Histoire universelle

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ENCYCLOPÉDIE DE LA PLÉIADE
HISTOIRE
UNIVERSELLE
ni
DE LA RÉFORME À NOS JOURS
VOLUME PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE
RENÉ GROUSSET ET EMILE G. LÉONARD
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays.
© jp jS, Éditions Gallimard.
NOTE DE L'ÉDITEUR
Ainsi que tous les volumes de l'Encyclopédie de la Pléiade, ce
troisième tome de YHiftoire universelle peut également être utilisé
comme ouvrage de référence. Le lecteur trouvera à la fin de chaque
chapitre une bibliographie succincte destinée
recherches complémentaires sur les sujets traités.
à orienter des
Outre cela, le lecteur pourra consulter en fin de volume
i°) des tableaux chronologiques recouvrant l'ensemble des pays
indépendants en 1957, exception faite pour l'Afrique où certains
statuts territoriaux sont encore difficiles à
définir. Ces
tableaux
résument l'histoire du monde entier pour la période étudiée dans
ce volume; toutefois, l'Océanie et l'Afrique qui n'ont pas été
traitées dans les volumes précédents sont ici envisagées des origines
à la période moderne. Ces tableaux ont été établis par Mlle Colette
Albert et revus par les auteurs;
z°) un tableau chronologique général groupant les cinq continents et récapitulant les principaux événements de la Réforme
à nos jours;
30) un index des noms de personnes;
4°) un index des noms, de lieux, comprenant également les références qui permettent de retrouver la carte sur laquelle figure
le lieu recherché;
50)' une table analytique donnant une synopsis des chapitres,
paragraphe par paragraphe;
6°) une table des tableaux chronologiques;
7°) une table des cartes. Certains chapitres, traitant des mêmes
événements mais considérant différemment l'histoire des territoires
étudiés, auraient pu être illuâtrés par des cartes semblables. Nous
avons voulu éviter des répétitions inutiles et nous prions le lecteur
de se reporter à cette table pour y trouver la référence de la carte
recherchée, qui peut figurer dans un chapitre précédent ou suivant;
8°) une table générale.
LA RÉFORME ET LA
NAISSANCE
DE
L'EUROPE
MODERNE
siècle avaitdesété,
pourtraditionnels,
l'Europe, l'époque
de la
EXVe
L décomposition
cadres
État, société,
Église. Cette « désorganisation individualiste », comme
dit Albert Dufourcq, atteint son apogée dans une réduction à l'individu dont la première partie du xvie siècle
porte la marque en tous ses domaines politique, social,
économique et religieux. L'universalité du phénomène
permettrait d'en centrer l'exposé autour de n'importe
lequel de ces éléments. La tradition historique donne la
prééminence pour cette période au religeux, à la révolution religieuse de la Réforme. Nous lui restons fidèle dans
la pensée qu'à définir cette époque par l'importance qu'y
eut l'individu, il faut atteindre en lui le plus profond, à
condition de comprendre le religieux comme le complexe
du « de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force
et de toute ta pensée» de l'Évangile.
L'individuel reconstruit bientôt des structures et des
cadres. La seconde partie du xvre siècle est marquée par
une « réinStitutionalisation» qui regroupe les individus
dans les Églises, les États, les modes de vivre de l'Europe
nouvelle. Aux quatre phases de cette évolution, apogée
de
l'humanisme,
Réforme,
Contre-Réforme,
nouvel
« établissement » religieux et politique,
il se trouve que
repondent des prééminences nationales successives
Italie, pays germaniques, Espagne, Angleterre.
L'APOGÉE DE L'HUMANISME
ET DE L'ITALIE
LES PREMIÈRES GUERRES D'ITALIE
Cette appellation classique et naïve (car l'Italie avait
connu, à chaque siècle, des guerres combattues sur son
sol par des armées étrangères) se justifie par le fait que la
plupart des « guerres d'Italie» antérieures n'avaient pas
une véritable importance européenne. On a déjàvu, au
volume précédent, qu'il en avait été autrement de l'ex-
ENCYCLOPÉDIE VI
2
2
HISTOIRE
UNIVERSELLE
pédition de Charles VIII. La mort seule de ce prince
(7 avril 1498) l'empêcha de reprendre la route de l'Italie,
avec, cette fois, le roi d'Espagne comme allié. Mais, en
donnant la couronne de France à son cousin Louis d'Or-
léans, Louis XII, elle mit sur le trône un prince qui avait,
outre les « droits» napolitains de Charles VIII, la seigneurie d'Asti, des revendications sur le Milanais qu'il
tenait de sa grand-mère, Valentine Visconti, et la volonté
d'arracher ce duché à l'usurpateur Ludovic le More.
Aussi Louis XII en eut-il à peine fini de l'affaire personnelle où il se hâta de mettre à profit sa puissance
nouvelle,
son divorce (décembre 1498) avec la sainte
mais laide fille de Louis XI, Jeanne de France, et son
mariage avec Anne de Bretagne (janvier 1499),
qu'il
envoya une armée dirigée par un ennemi du More,
Trivulce, conquérir le Milanais. L'opération est vivement conduite, malgré une rescousse de Ludovic (fait
prisonnier, il mourra captif au château de Loches en
1508)
dès avril 1500 le Milanais est entièrement aux
Français. Une nouvelle alliance avec le roi d'Espagne
contre son cousin (par branche bâtarde) le roi de Naples
Frédéric et une promenade militaire de deux mois valurent à Louis XII la capitale (2 août 1501), le nord et le
centre du Royaume, mais mirent son armée en contaft
avec son allié espagnol, qui, conformément à l'accord,
avait occupé le sud du pays. Elle fut rapidement évincée,
malgré les exploits d'un la Palice, d'un Louis d'Ars et
d'un Bayard, et la trêve de trois ans conclue à Lyon, le
3mars 1504, laissa Ferdinand d'Espagne maître de
l'ancien royaume, reconstitué, de Sicile. En octobre 1505,
Louis XII lui abandonna toutes ses revendications,
comme dot de sa nièce Germaine de Foix, que l'Aragonais épousa -un an après la mort (26 novembre 1504)
d'Isabelle la Catholique. Quelques mois auparavant
(18mai 1504) il avait marié sa fille Claude avec son
cousin et héritier François d'Angoulême.
Les déceptions et la demi-retraite du roi de France
laissaient en Italie le champ libre à d'autres ambitions.
Le pape Alexandre VI étant mort le 18août 1503, l'ancien cardinal Julien de la Rovère devenu Jules II (150315 13) fomenta contre Venise une alliance (traité de
Cambrai, 10 déc. 1508) dont Louis XII espérait les terres
jadis enlevées par les Vénitiens aux Sforza (Vérone,
LA RÉFORME
Padoue, le Frioul) et le roi d'Espagne les ports des Pouilles encore en leur pouvoir.
Vainqueurs à Agnadel, au sud de Treviglio (14 mai
1509), les Français poussèrent jusqu'à l'Adige, tandis que
leurs alliés occupaient tout le reste de la « Terre Ferme ».
Un heureux redressement vénitien amena Jules II à renverser sa politique
se réconciliant avec Venise (février
15 10), il tente de lancer le nouveau roi d'Angleterre,
Henri VIII, contre la France. A la riposte diplomatique
(renouvellement, en novembre i5io, de l'alliance de
Cambrai) et militaire (occupation, en mai 15 11, de la
place pontificale de Bologne) Louis XII joint la réunion
à Pise (ier novembre 15 11) d'un maigre concile prétendument œcuménique qui, transféré à Milan, fit le geste
de déposer Jules II. Les Français n'en furent pas moins
battus, malgré les talents du jeune Gaston de Foix, qui
périt à la lutte ils perdirent le Milanais, et Gênes, où ils
étaient depuis 1499, se révolta en juin 1 5 12.
Jules II meurt le 20 février 15 13, après avoir opposé
au concile schismatique une assemblée plus nombreuse,
mais pas davantage sainte ni zélée pour la réforme de
l'Église. Son successeur, le cardinal Jean de Médicis,
maintenant Léon X, bien que moins belliqueux, doit
d'abord continuer sa politique anti-française, du fait d'une
nouvelle apparition des forces de Louis XII dans le
Milanais, d'où elles sont chassées par les Suisses alliés de
Maximilien Sforza (juin 15 13). Le roi de France est battu
dans le Nord, à Guinegatte (16 août) par les Anglais
débarqués à Calais; il est envahi, jusqu'à Dijon, par les
Suisses et les Allemands, tandis que ses alliés vénitiens
sont complètement défaits à la Madone dell'Olmo, près
de Vicence (7 octobre). Il retrouve la bonne volonté du
pape en abandonnant son concile (26 octobre). La mort
(9 janvier 15 14) d'Anne de Bretagne lui permit d'apaiser
le roi d'Angleterre en en épousant (9 octobre) la sœur, la
jeune Marie, qui « le mena grand erre en Paradis ».
Il mourut le Ier janvier 1515et son successeur, et
gendre, François Ie= reprit ses entreprises italienncs.
Après s'être assuré de la neutralité du jeune Charles
d'Autriche et de Henri VIII et avoir confirmé son alliance
avec Venise, il passe en Italie en déjouant la surveillance des Suisses, les défait, en parfait roi-chevalier, dans
la grande bataille de Marignan (13-14 septembre 15 1 5), à
HISTOIRE
UNIVERSELLE
quatre lieues de Milan où Sforza capitule le4 octobre et
que Maximilien d'Autriche échoue à reprendre (mars
1 5 16). Le succès lui vaut le ralliement du pape, qui signe
avec lui le fameux concordat de Bologne, partageant
entre le roi et la papauté la nomination des dignitaires de
l'Église française et n'admettant, pour les clercs, le recours à la juridiction ecclésiastique qu'une fois épuisées
toutes les instances civiles. Il lui vaut aussi la « paix
perpétuelle » conclue avec les Suisses (diètes de Fribourg,
septembre et o&obre 15 16), par laquelle les recruteurs
français auront, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, une
profitable priorité sur les marchés d'hommes des cantons
helvétiques. Enfin, le décès (23 janvier 15 16) de Ferdinand d'Espagne permit à son successeur, qui deviendra
bientôt Charles Quint, une politique d'entente avec la
France (traité de Noyon, 13août 1 5 1 6), à laquelle
l'empereur Maximilien se joignit, à Cambrai, le 11mars
suivant. Maître du Milanais, d'ASti et de Gênes et assuré
de l'alliance piémontaise par sa mère Louise de Savoie, le
nouveau roi de France pouvait considérer les guerres
d'Italie comme terminées à son bénéfice.
ÉPREUVES ET PRIMAUTÉ DE L'ITALIE
Il serait paradoxal de soutenir qu'elles avaient surtout
profité à l'Italie, alors qu'il eSt trop évident qu'elles
avaient été pour elle cause de ruines et de déclin politique.
Son peu de résistance militaire
malgré de bons
généraux, des artilleurs, des ingénieurs, des fabricants
d'armes tenus pour les meilleurs de l'Europe
témoignait de l'indifférence générale de populations fatiguées
detrop de luttes, intestines et étrangères. Une « intelli-
gentsia », issue des vieux partis ou se rattachent à leur
souvenir, ne perd pas une occasion de médire des régimes
princiers en vigueur, accepte parfaitement de les servir
mais eSt toute prête à les trahir, aussi bien au profit
d'envahisseurs « barbares ». N'insistons pas sur les ruines
d'une guerre continuelle, surtout dans le nord de l'Italie
« Les campagnes sont devenues silencieuses », disent des
textes du teinps, « les affaires publiques se taisent, l'herbe
pousse aux carrefours, les églises sont sans entretien et
les autels éteints ». La présence d'une soldatesque étrangère rendue plus insolente par l'absence de richesses à
LA
RÉFORME
piller provoque bien une xénophobie satisfaite à bon
compte de quelque brocard, mais il faut sortir d'Italie
pour trouver, chez lesfuorusciti qui abondent à l'étranger,
le sentiment d'une partie commune et le remords de
l'avoir sacrifiée à l'individualisme, aux luttes de parti et
au campanilisme communal. Et ce sont précisément ces
expatriés qui contribuèrent à faire de l'Europe culturelle
de ce temps une Europe italienne.
Ils y furent aidés par quelques-uns des envahisseurs.
On sait que les guerres d'Italie coïncidèrent avec l'apogée
de l'art italien. Aussi quelques dates et quelques noms
suffiront-ils ici.
Bramante, déjà célèbre pour ses architedures floren-
tines est appelé à Rome en 1505et y travaille jusqu'à sa
mort (1 5 14) à la reconstruction de Saint-Pierre, qu'achève
Michel-Ange. Celui-ci peint en 1503 sa Sainte Famille,
sculpte en 1504 sa Pietà et son David; en 1505, il se met
au tombeau de Jules II, dont il exécute les Captifs et le
Moïse: de 1 508 à 15 12, il décore le plafond de la chapelle
Sixtine; après quoi ce sont les tombeaux des Médicis, à
San Lorenzo de Florence. Le Couronnement de la Vierge,
de Botticelli, est de 1496 ou 1497, sa Nativité, de 1500;
les Vies de saint Philippe et de saint Jean, de Filippino Lippi,
de 1502. Le Pérugin achève en 1496 la décoration de la
salle capitulaire de Santa Maria Maddalena de' Pazzi; en
1500, celle du Cambio de Pérouse; il est appelé à Rome
en 1507. Léonard de Vinci termine sa Cène en 1497, sa
Joconde probablement en 1506. Raphaël peint en 1505la
Madone dugrand-duc: trois ans plus tard il est à Rome où
il orne les chambres du Vatican. De la même époque
sont les fresques du Pinturicchio à la librairie de la cathédrale de Sienne, le jugement dernier de Luca Signorelli au
dôme d'Orvieto, le ChriFtà la colonne du Sodoma (1309),
la Madone de saint François (1 5 14) et le Mariage myffique de
sainte Catherine (15 19); à Venise les dernières œuvres de
Bellini et du Giorgione, les premières du Titien (l'Amour
sacré et l'amour profane, vers 1510, l'Assomption, 1518).
Il est douteux que ces œuvres illustres aient beaucoup
frappé la plupart des étrangers qui purent les voir à leur
naissance de l'art italien ils devaient priser surtout la
facilité, la grâce et ce qu'ils y mettaient eux-mêmes
d'érotisme. Inutile d'insister sur l'inintelligibilité pour le
même vulgaire (il pouvait contenir des princes) de la
HISTOIRE
UNIVERSELLE
pensée et de la littérature italiennes. C'est là que les
Italiens émigrés jouèrent, avec quelques étrangers mieux
informés, un rôle essentiel, en adaptant, dans tous les
domaines, le message de leur pays aux conditions locales.
Leurs noms sont le plus souvent modestes, à l'exception du Napolitain Jean Candida,
qui exécuta les
médailles de Charles VIII, de Louis XII et d'Anne de
Bretagne,
etdeLéonard deVinci, que François Iereut la
chance d'installer au château de Cloux, près d'Amboise
(le grand artiste devait y mourir le 2 mai 1519)- C'était
d'ailleurs surtout la polyvalence du « premier peintre et
architecte du roi, mécanicien d'état»qu'il estimait,
mais en appréciant aussi en lui un « grand philosophe ».
Peu importe que l'influence italienne ne se soit pas aussitôt montrée prépondérante dans l'art français. C'est
toute la conception traditionnelle de la vie et de l'éthique
qu'elle infléchit, pour y faire triompher cet humanisme
où nous avons montré le principal axe du passé et de la
pensée de l'Italie.
L'HUMANISME DES AFFAIRES
ET DES DÉCOUVERTES
Le fait essentiel de la période considérée est en effet
là une certaine attitude devant l'homme et la vie, qui
avait été précédemment caractéristique de la péninsule, se
répand alors dans toute l'Europe. La définition que nous
en avons déjà donnée, à savoir l'exaltation de l'homme,
permet de suivre l'humanisme jusqu'en des domaines et
des milieux où on ne le signale pas généralement.
« L'humanisme n'est pas une révolution purement intellectuelle », écrit Hauser dans son clair petit livre sur
la Modernité du xvie siècle. Employons donc ce mot pour
traiter de ce que William Ashley nommait « l'aspect
économique de l'individualisme de la Renaissance»et
d'un milieu qui se met à produire des hommes « hors
série », des héros, au sens carlylien.
Les marchands médiévaux « hors-la-loide Pirenne
n'avaient eu de cesse qu'ils n'y fussent rentrés, au besoin
en créant à leur^bénéfice la loi communale. Au xve siècle,
Jacques Cœur avait été réduit par la conjoncture économique à n'être qu'un aventurier. Ses émules du début du
XVIe siècle furent, durablement, des « seigneurs », au sens
LA
RÉFORME
italien du mot. Il est d'ailleurs significatif que ce soit en
Italie que des marchands comme les Médicis soient devenus princes, tandis que les Chigi, banquiers de Léon X,
l'emportaient sur les familles patriciennes. Dans les pays
germaniques, les Fugger sont de véritables potentats.
Descendants de tisserands d'Augsbourg, ils sont à la
fois grands marchands, grands banquiers et, trait relativement nouveau, grands maîtres de mines et industriels.
La dynastie culmine en un Jacob Fugger « le riche»
(1459-1525). Exploitant au Tyrol et en Hongrie des mines
de fer, de cuivre et d'argent, elle subventionne la politique
impériale, soutient les entreprises de Maximilien et assure
contre François Ier le succès de Charles Quint à l'Empire.
Or ces « rois» de la banque, de l'alun (les Chigi), du
minerai, sont des individualistes, obéissant à la seule loi
de leur activisme et de leur « avarice », comme on eût dit
naguère. C'est alors que commencent à apparaître les
portraits de banquiers ou de changeurs tenant aussi
fermement leurs sacs d'écus que d'autres l'épée, avec un
regard aussi dominateur et aussi lointain que celui des
chefs de guerre et des princes. Ne vivant, comme le
disait Jacob Fugger, que pour amasser de l'argent, et
dans une société désorganisée qui ne leur impose plus de
règles, ils ont,
Lucien Febvre l'a fortement indiqué,
deux traits particulièrement marqués la confiance en
eux-mêmes et le besoin de l'autonomie. Par là on peut
les mettre au premier rang des humanistes du « siècle ».
Nul ne songera à dénier cette mentalité aux promoteurs des grandes découvertes. Moins « routiers et capitaines », « au rêve héroïque et brutal » que commerçants,
mais avec au cœur les ressorts que l'on vient d'indiquer
l'amour du gain, la foi en eux-mêmes, le besoin de la
liberté dans l'action, et, parfois, une vive piété fort individualiste. Le type caractéristique en eSt, naturellement,
Christophe Colomb, qui apparaît comme voyageur de
commerce, acheteur de gomme mastic à Chio en 1475,
puis de laine et de sucre à Madère et dans les îles d'Afrique. On sait comment, subventionné par les souverains
espagnols, il découvre, le 12 octobre 1492, l'une des
Lucayes et reconnaît, par la suite, en plusieurs expéditions, Cuba, toutes les Antilles et la côte du Venezuela.
Dans ce troisième voyage (1498-1500), il trouve l'éminence où « Notre Seigneur fit le Paradis terrestre et
HISTOIRE
UNIVERSELLE
déposa l'Arbre de vie ». Rapatrié, enchaîné, par un enquêteur gouvernemental, il passe par une crise religieuse
il prophétise la fin du monde dans cent cinquante ans et
prêche la croisade. Encore lui faut-il pour cela de l'or
une quatrième expédition (ii mai 1502-7 novembre 1 504)
lui en fait découvrir aux rives de la Veragua. Sur quoi, il
nomme l'endroit Bethléem (Belen) et écrit, transporté
« L'or, l'or, quel excellent produit! C'est de l'or que
viennent les richesses, c'est lui le mobile de toutes les
actions humaines, et sa puissance est telle qu'elle suffit
souvent pour amener les âmes au Paradis ».
Bientôt sa mort (à Valladolid, le 20 mai 1 5 06) allait
faire de ce texte étonnant le testament d'un héros à la
limite du mercantilisme et du mysticisme, comme il devait être la secrète devise de toute l'économie classique.
Renvoyant au chapitre de M. Chaunu sur l'Amérique
latine pour la suite de la découverte de ce pays, notons
seulement quelques noms et quelques dates des expéditions portugaises vers les Indes orientales l'arrivée de
Vasco de Gama sur la côte indienne le 20 mai 1498; les
voyages de Cabral, qui découvre, par hasard, le Brésil en
1500, et fonde une base durable à Cochin; l'établisse-
ment, par Albuquerque, de comptoirs fortifiés à Goa, à
Malaka, aux Moluques et à Ormuzd (15 10-15 15). Une
expédition espagnole (15 19-122), dirigée par le transfuge
portugais Fernand de Magalhâes, notre Magellan, puis
par Sébastien del Cano, réussit le premier voyage autour
du monde et rapporte en Espagne cinq cent trente-trois
quintaux d'épices, ce qui vaut à del Cano des armes
chargées de tiges de cannelle, de noix muscades et de
clous de girofle. Noblesse épicière qui cadre avec la tirade
de Colomb sur l'or et avec une image du temps
un
commerçant sur un navire, fixant les « étoiles nouvelles ».
PRINCES HUMANISTES ET HUMANISTES
DE LETTRES
C'est naturellement parmi les intellectuels qu'il faut
chercher l'expression méditée de l'humanisme. Mais ces
« clercs », qui en trouvent dans les lettres antiques
l'exemple et la justification, débordent les milieux littéraires il faut y joindre quelques princes cultivés.
Non point, d'office, tous les papes du temps. Jules II
TABLE GÉNÉRALE
Préface
vil
Note de l'éditeur
L~~j~o/o~rj.
LA
RÉFORME
L'EUROPE
LE
XVIIe
ET
LA
NAISSANCE
DE
MODERNE.
SIÈCLE
STABILISATION
ABSOLUTISME
xxv
xxvn
1
ET
r
115f
LE SIÈCLE DES LUMIERES
LES RÉVOLUTIONS
223
343
LES EMPIRES
427
L'EUROPE LIBÉRALE ET INDUSTRIELLE
477
L'EXPANSION DE L'EUROPE
LA CRISE DE L'EUROPE
585f
703
LE MONDE SLAVE
801
L'AMÉRIQUE ANGLO-SAXONNE
L'AMÉRIQUE LATINE.
LES PUISSANCES MUSULMANES.
L'INDE
LA CHINE ET LA'HAUTE ASIE.
965
1°75
1147
1249
1331
L'ASIE DU SUD-EST
14555
LE JAPON
L'INDONÉSIE ET LA MALAISIE
1513
1585f
L'AFRIQUE
NOIRE
ET
MADAGASCAR
DES ORIGINES A NOS JOURS
1645
L'OCÉANIE
1745
CONCLUSION
1801
TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
TABLEAU SYNCHRONIQUE GÉNÉRAL
INDEXHISTORIQUE
INDEX GÉOGRAPHIQUE
TABLE ANALYTI~UE
TABLE DES CARTES
TABLE DES TABLEAUX CHRONOLOGIQUES
1839
1885f
2103
22 15
22599
2303
2305
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