dessèchement soit par
enfouissement et rétention dans les tissus de la plante (cas de
l’embryon dans la graine ou de l’ovule dans l’ovaire : Figure
6), soit par une couche protectrice de sporopollénine, polymère
hydrophobe et imperméable comme la cutine de la cuticule
(cas des cellules de dissémination comme les grains de pollen
des plantes à fleurs ou les spores des fougères, mousses et
hépatiques).
Il est d’ailleurs intéressant de remarquer qu’au cours de l’évo-
lution, c’est toujours le sporophyte qui s’est adapté à la vie ter-
restre. Le gamétophyte, dont les gamètes mâles motiles ont
besoin d’eau libre, ne subsiste comme phase importante du
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